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La réforme du prix des billets d’autobus a eu peu d’effet sur l’augmentation quotidienne des automobiles privées dans les rues de Beijing.

Une solution à bon

compte pour les bouchons

de circulation?

LU RUCAI

Le slogan Autobus d'abord, bien connu des résidants de Beijing, vise encore à réaliser l’objectif de diminuer le volume de la circulation dans les principales rues encombrées de la capitale. Cependant, en janvier dernier, le BACB (Bureau d'administration de la circulation de Beijing) a ouvert ses goussets et a consenti une réduction draconienne du prix du passage d’autobus. Il a également ajouté des voies réservées aux autobus dans les rues de la ville. Les habitants apprécient l'épargne qu'ils peuvent réaliser sur les frais quotidiens de transport, mais ils ne sont pas convaincus que cette stratégie puisse atteindre son objectif ultime.

Retour aux tarifs d’il y a dix ans pour les autobus

Les économies que permet la carte CI (carte intelligente) ont entraîné une augmentation du nombre des usagers de l’autobus.

« Quand j’ai pris l’autobus après la réduction du prix des billets, je me suis aperçue que le passage ne coûtait que quatre mao (1 mao = 0,10 yuan, c.-à-d. 0,01 euro). J’avais entendu parler de la réforme des tarifs d'autobus, mais cela m’a quand même surprise. J’avais l’impression de retourner aux années 1990 ». Voilà la réaction d’une certaine dame Wang à cette mesure audacieuse. Comme elle doit prendre chaque jour deux autobus rien que pour se rendre au travail et que sa fille d’âge scolaire ne paie maintenant que deux mao par voyage, elle est enchantée de cette nouvelle politique.

En effet, depuis janvier dernier, pour 447 itinéraires d'autobus, les passagers réguliers qui détiennent des cartes d’autobus CI (carte intelligente, en anglais IC card) profitent d’un rabais de 60 % et ceux avec carte d'étudiant, 80 %. Le gouvernement municipal de Beijing versera annuellement plus de 1,3 milliard de yuans pour subventionner le prix du passage d'autobus.

Puisque les détenteurs de la carte sont les plus importants bénéficiaires de cette réforme, les résidants de la ville ont afflué aux 710 points d'achat de cartes à travers la ville. Dès la mise en vigueur de cette politique, le nombre de cartes vendues chaque jour a grimpé en flèche, passant de 10 000 à 100 000 cartes, ce qui a obligé le gouvernement municipal à demander aux provinces voisines de lui fournir 300 000 cartes additionnelles.

Depuis la réforme du prix des billets, les autobus sont encore plus bondés.

La réforme de la politique du prix des billets d'autobus réduira sensiblement les coûts de transport d’environ 96 % des passagers. Mme Meng Lin participe à la formation du personnel dans une compagnie d'assurance. Autrefois, son aller-retour au travail dans des autobus climatisés lui coûtait 4 yuans par jour. En tenant compte de ses déplacements durant le week-end, elle dépensait environ 150 yuans par mois en transport. Depuis l’entrée en vigueur de cette politique, elle dépense moins de 50 yuans. « Pour des banlieusards comme moi, ces prix réduits sont vraiment une bonne nouvelle. » Mme Meng a même remis à plus tard ses plans d'acheter une voiture parce que, dit-elle : « Le prix de mon transport en autobus est si bas qu'il figure à peine dans mon budget mensuel. »

M. Zhang, un conducteur sur la ligne d’autobus 717, a été étonné de cette réduction de prix. L'itinéraire de son autobus couvre plus de 20 km. Puisque le prix maximum a été réduit à 1,2 yuan, les revenus provenant de la vente de billets ne couvrent pas les 600 yuans nécessaires pour payer le carburant. M. Zhang explique : « C’est le gouvernement qui éponge le déficit. Il est clair que, cette fois, c’est du sérieux. »

Le coût du stationnement des autos : prohibitif

Garer sa voiture est un casse-tête dans les rues de la capitale, densément peuplée

En compagnie de ses amies, Mme Liu aime bien faire des achats durant les week-ends dans la rue Wangfujing – une rue commerçante fort animée –, mais garer sa voiture près de cette rue piétonnière est un véritable casse-tête. « J'avais l'habitude de le faire en bordure d'un hutong voisin, mais les amendes de 200 yuans rendent cela inabordable. » Ce fut un choc pour beaucoup de personnes quand le coût du stationnement dans la rue Wangfujing est passé de 2 à 5 yuans l’heure. « Maintenant, je dois garer ma voiture à 2 km et marcher vers Wangfujing; autrement, une journée dans les magasins me coûterait 50 yuans, juste en stationnement », déclare Mme Liu, avec mécontentement.

À Beijing, le stationnement souterrain coûte au moins 5 yuans l’heure, plus du double des frais de stationnement courants dans les parcs de stationnement de surface. Dans ces conditions, les conducteurs font la queue pour se garer dans ces stationnements, laissant les parcs-autos souterrains presque vides. Selon le BACB, il y a environ 1,2 million d’espaces de stationnement et 1,8 million d'automobiles enregistrées dans la ville proprement dite. Cela laisse un écart de 600 000 voitures qui n’ont aucune place de stationnement. Les frais des parcs de stationnement de surface devraient être augmentés, parce qu'ils occupent l’espace déjà limité dans les rues. « On s'attend à ce que leurs tarifs soient augmentés à un niveau supérieur à celui des parcs-autos souterrains », déclare M. Liu Xiaoming, directeur adjoint du BACB. Ce dernier explique également que plus les parcs de stationnement sont éloignés du centre-ville, moins ils seront chers.

