Trouver une utilité
aux ordures
HOU RUILI
Alors
que la Chine produit annuellement le quart des déchets dans
le monde, la collecte sélective, le recyclage et la réutilisation
sont maintenant devenues des activités courantes.
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La première
usine de Beijing à utiliser le méthane produit
par lenfouissement des ordures ménagères |
Dans la cour de la communauté résidentielle Ganbai
de larrondissement Dongcheng, à Beijing, quatre poubelles
sont rangées côte à côte. Chacune porte
une inscription différente : « Déchets alimentaires
», « Déchets recyclables », « Piles
» et « Autres déchets ». Dans la capitale
chinoise, plus de la moitié des communautés résidentielles
trient les déchets en différentes catégories.
Lélimination des ordures devient une question environnementale
dont limportance va de pair avec la croissance de léconomie
chinoise. Bien que le gouvernement ait investi des sommes colossales
dans la construction dusines de traitement des ordures, la
capacité de traitement de ces usines nest pas encore
en mesure de suivre le rythme daugmentation de la quantité
de déchets. Le gouvernement et la population ont donc été
obligés de chercher de nouvelles méthodes. Ainsi,
la collecte sélective des ordures est maintenant effectuée
dans de nombreuses communautés résidentielles chinoises,
et les déchets recyclables sont employés comme matières
premières dans certaines installations de traitement des
ressources renouvelables. Pour leur part, les déchets non
recyclables sont envoyés dans les centres délimination
des ordures, et il est maintenant possible den tirer de lénergie
grâce aux technologies de pointe utilisées dans le
processus de traitement. Ces moyens permettent de réduire
la quantité des ordures et de réutiliser certaines
dentre elles dans la vie courante.
La collecte sélective des ordures
Mme Zhang Mei vit justement dans la communauté résidentielle
Ganbai. Dans sa cuisine, il y a une poubelle en plastique de 50
cm de haut dans laquelle on jette les déchets de cuisine.
De plus, afin de regrouper les déchets recyclables, dont
les articles en papier, en plastique, en caoutchouc, en métal
et en verre, un grand sac de plastique est accroché au mur.
Dans un coin de cette cuisine, il y a une deuxième poubelle
qui sert aux déchets sans aucune utilité comme les
mégots et la poussière. Au début, séparer
les déchets pouvait être perçu par les résidants
comme un processus compliqué, mais grâce aux efforts
que les travailleurs communautaires ont déployés ces
deux dernières années, y compris la distribution de
feuillets donnant des conseils pour trier les déchets et
lorganisation dactivités au cours desquelles
les résidants ont visité des usines de traitement
des ordures, les gens ont pris lhabitude de préparer
la collecte sélective des ordures.
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Des élèves de
Shanghai jettent des ordures ménagères dans des
poubelles de couleurs rouge (déchets nuisibles), verte
(verre), bleue (déchets recyclables) et noire (autres
déchets). |
Il ny a pas très longtemps, une visite dans quelques
usines de traitement des ordures a été organisée
par son comité de voisinage, et Mme Zhang y a pris part.
Elle a pris bonne note de linformation fournie par le technicien
au cours de son intervention. À partir dune tonne de
bouteilles en plastique de boisson gazeuse, il est possible de produire
0,7 t de matière réutilisable. À partir dune
tonne de ferraille, on peut fondre 0,9 t de fer, ce qui, par rapport
au procédé habituel de production du fer, permet de
générer 75 % de pollution de lair en moins et
97 % de pollution de leau et de déchets solides en
moins. Une tonne de déchets de papier peut servir à
produire 850 kg de papier recyclé, ce qui permet de sauver
3 m3 de bois et de réduire la pollution des papeteries de
74 %. Utiliser des déchets de verre pour fabriquer du nouveau
verre fait économiser de 10 à 30 % dénergie
et 50 % deau; cela permet aussi de réduire la pollution
de lair de 20 %.
Cette quadragénaire se rappelle quà Beijing,
il y a 30 ans, il ny avait aucun traitement des ordures. À
ce moment-là, sa famille vivait dans une maison de plain-pied.
Dans lune des pièces, un contenant servait à
mettre les déchets, la plupart du temps des cendres de charbon,
des feuilles de légumes et de la poussière. Pour maintenir
la propreté de lenvironnement de vie, les gens respectaient
une pratique communément acceptée : au crépuscule,
peu avant que seffectue le ramassage des déchets, on
allait déposer les siens dans un dépotoir. Dans les
décennies qui ont suivi, étant donné que de
plus en plus de tours dhabitation ont été construites
dans les villes, des chutes dordures ont été
aménagées dans les couloirs de ces édifices
en hauteur, de sorte que les résidants navaient plus
besoin de descendre pour jeter leurs ordures. Bien sûr, cette
façon de faire était pratique, mais elle a engendré
des problèmes. Tous les détritus se retrouvaient au
rez-de-chaussée, sans être triés, et ils étaient
amassés dans le conteneur à déchets à
lextérieur de limmeuble; il sen dégageait
des odeurs nauséabondes et ce nétait pas salubre.
