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 Les aires protégées des Trois Fleuves

parallèles au Yunnan


Composé de huit groupes géographiques de zones protégées dans les limites du Parc national des Trois Fleuves parallèles, dans le nord-ouest montagneux de la province du Yunnan, le site de 1,7 million d'hectares présente des sections des cours supérieurs de trois des grands fleuves d'Asie : Yangtsé (appelé Jinsha dans une partie de son cours supérieur), Lancang (Mékong) et Nujiang (Salouen). Ces trois fleuves coulent de façon à peu près parallèle, du nord au sud, dans des gorges escarpées qui, à certains endroits, atteignent une profondeur de 3 000 m et sont bordées de crêtes glaciaires à plus de 6 000 m au-dessus du niveau de la mer. Cette région est l'épicentre de la biodiversité de Chine. À ce titre, elle est l'une des plus riches parmi les régions tempérées du monde.
----------------------------------------------------------------------------------- Comité du patrimoine mondial, Unesco
----------------------------------------------------------------------------------- Ce site a été inscrit en 2003

Cette région pittoresque couvre trois préfectures : Diqing, Nujiang et Lijiang. Elle borde le Myanmar à l'ouest, tandis qu'elle voisine le Sichuan et le Tibet au nord. La région se classe parmi les plus vastes zones pittoresques nationales du monde.

Les " trois fleuves " coulent côte à côte vers le sud entre trois montagnes imposantes : les Gaoligong, Nushan, et Yun Ling. Dans un tourbillonnement d'une puissance intimidante, les eaux des trois grands fleuves d'Asie offrent un paysage fort singulier.

Le charme tient aux spectacles uniques des gorges alpestres. Une vue d'ensemble montrerait que, sur le plateau Qinghai-Tibet, le majestueux Himalaya se déroule d'ouest en est et que, soudain, il est bloqué par des montagnes et des gorges alignées nord-sud. C'est là où les trois fleuves, à partir des monts Tanggula, au nord-ouest, doivent se rétrécir brusquement et se serrer dans les gorges étroites des monts Hengduan; la distance la plus courte entre ces gorges est d'environ une dizaine de kilomètres seulement. C'est une conséquence du processus d'orogenèse de l'Himalaya qui a façonné cette partie de la surface terrestre en des formes inimaginables.
Cette zone est à la fois la ceinture la plus étroitement compacte de formations montagneuses énormes et regroupées, et un cadeau rare de la nature au genre humain. Dans ce paysage étonnamment pittoresque et poétique vivent quatorze groupes ethniques dont les Han, Tibétains, Lisu, Naxi, Bai, Nu, Yi, Pumi et Drung.

Le titre bien mérité de Jardin de l'histoire de la Terre

La gorge du Tigre qui saute, fleuve Jinsha

Le parallélisme des fleuves a, bien sûr, une origine géologique. Selon la théorie de " la dérive des continents ", établie au XXe siècle par le géographe allemand Alfred Wegener, tous les continents et océans de la terre flottent continuellement. Il y a environ 160 millions d'années, les plateaux indien et eurasien étaient encore séparés par un vaste océan. Ce n'est qu'il y a quelque 60 millions d'années que le plateau indien a dérivé vers le nord en raison du mouvement de la croûte terrestre. Il a avancé très lentement vers l'extrémité sud du plateau eurasien, jusqu'à s'y coller et commencer à le compresser. À l'endroit où les deux plateaux énormes se sont violemment heurtés a émergé de l'océan d'alors ce qui constitue aujourd'hui le plateau Qinghai-Tibet et l'Himalaya, orienté ouest-est. La dynamique combinée de compression, de torsion et de dédoublement a créé les monts Hengduan, en direction nord-sud, dans la partie est du plateau. Même encore aujourd'hui, le processus d'orogenèse dans l'Himalaya continue d'accroître l'altitude des montagnes de cette zone. En même temps, la puissance violente du cours des fleuves continue de taillader ces montagnes et d'absorber les cours d'eau plus petits tout le long de son cours. Ainsi, un tel développement durant des centaines de milliers d'années a finalement engendré la topographie singulière des actuels trois fleuves parallèles dans l'extrémité sud-est du plateau Qinghai-Tibet.

Grâce aux conditions géologiques étonnantes et à la localisation unique, la zone a préservé une exceptionnelle richesse d'informations sur la transformation de la Terre. Disparus en Europe il y a déjà longtemps, les " fossiles vivants " récemment trouvés, comme la fougère arborescente, le Salsola passerina et l'arbre aux pochettes, sont encore prospères dans cette zone, ce qui est renversant.

