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Choisir entre la sous-traitance et la création

Images de personnages de Thru the Moebius Strip, affichées près de l’escalier du bâtiment de l’IDMT. Cette compagnie a connu beaucoup de problèmes lors de la production de ce film. Dong Ning

Dès son arrivée dans la compagnie restructurée, M. Chen Zheng a mis un terme aux incessantes modifications imposées par les groupes de travail sur le film Thru the Moebius Strip. « Je me rappelle encore aujourd’hui ce qu’il a dit “Peu importe le style des personnages dessinés dans les films étrangers, tenons-nous en à notre propre caractère’’ », raconte Mme Cao. La deuxième chose qu’il a préconisée est de faire projeter le film en salle de cinéma par tous les moyens. “ Peu importent les recettes du film, l’important, c’est de permettre au marché de nous connaître et aux employés de la production du film et à leurs parents et proches de voir le fruit de leur travail ”, nous a dit M. Chen ». Mme Cao se rappelle encore le jour de la première du film. Tous les employés s’étaient habillés correctement et solennellement.

Certes, le film a connu un échec commercial, mais il a été félicité par les experts chinois et étrangers du milieu pour la qualité de sa production. « En parlant franchement, dès le début, le film avait mis la barre haut pour la qualité, les valeurs commerciales et artistiques, etc. Actuellement en Chine, il n’y a pas d’autres compagnies capables de faire un film en trois dimensions d’aussi bonne qualité. Cela dit, la production du film a trop traîné. Aujourd’hui, les dessins animés hollywoodiens sont déjà montés d’un cran. Si ce film était sorti deux ans plus tôt, le résultat n’aurait pas été celui qu’on voit actuellement », explique M. Jin Guoping, ex-directeur du Studio cinématographique des Beaux-Arts de Shanghai et ex-président de l’Association du film d’animation de Chine.

Malgré une perte de 150 millions de yuans, la société a trouvé en contrepartie une équipe performante de production de films d’animation de haut niveau et a vu arriver à la file des commerçants européens et américains en quête d’une coopération du genre OEM (Original Equipment manufacturer), une forme de sous-traitance. Selon la direction de la compagnie, une telle association pouvait redresser financièrement la compagnie. Cette supposition s’est concrétisée. En 2007, la société a pour la première fois enregistré des bénéfices.

Mais l’activité de sous-traitance a provoqué des remous chez les employés, certains d’entre eux ont quitté la compagnie, refusant d’être un simple ouvrier au détriment d’un artiste.

« La création originale reste notre idéal permanent. Cela dit, nous devons nous préparer pour l’avenir. Actuellement la sous-traitance présente encore beaucoup d’avantages, elle peut nous faire vivre, nous procurer des éléments excellents, des dessins animés européens et américains, nous permettre de connaître leurs techniques de gestion, etc. L’important pour nous est d’apprendre à maîtriser la rentabilité d’une production. Prenons comme exemple le film Thru the Moebius Strip : nous n’arrêtions pas de modifier ce film tant que nous ne le sentions pas parfait, et le coût de ces changements était l’affaire du patron. Désormais, c’est aussi notre affaire », affirme M. Wu Honglian, superviseur artistique général de l’IDMT.

En fait, au Japon, producteur de plus de 60 % des dessins animés du monde, l’industrie du film d’animation a pu aussi se développer grâce à la sous-traitance OEM pour les pays européens et américains dans les années 1970. Ce secteur alors inconnu au Japon est devenu la deuxième industrie phare du pays. Selon l’estimation des chercheurs, la valeur annuelle de la production de dessins animés japonais atteint 1,6 billion de yuans, alors que celle de Chine ne représente que 20 milliards de yuans.

M. Li Zhongqiu, secrétaire général adjoint de l’Association du film d’animation de Chine, a beaucoup prospecté le marché japonais. Selon lui, le Japon possède un marché mûr. Les consommateurs appartiennent à toutes les catégories d’âge, de l’adolescent à l’adulte, ce qui n’est pas le cas en Chine. Beaucoup d’adultes chinois ne regardent pas les dessins animés et ne veulent pas que leurs enfants les regardent, souhaitant qu’ils consacrent plus de temps à leurs études.

Des employés de l’IDMT discutent de la création d’un dessin animé. Dong Ning

Parmi les dessins animés préférés des enfants et jeunes Chinois, 60 % sont japonais, 29 % européens et américains et 11 % seulement sont chinois.

Par ailleurs, au Japon, les recettes des droits d’auteur pour les dessins animés diffusés à la télévision, au cinéma, etc. sont élevées. Or en Chine, les dessins animés diffusés à la télévision ne rapportent pas beaucoup. « Un film ayant coûté 9 000 à 10 000 yuans par minute ne reçoit que 900 yuans par minute sur des chaînes de télévision qui possèdent le droit de diffusion. Sur d’autres chaînes de télévision, une minute de film ne procure que quelques dizaines de yuans par minute. Si vous voulez rentrer à 100 % dans vos frais, vous êtes obligés de démarcher 500 chaînes de télévision. Supposons que vous alliez chez une chaîne une fois par jour pour signer un contrat d’émission, cela vous prendrait un an et demi », dit M. Li.

« En Chine, on ne peut créer un film d’animation sans investir pour cinq ans », dit M. Chen Zheng. Malgré cela, sa société s’est lancée dans certaines créations artistiques. Les courts métrages d’animation Jiayuan (Patrie) et Taohuayuan ji (Souvenir de la source des fleurs du pêcher) ont obtenu des prix lors d’un concours international de dessins animés en Chine.

« Notre technique a déjà atteint sa maturité. Il nous a fallu moins de deux ans pour achever Qianting zongdongyuan. Bien sûr, les difficultés étaient beaucoup moins grandes que dans l’ambitieux projet de Thru the Moebius Strip. Un dessinateur sait bien qu’il est plus difficile de représenter l’expression des visages humains, les cheveux, et les vêtements que de peindre des animaux. En fait, il existe encore un grand fossé entre le niveau de Disney, de Pixar et le nôtre et nous devons le combler peu à peu », conclut M. Wu Honglian, superviseur artistique général de l’IDMT.

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