Le parallélisme des fleuves a, bien sûr, une origine
géologique. Selon la théorie de " la dérive
des continents ", établie au XXe siècle par le
géographe allemand Alfred Wegener, tous les continents et
océans de la terre flottent continuellement. Il y a environ
160 millions d'années, les plateaux indien et eurasien étaient
encore séparés par un vaste océan. Ce n'est
qu'il y a quelque 60 millions d'années que le plateau indien
a dérivé vers le nord en raison du mouvement de la
croûte terrestre. Il a avancé très lentement
vers l'extrémité sud du plateau eurasien, jusqu'à
s'y coller et commencer à le compresser. À l'endroit
où les deux plateaux énormes se sont violemment heurtés
a émergé de l'océan d'alors ce qui constitue
aujourd'hui le plateau Qinghai-Tibet et l'Himalaya, orienté
ouest-est. La dynamique combinée de compression, de torsion
et de dédoublement a créé les monts Hengduan,
en direction nord-sud, dans la partie est du plateau. Même
encore aujourd'hui, le processus d'orogenèse dans l'Himalaya
continue d'accroître l'altitude des montagnes de cette zone.
En même temps, la puissance violente du cours des fleuves
continue de taillader ces montagnes et d'absorber les cours d'eau
plus petits tout le long de son cours. Ainsi, un tel développement
durant des centaines de milliers d'années a finalement engendré
la topographie singulière des actuels trois fleuves parallèles
dans l'extrémité sud-est du plateau Qinghai-Tibet. Grâce aux conditions géologiques étonnantes
et à la localisation unique, la zone a préservé
une exceptionnelle richesse d'informations sur la transformation
de la Terre. Disparus en Europe il y a déjà longtemps,
les " fossiles vivants " récemment trouvés,
comme la fougère arborescente, le Salsola passerina et l'arbre
aux pochettes, sont encore prospères dans cette zone, ce
qui est renversant. Un réseau hydrographique en forme
de balai
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La terrasse Baishui |
La topographie de la zone est complexe sur le plan géologique.
Il y a des sommets enneigés et majestueux qui culminent à
plus de 5 000 m au-dessus du niveau de la mer et des glaciers qui
brillent comme de l'argent. De splendides lacs, scintillants comme
des étoiles, sont dispersés parmi les vastes plateaux
alpestres et les bassins. Les reliefs karstiques et de Danxia sont
trop nombreux pour qu'on puisse les apprécier pleinement,
et les innombrables ruisseaux impétueux, les vastes prairies
et les forêts luxuriantes complètent cette merveille
de la nature.
L'aire des Trois Fleuves parallèles est aussi généreusement
dotée de gorges dangereuses entre des falaises érigées
comme des murs, s'étendant sur des dizaines, voire des centaines
de kilomètres. Par exemple, située entre les deux
monts enneigés Haba et Yulong, la gorge du Saut du tigre
est, à ce qu'on dit, la " gorge dangereuse no 1 du fleuve
Yangtsé ", avec seulement quelque 30 m de large à
l'endroit le plus étroit. Pour sa part, la grande gorge qui
va du mont enneigé Meili, de Meilishi (district de Dêqên),
jusqu'à la commune Yanmen, est l'une des plus profondes du
monde, avec une différence d'altitude de 4 740 m. La grande
gorge du fleuve Nujiang fait plus de 310 km de long, de la limite
entre la province du Yunnan et le Tibet, au nord, jusqu'au pont
Yuejin de Lushui, au sud-est; elle est honorée du titre de
Gorge de l'Orient.
Il ne faudrait surtout pas oublier le célèbre relief
de Danxia, populairement appelé les " rochers ananas
". Découvert et nommé pour la première
fois en 1933 par le scientifique chinois Chen Guoda, ce relief est
une forme de rochers qui s'est développée du jurassique
au tertiaire. Ces rochers ont un aspect rougeâtre à
cause de leur contenu en calcium, en hydroxyde ferrique et en gypse.
Leurs formes variées peuvent aller des crêtes étranges
aux grottes rocheuses ou falaises rougeâtres. Et ce n'est
pas tout : diverses prairies alpestres sont dispersées de
3 000 à 5 000 m, sur les montagnes entre les glaciers et
les hautes terres.
Beaucoup de ceintures climatiques de l'hémisphère
Nord sont regroupées dans le complexe varié des gorges
des montagnes des Trois Fleuves parallèles. C'est de cette
réalité qu'originent les expressions comme "
zonalité climatique verticale et bioétagement "
et " quatre saisons dans une même montagne et une température
différente aux deux kilomètres ". Dans les zones
tempérées chaudes, tempérées et tempérées
froides, à partir de la partie la plus basse des forêts
vierges des zones tropicales et subtropicales, on observe la végétation
suivante : des forêts tropicales humides; des forêts
subtropicales de latifoliés à feuilles persistantes;
des forêts de latifoliées à feuilles caduques;
des forêts de conifères; des arbrisseaux alpestres;
et des prés. Le nombre d'espèces de plantes s'élève
à plus de 6 000 et on y trouve plus de 200 espèces
d'azalées, dont certaines atteignent 25 m et un peu plus
de 3 m de diamètre. Pour mettre le tout en perspective, notons
que le nombre d'espèces présentes ici compte pour
le quart du total mondial.