Un réseau hydrographique en forme de balai

Les trois fleuves proviennent tous des monts Tanggula. À leur source, au lieu de l'orientation générale d'ouest en est, ils coulent plutôt du nord au sud, le long des monts Hengduan, et la distance entre eux est d'environ une vingtaine de kilomètres. Pour ce qui est des deux plus rapprochés, le Lancang et le Nujiang, seulement 18,6 km les séparent; à les voir ainsi, ils apparaissent presque parfaitement collés l'un sur l'autre. Le troisième, le fleuve Jinsha (ou Yangtsé), est celui qui est le plus à l'est; après être retourné longuement vers le nord, puis encore plus longuement vers le sud, il prend finalement la direction est jusqu'à Shanghai, où il se jette enfin dans la mer de Chine orientale de l'océan Pacifique. Dans le cas du fleuve Nujiang, le plus à l'ouest, il coule vers la mer d'Andaman de l'océan Indien, en passant par le Myanmar après être sorti de la Chine. Pour sa part, après être lui aussi sorti de la Chine, le fleuve Lancang passe par cinq pays et rejoint finalement la mer de Chine méridionale à Ho Chi Minh-Ville au Vietnam. Ainsi, aux océans, les estuaires de ces trois fleuves sont éloignés, et sur la carte, leur parcours en forme de A ressemble à un énorme balai : la section de 400 km où ils sont parallèles est le manche, tandis que l'estuaire éloigné ressemble à la partie qui balaie. Par conséquent, la zone est également désignée sous le nom de " réseau hydrographique en forme de balai ".

Un musée géologique sur le Toit du monde

La terrasse Baishui

La topographie de la zone est complexe sur le plan géologique. Il y a des sommets enneigés et majestueux qui culminent à plus de 5 000 m au-dessus du niveau de la mer et des glaciers qui brillent comme de l'argent. De splendides lacs, scintillants comme des étoiles, sont dispersés parmi les vastes plateaux alpestres et les bassins. Les reliefs karstiques et de Danxia sont trop nombreux pour qu'on puisse les apprécier pleinement, et les innombrables ruisseaux impétueux, les vastes prairies et les forêts luxuriantes complètent cette merveille de la nature.
L'aire des Trois Fleuves parallèles est aussi généreusement dotée de gorges dangereuses entre des falaises érigées comme des murs, s'étendant sur des dizaines, voire des centaines de kilomètres. Par exemple, située entre les deux monts enneigés Haba et Yulong, la gorge du Saut du tigre est, à ce qu'on dit, la " gorge dangereuse no 1 du fleuve Yangtsé ", avec seulement quelque 30 m de large à l'endroit le plus étroit. Pour sa part, la grande gorge qui va du mont enneigé Meili, de Meilishi (district de Dêqên), jusqu'à la commune Yanmen, est l'une des plus profondes du monde, avec une différence d'altitude de 4 740 m. La grande gorge du fleuve Nujiang fait plus de 310 km de long, de la limite entre la province du Yunnan et le Tibet, au nord, jusqu'au pont Yuejin de Lushui, au sud-est; elle est honorée du titre de Gorge de l'Orient.
Il ne faudrait surtout pas oublier le célèbre relief de Danxia, populairement appelé les " rochers ananas ". Découvert et nommé pour la première fois en 1933 par le scientifique chinois Chen Guoda, ce relief est une forme de rochers qui s'est développée du jurassique au tertiaire. Ces rochers ont un aspect rougeâtre à cause de leur contenu en calcium, en hydroxyde ferrique et en gypse. Leurs formes variées peuvent aller des crêtes étranges aux grottes rocheuses ou falaises rougeâtres. Et ce n'est pas tout : diverses prairies alpestres sont dispersées de 3 000 à 5 000 m, sur les montagnes entre les glaciers et les hautes terres.

