Tuzki, le lapin

Wang Maomao, auteur de Tuzki

En Chine, l’environnement de création du film d’animation s’est nettement amélioré par rapport à il y a huit ans. Les voies permettant de réunir des capitaux se sont multipliées pour les entreprises de dessins animés. Des fonds privés ont commencé à affluer dans cette industrie, tandis que le gouvernement a offert lui aussi des projets de subvention. De plus, afin d’aider les entreprises du domaine à procéder à des échanges internationaux, le gouvernement chinois a organisé de grandes activités internationales, notamment un festival du film d’animation et une foire culturelle. En ce qui concerne le bassin de talents à l’échelle du pays, 447 universités offrent désormais une spécialisation en film d’animation dans laquelle on compte maintenant plus de 400 000 étudiants.

Les étudiants du Département de film d’animation de l’Université des communications de Chine jouissent d’une bonne réputation dans ce milieu. Récemment, cette université a attiré encore plus l’attention grâce à Tuzki, un dessin animé très connu créé par Wang Maomao, une étudiante en 4e année du Département de film d’animation. Pour se présenter dans son blog, elle avait décidé de créer une image de lapin. Elle n’aurait jamais imaginé que cette action spontanée lui aurait apporté la notoriété. Ce qui rend Tuzki particulièrement dynamique, c’est que sa conceptrice lui a fait exécuter de nombreux gestes : faire de la gymnastique; tomber dans les pommes; se heurter frénétiquement la tête contre le mur, quand il est triste; se déhancher sans aucun scrupule, quand il est content, etc.

Taohuayuan ji (Souvenir de la source des fleurs du pêcher)

Peu loquace, la jeune Wang aime utiliser le dessin pour décrire sa vie et exprimer ses sentiments. « J’aspire à une vie libre, comme celle de Tuzki; il est bon, mais un peu malgré lui. Par conséquent, tantôt il est inconstant, tantôt il se plaint un peu; quand il est libre, il aime se distraire ...»

M. Cheng Lehua, un expert du Département de psychologie de l’université Sun Yat-sen, se consacre depuis des années à la recherche sur la culture d’Internet. Selon lui, c’est la diversité de la société qui rend possibles différents développements. Certains cherchent de nouveaux modes d’expression, d’autres ne savent pas comment exprimer leurs opinions au moment où ils découvrent que certains de leurs rôles sociaux affrontent des contraintes. « Si on a un messager qui exprime ce qu’on pense, c’est avantageux. »

Jusqu’à maintenant, Tuzki a rapporté des bénéfices importants à Wang Maomao. « Il y a plus de 7 millions de visites par jour sur le site », raconte-t-elle, non sans fierté. Elle projette d’ouvrir sa propre entreprise de conception de plans.

« Beaucoup disent que la capacité de conception originale est faible en Chine; nous espérons donc que notre école pourra former de futurs grands maîtres en dessins animés, et nous adoptons toujours une méthode de formation élitiste », souligne M. Liao Zhongxiang, recteur de l’Université des communications de Chine.

Chaque année, cette université reçoit 6 000 demandes d’inscription pour son Département de film d’animation, mais elle n’admet que 100 candidats après qu’ils aient réussi cinq étapes de tests stricts. Parmi les enseignants, on trouve 48 professeurs d’élite issus du milieu, tant du pays que de l’étranger. Les étudiants peuvent assister à des conférences sur les récentes techniques de dessins animés et le cours d’anglais est obligatoire. Le recteur est également actif à élargir la coopération et les échanges avec des établissements étrangers. L’université a des relations de coopération à long terme avec l’Institut du film et de la télévision de Potsdam (Allemagne), la Hertfordshire University (Grande-Bretagne) et le Sheridan Institute (Canada).

On utilise de plus en plus d’images de Tuzki pour illustrer différents sentiments dans des œuvres.	Jiayuan (Patrie)

Afin de renforcer la capacité de création des élèves, l’université a fondé un magazine professionnel et une entreprise où ils peuvent appliquer leurs connaissances. En 2006, à l’initiative de l’université, le Festival international de dessins animés pour étudiants a été lancé et il a attiré des étudiants de 50 pays.

« En réalité, il y a ici de nombreux élèves comme Wang Maomao », déclare M. Liao.

Quand on les entend, les paroles du recteur Liao nous semblent exagérées. Cependant, le fait que de plus en plus de jeunes de son université se font remarquer prouve la justesse de ses propos.

Il y a huit ans, M. Liang Dingbang avait dit : « En Chine, nous disposons d’une source inépuisable de talents, et dans quelques années, la Chine pourra rivaliser avec les États-Unis dans la production de dessins animés par ordinateur. »