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Les grottes de Mogao

Situées à un point stratégique le long de la route de la Soie, au carrefour du commerce tout comme des influences religieuses, culturelles et intellectuelles, les 492 grottes et niches de Mogao sont célèbres pour leurs statues et leurs fresques qui embrassent 1 000 ans d'art bouddhique.

--------------------------Comité du patrimoine mondial, Unesco. Ce site a été inscrit en 1987.

La grotte 96, le symbole de Mogao. Avec ses 34, 5 m de haut, la statue de Maitreya qui s’y trouve est la plus grande statue d’argile et de pierre dans le monde.

La ville de Dunhuang, où se trouvent les grottes, est située à l'extrémité ouest du couloir de Hexi, province du Gansu, et occupe une position géologique cruciale qui relie la Chine centrale, à l'est, et le Xinjiang, à l'ouest. Depuis la dynastie des Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), elle a toujours été un passage de la Chine du Centre vers les Contrées occidentales. Au IIe siècle av. J.-C., l'empereur Wudi de cette dynastie a dépêché Zhang Qian vers l'ouest et a ouvert la route de la Soie vers l’Asie centrale et l’Asie de l’Ouest. Dunhuang est ainsi devenue une ville clé sur la route de la Soie.

La route de la Soie a rendu possible l'expansion à l'est des cultures de l’Asie centrale et de l’Ouest et du bouddhisme indien. À Dunhuang, ces différentes cultures se sont rencontrées et se sont nourries les unes des autres. Ji Xianlin, un lettré réputé, a fait remarquer : « Il y a seulement quatre systèmes culturels qui ont une longue histoire et qui sont à la fois très répandus, indépendants et profondément influents. Ce sont les systèmes chinois, indien, grec et islamique, et c’est tout. Il y a seulement un endroit où ces quatre cultures se rencontrent : en Chine, à Dunhuang et c'est tout. » Néanmoins, avant la dynastie des Song du Sud (1127-1279), la route de la Soie maritime a remplacé la route de la Soie terrestre, et Dunhuang a commencé à décliner. Ainsi, durant la dynastie des Ming (1368-1644), quand le col Jiayuguan a été marqué comme frontière, Dunhuang est devenu un endroit à l’écart, au-delà de la frontière.

Fresque des Wei du Nord illustrant une scène de chasse.

Par ailleurs, une fois arrivé en Chine, le bouddhisme indien a commencé à se fondre avec la culture chinoise traditionnelle, laissant derrière lui un certain nombre de grottes le long de son itinéraire d'expansion vers l'est; les grottes de Dunhuang sont un de ces endroits. L’appellation « grottes de Dunhuang » se rapporte à toutes les grottes dispersées dans ce secteur. Cela inclut : les grottes de Mogao et les grottes des Mille Bouddhas de l’Ouest, dans la ville de Dunhuang; les grottes de Yulin et les grottes des Mille Bouddhas de l’Est, dans le district de Xi'an; et les cinq grottes situées dans le district de Subei. Au total, on en compte 812. Les grottes de Mogao sont celles ayant la plus grande envergure et la plus longue histoire. Ce sont aussi les plus riches au plan artistique, et finalement, les mieux préservées comme centre de l'art et de la culture de Dunhuang.

Les grottes de Mogao sont situées à 25 km au sud-est de la ville de Dunhuang, province du Gansu, dans la vallée de la rivière Daquan, au pied de la montagne du Sable de l’Écho qui fait face au mont Sanwei. Sur la paroi d’une falaise ayant plus de 1,6 km de long, du sud au nord, 492 grottes ont survécu au temps; elles ont diverses tailles et sont regroupées plus ou moins haut partout sur la falaise.

Les grottes de Mogao : un musée de l'art bouddhique

En chinois, dun veut dire « énorme » et huang signifie « prospère »; cela dépeint très bien la ville de Dunhuang, avec sa longue histoire et sa riche culture. Les grottes de Mogao constituent le plus grand musée d'art bouddhique du monde.

La grotte 328, l’exemple typique des grottes creusées sous les Tang (608-907) Fresque présentant la rencontre de commerçants avec un brigand.

Selon les registres, l'histoire de ces grottes a commencé en l’an 366, quand le vénérable moine Le Zun y a voyagé en pèlerinage vers l’ouest et y a creusé la première grotte. Ce moment a été le début de la taille des grottes de Mogao qui a continué durant plus de 1 000 ans et sous dix dynasties.

