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Les sculptures rupestres de Dazu

Les versants abrupts de la région de Dazu abritent une série exceptionnelle de sculptures rupestres datant du IXe au XIIIe siècle. Ces sculptures sont remarquables pour leur qualité esthétique, la riche diversité de leurs thèmes – à la fois profanes et religieux –, et la lumière qu'elles jettent sur la vie quotidienne en Chine pendant cette période. Elles fournissent un témoignage exceptionnel de la synthèse harmonieuse du bouddhisme, du taoïsme et du confucianisme.

Comité du patrimoine mondial, Unesco. Ce site a été inscrit au patrimoine mondial en 1999.

Niche des Buffles et des Vachers, au mont Baoding

Une fine fleur de la sculpture des Song

Niche illustrant l’amour parental, au mont Baoding

Les sculptures rupestres sont principalement regroupées au district de Dazu, dans le sud-est du bassin de la province du Sichuan, à 271 km à l'est de Chengdu, la capitale provinciale. Elles se trouvent dans les collines Beishan, Nanshan et Shimenshan et aux monts Baoding et Shizhuan. Elles sont la représentation la plus récente de l'art mature des grottes en Chine, renommé pour sa sculpture raffinée et de grande envergure, ainsi que ses motifs variés. Mises ensemble, ces grottes représentent pas moins de 75 sites, avec plus de 50 000 statues et inscriptions, le tout comptant au total plus de 100 000 caractères chinois. Leur taille a commencé en 650, première année du règne Yonghui de la dynastie des Tang. Elle s’est ensuite déroulée tout au long des Cinq Dynasties (907-960), puis a prospéré durant les dynasties des Song du Nord et du Sud (960-1278).

Représentantes les plus récentes de l'art chinois des grottes, les sculptures rupestres de Dazu ont poussé plus loin la diversité des thèmes, des formes artistiques, des techniques de modelage et des intérêts esthétiques. Avec leurs caractéristiques distinctives de la nation chinoise et de sa vie, elles forment, avec les grottes de Dunhuang, de Yungang et de Longmen, une histoire complète de l'art chinois des grottes. D'ailleurs, les sculptures rupestres de Dazu sont les mieux préservées de toutes celles en Chine, et la plupart des grottes et des statues ont à peine subi quelques dommages.

Les sculptures rupestres de Dazu diffèrent également des grottes plus anciennes. Elles rassemblent les merveilles du statuaire de chacune des « trois religions de la Chine » : le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme. Par exemple, les statues à flanc de montagne de la colline Nanshan sont représentatives du taoïsme; elles ont été taillées du XIe au XIIIe siècle, et elles sont les plus raffinées et complètes de cette époque. Le type de statues confucéennes que l’on trouve sur la paroi de falaise du mont Shizhuan existe rarement dans d'autres grottes. En outre, il est également très difficile de trouver ailleurs des statues comme celles sur le mont Shizhuan, lesquelles combinent le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme. Il en est de même pour celles sur la paroi de falaise de la colline Shimenshan, lesquelles combinent le bouddhisme et le taoïsme. Dans une grande richesse d’éléments visuels et de données écrites, les sculptures rupestres de Dazu dévoilent, sous tous leurs aspects, le développement essentiel du style de l'art chinois des grottes et les croyances religieuses des gens du IXe au XIIIe siècle. Elles ont une valeur historique, artistique, scientifique et esthétique qu'aucune des grottes antérieures ne pourrait avoir.

Des chefs-d'œuvre rassemblant toutes les croyances

Une fois que l'art des grottes de l'Inde antique a été introduit en Chine au IIIe siècle, il a connu deux apogées de la statuaire en Chine du Nord, des dynasties Wei-Jin jusqu’à celle des Tang (618-907). Par la suite, il a décliné du VIIIe siècle jusqu’au milieu de la dynastie des Tang. Pourtant, la statuaire à flanc de montagne a connu un essor dans le district de Dazu, dans la vallée du fleuve Yangtsé, pour former un autre apogée qui a prolongé l'histoire de l'art chinois des grottes pendant encore 400 ans.

Contrairement aux grottes ailleurs en Chine, les sculptures rupestres de Dazu sont particulièrement profanes et près de la vie ordinaire.

De toutes les sculptures rupestres, celles sur le mont Baoding couvrent presque tous les aspects de la vie sociale, un peu comme une vaste galerie de coutumes. Parmi les personnages reproduits en statues, on retrouve des rois et des seigneurs, des nobles et des généraux, des fonctionnaires et des civils, des lettrés et des négociants, des paysans et des pêcheurs : la vraie vie, quoi!

