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Les Tibétains forment
la principale ethnie de Daocheng. |
Dans cette région teintée de mysticisme,
les chaînes de montagnes aux pics enneigés avancent
douest en est et du nord au sud. Les trois fleuves parallèles,
les glaciers, les lacs, les forêts, les pâturages et
les sources chaudes complètent ce panorama naturel spectaculaire.
Les géologues parlent de la région comme celle des
monts Hengduan. Le magazine Chinese National Geography la décrit
comme la « grande boucle de Shangri-La ».
Yading, du district de Daocheng, dans le département
autonome tibétain de Garzê, province du Sichuan, est
au centre de cette région. L'Unesco a classé la région
comme Réserve de la biosphère. Les voyageurs en ont
parlé comme de la « dernière terre vierge sur
terre ». Le célèbre aventurier et explorateur
étatsunien Joseph Rock sy est rendu à deux reprises
en 1928. Son article et ses photographies ont été
publiés dans la revue National Geography.
Des montagnes sacrées
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Le lac Niunai, au creux dune
vallée montagneuse |
L'automne est la meilleure saison pour visiter Yading.
Nous y sommes arrivés à la mi-octobre, alors que le
paysage est tout à fait splendide. Les autobus et les autocars
ne vont pas plus loin que le bureau de réception touristique
qui se trouve au barrage, au pied du Gongga, à 2 900 m au-dessus
du niveau de la mer. Les voyageurs doivent continuer à pied
ou à cheval leur voyage dans la réserve. Il y a deux
terrains de camping dans ce secteur pittoresque, un au monastère
Chonggu, à une altitude de 3 880 m, l'autre au pâturage
de Luorong, à une altitude de 4 150 m. Nous avons choisi
de parcourir les 12 km séparant le bureau de réception
touristique du pâturage de Luorong.
Il y a trois grandes montagnes enneigées à
Yading : Chanadorje (Vajrapani), Chenrezig (Avalokiteshvara) et
Jambeyang (Manjusri). Les Tibétains locaux considèrent
ces montagnes comme sacrées. À distance, les lacs
Wuse, Niunai, Zhenzhu et Risheng, parsemés dans les pentes
de montagne, ressemblent à des fragments de jaspe scintillants.
Une dizaine de crêtes enneigées, qui sont censées
représenter différentes déités, entourent
les trois grandes montagnes sacrées, comme pour préserver
la beauté de leur paysage glaciaire.
Le pâturage de Luorong est le meilleur endroit
pour admirer les trois montagnes sacrées. Étant donné
que le temps y est très changeant, le spectre solaire qui
scintille sur les pentes neigeuses est à la fois fuyant et
passager. Il ne dure habituellement que quelques secondes. Quand
nous sommes arrivés à Luorong, le temps était
venteux et les nuages, très denses. Notre guide tibétain
nous a avertis quil neigerait peut-être en soirée.
Quand nous lui avons demandé sil ferait beau le lendemain,
il a répondu : « Difficile à dire, dans les
montagnes enneigées, le temps est imprévisible. »
Étant donné que cétait
la saison touristique la plus occupée, toutes les tentes
étaient louées. Nous sommes donc restés dans
la famille de lun des bergers locaux qui habite dans une maison
en pierre. Un foyer pour faire la cuisine se trouvait au centre
et une feuille de plastique recouvrait le sol inégal. Comme
seul ameublement, il y avait un lit sur lequel les trois membres
de la famille sétendent pour dormir. Nous avons partagé
une partie de leur lit. Nous avons payé chacun 40 yuans pour
la nuit.
Tôt le lendemain matin, nous nous sommes réveillés
au cri de Lao Wu, laîné de notre groupe d'excursion,
qui était déjà sorti : « Levez-vous,
je vois les montagnes sacrées! », cria-t-il. Nous nous
sommes rapidement habillés et sommes sortis pour admirer
les trois montagnes sacrées devant nous. Le mont Jambeyang,
en forme de pyramide, se dressait au milieu dun ciel bleu
clair, et avec le soleil radieux, le panorama était tout
simplement magnifique.
On dit que le maître bouddhique Padmasambhava
aurait baptisé ces trois montagnes au VIIIe siècle,
et quil les aurait alors désignées comme un
lieu sacré où les bouddhistes tibétains locaux
pourraient offrir des sacrifices et faire de bonnes actions. Ainsi,
on croit queffectuer une seule circumambulation des trois
montagnes sacrées équivaut à psalmodier 100
millions de fois des canons bouddhiques. Faire un pèlerinage
à Yading est un ardent désir pour les bouddhistes,
autant que visiter La Mecque pour les musulmans.
