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Selon la conception traditionnelle, la bonne fortune accompagne l'année du Cochon et entraîne un baby-boom en 2007.

L'année du Cochon est bien là avec ses douze mois de bonne fortune… et son abondance de bébés. Chaque fois que survient une telle année propice, un baby-boom se produit dans le pays le plus populeux de la planète.

M. Wu et sa conjointe se sentent particulièrement comblés en cette année du Cochon. Pendant des années, les efforts du couple pour concevoir un enfant ont été entravés par les problèmes de santé de Mme Wu. C’est ainsi que, en juin 2006, ils sont venus à Beijing pour y recevoir un traitement dans les meilleures cliniques de fertilité et auprès des meilleurs médecins dans le domaine en Chine. Leurs efforts ont été récompensés. Mme Wu a accueilli la bonne nouvelle au début de 2007, et par la suite, un examen aux ultrasons a indiqué qu'elle était enceinte de jumeaux. Double chance, mais également double fardeau financier.

Les Wu ont immédiatement commencé à effectuer tous les préparatifs nécessaires, mais bientôt, ils ont dû se tailler une place parmi une légion de futurs parents demandeurs de produits et services. Jusqu'à maintenant cette année, les maternités de la capitale chinoise ont fait état d’une augmentation moyenne de 20 % du nombre de patientes. À l’échelon national, le ministère de la Santé prévoit que de 23 à 25 millions de bébés naîtront à travers la Chine en 2007; en comparaison, il y en a eu environ 17 millions ces dernières années. Selon les analystes, le baby-boom actuel est amplifié par celui du milieu des années 1980; les enfants nés à ce moment-là sont maintenant en âge de se marier et d’avoir des enfants.

Un petit trésor qui coûte gros

L’année du Cochon augure de très belles perspectives de vente de produits pour enfants.

Avec un salaire mensuel à cinq chiffres, M. Wu n'a pas ressenti avec autant d’acuité que les couples moins bien nantis les coûts faramineux liés à la paternité. Par exemple, durant la grossesse, le coût des examens médicaux de routine s’élève à quelque 2 000 yuans. Cependant, en raison des nombreux coûts cachés, le portefeuille de M. Wu peut rarement rester fermé.

Dans un monde d’ondes électromagnétiques, aujourd’hui, chaque femme enceinte se protège par une tunique antiradiation. Celle-ci coûte de 500 à 600 yuans. Au budget familial, la femme doit bien sûr prévoir aussi plusieurs vêtements de maternité au fur et à mesure que son ventre s’arrondit.

Tout le monde sait qu’un très bon régime alimentaire est essentiel à la santé de la mère et de l'enfant. Désormais, une des courses quotidiennes de M. Wu est une visite au marché pour y acheter des produits frais et sains pour sa femme. Quand ses collègues – ou sa conjointe – l’informent d’un nouveau produit favorable au développement du fœtus, M. Wu se précipite pour l'acheter, sans même regarder le prix. Convaincues qu'une alimentation normale ne peut pas fournir tous les éléments nutritifs dont une femme enceinte a besoin, la plupart des futures mères prennent des suppléments alimentaires comme du calcium et des vitamines.

Une médecin examine une femme enceinte.

Il n’est donc pas surprenant que les entreprises profitent de cette tendance et mettent en marché des trousses de produits nutritifs spécialement conçues pour les femmes enceintes. Ces trousses peuvent coûter jusqu’à 2 000 yuans. Et pour les familles sans voiture privée, il va sans dire que le taxi, plutôt que l’autobus, est un choix approprié – et bien évidemment plus cher – pour déplacer la future mère vers son travail ou vers n'importe quel endroit qui n’est pas à distance de marche.

À l’approche du grand jour, les futurs parents doivent prévoir encore plus d'argent pour les frais d'hospitalisation et pour tout ce qui entoure l’accouchement. Un accouchement naturel coûte de 2 000 à 3 000 yuans, et une césarienne, de 5 000 à 6 000 yuans. Les services et les dépenses supplémentaires comme l’épidurale et l’anesthésie sont également ajoutés à la facture.

Quand le poupon arrive finalement, beaucoup d'hôpitaux recommandent (lire : exigent) que les parents achètent une trousse complète d’articles pour bébé comprenant des vêtements, des couvertures, des couches et des dispositifs d’allaitement. Étant donné le prix pas très élevé – de 200 à 400 yuans – peu de nouveaux papas et mamans déclineront cette offre proposée avec le sourire par une infirmière.