Ces sculptures sont le produit de la croyance religieuse des gens ordinaires qui ont prolongé l'art des grottes à caractère bouddhique, pour servir tout aussi bien le taoïsme que le confucianisme. Il est évident que, du Xe au XIIIe siècle, la conception sociale de combiner les trois philosophies dans le but commun de « trouver la paix dans le monde, en prônant le bien, tout en punissant le mal » était déjà fermement établie. Les croyances des gens étaient assez indifférentes aux distinctions entre les trois religions; elles tendaient à être plus diversifiées.

La colline Beishan

La taille de sa paroi a commencé durant les dernières années de la dynastie des Tang et a pris fin durant les Song du Sud. Les sculptures sont désignées sous le nom de « sculptures de la colline Beishan », simplement parce qu'elles sont au nord (Bei) de la ville du district. La paroi de falaise a environ 300 m de long et 7 à 10 m de haut. En tout, il y a 264 niches avec statues, une peinture gravée et huit stupas de sutras.

La pièce la plus célèbre est la grotte 136. Dans cette grotte, les statues sont intactes. Elles sont la fine fleur des sculptures de la dynastie des Song.

On compte près de 10 000 statues sculptées sur la colline du Nord, données principalement par les gens ordinaires et portant sur des sujets appartenant à 51 catégories, dont surtout le bouddhisme ésotérique. Les sculptures y sont renommées pour leur description raffinée et méticuleuse. Cela indique clairement le développement et le changement de l'art des grottes, de même que les croyances des Chinois ordinaires du IXe siècle jusqu’au milieu du XIIIe siècle.

Comparées à celles de la dynastie des Tang, les statues de cette grotte sont plus raffinées, avec un sens du réel plus riche. Ces sculptures sont reconnues comme le sommet de l'art sculptural. Plus du tiers des statues de la colline Beishan ont été sculptées durant la période des Cinq Dynasties, au milieu du Xe siècle, et la colline Beishan rassemble le plus grand nombre de statues taillées durant cette période en Chine. Sur le plan du style, le modelage montre une transition de celui de la dynastie des Tang à celui de la dynastie des Song. La grotte 281 en est un exemple.

L’Avalokitesvara au rosaire est une statue très admirée dans la grotte 125 de la colline Beishan. Son visage est charmant; d’où son surnom de l’Avalokitesvara charmante. Techniquement parlant, la sculpture de son sourire est parfaite.

Le mont Baoding

Sur ce mont, on trouve treize groupes de sculptures rupestres, taillées par Zhao Zhifeng, avec plus de 100 000 statues et images, la plupart regroupées au Grand et au Petit Croissant du Bouddha; le temple Shengshou est au centre. La taille a duré plus de 70 ans, et les sujets sont principalement des illustrations de sutras bouddhiques qui sont tout à fait bien préservées.

Le temple Shengshou a été construit pour s'imbriquer dans le mont et donner une impression de majesté. Le Grand Croissant du Bouddha est une vallée en U, en bas à gauche du temple Shengshou, avec une paroi de falaise d’environ 500 m de long et de 8 à 25 m de haut. Sur les surfaces de l'est, du sud et du nord de la falaise, on trouve une série de statues et d'images sculptées. Toutes contiennent des annotations, et aucune d’entre elles n’est une répétition d’une autre.

Les sculptures rupestres sur le mont Baoding forment une grande grotte de rituels du bouddhisme ésotérique, ce qui est rare en Chine. Le Grand Croissant du Bouddha était le site extérieur servant à prêcher aux croyants laïques, alors que le Petit Croissant du Bouddha était la cour intérieure où les croyants recevaient les préceptes et pratiquaient le bouddhisme.

Le style de description des images sur le mont Baoding est tout à fait différent de celui des autres grottes. Les milliers de statues dans le Grand Croissant du Bouddha ont chacune un thème différent; pourtant, elles sont en corrélation, non seulement sur le plan de leur enseignement religieux, mais également sur celui de la concordance de leur forme, ce qui en fait un tout intégré. Pour accompagner l'illustration d’un sutra, des inscriptions sont également gravées avec les images qui sont d'ailleurs souvent différentes de celles des sutras tibétains.

Le contenu et la description des sculptures visent une représentation de scènes familières et profanes. Par exemple, l'illustration du sutra de l'Amour parental dépeint de façon touchante l’histoire émouvante des difficultés des parents à élever un enfant. Il y a également la Jeune Joueuse de flûte en solo, la Femme joyeuse qui garde les poulets et les Ivrognes qui ne se reconnaissent pas. Toutes ces illustrations sont très convaincantes.