Des lacs mystérieux
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Le lac Zhenzhu,
au mont Chenrezig |
Durant lascension, la route de la vallée
allant du pâturage de Luorong vers le lac Niunai se rétrécit,
alors que les pics enneigés semblent surgir droit devant.
Après avoir effectué quelques virages, nous sommes
arrivés à l'ouest du mont Jambeyang. Avant d'atteindre
un lieu de culte tibétain, nous sommes arrivés devant
un autre versant, le Qujiuzhaga, également connu sous le
nom de falaise Sacrificatoire, en raison de son inclinaison abrupte.
Les nombreuses bannières de prière suspendues à
cette falaise sont une démonstration de la dévotion
des bouddhistes. Plus haut, la route saplanit et s'élargit,
et le lac sacré Niunai, à 4 500 m au-dessus du niveau
de la mer, se trouve droit devant. Ce lac glaciaire couvre une superficie
de 0,5 ha. On dit que ses eaux guérissent les sourds-muets.
Cest une petite pente sur la rive droite du
lac Niunai qui offre la meilleure vue de ce lac. Un autre versant
de montagne était visible, et nous pouvions même apercevoir
le mont Jambeyang. Nous avons continué à marcher dans
sa direction, et après avoir traversé plusieurs autres
versants, nous étions finalement à mi-pente du mont
Jambeyang. À ce moment-là, le mont Chenrezig et le
lac Wuse étaient sur un côté, le mont Jambeyang,
de l'autre, le lac Niunai, derrière nous, et les crêtes
recouvertes de nuages blancs du mont Chanadorje, droit devant. À
ce point de notre randonnée, notre groupe était déjà
très éloigné de la route principale. Nous sommes
soudain arrivés devant une colline pierreuse qui menait à
la langue glaciaire du mont Jambeyang. Après avoir escaladé
ces pierres glissantes, à une altitude de 5 000 m, nous avons
abouti à un cul-de-sac. Nous nous sommes tenus sur le bord
d'une fosse qui semblait sans fond. ll y ventait tellement que nous
avions de la difficulté à nous tenir debout. De ce
point périlleux, la vue du lac Wuse, de forme ovale, entre
les monts Chenrezig et Jambeyang, valait bien le coup davoir
affronté les dangers et enduré un peu dinconfort.
La langue du glacier sétire jusquà la
rive du lac qui réfléchit clairement les montagnes.
Les Tibétains considèrent le lac Wuse comme sacré.
Dans les canons bouddhiques, on dit que ses eaux révèlent
le passé et prédisent lavenir.
Le monastère Chonggu, au pied du mont Chenrezig,
se trouve à une altitude de 3 880 m. On dit qu'un moine éminent
laurait construit pour diffuser le bouddhisme et consacrer
sa vie à vénérer les montagnes sacrées.
Cependant, le fait davoir creusé la terre sacrée
aurait tellement irrité les dieux quil aurait infligé
des désastres aux gens de lendroit. Repentant, le moine
a psalmodié jour et nuit des canons bouddhiques, implorant
de le punir lui, plutôt que les gens de lendroit. Émus
de sa dévotion et de ses remords, les dieux auraient accédé
à sa demande. Les habitants de lendroit ont alors repris
leur vie normale, le moine est tombé malade et est mort peu
après. Sa dépouille a été enterrée
au monastère Chonggu. Chaque jour, les moines de ce temple
lisent des canons bouddhiques et brûlent de l'encens pour
commémorer son mérite. Le monastère de Chonggu
est le point de départ de la circumambulation pour les bouddhistes
tibétains.
Dr Joseph Rock célèbre botaniste
étatsunien né en Autriche qui aurait vécu dans
la région du Plateau des années 1920 à la fin
des années 1940 a passé trois jours au monastère
pendant son voyage en 1928. De sa cellule du monastère, la
vue de la tranquille vallée de montagne, baignée sous
le clair de lune, l'a convaincu que cette vallée a été
la source d'inspiration du livre Lost Horizon, de James Hilton.