La teneur artistique des grottes est excessivement riche, car cet art intègre l'architecture, la sculpture et la fresque, ce qui reflète non seulement l'acceptation du bouddhisme dans la région de Dunhuang, mais également l'histoire, la société et l'économie de la région. Tout cela fournit une illustration vivante de la localisation du bouddhisme en Chine et de la capacité des Chinois à absorber et à transformer les cultures étrangères.

L’art architectural
L'art architectural des grottes de Mogao est réputé principalement pour la forme de sa présentation. Les premières grottes étaient la plupart du temps de type « stupa-pilier central ». Cela veut dire réserver un pilier carré comme une pagode au centre de la grotte sur lequel des niches sont sculptées pour y placer des statues.

Au milieu de la période de taille, les grottes se sont agrandies et cette forme de présentation en « pilier central » a été remplacée par une conception « voûte en forme de louche ». Cette dernière consiste en un grand sanctuaire pour plusieurs statues exposées sur le mur faisant face à l'entrée, le tout étant sous une voûte-pyramide tronquée, avec plafond à caissons orné de peintures exquises. Les grottes de la période postérieure étaient encore plus grandes, environ 20 à 30 m de profondeur, et étaient appelées « grottes d’entrée ». Un genre de plateforme était disposé au centre, et plusieurs statues étaient placées dessus. En plus, cinq grottes avec avant-toits en bois sont également préservées. Elles ont été creusées durant la dynastie des Song (960-1279), et une douzaine de stupas sont dispersés autour.

La sculpture peinte
Dans les grottes de Mogao, les statues peintes ont fondamentalement pour thème les personnages du bouddhisme et leur poursuite du nirvana. La falaise des grottes de Mogao est plutôt sablonneuse et friable pour y tailler des statues; les artisans se sont donc tournés vers la sculpture de l’argile. Les statues d’avant la dynastie des Tang (618-907) qui ont été produites par cette technique d'argile ont rarement survécu ailleurs en Chine. Cela rend encore plus précieuses les nombreuses statues d'argile peinte des grottes de Mogao.

La plus petite des statues peintes a seulement quelques centimètres, tandis que la plus grande va jusqu’à 34,5 m. Le modelage commençait par l'installation d'un cadre en bois qu’on enveloppait ensuite avec de la paille de blé, du roseau et du chanvre; puis, sur cette structure, on appliquait un enduit spécial. Ce n’est qu’après qu’on lui donnait une forme et qu’on le peignait d’une riche couleur.

Les statues sont réparties en quatre groupes : le Bouddha, les bodhisattvas, les disciples et les dieux. Il y a aussi les statues de monstres et des bêtes mystiques. L’ensemble des statues présente des styles divers, typiques de leurs différentes périodes.

L’art des fresques
Les fresques des grottes de Mogao représentent la plus grande proportion des créations de l'art des grottes et leurs thèmes sont également des plus complets. Cela est une caractéristique exclusive par rapport aux grottes Longmen et Yungang, et c’est aussi unique au monde. Si on regroupait sur une unité de 2 m de haut les 45 000 m2 de fresques des grottes de Mogao, on aurait une galerie de peintures de 25 km de long. Pas surprenant alors que les spécialistes occidentaux aient identifié ces fresques comme une « bibliothèque murale ».

Les fresques peuvent être regroupées en sept types : illustrations de sutras; histoires de sutras; personnages bouddhistes; personnages mythologiques; lieux et histoires concernant le Bouddha; portraits des donateurs pour les grottes; et motifs ornementaux.

La grotte 427 est la plus grande des grottes de la dynastie des Sui. Sur la photo, un bouddha représentatif de cette période.

Les fresques des premières périodes sont principalement des peintures du Bouddha qui prêche des histoires des jataka (vies passées du Bouddha) et des personnages mythologiques. La plus ancienne histoire de jataka qu’on y trouve est l’Histoire des jataka du prince Sattva dans la grotte 428. Ces fresques ont adopté quelques caractéristiques de l’Inde et de l’Asie centrale, tout en retenant la peinture chinoise traditionnelle.

La dynastie des Sui (581-618) a duré seulement 37 ans, et pourtant, 94 grottes ont été creusées durant cette courte période. Dans l'histoire, la dynastie des Tang est une période excessivement prospère de la Chine, et plus de la moitié des grottes de Mogao ont été creusées sous cette dynastie.

Au moment des Cinq Dynasties (907-960), il ne restait que très peu de place pour de nouvelles grottes. Les seules possibilités étaient donc d’en détruire des vieilles pour en placer des nouvelles, ou d’en peindre des nouvelles sur les vieilles, ou alors d’agrandir la petite grotte originale en une plus grande pour de nouvelles fresques. Par conséquent, dans les fresques de Dunhuang, il est fréquent de trouver plusieurs couches, l’une sur l'autre, de peintures des différentes époques.