La statuaire à flanc de montagne du mont Baoding a non seulement absorbé tout le succès de l'art chinois des grottes, mais l'a également poussé plus loin sous beaucoup d'aspects. Elle s'intéresse beaucoup à la beauté de la forme et à la conception du modelage, à la décoration, à la disposition, au drainage, à l'éclairage, au support et à la perspective. Par exemple, les 1 007 bras d’Avalokitesvara aux 1 000 bras sont disposés de façon tellement ingénieuse que leurs formes ne se répètent ni ne paraissent monotones; ils se distribuent plutôt en éventail, en miroitant comme la queue d'un paon. La sculpture des dizaines de statues dans la grotte de l’Illumination parfaite est si raffinée que leur robe ressemble à de la vraie soie, et le socle, à du vrai bois. La sculpture Neuf Dragons faisant prendre le bain au prince tire profit de l'eau de source naturelle et la dirige pour la faire sortir d'une tête de dragon sculptée et la faire couler toute l'année sur le prince placé en bas; cela ajoute une touche animée à la sculpture.

En plus de toutes ces statues, on trouve également 16 stèles en pierre et 11 576 caractères chinois répartis dans des inscriptions, des notes de visite ou des poèmes. Parmi ces stèles, celle de la Biographie de Liu Benzun, gravée de 1174 à 1252, et les Notes de stèles sur la restauration des grottes de Baoding, taillées en 1425, sont particulièrement précieuses pour l'étude de l'histoire des grottes du mont Baoding, aussi bien que l'histoire du bouddhisme ésotérique en Chine.

Le temple Shengshou. Ce temple bouddhique a été construit par le moine Zhao Zhifeng, durant la dynastie des Song du Sud, pour commémorer leur maître fondateur Liu Benzun. Il compte cinq grandes salles qui sont ordonnées en harmonie avec l’élévation du mont. Peu après la fondation de la Chine nouvelle, le temple a été placé sous la protection de l'État. Après plusieurs restaurations, le temple est maintenant pratiquement comme il était autrefois.

Le stupa répertoire. Situé dans le Petit Croissant du Bouddha, le stupa en pierre a la forme d’un pavillon carré de 7 m de haut. Il a trois étages, dont chacun a des avant-toits qui remontent vers le haut. L'étage inférieur a 2 m de haut. Dans la niche sur le devant se trouve un personnage aux cheveux bouclés qui est assis. Les trois autres côtés sont entièrement couverts d’un répertoire d’inscriptions de sutras bouddhiques. Le deuxième étage a 1,8 m de haut, le supérieur, 1,5 m, avec, de chaque côté, un personnage assis. Le répertoire sculpté sur le stupa est un précieux document d’archives. De plus, les caractères chinois étranges sont également des références intéressantes pour la philologie.

La niche des Buffles et des Vachers. Cette niche a 27 m de long et 5,5 m de haut. La sculpture entière s’étend en suivant la courbe de la falaise et utilise l'eau naturelle de façon ingénieuse pour dépeindre les sentiers de montagne zigzaguant dans les bois et les sources tranquilles. Dans un beau paysage de la nature, dix vachers font paître dix buffles, tout en faisant la sieste, chantant ou causant. Les buffles, eux, se reposent, paissent, boivent, ou alors, furieux, sont indomptables.

La grotte Yuanjue. La grotte relativement grande située du côté ouest de la falaise sud du Grand Croissant du Bouddha s'appelle la grotte Yuanjue. Un lion en pierre garde l'entrée et a l’air menaçant, prêt à bondir. Sur la falaise, on a gravé « mont Baoding ». Cette grotte est représentative des sculptures rupestres de Dazu. Les statues y sont modelées d’une façon particulièrement belle et décorative. La table en pierre donne une forte impression de bois. Le bodhisattva à genoux à l'avant semble être « enraciné » dans la terre. Les Douze Bodhisattvas illuminés des deux côtés, tout autant que les bases sur lesquelles ils sont posés, semblent s’être « écaillés » du rocher. En bref, la grotte entière se présente comme un chef-d'œuvre que l’on aurait creusé.