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Liu Yingying, Chai Hongxia
et Zhang Ligong, porteurs du flambeau olympique, collectent
des bouteilles vides avec des volontaires olympiques en vêtement
vert. |
Dans les années 1980, avec la publication des normes délimination
des ordures, quelques usines de traitement ont commencé à
émerger dans les villes chinoises. Cependant, avant 1990,
le taux de traitement des ordures était de moins de 2 %.
Dans les années 1990, on a construit 660 usines qui pouvaient
traiter quotidiennement un total de 210 000 t dordures. Depuis
les années 2000, grâce aux technologies de pointe introduites
de létranger et à dautres technologies
pour lesquelles la R&D avait été effectuée
ici même, des usines de traitement plus intégrées
ont fait leur apparition, et celles-ci peuvent enfouir et brûler
les détritus et en faire du fertilisant. De 2000 à
2005, le nombre dusines de traitement des ordures a diminué
de 181, mais leur capacité quotidienne de traitement a augmenté
de 46 800 t. Cependant, en raison de la rapide augmentation des
déchets, le taux de traitement des ordures a tout de même
diminué. De 61 % en 2000, il a été réduit
à 54 % en 2007. Ces dernières années, la société
chinoise ne se satisfait plus du traitement inoffensif des ordures
et commence à chercher des technologies et des méthodes
pour transformer les ordures en ressources. Après 2003, toutes
les chutes dordures situées dans les immeubles de Beijing
ont été scellées, et de grandes poubelles identifiées
à différentes catégories de déchets
ont été installées dans le voisinage; chaque
jour, des préposés au nettoyage vident et nettoient
ces poubelles.
La collecte sélective des ordures est maintenant appliquée
dans 52 % des communautés résidentielles de Beijing,
mais à léchelon national, le taux est encore
inférieur à 10 %. Selon les statistiques, chaque année,
des déchets qui ont été simplement jetés
représenteraient une économie de 25 milliards de yuans
sils avaient été correctement regroupés
et réutilisés; le taux courant de recyclage est de
moins de 3 % pour les déchets en plastique et de 31 % pour
ceux en caoutchouc. À toutes fins pratiques, la collecte
sélective des déchets et le recyclage viennent tout
juste de commencer en Chine et ils profitent dun bon potentiel
de développement.
La régénération des
ordures
Au fil des ans, la part des déchets recyclables a augmenté
de pair avec le changement de la struc-ture de consommation des
Chinois. Selon le Comité chinois délimination
des ordures urbaines, les emballages en plastique et les contenants
jetables forment maintenant la source principale de laugmentation
de la quantité dordures. Les emballages en plastique
représentent environ 10 % des déchets urbains et ils
sont tous recyclables.
Pour effectuer la collecte et le recyclage des déchets recyclables,
la plupart des bureaux de Beijing ont maintenant des boîtes
de collecte des déchets en papier. Les papiers usagés,
les vieux journaux et les emballages en papier sont envoyés
à la Papeterie no 7 de Beijing où ils sont transformés
en papier recyclé. Pour ce qui est des déchets en
plastique (sacs, bouteilles et emballages), ils sont envoyés
aux usines de traitement qui les recyclent en de nouveaux matériaux.
Le pétrole est la matière première servant
à la production de la plupart des bouteilles en plastique.
Six tonnes de pétrole sont nécessaires pour produire
une tonne de ce type de bouteilles. Or, rien quà Beijing,
environ 150 000 t de bouteilles en plastique sont jetées
chaque année. Pour protéger lenvironnement et
économiser des matières premières, on a fondé
la Beijing Yingchuang Regenerated Material Co., Ltd. Cette entreprise
possède la plus grande chaîne de production de bouteilles
issues du recyclage en Asie. Chaque jour, elle reçoit 160
t de bouteilles usagées en plastique. Après avoir
été triées, nettoyées, désinfectées,
broyées et fondues à haute température, ces
bouteilles sont transformées en cubes de plastique dun
blanc crème qui servent à fabriquer de nouvelles bouteilles.
Les 60 000 t de bouteilles usagées en plastique que Yingchuang
reçoit et traite chaque année représentent
40 % des bouteilles usagées collectées à Beijing.
Selon M. Zhao Yan, lun des directeurs de Yingchuang, dans
cette entreprise, léquipement de traitement des déchets
et la technologie ont été certifiés par la
US Food and Drug Administration et par lInternational Life
Science Institute (ILSI). Ces deux organismes ont convenu que, pour
emballer des aliments et des médicaments, les bouteilles
fabriquées par cette entreprise peuvent remplacer les bouteilles
en plastique fabriquées directement à partir du pétrole;
or, leur prix est de 7 % inférieur. Coca-Cola a déjà
décidé dacheter chaque année 10 000 bouteilles
fabriquées par Yingchuang pour embouteiller ses produits.
Les restes de repas peuvent également être recyclés.