Durant la dynastie suivante, c.-à-d. celle des Song du Sud (1127-1279), les grottes de Mogao ont été les témoins d’un entretien complet, et on a alors construit un certain nombre d’avant-toits de grotte et des sentiers en planches. Mais les fresques de cette époque sont plutôt vides et défraîchies. De plus, dans leur inspiration, elles semblent porter la marque d’une composition qui suivrait un modèle. Cela réduit l’effet artistique, même si elles ont bien imité les fresques de la dynastie des Tang. Pourtant, une peinture de l’époque se distingue par sa particularité : c’est la Carte du mont Wutai, dans la grotte 61. C’est la carte relief la plus ancienne qu’on ait trouvée jusqu’à maintenant.

Durant la dynastie des Yuan (1271-1368), on a vu apparaître des fresques du « Bouddha joyeux » et d’« Avalokiteshvara aux Mille Bras et Yeux »; elles portent la couleur du bouddhisme tibétain ésotérique. Au moment des dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911), l'art des grottes de Mogao était déjà révolu, puisqu’on n'y trouve rien qui ait été fait durant la dynastie des Ming. Toutefois, quelques grottes ont été transformées durant la dynastie des Qing, mais seulement sur des statues, et la qualité est relativement inférieure sur le plan artistique.

La musique et la littérature de Dunhuang

Vue de la dune Mingsha

Parmi les grottes de Mogao, plus de 200 contiennent des fresques de musiciens. On compte plus de 3 400 de ces derniers, dans quelque 490 orchestres de tailles diverses. Ils jouent environ 4 300 instruments de musique de 44 types. C'est un musée de la musique ayant les plus riches données de recherche préservées dans le monde. Les fresques de musiciens de Dunhuang forment une miniature de l'histoire millénaire de la musique en Chine de la période des Seize Royaumes (304-439) jusqu’à la dynastie des Yuan.

Les musiciens originaux et uniques représentés dans les fresques de Dunhuang sont le produit de l'intégration de la culture musicale locale avec la musique venue de l’intérieur de la Chine et la musique de l’Ouest. En apparence, les fresques de Dunhuang portent sur le bouddhisme, mais, en réalité, elles dépeignent, directement ou indirectement, la vie musicale réelle de la société de ces époques. Les reliques culturelles redécouvertes dans la « grotte des Sutras » de Dunhuang sont considérées comme « un musée encyclopédique ». Les documents couvrent tous les aspects de la vie sociale, y compris les livres et peintures sur la culture religieuse, la géologie, les affaires civiles et la loi, de même que sur les coutumes folkloriques. Tout cela fournit un kaléidoscope des transports et de la production sociale d’il y a plus de mille ans.

Les grottes les plus remarquables

La grotte 17 (des Sutras). Selon certaines hypothèses, la grotte des Sutras aurait été scellée et dissimulée par les moines des grottes de Mogao avant qu’ils fuient l'attaque de l'armée des Xia de l’Ouest, au début du XIe siècle. Les moines ne sont jamais retournés, et pendant presque 1 000 ans, on aurait ainsi ignoré l’existence des trésors de la grotte. Les reliques qui y ont été redécouvertes incluent un nombre considérable de canons bouddhiques et de documents civils écrits dans beaucoup de langues et sur des sujets divers. Ce sont des données précieuses pour l'étude des temps anciens, tant sur les plans religieux que politique, économique, militaire et culturel.

La grotte 328. C'est l'une des grottes représentatives creusées durant la dynastie des Tang. La statue dans la niche sur le mur ouest est le prototype classique des sculptures durant cette dynastie. Elle est préservée si intacte qu'aucune des autres grottes ne peut lui être comparée.

Vue extérieure des grottes

La grotte 320. Cette grotte est la représentante de celles creusées à l’apogée des Tang. Bien que les teintes de la peinture soient défraîchies, les statues qu’on y trouve conservent toujours la beauté de la rondeur et de la douceur si typique de l’ère de prospérité des Tang. Les quatre apsaras sur le haut de la fresque Illustration du sutra d'Amitabha, peinte sur le mur du sud, incarnent la quintessence des créations de ce type.