Au plafond de la grotte, on a taillé une petite ouverture, et par celle-ci, la lumière du soleil brille directement sur les statues principales. C'est une création ingénieuse pour ce qui est de l’éclairage. Le drainage de la grotte est également plein de sagesse. On ne peut mettre en doute l’existence d’un bouillonnement, mais on ne voit l'eau nulle part; les visiteurs ne peuvent habituellement pas trouver par où l'eau s'écoule. Dans le coin intérieur du mur de l’est, un moine lève un récipient qu’il tient dans sa main gauche. L'eau venant du plafond tombe dans son contenant par des sillons. De là, l'eau sort par le petit trou du contenant, se déverse dans le tunnel caché derrière le moine et finalement s'écoule hors de la grotte. Le soutien structural du lourd poids de la grotte est également unique et original. La grotte a 6 m de haut, 9,5 m de large et 12,1 m de profondeur, ce qui en fait une caverne vraiment énorme. N’ayant pas de piliers au centre, comment se fait-il que le tout ne se soit pas effondré depuis ces milliers d’années? Le secret est qu’on n’a percé que de petites portes ou ouvertures pour garder intacte la forme de tente de la grotte. Par conséquent, le lourd poids est réparti partout vers la terre, ce qui assure son appui et sa solidité.

Avalokitesvara aux 1 000 bras. Cette image d'Avalokitesvara est en effet une merveille du monde. Les statues d’Avalokitesvara aux 1 000 bras des autres régions ne portent ce nom que de façon symbolique quant au nombre de bras, alors que celle d’ici a vraiment été sculptée avec 1 007 bras. De ce nombre, elle en a six qui sont vers l'avant : deux sont paume contre paume; deux sont placées à la manière bouddhique; et deux se trouvent sur sa tête et bercent un Bouddha assis. Les autres bras sont disposés en arrière d’elle sur une superficie de 88 m2, répartis en éventail, comme la queue d'un paon. La forme d’aucun des bras ne reprend celle d’un autre. Chacun porte une arme magique différente, et chacun a un œil sur la paume. Par l’expression « aux 1 000 bras », on veut signifier qu’Avalokitesvara a le pouvoir infini de sauver les gens du danger ou de la misère. Pour ce qui est de l’expression « aux 1 000 yeux », on veut dire qu'Avalokitesvara a une sagesse illimitée et qu’elle comprend toute chose de l'univers.

La colline Nanshan

Les statues y ont été sculptées de 1131 à 1162, pendant le règne Shaoxing de la dynastie des Song du Sud. Elles se trouvent sur une falaise de 86 m de large et de 3,5 à 10,2 m de haut. Les cinq grottes principales sont la grotte de la Trinité taoïste, la niche de la Déesse des champs, la grotte du Dragon et la niche du dieu de Xuanwu; ce sont exclusivement des grottes du taoïsme, ce qui est rare et précieux dans l'art chinois des grottes.

Par exemple, dans la grotte 5, ou grotte de la Trinité taoïste, on a taillé 421 statues. De toutes les grottes taoïstes de la dynastie des Song, ces sculptures sont les plus raffinées et celles offrant les données matérielles les plus complètes et systématiques sur le taoïsme durant la dynastie des Song.

Le mont Shizhuan

Les statues y ont été taillées de 1082 à 1096, sur une falaise d’environ 130 m de large et de 3 à 8 m de haut. Ces sculptures rupestres sont typiques de la coexistence des statues bouddhistes, taoïstes et confucéennes. En particulier, la grotte 6 est encore un cas très rare dans les grottes chinoises. Elle abrite en effet une niche de la statue de Confucius, assis; sur les murs latéraux se trouvent aussi assis ses dix disciples les plus célèbres. La grotte 7 est d’inspiration bouddhiste et abrite la niche de Trikaya. Pour sa part, la grotte 8 est taoïste, logeant la niche du Patriarche suprême, avec Lao Zi, fondateur du taoïsme, assis au milieu; à sa gauche et à sa droite se trouvent sept statues de maîtres taoïstes.

La colline Shimenshan

Les statues y sont taillées en douze niches représentant la coexistence des grottes du bouddhisme et du taoïsme, les statues taoïstes étant les plus caractéristiques.

Par exemple, la statue du dieu de la Clairvoyance – placée du côté gauche de l'entrée de la grotte 2 de l'empereur de Jade – a des yeux aussi grands qu’une paire de cloches en bronze, et ces yeux pourraient voir jusqu’à 1000 km.

Conseils pour la visite

Transport

Le chemin de fer Chengdu-Chongqing et la route express traversent le district. L'aéroport Dengyun offre aussi des vols nolisés pour les villes voisines.

Chengdu à Dazu

À la gare de Chengdu, prendre un train pour Youting, puis prendre un autobus jusqu’à l’emplacement désiré.

Chongqing à Dazu

À la gare Caiyuan Ba (à Chongqing), prendre un train de la ligne Cheng-Yu et descendre à Youting, puis prendre un autobus jusqu’à l'emplacement désiré.

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Éditeur : Édition La Chine au présent