Un
village ancien de Taoping
HONG
XINGQIANG
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Par les meurtrières
du diaolou le plus haut du village, on peut admirer le
panorama des environs. |
Habité
par des Qiang, l'une des ethnies de Chine, ce village conserve encore
aujourd'hui des architectures et des coutumes d'autrefois qui font
la joie des touristes.
Dans une vallée longue et étroite coule une rivière
aux flots tumultueux - un affluent du fleuve Minjiang. De grosses
pierres semblent vouloir bloquer son cours. Un petit pont suspendu
en bambou qui enjambe cette rivière est le lien d'un village
ancien de montagne avec le monde extérieur.
C'est l'habitat des Qiang, une des 56 ethnies de Chine, et il se
trouve à Taoping, dans la province du Sichuan. Bien que ce
village ait traversé plus de deux millénaires, il
est encore en bon état.
Un " château d'Orient mystérieux "
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Première auberge familiale
ouverte par un villageois. |
Autrefois, le pont en bambou a non seulement facilité les
communications entre ce village et les autres, mais a aussi joué
un rôle crucial au cours des guerres : si on le démolissait
rapidement, personne ne pouvait plus entrer dans ce village, à
moins de savoir voler! Maintenant, c'est chose impossible, parce
que le pont est en ciment et relie ce village à la route
nationale 312.
La disposition du village est très particulière :
des maisons en terre jaune et en pierre sont appuyées sur
des collines de différentes hauteurs. Puisque les maisons
ne sont pas construites à la même altitude, de loin,
elles ressemblent à un satin jaune qui danserait sous le
vent.
Selon les annales historiques, les guerres auraient été
fréquentes à cet endroit. Ainsi, en construisant le
village, les Qiang avaient fait très attention à ses
fonctions de défense, basées sur les diaolou (bâtiment
ressemblant à une forteresse), qui constituent l'un des caractères
les plus intéressants du village et attirent aujourd'hui
des milliers de visiteurs.
Sa structure est également intéressante : selon la
disposition taoïste des Huit Trigrammes, toutes les maisons
rayonnent autour du diaolou le plus haut qui se dresse généralement
au centre du village. Ce dernier a aussi 8 portiques et 31 corridors
souterrains interreliés qui communiquent avec les maisons,
ainsi que des réseaux de canaux qui communiquent entre eux.
Dans ces corridors, on trouve des passages clandestins dans lesquels
sont dissimulées des meurtrières; si jamais les ennemis
osaient mettre les pieds dans ce village, chose certaine, ils ne
pouvaient en sortir sains et saufs. Le réseau des canaux
souterrains est aussi très développé; quand
on marche dans ce village, on peut entendre l'eau couler, mais il
est impossible de la voir.
M. Chen Shiming, un habitant âgé, nous a dit qu'il
y a des canaux sous les rues principales et même sous certaines
maisons; ainsi, il est très commode d'y puiser de l'eau.
Ces canaux jouent un rôle très important : premièrement,
ils facilitent la vie quotidienne des habitants; deuxièmement,
ils protègent le village contre l'incendie; troisièmement,
grâce à eux, la température et l'humidité
se maintiennent à un niveau agréable; quatrièmement,
puisque ces canaux sont si larges qu'on peut y marcher, ils peuvent
servir d'abri contre l'ennemi pendant une guerre. L'eau du village
provient de la fonte des neiges dans les montages.
Malgré l'intérêt des canaux, ce sont les diaolou
qui constituent le caractère le plus important et même
le symbole du village. Selon M.Wang, conservateur du musée
local, auparavant, chaque village qiang avait plusieurs diaolou
carrés, hexagonaux ou octogonaux, et le plus haut avait plus
de 30 mètres. Taoping en avait sept, mais aujourd'hui il
n'en reste que deux. Malgré tout, les diaolou sont très
solides. En 1933, un fort séisme qui s'est produit à
proximité du village a provoqué une dévastation
importante et même creusé une vallée profonde
en amont du fleuve Minjiang. Pourtant, dans le village, seule la
moitié d'un diaolou a été alors détruite,
et la plupart des maisons sont restées en bon état,
malgré les lézardes qui sont apparues aux murs de
certaines.
Ce qui est le plus étonnant, c'est que les maisons et les
diaolou du village ont été construits à la
main, avec des mesures tirées à l'il et seulement
d'après les expériences des charpentiers, sans outils
modernes et sans aucun plan, C'est la raison pour laquelle, aujourd'hui,
des spécialistes en architecture s'intéressent beaucoup
à ces constructions. Après des études effectuées
sur place, ils ont levé le voile sur leur mystère
: l'argile spéciale d'ici et l'architecture ancienne jouent
un rôle crucial.