Fait intéressant à noter, tant en apparence qu'en
type d'environnement où il se trouve, le Quercus spinosa
présent dans la région est exactement le même
que celui de la zone méditerranéenne. Le Quercus spinosa
est un massif d'arbustes à petites feuilles jaunes, qui croît
principalement dans les vallées de rivières à
basse altitude ou en ceintures de massifs d'arbrisseaux dans les
vallées sèches. Les scientifiques ont examiné
ses feuilles en laboratoire et ont trouvé, par les molécules
d'ADN, que le contenu génétique du Quercus spinosa
de la région des Trois Fleuves et celui de la région
méditerranéenne est aussi proche que celui de deux
frères. Cela est une preuve indirecte de la dérive
et de la collision des continents. En effet, il y a des dizaines
de millions d'années, les deux régions appartenaient
au même plateau continental. À cette époque,
le Quercus spinosa était commun partout sur l'ancien continent,
jusqu'à ce que l'Himalaya les sépare par le mouvement
d'orogénèse. Dans la zone des Trois Fleuves parallèles,
la faune est également attrayante et diversifiée.
Les vertébrés à eux seuls représentent
788 espèces.
Deux jeunes Lisu |
Beaucoup d'ethnies minoritaires peuplent cette zone. Sur le plateau,
ce sont les Tibétains qui pratiquent le bouddhisme et élèvent
leur bétail, dans les vallées le long du fleuve Jinsha;
dans le bassin de la rivière Lijiang, ce sont les Naxi, profondément
influencés par la culture des Han, bien que préservant
leur religion et culture indigènes Dongba. Sur les pentes
entre le plateau et les vallées ou terres basses, ce sont
plutôt les Yi et les Pumi. Dans les régions et vallées
des montagnes du sud, ce sont des groupes tels que les Lisu, Nu,
Drung. Les Bai, une population agricole ayant une longue histoire
et un artisanat perfectionné, vivent pour leur part dans
les régions du sud-est et dans la plaine.
Chacune de ces ethnies minoritaires a son propre style de vie et sa religion caractéristique. Bien qu'elles soient confinées dans un environnement relativement restreint, ces ethnies vivent en harmonie.
Sites principaux L'aire de chaque fleuve possède ses propres secteurs pittoresques. Pour le fleuve Nujiang : Liuku, la montagne de la Lune et les monts Gongshan. Pour le fleuve Lancang : le mont enneigé Meili, le lac Julong et le site Luoguoqing. Pour le fleuve Jinsha : le mont Qianhu, le mont Hongshan, le mont Laojun et le mont enneigé Haba. Chacun de ces sites principaux abrite à son tour un certain nombre d'endroits attrayants. Le mont enneigé Meili Situé à l'est du district de Dêqên, ce mont forme le groupe le plus spectaculaire de sommets enneigés; en effet, ils s'étendent sur des centaines de kilomètres, du nord au sud. Le pic principal, le Kagebo, s'enorgueillit d'être le " pic no1 du Yunnan ", avec une altitude de 6 740 m au-dessus du niveau de la mer. Pour les bouddhistes tibétains, c'est la première des huit montagnes sacrées, et elle symbolise le dieu de tous les monts enneigés. Le premier coude du fleuve Yangtsé Le coude se trouve à la commune de Shigu (tambour en pierre), ville de Lijiang. Le fleuve Jinsha, cours supérieur du fleuve Yangtsé, coule vivement du plateau Qinghai-Tibet et fait un demi-tour complet vers le nord à cette petite commune enserrée par de hautes montagnes. Par la suite, il coule plus longuement vers le sud, pour finalement tourner vers l'est et terminer son compagnonnage avec les fleuves Lancang et Nujiang La ville de Laba Dans la langue naxi, la ville s'appelle " Laba ", ce qui signifie un endroit où le tigre hurle. C'était à la fois un des passages de l'antique voie de caravanes du thé et des chevaux (chama), un centre d'activité vers Dali dans le sud ou le Tibet dans le nord, et finalement, un passage militaire obligatoire pour les stratèges. La terrasse Baishui Cette excroissance rocheuse d'un beau blanc aqueux se trouve dans le village de Baidi, à l'extrémité nord-ouest de la gorge de Baidi qui s'étire sur 50 km. Cette terrasse laiteuse d'environ 3 km2 et 100 m de haut ressemble beaucoup aux rizières en terrasses. C'est la terrasse Baishui, la plus grande terrasse de calcaire de Chine. Sa zone centrale couvre environ 14 ha. La terrasse est formée par le carbonate de calcium contenu dans l'eau de source qui jaillit et coule de la montagne. Le calcaire