Selon certaines statistiques, à Beijing, 63 % des déchets
courants sont des déchets alimentaires, et quatre usines
de traitement de ce type dordures y ont été
construites. Leur capacité brute quotidienne de manutention
est de 1 200 t. Il y a déjà quelques brevets chinois
appliqués à la transformation des ordures alimentaires
en engrais organiques. Des machines servant à transformer
des déchets alimentaires en engrais existent maintenant dans
certains marchés et restaurants, mais leur coût dachat
et dentretien est très élevé, de sorte
que leur utilisation ne sest pas généralisée.
Générer de lénergie
à partir des déchets
Après avoir été ramassées, les ordures
non triées de Beijing sont dabord envoyées aux
dépotoirs couverts pour être triées par des
éboueurs. Par la suite, elles sont transportées au
Centre de transfert des déchets où des machines les
séparent en multiples catégories. Des cribles à
vent sont utilisés pour détecter les sacs en plastique,
des aimants pour récupérer les métaux et des
cribles de différents calibres pour trier les déchets
organiques qui seront ensuite transportés vers des usines
de production de fertilisants. Les déchets non organiques
restants sont finalement transportés ailleurs pour être
enfouis ou brûlés.
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À Wuhan, 30 ouvriers
récupèrent des déchets recyclables qui
leur ont rapporté plus dun million de yuans en
2005. |
Avec une quantité annuelle dordures de 160 millions
de tonnes, le quart du total mondial, lenfouissement sanitaire
est toujours la méthode de traitement des ordures la plus
courante en Chine. Cependant, étant donné laugmentation
du prix de la terre, le coût de lenfouissement des déchets
augmente également, de sorte quon les brûle davantage.
En effet, ce procédé utilise moins despace et
réduit plus complètement les déchets.
Selon M. Guo Weidong, membre de la Commission municipale dadministration
de Beijing, au milieu des années 1990, grâce à
un investissement totalisant plus de 600 millions de yuans (comprenant
des prêts de la Banque mondiale et de léquipement
gracieusement fourni par lAllemagne), cinq centres de traitement
des ordures ont été construits à Beijing. Vers
la fin de 2007, la ville possédait 23 installations de traitement
des ordures, dont six centres de transfert des déchets, quatre
installations de traitement intégré des ordures et
treize sites denfouissement, pour une capacité quotidienne
de traitement de 10 350 t. Dans la capitale chinoise, un système
complet de traitement des ordures a été mis en place,
de sorte que le traitement inoffensif des ordures urbaines est passé
de 93,8 % en 2004 à 99 % en 2007; pour la même période,
en banlieue, le pourcentage est passé de 33,3 % à
76 %.
Les nouvelles technologies denfouissement et de combustion
des déchets ou celle pour en faire des fertilisants permet
non seulement le traitement inoffensif des ordures, mais constitue
également une nouvelle façon de générer
de l énergie. Quelques installations de traitement
des ordures orientées vers la transformation en énergie
ont déjà émergé dans certaines grandes
villes chinoises.
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Les sacs non polluants sont
bien acceptés par les consommateurs.
-------------------------PHOTOS: CFP |
À Beijing, le Centre Asuwei de traitement intégré
des ordures inclut quatre volets : lenfouissement des ordures;
la production de fertilisants; la combustion et la génération
dénergie; et la production de méthane. Ce dernier
volet a été officiellement mis en service en mai 2007.
Il a introduit le système de génération dénergie
par le méthane de Deutz, une technologie de niveau avancé
mondial. Il permettra de fournir de lélectricité
à 17 000 familles durant toute lannée et il
aidera à réduire lutilisation de charbon à
hauteur de 10 000 t. Cet ouvrage transforme les déchets en
énergie propre. Auparavant, le gaz des marais issu de lenfouissement
des ordures causait des problèmes environnementaux. En effet,
sa contribution à leffet de serre est de 21 fois supérieure
à celle du dioxyde de carbone. De plus, sil nest
pas bien traité, il peut causer des explosions, des incendies
ou des déversements. Avant la mise en service de cet ouvrage,
le gaz des marais était simplement brûlé, ce
qui causait de la pollution de lair, étant donné
que de grandes quantités de dioxyde de carbone étaient
générées au cours du processus de combustion.
En raison de ses effets positifs pour la protection de lenvironnement
et la régénération des ressources, le projet
est maintenant inclus dans le protocole de Kyoto à titre
de projet de contrôle des effets de serre.
Linfiltration de liquides est un autre problème causé
par lenfouissement des ordures, et ces liquides sont principalement
des eaux usées organiques dune composition complexe
qui nuisent à lenvironnement et à la santé
de la population. À luniversité de Nanjing,
le Laboratoire de recherche sur le contrôle de la pollution
et sur lutilisation des ressources a mis au point une technologie
de traitement consistant en un film qui filtre et concentre les
liquides usés dinfiltration. Cette technologie aide
à retirer le contenu organique des liquides dinfiltration
et à réduire la pollution. Au Centre Asuwei de traitement
intégré des ordures, les liquides dinfiltration
qui ont été traités sont employés pour
arroser les fleurs.
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