Tous les bâtiments ont été construits en pierre
et en argile. L'épaisseur des murs diffère au fur
et à mesure qu'augmente la hauteur : en général,
les murs du rez-de-chaussée ont 60 cm d'épais, ceux
du comble de 20 à 30 cm, mais ils ont tous des poutres à
l'intérieur pour renforcer leur solidité. De plus,
les pierres et l'argile de l'endroit contiennent du potassium qui
peut renforcer l'adhésion des matériaux. Pour augmenter
encore la solidité, la construction de l'étage suivant
se fait six mois après celle de l'étage précédent,
afin que les pierres et l'argile puissent avoir le temps de bien
se souder. Il faut donc au moins deux ans pour construire une maison
de quatre étages. Et pour un diaolou, il faut attendre un
an pour commencer la construction de l'étage suivant; comme
ce bâtiment a généralement sept ou huit étages,
on peut imaginer la difficulté de la construction.
En un mot, tous les bâtiments sont très solides. Pendant
les guerres, si les habitants avaient suffisamment à manger,
ils pouvaient résister à l'ennemi pendant des années.
Maintenant, ces architectures laissées par les ancêtres
des Qiang apportent encore une contribution économique en
attirant les touristes.
Dans ce village, il y a près de 500 personnes au sein de
98 familles, mais chaque année le nombre des touristes dépasse
70 000, ce qui rapporte un revenu annuel de plus de 10 000 yuans
à chaque famille. En effet, les habitants, qui menaient autrefois
une vie difficile en vivant de l'agriculture, ont su bien profiter
de cette manne touristique : ils ont ouvert des auberges ou vendent
des souvenirs.
Des coutumes particulières
En général, la maison des Qiang a trois étages
: le rez-de-chaussée abrite les animaux et les articles divers,
les 1er et 2e étages servent de logement. À l'extérieur,
une clôture entoure la maison, le potager et les W.-C.
L'endroit le plus important de la maison est la pièce du
2e étage où se trouve le foyer qui est fabriqué
de quelques pierres longues. Le feu qui y brûle est appelé
" feu permanent ", parce qu'il ne s'éteint jamais.
Au-dessus du feu, il y a un support en fer sur lequel on suspend
quelques marmites et cruches en cuivre. La famille aime bien s'asseoir
autour du feu pour bavarder et boire l'alcool typique des Qiang
: le zajiu . Chez eux, le foyer joue un rôle important et
ils lui vouent un grand respect; par exemple, il ne faut pas jeter
des objets sales dans le foyer, etc. Dans cette pièce, il
y a aussi un autel où on offre des sacrifices aux dieux ou
aux ancêtres. Finalement, sur le faîte de la maison
sont placées de nombreuses pierres blanches dont la plus
grande et la plus propre se trouve vis-à-vis de l'autel du
2e étage, et c'est sur cette pierre qu'on offre des sacrifices
à Abamubita, le dieu du Ciel.
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Grâce au
tourisme, la villageoise Long Xiaoqiong mène une vie
confortable. |
Document :
L'ethnie des Qiang compte 150 000 personnes
qui habitent principalement à Maowen, dans le sud de la province
du Sichuan, mais on en trouve aussi à Wenchuan, Lixian, Heishui,
etc. Les Qiang ont leur propre langue, mais ils utilisent les caractères
écrits des Han. L'agriculture joue encore le rôle le
plus important dans la vie quotidienne de cette ethnie, mais l'industrie
a commencé à se développer, notamment la tannerie,
la papeterie, la cimenterie, et joue un rôle de plus en plus
important. L' artisanat traditionnel comprend surtout la broderie
et le tissage.
Zajiu : une sorte d'alcool doux. Les hommes
qiang sont de gros buveurs et leur façon de boire est particulière
et intéressante. Les ingrédients du zajiu sont l'orge
du Tibet, l'orge et le maïs, qu'on a laissés fermenter
pendant au moins 7 à 8 jours. Quand on le boit, on verse
d'abord de l'eau bouillante dans l'alcool pour le diluer, et on
en aspire à l'aide d'un tube en bambou. L'étiquette
est aussi importante : après que le buveur le plus âgé
a porté un toast, chacun peut boire à son tour selon
son âge.
Renseignements touristiques
Autobus : quatre autobus partent chaque
jour de Chengdu vers Lixian ; de là, un autre autobus se
rend à Taoping. Il y a aussi des bus à partir de Wenchuan.
Voiture : Taoping est à 160
km de Chengdu ; deux heures de route suffisent pour s'y rendre.
Hébergement : Il est possible
de manger et de dormir chez une famille locale. Le prix est généralement
de 10 yuans par lit, et chaque repas coûte de 5 à 10
yuans par personne.
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