Un système de parcs-autos situés à l’entrée de la ville et desservis par le transport en commun est également à l'ordre du jour du BACB. Ces parcs de stationnement vont être situés le long des lignes de métro les plus occupées. Les automobilistes pourront garer leur voiture et prendre le métro ou un autobus vers leur destination finale. La station Huoying, sur la ligne de métro 13, et la station Beiyuan, sur la ligne Batong, sont des projets pilotes. Ils ont annoncé des frais de stationnement d’un yuan l’heure seulement, ce qui est inférieur au péage d’autoroute pour entrer en ville.

Améliorer le transport?

Travailleur d’une compagnie de télécommunications, M. Zhang Yi est lui aussi agréablement surpris de ces nouveaux bas prix. Mais il n'a aucune intention de délaisser sa voiture pour se rendre au travail. « Aucun des conducteurs que je connais n'a abandonné son véhicule », dit-il. Selon son raisonnement, étant donné que, à l'heure de pointe, l’autobus avance à pas de tortue, tout comme sa voiture, il préfère profiter du confort de cette dernière.

On prévoit que le service de rail léger aidera à alléger la pression exercée sur le transport public à Beijing.

M. Duan Jinyu, ingénieur principal au Service de conception et de planification urbaine du Collège d’architecture de l'université Qinghua, de même que directeur du Département de recherche sur la circulation de l’Institut de conception et de planification urbaine de cette université, croit que la réduction du prix du passage d’autobus n’est qu’une des façons de résoudre le problème épineux du transport dans la capitale. « Ceux qui cherchent à ramener les prix au minimum représentent la minorité. La majorité des citoyens veut un meilleur service et un bon environnement de transport à prix raisonnable. Pour ces gens, l'amélioration de la qualité d’ensemble est la préoccupation principale. » D’ailleurs, l’ingénieur Duan croit que des prix plus bas créent un plus grand nombre de problèmes. « Des tarifs d'autobus réduits vont faire en sorte que certaines personnes vont prendre l’autobus, alors qu’autrement, elles marcheraient ou prendraient leur bicyclette. En conséquence, les passagers se multiplient et les autobus doivent passer plus de temps aux arrêts d'autobus. »

M. Duan exprime le point de vue de beaucoup de citoyens de Beijing. Les plaintes au sujet de l’encombrement des autobus ont augmenté en proportion des réductions des prix. En dépit du plus grand nombre d'autobus et des intervalles raccourcis entre les départs, la demande accrue de passagers ne peut pas être comblée. Par exemple, chaque jour, Mlle Lin prend l’autobus 717 à l'arrêt Yuyuantan. Depuis que les prix ont été réduits, elle doit attendre le troisième autobus avant de pouvoir monter. « Cela ne s'était jamais produit auparavant. Étant donné que le prix du passage du 717 climatisé était le double de celui des autobus ordinaires, il était toujours moins bondé. Je pouvais même parfois y trouver un siège. Mais c'est impossible maintenant. » Mlle Lin favorise sans contredit des passages plus chers et des autobus moins bondés.

De multiples améliorations

Mme Zhang Wenting vit près de l'arrêt Muxiyuan; elle fait donc partie des premiers groupes de passagers à profiter d’un nouveau système d’autobus express. Les premiers 16 km de ce service ont été ouverts vers la fin de 2005 à Beijing. Ce service amène Mme Zhang à destination en seulement une demi-heure, soit vingt minutes de moins qu’auparavant. « Le système d’autobus express fournit une voie réservée aux autobus publics. Ajoutée à des intervalles de départ plus courts, cette mesure accélère les déplacements », explique-t-elle. Pour Beijing, Mme Zhang espère maintenant une augmentation du nombre des itinéraires d’autobus express et des voies réservées. Pour d’ici 2010, la municipalité prévoit aménager 450 km de voies réservées aux autobus.

Le BACB a également pris des mesures pour améliorer ses itinéraires d'autobus. Il a cessé le service de plus de 100 itinéraires qui étaient redondants, a raccourci les intervalles entre les départs et amélioré les services. Le directeur adjoint Liu dit que le BACB s'attend à ce que les autobus climatisés représentent 63 % du total du parc d’autobus de Beijing d'ici à 2010. À ce moment-là, l'investissement annuel dans l’aménagement de voies réservées aux autobus et dans les allocations aux compagnies d'autobus aura atteint 4 milliards de yuans.

« Le transport urbain n'est pas une question simple », conclut l’ingénieur Duan de l'université Qinghua. La réduction du prix du passage d'autobus, la construction de voies réservées et l’augmentation des frais de stationnement pour les autos sont seulement une partie de la solution. Le slogan Autobus d'abord se concrétisera quand les autobus seront à la fois commodes et confortables pour chaque usager.

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