La grotte 420. C'est l'une des grottes représentatives de la dynastie des Sui (581-618). En ce qui concerne le style de sculpture, cette période correspond à la transition des modestes et austères Dynasties du Nord (386-581) à l'élégante et noble dynastie des Tang. La vue générale est plutôt pauvre, mais il y a quelques statues qui sont très bien modelées. Les statues d’avant la dynastie des Sui étaient habituellement peintes mates avec des couleurs simples comme les vermillon, ocre, azurite, vert minéral ou blanc plomb, sans aucun motif ou ligne de décoration. Mais à partir de la dynastie des Sui, des motifs de brocart ont été appliqués aux vêtements des statues peintes. Ce genre de motif décoratif était originaire de la Perse (Iran actuel) et était populaire en Asie centrale et de l’Ouest. Sa présence dans les grottes de Dunhuang indique les échanges économiques et culturels amicaux qui avaient cours entre l'empire des Sui et les nations persanes.

La grotte 427. C'est la plus grande grotte de la dynastie des Sui et elle est du type « stupa-pilier central » typique des Dynasties du Nord. Elle comprend une salle avant et une arrière.

La grotte 428. Cette grotte est la plus grande et la plus représentative de celles creusées durant la dynastie des Zhou du Nord (557-581) et sa structure est caractéristique des premières grottes : le stupa-pilier central se trouve un peu vers l'arrière dans la salle principale, avec des niches sur les quatre côtés, un plafond-croupe à deux versants à l'avant, et des images du Bouddha sur les murs. Les portraits de plus de 1 200 donateurs sont aussi peints dans cette grotte, un fait unique de Mogao.

La grotte 61. La plus grande fresque des grottes Mogao se trouve sur le mur ouest de cette grotte : c’est la Carte du mont Wutai. Le mont Wutai est l’endroit où Manjusri a enseigné le bouddhisme, et c’est l’une des quatre montagnes du bouddhisme en Chine. La carte a 13 m de long et 4,6 m de haut et elle est la carte de relief la plus ancienne et la plus grande trouvée dans le monde jusqu'ici. Cette carte couvrait la région de l’actuelle Taiyuan – la capitale de la province du Shanxi – jusqu’au district de Zhengding, province du Hebei. Elle dépeint en détail les montagnes, les plaines, les communes et les routes dans ce secteur d’environ 250 km2. Dans cette grotte, il y a également une statue particulière à deux têtes, avec les cheveux attachés haut. Elle est vêtue d’une kasaya (tunique) bouddhique et ses mains sont pendantes. De plus, sous chacune de ses mains se trouve un homme vêtu d’un long manteau et portant un chapeau en tissu. Selon les registres, cette image provient du modèle à deux têtes du Gandhara antique (au Pakistan actuel), lequel était perçu comme de bon augure. Et le fait qu’il apparaisse dans les grottes de Mogao est une autre preuve de l'amitié et des échanges culturels entre la Chine et le Pakistan dans l’Antiquité.

La grotte 45. Cette grotte remonte à la dynastie des Tang. Les Sept Statues sont généralement identifiées comme le nec plus ultra des plus de 2 000 statues peintes des grottes de Mogao. Les Sept Statues forment un groupe, et pourtant, chacune a ses expressions et son tempérament uniques, ce qui donne un genre de vigueur à l'ensemble.

La grotte 96. La tour à Neuf-Étages. Cette grotte a une façade de neuf étages d’avant-toits; elle est le symbole des grottes de Mogao. On l’appelle la tour à Neuf-Étages. Lorsqu’elle a été construite la première fois, elle n’avait que quatre étages. Par la suite, elle a été restructurée en cinq étages durant la période des Cinq Dynasties (907-960). La structure actuelle de neuf étages a été construite en 1928. La grande statue dans la grotte est celle de Maitreya. Avec ses 34,5 m de haut, elle est la plus grande statue d’argile et de pierre du monde. Elle a été sculptée en 695, quand Wu Zetian a été sacrée première femme impératrice de l'histoire chinoise. C’était pour exprimer sa gratitude pour l’aide donnée par le Bouddha et pour consolider son règne grâce au pouvoir de la religion. Les registres indiquent que la construction de cette statue, au début de la dynastie des Tang, a duré 12 ans et a coûté 12 000 taels.

La grotte 130. Cette grotte a été creusée en 721. Elle a 29 m de haut avec une superficie totale de 1 130 m2. La statue énorme dans cette grotte n’est surpassée que par le Maitreya de 34,5 m de la grotte 96. Cette statue est un chef-d'œuvre artistique combinant les techniques de la sculpture sur pierre et sur argile et de la peinture de couleur.

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Éditeur : Édition La Chine au présent