Un paradis naturel pour toutes les formes de vie

Beaucoup de ceintures climatiques de l'hémisphère Nord sont regroupées dans le complexe varié des gorges des montagnes des Trois Fleuves parallèles. C'est de cette réalité qu'originent les expressions comme " zonalité climatique verticale et bioétagement " et " quatre saisons dans une même montagne et une température différente aux deux kilomètres ". Dans les zones tempérées chaudes, tempérées et tempérées froides, à partir de la partie la plus basse des forêts vierges des zones tropicales et subtropicales, on observe la végétation suivante : des forêts tropicales humides; des forêts subtropicales de latifoliés à feuilles persistantes; des forêts de latifoliées à feuilles caduques; des forêts de conifères; des arbrisseaux alpestres; et des prés. Le nombre d'espèces de plantes s'élève à plus de 6 000 et on y trouve plus de 200 espèces d'azalées, dont certaines atteignent 25 m et un peu plus de 3 m de diamètre. Pour mettre le tout en perspective, notons que le nombre d'espèces présentes ici compte pour le quart du total mondial.
Fait intéressant à noter, tant en apparence qu'en type d'environnement où il se trouve, le Quercus spinosa présent dans la région est exactement le même que celui de la zone méditerranéenne. Le Quercus spinosa est un massif d'arbustes à petites feuilles jaunes, qui croît principalement dans les vallées de rivières à basse altitude ou en ceintures de massifs d'arbrisseaux dans les vallées sèches. Les scientifiques ont examiné ses feuilles en laboratoire et ont trouvé, par les molécules d'ADN, que le contenu génétique du Quercus spinosa de la région des Trois Fleuves et celui de la région méditerranéenne est aussi proche que celui de deux frères. Cela est une preuve indirecte de la dérive et de la collision des continents. En effet, il y a des dizaines de millions d'années, les deux régions appartenaient au même plateau continental. À cette époque, le Quercus spinosa était commun partout sur l'ancien continent, jusqu'à ce que l'Himalaya les sépare par le mouvement d'orogénèse. Dans la zone des Trois Fleuves parallèles, la faune est également attrayante et diversifiée. Les vertébrés à eux seuls représentent 788 espèces.

Une profusion de cultures humaines très colorées

Deux jeunes Lisu

Beaucoup d'ethnies minoritaires peuplent cette zone. Sur le plateau, ce sont les Tibétains qui pratiquent le bouddhisme et élèvent leur bétail, dans les vallées le long du fleuve Jinsha; dans le bassin de la rivière Lijiang, ce sont les Naxi, profondément influencés par la culture des Han, bien que préservant leur religion et culture indigènes Dongba. Sur les pentes entre le plateau et les vallées ou terres basses, ce sont plutôt les Yi et les Pumi. Dans les régions et vallées des montagnes du sud, ce sont des groupes tels que les Lisu, Nu, Drung. Les Bai, une population agricole ayant une longue histoire et un artisanat perfectionné, vivent pour leur part dans les régions du sud-est et dans la plaine.

Chacune de ces ethnies minoritaires a son propre style de vie et sa religion caractéristique. Bien qu'elles soient confinées dans un environnement relativement restreint, ces ethnies vivent en harmonie.