sédimentaire plat s'y est construit, grâce à la lumière du soleil, au cours de centaines de milliers d'années. C'est aussi le berceau de la religion Dongba qui conserve toujours la vénération de la couleur blanche. Selon sa croyance, quand il est revenu du Tibet où il était allé chercher les authentiques textes sacrés, Dingba Shiluo, le bienheureux fondateur de la religion Dongba, y a établi son autel pour dispenser son enseignement. Aming Shiluo, le deuxième ancêtre de la religion, y a également vécu. C'est pourquoi on parle également de la terrasse Baishui comme les " Champs donnés par les dieux ". On dit aussi que : " Quiconque n'est jamais allé à la terrasse Baishui n'est pas un vrai Dongba. " La gorge du Saut du tigre Cette gorge se trouve entre les monts enneigés Yulong et Haba et à 1 800 m au-dessus du niveau de la mer. Elle a 17 km de long, avec une dénivellation de 213 m en elle-même, mais de 3 900 m par rapport aux montagnes qui la longent de chaque côté. La lamaserie Songzanlin C'est la lamaserie la plus importante du bouddhisme tibétain dans la province du Yunnan. Elle est située au pied du mont Foping, au nord du district de Shangrila. Le complexe couvre une superficie d'environ 300 000 m2, et le bâtiment épouse le relief; un lac se trouve devant. La lamaserie Songzanlin a d'abord été construite en 1679 (18e année du règne de l'empereur Kangxi des Qing). En 1724 (22e année du règne de l'empereur Yongzheng des Qing), à la demande du Ve dalaï-lama, on lui a conféré le nom de Guihua. Il y a maintenant plus de 700 moines qui y vivent. L'endroit a la réputation d'être un " Petit Potala ", parce que, dans l'ensemble, il est conçu sur le modèle du Potala du Tibet. Les trésors les plus précieux conservés dans la lamaserie sont logés dans la salle arrière. Il s'agit des trois statues en bronze de Tsongkapa, de Maitreya et du VIIe dalaï-lama. Chacune a environ 10 m de haut. L'église catholique de Cizhong C'est la plus grande église catholique dans la région. Elle se trouve dans le petit village de montagne de Cizhong, à côté du fleuve Lancang. D'abord construite par les missionnaires français, en 1867 (6e année de règne de l'empereur Tongzhi des Qing), cette église se trouvait auparavant dans le village de Cigu, près de Cizhong. Elle a toutefois été endommagée en 1905 (31e année du règne de l'empereur Guangxu). Le gouvernement local l'a reconstruite dans le village de Cizhong et cette reconstruction a duré 12 ans, jusqu'en 1921. La nouvelle église catholique de Cizhong est alors devenue le centre catholique de la province du Yunnan. Son architecture est une combinaison des styles occidental et chinois. Dans l'église sont conservés une immense collection de livres en langues étrangères, en plus des installations de brasserie et la cave accessoire; on trouve également un jardin et un vignoble. Les bâtiments de l'école, dirigée par l'église, et ceux du couvent sont toujours là. Les chutes d'eau Yin-Yang Avec une chute de plus de 400 m, elles sont les plus grandes dans la province du Yunnan. Les deux chutes descendent du mont Yin-Yang, coulent un bout de temps, puis se rejoignent pour se jeter dans le fleuve Nujiang. C'est pour cette raison qu'on les considère comme " un couple qui s'aime éternellement ". La mer Bita C'est une étendue d'eau alpestre d'environ 2 km2 et de 20 m de profondeur. Elle est à 3 500 m au-dessus du niveau de la mer et située à 25 km environ à l'est du district de Shangrila. En tibétain, " Bita " signifie " endroit peuplé de chênes "; le lac est en effet entouré de forêts vierges, et l'eau est extraordinairement pure et claire. Le mont Laojun Laojun, ou le patriarche suprême du taoïsme, réfère à Laozi. Cette montagne est à la limite de Lijiang, Lanping et Jianchuan. Sa crête principale est à 4 240 m au-dessus du niveau de la mer. Dans le secteur, il y d'innombrables lacs d'érosion glaciaire parsemés dans les forêts. Ces lacs sont désignés sous le nom de " Quatre-vingt-dix-neuf étangs des dragons ", parce que le miroir du patriarche serait tombé du ciel et que ces étangs en seraient les morceaux cassés. La plus grande zone de relief de Danxia se trouve au village Liming, au pied est de la montagne. Cette zone s'étend sur plus de 200 km2. |
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