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La prairie située à la frontière septentrionale de la Chine est le royaume des pasteurs mongols et des femmes de tous âges vêtues de leurs plus beaux atours. Elle résonne du son vibrant des arcs, des fanfares, des hourras et des rires; dans lair flottent des odeurs de fromage et de mouton rôti. Cest le Naadam! (mot mongol signifiant jeux et divertissement.) Latmosphère de gaieté expansive qui règne durant cette grande fête est la même depuis des siècles. Le Naadam se tient au moment de la moisson, en juillet ou en août, alors que la végétation de la prairie est la plus exubérante et que les moutons et autres animaux sont bien gras. Le traditionnel « triathlon » (course de chevaux, lutte et tir à larc) est le spectacle principal, mais le Naadam est également loccasion de tenir des foires agricoles et des marchés de bestiaux. Après une journée de sports, spectateurs et concurrents se divertissent en buvant et en dansant jusquaux petites heures.
Ses origines
On dit que la première fête du Naadam a été tenue en 1209, lannée où Gengis Khan a établi un régime mongol unifié. Par la suite, cette fête est devenue un événement régulier, et son but était de maintenir les qualités de courage et de force, les capacités équestres et lhabileté au tir, toutes essentielles aux guerriers mongols pour sortir victorieux dans les batailles. Le Naadam est la fête mongole la plus célébrée. La fête du Naadam a été influencée par le culte de laobao. Ce système ancien de croyances, dont les origines sont liées au chamanisme, est représenté par les amas de pierres (aobao en mongol), isolés ou en grappes, qui parsèment la prairie. Entourés par des branches de saule et décorés de guirlandes colorées, ces amas marquent lemplacement de lenfouissement de figurines bouddhistes et darmes de métal. Chaque fois quun pasteur passe devant un aobao dans la prairie, il descend de son cheval et accomplit un rituel dhommage. Celui-ci consiste à déposer quelques pierres de plus sur la pile et à se prosterner. Cest la prière mongole pour demander la paix et une bonne récolte. Limportance de laobao dans la vie mongole en a fait une pratique de culte populaire officiée par des moines qui récitent des textes sacrés pour invoquer la prospérité. Les bergers sacrifient des moutons ou autre bétail à lemplacement dun aobao nouvellement empilé et se prosternent à plusieurs reprises pour exprimer leur dévotion. Quand le rituel est terminé, les dévots font la fête en dansant et en exécutant des exploits de courses de chevaux et de tir à larc. Comme la fête de laobao est assurément lancêtre du Naadam, de nos jours, les deux événements se tiennent en parallèle.
Un spectacle de force et de courage
Les Mongols ont toujours été des nomades, et cest à leur vie difficile sur la vaste prairie quils doivent leur forte capacité de survie. La fête du Naadam est le test le plus prestigieux de la force et de lendurance dun cheval mongol. Pendant la course de chevaux du Naadam, les spectateurs de létranger peuvent être étonnés de la petite stature, due au jeune âge, des cavaliers en compétition; ils ont en effet de 5 à 13 ans. (Il faut savoir que les jeunes Mongols commencent à monter à cheval pratiquement dès quils peuvent sasseoir.) Plus le cavalier est léger, plus le cheval a loccasion de réaliser des prouesses à la course. Au signal, de la ligne de départ, des centaines de chevaux sélancent dans un nuage de poussière, sous laccompagnement des cris et des acclamations de la foule des spectateurs. Ces très jeunes cavaliers montent sans selle. Ils sont également capables dexécuter des tours audacieux semblables à ceux que lon voit dans les cirques. Quand le vainqueur traverse la ligne darrivée, les spectateurs se réunissent autour de lui, chantent et dansent pour partager la joie de sa victoire, et lon verse du lait frais sur son cheval en signe de respect.
Le tournoi de lutte de la fête du Naadam est une occasion pour les protagonistes de manifester leur virilité. Cependant, la force physique nest quun aspect de la lutte, car celle-ci exige également un discernement prudent des faiblesses de ladversaire. À la différence des combats de lutte en Occident, il ny a ni durée préétablie, ni catégories dâge ou de poids. Dailleurs, les lutteurs se mesurent souvent à des adversaires deux fois plus lourds queux. Les Mongols ont leurs raisons pour accepter des règlements en apparence si injustes; dans un environnement hostile, la vie de nomade elle-même est une situation inéquitable. Cependant, cela ne signifie pas que les concurrents de moindre calibre doivent abandonner avant même de commencer. Les Mongols savent très bien que la perspicacité et la technique, tout comme la force, sont nécessaires autant pour la victoire dans la lutte que pour la survie au quotidien. Les lutteurs mongols qui saffrontent durant le Naadam sont néanmoins de véritables costauds. Les premières notes de lUrtiin Duu (un long chant traditionnel populaire mongol) marquent le début du match. Avançant sous laccompagnement de ce chant, les concurrents entrent dans larène en brandissant leurs armes et en émettant des cris daigle pour exprimer leur courage. Chaque mouvement est critique, car le premier lutteur qui touchera le sol avec une partie du corps autre que la main ou le pied perdra le match. Les trois principaux gagnants seront qualifiés respectivement de lion, éléphant et faucon, en signe de leur force incroyable. Les rubans de couleur autour du cou dun combattant indiquent le nombre de matchs quil a livrés. Comme les femmes nomades doivent également être robustes et tenaces pour survivre aux rigueurs de la vie dans la prairie, en contraste avec leurs cousines de lintérieur du pays, elles sexpriment généralement sans retenue. Les Mongoles sont versées dans le tir à larc et constituent de redoutables concurrentes pour la compétition dans cette discipline. Le tir à larc est un sport mongol hérité des guerriers de Gengis Khan. Son inclusion dans le « triathlon » servait à maintenir à la fine pointe les habiletés militaires des guerriers. Pratiquement inchangés depuis des siècles, les arcs mongols en bois dur exigent beaucoup de force pour les tendre; une vue perçante et de la patience sont également des qualités indispensables pour avoir un tir précis à cheval ou à partir dun point fixe. Il est incontestable que la victoire au concours de tir à larc est durement acquise.
Entre autres par les épreuves de course de chevaux, de lutte et de tir à larc, la fête du Naadam est une occasion pour les pasteurs doublier momentanément leur lutte quotidienne pour la survie et de sabandonner aux plaisirs du sport, de la danse et du chant. Ce grand événement, commencé par Gengis Khan, affronte actuellement le défi de formes plus modernes de divertissements, mais il demeure encore la fête la plus importante dans la prairie. Le Naadam symbolise lesprit qui a permis aux Mongols de conquérir de vastes territoires et de survivre dans un environnement difficile, et cet esprit leur donnera toujours la force daller de lavant.
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Rédaction : 24, rue Baiwanzhuang, Beijing 100037, Chine |