Sites principaux
L'aire de chaque fleuve possède ses propres secteurs pittoresques. Pour le fleuve Nujiang : Liuku, la montagne de la Lune et les monts Gongshan. Pour le fleuve Lancang : le mont enneigé Meili, le lac Julong et le site Luoguoqing. Pour le fleuve Jinsha : le mont Qianhu, le mont Hongshan, le mont Laojun et le mont enneigé Haba. Chacun de ces sites principaux abrite à son tour un certain nombre d'endroits attrayants.
Le mont enneigé Meili
Situé à l'est du district de Dêqên, ce mont forme le groupe le plus spectaculaire de sommets enneigés; en effet, ils s'étendent sur des centaines de kilomètres, du nord au sud. Le pic principal, le Kagebo, s'enorgueillit d'être le " pic no1 du Yunnan ", avec une altitude de 6 740 m au-dessus du niveau de la mer. Pour les bouddhistes tibétains, c'est la première des huit montagnes sacrées, et elle symbolise le dieu de tous les monts enneigés.
Le premier coude du fleuve Yangtsé
Le coude se trouve à la commune de Shigu (tambour en pierre), ville de Lijiang. Le fleuve Jinsha, cours supérieur du fleuve Yangtsé, coule vivement du plateau Qinghai-Tibet et fait un demi-tour complet vers le nord à cette petite commune enserrée par de hautes montagnes. Par la suite, il coule plus longuement vers le sud, pour finalement tourner vers l'est et terminer son compagnonnage avec les fleuves Lancang et Nujiang
La ville de Laba
Dans la langue naxi, la ville s'appelle " Laba ", ce qui signifie un endroit où le tigre hurle. C'était à la fois un des passages de l'antique voie de caravanes du thé et des chevaux (chama), un centre d'activité vers Dali dans le sud ou le Tibet dans le nord, et finalement, un passage militaire obligatoire pour les stratèges.
La terrasse Baishui
Cette excroissance rocheuse d'un beau blanc aqueux se trouve dans le village de Baidi, à l'extrémité nord-ouest de la gorge de Baidi qui s'étire sur 50 km. Cette terrasse laiteuse d'environ 3 km2 et 100 m de haut ressemble beaucoup aux rizières en terrasses. C'est la terrasse Baishui, la plus grande terrasse de calcaire de Chine. Sa zone centrale couvre environ 14 ha. La terrasse est formée par le carbonate de calcium contenu dans l'eau de source qui jaillit et coule de la montagne. Le calcaire sédimentaire plat s'y est construit, grâce à la lumière du soleil, au cours de centaines de milliers d'années.
C'est aussi le berceau de la religion Dongba qui conserve toujours la vénération de la couleur blanche. Selon sa croyance, quand il est revenu du Tibet où il était allé chercher les authentiques textes sacrés, Dingba Shiluo, le bienheureux fondateur de la religion Dongba, y a établi son autel pour dispenser son enseignement. Aming Shiluo, le deuxième ancêtre de la religion, y a également vécu. C'est pourquoi on parle également de la terrasse Baishui comme les " Champs donnés par les dieux ". On dit aussi que : " Quiconque n'est jamais allé à la terrasse Baishui n'est pas un vrai Dongba. "
La gorge du Saut du tigre
Cette gorge se trouve entre les monts enneigés Yulong et Haba et à 1 800 m au-dessus du niveau de la mer. Elle a 17 km de long, avec une dénivellation de 213 m en elle-même, mais de 3 900 m par rapport aux montagnes qui la longent de chaque côté.
La lamaserie Songzanlin
C'est la lamaserie la plus importante du bouddhisme tibétain dans la province du Yunnan. Elle est située au pied du mont Foping, au nord du district de Shangrila. Le complexe couvre une superficie d'environ 300 000 m2, et le bâtiment épouse le relief; un lac se trouve devant. La lamaserie Songzanlin a d'abord été construite en 1679 (18e année du règne de l'empereur Kangxi des Qing). En 1724 (22e année du règne de l'empereur Yongzheng des Qing), à la demande du Ve dalaï-lama, on lui a conféré le nom de Guihua. Il y a maintenant plus de 700 moines qui y vivent. L'endroit a la réputation d'être un " Petit Potala ", parce que, dans l'ensemble, il est conçu sur le modèle du Potala du Tibet. Les trésors les plus précieux conservés dans la lamaserie sont logés dans la salle arrière. Il s'agit des trois statues en bronze de Tsongkapa, de Maitreya et du VIIe dalaï-lama. Chacune a environ 10 m de haut.
L'église catholique de Cizhong
C'est la plus grande église catholique dans la région. Elle se trouve dans le petit village de montagne de Cizhong, à côté du fleuve Lancang. D'abord construite par les missionnaires français, en 1867 (6e année de règne de l'empereur Tongzhi des Qing), cette église se trouvait auparavant dans le village de Cigu, près de Cizhong. Elle a toutefois été endommagée en 1905 (31e année du règne de l'empereur Guangxu). Le gouvernement local l'a reconstruite dans le village de Cizhong et cette reconstruction a duré 12 ans, jusqu'en 1921. La nouvelle église catholique de Cizhong est alors devenue le centre catholique de la province du Yunnan. Son architecture est une combinaison des styles occidental et chinois. Dans l'église sont conservés une immense collection de livres en langues étrangères, en plus des installations de brasserie et la cave accessoire; on trouve également un jardin et un vignoble. Les bâtiments de l'école, dirigée par l'église, et ceux du couvent sont toujours là.
Les chutes d'eau Yin-Yang
Avec une chute de plus de 400 m, elles sont les plus grandes dans la province du Yunnan. Les deux chutes descendent du mont Yin-Yang, coulent un bout de temps, puis se rejoignent pour se jeter dans le fleuve Nujiang. C'est pour cette raison qu'on les considère comme " un couple qui s'aime éternellement ".
La mer Bita
C'est une étendue d'eau alpestre d'environ 2 km2 et de 20 m de profondeur. Elle est à 3 500 m au-dessus du niveau de la mer et située à 25 km environ à l'est du district de Shangrila. En tibétain, " Bita " signifie " endroit peuplé de chênes "; le lac est en effet entouré de forêts vierges, et l'eau est extraordinairement pure et claire.
Le mont Laojun
Laojun, ou le patriarche suprême du taoïsme, réfère à Laozi. Cette montagne est à la limite de Lijiang, Lanping et Jianchuan. Sa crête principale est à 4 240 m au-dessus du niveau de la mer. Dans le secteur, il y d'innombrables lacs d'érosion glaciaire parsemés dans les forêts. Ces lacs sont désignés sous le nom de " Quatre-vingt-dix-neuf étangs des dragons ", parce que le miroir du patriarche serait tombé du ciel et que ces étangs en seraient les morceaux cassés. La plus grande zone de relief de Danxia se trouve au village Liming, au pied est de la montagne. Cette zone s'étend sur plus de 200 km2.
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Éditeur : Édition La Chine au présent