Huairou,
sous le pinceau
de
Tian Fengyin
LOUISE CADIEUX,
en collaboration avec HU CHUNHUA
 |
 |
La Grande
Muraille (tronçon à Huairou) |
Murmure dun
ruisseau |
Huairou, cest
un district en banlieue nord de Beijing. En 1995, le monde entier
a découvert ce coin de pays lors du Forum des ONG sur les
femmes qui sy est tenu. Depuis ce grand événement
médiatique, la région semblait être retombée
dans loubli, jusquà ce quun Français
sy intéresse en découvrant les huiles dune
peintre locale : Tian Fengyin. Ses peintures, qui célèbrent
la beauté de Huairou, font resurgir ce district dans les
mémoires. Une exposition quelle a tenue en France
a touché quantité de visiteurs, et on travaille
à en préparer une autre pour 2008. La chance sourit
à Huairou et à Tian Fengyin.
 |
Au cours du reportage |
Réservée, peu loquace, Tian Fengyin
semble un peu mal à laise dans tout le va-et-vient
qui entoure le vernissage de lexposition de ses uvres
que Huairou tient en son honneur. Cela se comprend un peu, car
habituellement, cest surtout son pinceau qui parle! Tout
au contraire, M. Alfred Gilder, le mentor français qui
a découvert cette perle rare, semble particulièrement
fier de la faire connaître et ne tarit pas déloges
à son égard. Et cet homme semble avoir un jugement
sûr, car étant fort actif dans le milieu culturel
français, son il exercé a vu quantité
duvres de toutes sortes.
Pourquoi donc a-t-il immédiatement eu un
coup de cur, comme il aime le dire? « Cest une
personnalité forte, commente-t-il, une uvre magnifique
qui reflète des qualités de cur et desprit.
En peignant les bois, les montagnes et les lacs de Huairou, Tian
Fengyin traduit avec finesse la beauté de la région
et en est une merveilleuse ambassadrice. Elle reflète tous
les éléments dune nature apaisée et
apaisante, une nature dune beauté sereine. Cest
grand et simple à la fois. » Et comme pour mieux
nous convaincre, prenant lexemple de lhuile Le châtaignier,
luvre qui associe étroitement la peintre à
Huairou (la ville est renommée pour ses châtaignes),
il ajoute : « Cest une uvre qui parle au cur
et à lesprit. Elle nous rejoint. »
M. Gu Mingde, président de lAssociation
des calligraphes de Beijing, partage lopinion de M. Gilder
sur cette artiste et déclare : « Un peintre doit
dabord aimer son pays natal et la vie. Il peut ainsi mieux
traduire cette vie. Le pinceau de Tian Fengyin reste collé
à la vie et réussit à présenter le
caractère typique de Huairou. Son exposition en France
ne peut que servir à mieux faire connaître le pays.
»
Ces commentaires ne trompent pas. En effet, Tian
Fengyin confie : « Je mexprime en tentant de marier
la peinture à grands traits - typique de la peinture traditionnelle
chinoise - avec la peinture à lhuile, et je le fais
en présentant la vie locale. » Elle sait que, pour
certains peintres chinois, cette façon de faire peut sembler
inacceptable, mais elle y tient. « Jaime la vivacité
des couleurs et le relief que me permet lhuile. De plus,
présenter mes impressions sur la vie en utilisant lart
traditionnel chinois, pour moi, ce serait difficile », ajoute-t-elle.
Puis, de fil en aiguille, elle nous parle de son cheminement
 |
Le sentier du-village
|
« Quand jétais enfant, jaimais dessiner.
Ma famille était pauvre, et jétais la plus
jeune dune famille de sept enfants. Jai commencé
par utiliser des petits cailloux pour faire des traits sur de
plus gros cailloux, et ma mère me disait alors que je dessinais
sur nimporte quoi! Après lécole secondaire,
jai été admise au département des beaux-arts
de lÉcole normale. Cest là que jai
acquis ma base technique. Puis, pendant sept ans, jai été
professeur de beaux-arts. Durant ce temps, même si ma tâche
était particulièrement lourde, avec des étudiants
âgés de 13 à 16 ans, je nai jamais cessé
de dessiner. Un jour, par plaisir, jai commencé à
faire de la peinture à lhuile. Cest ainsi que
mon goût pour cette peinture sest continuellement
développé.Actuellement, je suis encore passablement
occupée par mes tâches déducatrice et
de gestionnaire dun institut des arts, mais jarrive
à consacrer le tiers de mon temps à la peinture.
Il faut dire que je reçois un appui inconditionnel de mon
mari. Il est le premier à commenter mes peintures et il
mencourage. »
Parlant de son succès en France, Tian Fengyin
croit également que sa représentation de Huairou
ny est pas étrangère. « Cest dabord
par la revue Renmin Huabao, qui avait publié une photo
dune de mes peintures présentant Huairou, que des
gens en France ont connu mon nom, confie-t-elle. Puis, une exposition
présentant des peintres chinois a été organisée
et jy ai participé. Je dois dire que mes peintures
semblent avoir plu. Je crois que les gens ont aimé les
symboles de Huairou, comme la Grande Muraille et les châtaigniers,
et, en les voyant, ils ont ressenti les mêmes émotions
que moi. De plus, parmi les douze peintres chinois dont on a présenté
des uvres, jétais la seule à exposer
des huiles. »
Maintenant, Tian Fengyin a un objectif bien précis
: que toutes les personnes, quelles quelles soient, acceptent
son uvre. Cest pourquoi, comme laspect humain
est universel, elle dit vouloir ajouter encore plus de vie à
ses tableaux et encore mieux transmettre ses émotions.
Dailleurs, le fait que plusieurs de ses tableaux soient
signés en pinyin, plutôt quen caractères
chinois, nest peut-être pas étranger à
son désir de rejoindre beaucoup de gens à lextérieur
de la Chine!