![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Mme Wei a visité de nombreuses maisons pour personnes âgées. « Tant que je serai capable de me déplacer, jaime mieux vivre dans ma maison. Lorsque je ne le pourrai plus, jirai dans un centre pour personnes âgées », dit-elle, résignée. Daprès une récente enquête basée sur un échantillonnage réalisé par le Bureau des statistiques de Shanghai, près de 5,7 % des personnes âgées sont souvent seules, 42,7 % par moments, et 35 % communiquent très peu avec les autres. Cependant, dans les villes chinoises, la vie des personnes âgées saméliore de jour en jour. Toute personne de plus de 70 ans profite de certains services gratuits, notamment lautobus public et lentrée dans les parcs et les musées. De plus, dans les autobus publics ou les salles dattente des gares, il y a des sièges réservés spécialement aux personnes âgées; dans les magasins et les hôpitaux, les personnes âgées profitent de conditions préférentielles. Encouragés par le gouvernement, les milieux sociaux attachent une grande importance à la santé des personnes âgées et leur fournissent des produits nutritifs et bons pour la santé. On met également à leur disposition des installations pour faciliter leurs exercices physiques. Les hôpitaux envoient souvent des équipes médicales et sanitaires dans les quartiers dhabitation pour effectuer gratuitement des diagnostics. Des classes et des clubs réservés aux personnes âgées sont créés. Autrefois, il y avait peu de centenaires, alors quaujourdhui beaucoup de cantons sont renommés pour la longévité de leurs habitants et on compte des villages de centenaires. Pourquoi donc y a-t-il encore tant de personnes âgées qui vivent seules et qui sont sans appui? Selon les experts, dans une cer-taine mesure, le changement de la structure familiale a affaibli la cohésion traditionnelle de la famille chinoise qui permettait de subvenir aux besoins des parents âgés, de vivre ensemble et dassumer la responsabilité familiale et sociale. Par ailleurs, à la suite du meilleur accès aux médias et aux loisirs, le contenu de la vie sest enrichi. En effet, on est moins absorbé par la vie familiale, car le développement économique et le progrès des sciences et techniques ont réduit nettement lintensité des tâches ménagères. En un mot, dune part, la vie familiale sintègre davantage dans la société, mais, dautre part, la conception traditionnelle sur la responsabilité familiale sémousse peu à peu. « Dans les années 1980, il y avait un taux élevé de cohabitation multi-générationnelle dans les familles de plus de quatre enfants. Daprès une enquête sur les personnes de 60 ans et plus, effectuée en 1987 à la grandeur du pays par lAcadémie des sciences sociales de Chine, près de 20 % de ces personnes vivaient seules, alors que 70 % habitaient avec leur famille. Aujourdhui, les pourcentages sont inversés », affirme M. Feng Xiaotian, directeur du département de sociologie de luniversité de Nanjing.
Le concept traditionnel de respect dû aux vieux parents déplait aux jeunes
Le respect dû aux vieux parents entraîne une charge financière pour tout le monde. La Chine sintègre dans léconomie mondiale plus tard que les pays développés. Ces pays ont connu le vieillissement de leur population alors que leur PIB par habitant représentait de 5 000 à 10 000 $US. Dans le cas de la Chine, le vieillissement de la société a commencé en 1999, alors que son PIB par personne était de moins de 1 000 $US, de sorte que ce problème du vieillissement est plus aigu en Chine. Cest lexemple typique d « un pays qui connaît le vieillissement avant lenrichissement ». Cette situation engendre directement la difficulté daccumuler des fonds pour prendre en charge les personnes âgées. Les prévisions montrent que, dans 30 ans, chaque Chinois âgé ne pourra compter que sur deux concitoyens en âge de travailler pour le prendre en charge. Mme Guan Xingjing, 46 ans, est conseillère à temps plein dans un service du personnel. Lorsquelle rentre à la maison, elle doit agir comme infirmière pour soccuper de sa mère de 80 ans. En six mois, celle-ci a fait une chute à six reprises et a été hospitalisée pour une pneumonie. « Ma mère ne se sent en sécurité que quand je suis à ses côtés. Alors, elle me téléphone sans cesse durant la journée pour me presser de revenir le plus vite possible à la maison, mais cela me déconcentre dans mon travail », confie-t-elle. Mme Guan a essayé de trouver une maison pour personnes âgées convenable pour sa mère, mais elle ny est pas arrivée. Elle sinquiète : « Je ne peux imaginer à quel point mon fils unique aura de la difficulté à résoudre ce casse-tête quand je serai vieille. » Ces dernières années, partout au pays, on voit louverture de maisons pour retraités, dhospices de vieillards et de résidences pour célibataires âgés. Pourtant, par rapport au contingent de personnes âgées en Chine, le nombre dinstallations de ce genre est négligeable. La conception traditionnelle de la piété filiale pousse les gens à refuser denvoyer leurs vieux parents dans des résidences spécialisées. En Occident, élever les enfants est un devoir, mais pas de soccuper des vieux parents. Les relations intergénérationnelles des Chinois sont très étroites. Daprès les préceptes de la piété filiale, la jeune génération doit soccuper des plus âgés, car cela correspond à un apothéose de la vie familiale et à un témoignage de respect envers les parents.
Les ennuis du bonheur familial
Les personnes âgées ont un attachement profond à la famille. Cest la conception traditionnelle chinoise. Ils espèrent soccuper toujours de leur enfant jusquau mariage, et même de la naissance de leur petit-enfant. Pour eux, cest là lessence du bonheur familial. Daprès une enquête récente sur les grands-parents qui élèvent leur petit-enfant, la proportion des grands-parents qui le font est de 45,7 % quand les parents sont tous deux enfants uniques, et de 28,1 % pour les autres familles. Cinquante pour cent des familles du premier groupe -- composées de deux parents enfants uniques -- vivent la cohabitation de trois générations, ce qui facilite la tâche des grands-parents qui soccupent de leur petit-enfant. Dautres familles laissent les parents habiter dans le voisinage pour quils soccupent de lenfant tout en évitant les frictions de la cohabitation continuelle. Dans ce dernier cas, lenfant est amené le matin chez les grands-parents et est ramené à la maison après le dîner, ou encore laissé chez les grands-parents pour y passer la nuit. Un responsable dun jardin denfants affirme que, règle générale, ce sont les grands-parents qui participent aux réunions de parents. Daprès les statistiques, pour les deux tiers des 50 millions de familles chinoises, ce sont les grands-parents qui soccupent de léducation donnée à la maison. La société chinoise vit actuellement une transition
de la famille à plusieurs enfants à la famille à
enfant unique. Pour la majorité des familles, la charge de
lenfant nest pas tellement lourde; cest plutôt
celle des vieux parents qui pose problème. Ce problème
se pose surtout dans le cas des familles « nid vide »,
de celles formées dun veuf ou dune veuve et des
familles à faible revenu. Toutefois, ce nest que lorsque
la génération de familles composées denfants
uniques aura dépassé létape de vie active
que la Chine se trouvera dans la période la plus difficile
pour assumer la charge des personnes âgées. |
![]() |
Rédaction : 24, rue Baiwanzhuang, Beijing 100037, Chine |