Étant donné la disparité de revenus de leurs patients, beaucoup d'hôpitaux fournissent des unités d’obstétrique à différents prix. Cela va des salles à lits multiples aux chambres privées, de 30 yuans par lit par jour jusqu’à plus de 1 000 yuans par jour pour certaines chambres privées. Il y a même des options plus luxueuses. Des hôpitaux privés de première qualité disposent de chambres avec environnement exceptionnel, technologies de pointe, équipement ultramoderne et service royal. Mais leur coût – souvent autour de dizaines de milliers de yuans par jour – en fait le domaine des véritables petits empereurs.

Le baby-boom, super pour les affaires!

Quand il est temps de ramener le poupon à la maison, le portefeuille de la famille peut-il finalement espérer un repos bien mérité? Probablement pas. Les vaccins, le lait maternisé, les soins de la peau et les produits du premier apprentissage attendent tous leur tour. Pour 2007, les prévisions du ministère de la Santé concernant le nombre de naissances ont avivé l’intérêt des compagnies chinoises et internationales. Toutes espèrent leur part du gâteau de la plus grosse année des temps modernes pour ce qui concerne les naissances.

Concert spécial pour les futures mamans

Wyeth, un manufacturier de lait maternisé, cherche à acheter un centre de production de 200 millions $US en Asie du Sud-Est. Le lait en poudre représente 80 % des affaires de la compagnie en Chine, et 10 % du total de ses affaires. Cette année, la croissance subite du nombre de nouveau-nés en Chine a tellement eu un impact sur ses ventes que beaucoup de villes chinoises sont à court de stock.

Certaines multinationales font même le saut dans une arène commerciale autre que la leur pour tenter d’avoir une part du marché chinois des produits pour bébés. Parmi elles, mentionnons le géant de l’électronique Philips qui, en mai 2006, a acheté la célèbre marque britannique AVENT, pavant ainsi sa voie dans le secteur des produits pour le bébé et la mère. Parallèlement, la société japonaise Pigeon, une société de produits de soins pour bébés, est en train de construire sa première usine en Chine. Avec un investissement de 80 millions de yuans, cette construction devrait être complétée ce mois-ci.

Les compagnies chinoises ne veulent pas non plus manquer le bateau. En 2005, la société chinoise Mengniu, manufacturier de produits laitiers, a conclu une entente de coentreprise avec la compagnie Arla Foods du Danemark dans le but de produire du lait maternisé en poudre. Sanlu, une autre entreprise chinoise de renom en transformation laitière, a fait de même l'année dernière quand elle a fondé une entreprise semblable avec Fonterra de la Nouvelle-Zélande, un des plus gros exportateurs de produits laitiers vers l’Europe. Par ailleurs, conscient de cette tendance au pays, le groupe Goodbaby, le plus important fournisseur de produits pour bébés en Chine, réoriente son attention du marché étranger vers le marché intérieur. En 2006, il a mis en place une autre usine en Chine pour y renforcer sa capacité de production.

Les compagnies d'assurance accueillent également à bras ouvert cette foule de nouveau-nés. De nouveaux plans conçus pour les nourrissons et les enfants plus âgés sont lancés dans les villes partout au pays. Un directeur de la société d'assurance-vie Allianz China dit que sa compagnie prend cette demande croissante très au sérieux. Elle a introduit de nouvelles polices et lancé de nouveaux régimes d’assurance-vie, avec fonds d’investissement ou non, à l’intention d’enfants aussi jeunes que 60 jours.

Pendant des années comme 2007, la demande de baby-sitters grimpe en flèche. À Beijing, une baby-sitter qualifiée gagne de 1 000 à 5 000 yuans par mois. Les 150 000 bébés qui devraient naître dans la capitale cette année représentent 1 milliard de yuans de chiffre d’affaires pour les agences de baby-sitting. Enfin, les fabricants de couches comptent parmi les plus gros gagnants de cette économie liée au bébé. La croissance annuelle des ventes de couches a maintenu un taux de 60 % ces dernières années, et celle des couches haut de gamme a atteint 270 %. En Chine, les couches engendrent un marché annuel de 4 milliards de yuans.

Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que les entreprises, à l’instar des jeunes couples, attendent patiemment chaque année propice en Chine. Pour les premières, la chance qui y est associée est bien loin d’être une superstition.

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Éditeur : Édition La Chine au présent