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Une disparition mystérieuse

Masque en bronze aux yeux saillants avec couronne sur le front

La prospérité du royaume antique de Shu s’est maintenue plus de 2 000 ans, mais ce royaume a disparu aussi soudainement qu’il était apparu. Lorsque l’histoire de Sanxingdui s’est révélée, on a comblé un vide de plus de 2 000 ans d’informations historiques. Certaines personnes ont inventé de nombreuses raisons pour expliquer la disparition de ce royaume, mais celles-ci restent infondées.

Premièrement, l’hypothèse de troubles internes

« Lors des fouilles des deux fosses de Sanxingdui, on a constaté que les objets qui y avaient été placés avaient été bien choisis et qu’ils étaient répartis dans un certain ordre. Les objets en jade se trouvaient autour des fosses, les ustensiles en bronze, à l’intérieur, et finalement, il y avait ceux en ivoire. Ces objets n’avaient pas été abandonnés au hasard, mais selon une certaine procédure. Il est probable que des activités sacrificielles y avaient eu lieu selon certains rites avant que les objets aient été déposés », relate M. Sun Hua, vice-recteur de l’Institut Wenbo de l’université de Beijing. Et d’ajouter : « Il se peut que la structure politique de ce royaume ait été composée de deux grandes autorités dont la puissance était équilibrée. Ce serait la rupture de cet équilibre de pouvoirs qui aurait provoqué un affrontement irréconciliable, de sorte que ce royaume qui aurait prospéré en son temps se serait désagrégé, entraînant avec lui la civilisation qu’il avait créée. Ces deux fosses pourraient être considérées comme le sacrifice final du vaincu. »

Selon M. Sun, cette hypothèse d’une scission interne trouverait des fondements correspondants dans l’archéologie. À l’époque, le Sichuan était une entité culturelle unifiée, et jusqu’à présent, on n’a découvert qu’un seul centre : la cité de Sanxingdui. D’ailleurs, cette cité était grande, sans aucun autre sous-centre qui puisse rivaliser avec elle, et il n’y avait même pas de cité secondaire. « Sous ces ruines se trouverait probablement le village, sa base. Pourtant, après l’abandon de la cité de Sanxingdui, au moment de la coexistence de la culture de Sanxingdui et de la culture de Shi’erqiao, cette situation a changé. À l’époque de cette dernière culture, plusieurs grands emplacements sont apparus sur la plaine de Chengdu, dont Jinsha et Zhuwajie du district de Pengxian. Dans des endroits encore plus lointains, au sud du Shaanxi, un autre centre a surgi, et sur le versant de la chaîne des Qinling, à Baoji du Shaanxi, se trouvait le royaume Gongyu qui entretenait des liens innombrables avec le Sichuan. »

Deuxièmement, l’hypothèse des crues

Les ruines de Sanxingdui sont bordées au nord par la rivière Yazi, et la rivière Mamu traverse la cité. Ainsi, certains experts estiment que la disparition de ce royaume aurait été causée par des crues. Toutefois, dans les ruines, les archéologues n’ont pas découvert de couches de dépôt laissé par les crues. M. Zhu Zhangyi, directeur adjoint du Musée des ruines de Jinsha à Chengdu (Sichuan), souligne : « De nombreux objets découverts à Sanxingdui se concentrent dans une zone, au lieu d’être éparpillés à gauche et à droite. Bien que, durant les fouilles, nous ayons repéré certaines empreintes qui étaient atténuées par l’érosion, toutes ne l’étaient pas. Alors, l’hypothèse des crues n’est pas vraisemblable. »

Troisièmement, l’hypothèse de la guerre

Les ustensiles déterrés dans les ruines avaient, pour la plupart, été détruits ou brûlés avant d’être enfouis; cela semble confirmer l’hypothèse d’une guerre. Pourtant, les gens ont remarqué plus tard que l’époque de production de ces ustensiles s’échelonnait sur des centaines d’années.

Une archéologue nettoie les objets dans la fosse sacrificielle no.2

« Si l’on se base sur l’observation des dommages constatés au temple des Ancêtres de la famille seigneuriale, on a tendance à croire que la plus grande probabilité réside dans l’invasion d’ennemis extérieurs. La cause des dommages peut aussi provenir du fait que les divinités implorées n’auraient pas été suffisamment protectrices. Selon moi, la probabilité de l’invasion d’ennemis est plus grande », explique le directeur adjoint Zhu. Et de continuer : « Jusqu’à présent, nous n’avons trouvé ni une troisième fosse aussi grande que celles de Sanxingdui, ni d’objets en aussi grand nombre. Certains disent que les fosses de Sanxingdui auraient spécialement servi à un sacrifice ou à des sacrifices, mais selon nos fouilles archéologiques actuelles, la civilisation du royaume antique de Sanxingdui a commencé à décliner à l’époque où les fosses ont été remplies. Par contre, la civilisation du royaume antique de Jinsha, situé dans la ville de Chengdu proprement dite, aurait commencé à prospérer à ce moment-là. Quand ces deux civilisations ont coexisté, il se pourrait que la dynastie de Jinsha ait remplacé celle de Sanxingdui. Le vainqueur aurait détruit le temple des Ancêtres de la famille seigneuriale du vaincu. Autrement, comment expliquer que des objets sacrificiels d’un royaume basé sur la puissance religieuse ont été brûlés? »

Les ruines de Sanxingdui sont surnommées la « neuvième merveille du monde », et pourtant, nous en avons fouillé moins du tiers. Il est prévu qu’il y aura 12 km2 de zones de fouilles importantes. Au rythme actuel, il faudrait au moins 100 ans pour terminer ces fouilles. Pourtant, de nouvelles preuves ne cessent d’être mises au jour. M. Zhong Ming, un habitant du Sichuan, est un passionné de Sanxingdui. Lui et ses amis ont collectionné près de 300 précieux objets en jade de Sanxingdui. Dans sa collection, on trouve non seulement une statuette debout qui est plus haute que la statuette debout en bronze conservée dans le Musée de Sanxingdui, mais aussi des plaques de jade relatant des scènes de guerres antiques dans l’ancien royaume de Shu. Le plus merveilleux, c’est que certains objets en jade de sa collection portent de nombreux signes d’écriture. « D’après mon calcul, il y a plus de 1 000 signes d’écriture sur beaucoup de ces objets. Certains ressemblent même à un poème en vers de cinq caractères bien alignés sur l’objet », révèle M. Zhong. Ce dernier est allé consulter des experts faisant des recherches sur les inscriptions sur carapace de tortue et sur os -- la plus ancienne écriture de Chine -- et ceux-ci lui ont appris que ces symboles seraient plus anciens que les inscriptions sur carapace et sur os. Ces dernières se seraient développées sur la base de ces symboles.

« Mais finalement, quand la civilisation de Sanxingdui est-elle née? Qui l’a fondée? » Voilà les questions que se pose toujours M. Zhong.

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