Le monastère Chonggu est également le
lieu principal de séjour pour les gens qui viennent à
Yading. Il en coûte 30 yuans pour une nuit dans lune
des cabanes en bois rond autour du monastère; elles sont
meublées dun grand lit sur lequel plusieurs personnes
peuvent dormir. De là, il est possible dadmirer, au
loin, le mont Chanadorje, et, à proximité, le mont
Chenrezig et le lac Zhenzhu. Le lendemain, nous sommes partis avant
le lever du soleil afin de voir le reflet du mont Chenrezig dans
le lac Zhenzhu avant que le vent ne commence à souffler.
Le lac se trouve à 2 km du monastère, au cur
dune forêt vierge. Nous avons voyagé à
cheval, guidés par un berger local. Au lac, à plusieurs
reprises, on nous a demandé de ne pas nous laver les mains
ni jeter quoi que ce soit dans ses eaux sacrées. Zhenzhu
se trouve à une altitude de 4 100 m et couvre une superficie
de 0,75 ha. Beaucoup d'arbres anciens se dressent sur ses rives.
On croit que, à l'origine, ce lac était beaucoup plus
grand et quil aurait été réduit à
sa dimension actuelle après le bris dune digue.
Nous avons donc observé le lever du soleil
sur le lac Zhenzhu. Le reflet des premiers rayons qui brillaient
au-dessus de la montagne est peu à peu devenu visible sur
les eaux bleues et profondes du lac. Au début, ce reflet
était embrouillé, mais il sest éclairci
au fur et à mesure que le soleil montait. Quand le soleil
a émergé complètement au-dessus de l'horizon,
les vagues sont apparues à la surface du lac, et le reflet
de la montagne sest à nouveau embrouillé. Cest
à ce moment que notre voyage à Yading a pris fin.
Autres sites pittoresques de Daocheng
Yading est la destination la plus célèbre
dans la région de Daocheng, mais en automne, il y a beaucoup
d'autres sites à voir dans les environs. En tibétain,
Daocheng signifie « vaste étendue de terres dans la
vallée montagneuse ». En effet, le siège du
district de Daocheng, où se trouve une grande forêt
de peupliers, est réellement situé dans une large
vallée.
En revenant au district, la première chose
que notre groupe a voulu faire a été de prendre un
bain dans les eaux des sources chaudes de Rubu Chaka. La source
se trouve à 3 km au sud-est du siège du district,
au pied dun versant nord de la montagne. On dit que les eaux
claires qui se maintiennent à une température de plus
de 68 °C peuvent traiter la dermatite, le rhumatisme et l'arthrite.
La ville de Sangdui, à 28 km au nord du siège
du district de Daocheng, est un autre site pittoresque important
sur la route entre Daocheng et Chengdu, capitale de la province
du Sichuan. À Sangdui, en bordure de la route sétendent
de vastes pâturages, et dans la ville, des ruisseaux coulent
en serpentant. Des deux côtés de la ville, des montagnes
se dressent majestueusement. Les ruisseaux ont formé de grands
marécages dans lesquels poussent beaucoup de variétés
d'algues. Une caractéristique particulièrement apparente
de Sangdui est l'étendue délodées rouges
en bordure de la route; cette plante y couvre léquivalent
dun terrain de football! Chaque automne, durant deux semaines,
on peut admirer, sous le ciel bleu, le panorama des élodées
rouges, avec les peupliers aux feuilles dorées, en arrière-plan.
Les villageois ont construit une barrière autour de l'étendue
d'élodées et demandent 5 yuans par personne pour y
entrer. Des sentiers en planches ont été aménagés
à lintérieur de la barrière. Les photographes
y placent leur trépied, mais prendre une photo dans laquelle
il ny a personne exige beaucoup de patience
Au nord de Sangdui et à 60 km du siège
de Daocheng se trouve le mont Haizi. Il offre un paysage fascinant.
La route qui y mène est large et droite. Sur ses côtés,
il y a des tas de gravier de diverses tailles. Derrière celles-ci,
sur une étendue de 93 km du sud au nord et de 49 km dest
en ouest se trouvent plus de 1 100 petits étangs. Ce sont
les vestiges d'un ancien glacier.
Se tenir sur un rocher géant du mont Haizi
donne limpression d'être à la fois près
du ciel et revenu à l'ère glaciaire une sensation
bizarre, mais agréable.
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Lexplorateur et aventurier
Joseph Rock a décrit le sommet en forme de pyramide du
mont Jambeyang comme le plus beau mont aux cimes enneigées
du monde. |
Habitations tibétaines
de Yading |
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Chevaux à la disposition
des touristes dans le pâturage Luorong de Yading |
Panorama de couleurs automnales
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