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Excursion dans les prairies de la Mongolie intérieure

DONG NING

La vie sauvage règne en maître dans les prairies

Un retour aux sources bien apprécié des citadins de tous les pays

HAILAR est le siège de la ligue Hulun Buir de Mongolie intérieure, située en Chine du Nord, là où l’on trouve les prairies les plus abondantes, les plus luxuriantes et les mieux préservées.

De Beijing à Hailar, il faut trente heures par le chemin de fer ou juste une heure et quarante en avion. Toutefois, pendant l'été, alors qu’il est difficile de se procurer des billets de train ou d'avion, beaucoup de voyageurs choisissent de faire le voyage de 1 800 km en voiture, en empruntant l'autoroute Beijing-Shenyang et la route nationale Harbin-Hailar. C'est un voyage long et fatigant, mais le défilement du paysage qui passe de celui de la ville à celui des prairies illimitées garde l'intérêt en éveil et rend la conduite agréable.

En langue mongole, Hailar signifie « l'endroit où croît la ciboulette sauvage ». Les gens du pays disent que la ciboulette sauvage est une pâture de haute qualité, riche en protéines et en graisses. La rivière Hailar traverse le nord de la ville, ce qui lui a donné son nom. Connue comme la perle des prairies, Hailar est la porte d’entrée des prairies Hulun Buir. Ces dernières années, avec le boom touristique dans les prairies, les infrastructures de la ville et sa construction urbaine se sont développées rapidement et ont donné un nouvel aspect à la ville. Des bâtiments de styles mongol et russe s’harmonisent avec des édifices à l’architecture contemporaine, mais il n’y a aucun gratte-ciel, ce qui reflète le modèle architectural des prairies : des bâtiments bas et lourds.

Le centre commercial russe, de la grandeur d’un terrain de football, est l’endroit où les touristes font la majeure partie de leurs achats. On y vend toutes sortes de produits russes, tels que des parfums, des pièces de monnaie, des couteaux, des télescopes, du café et des cigarettes. Le magasin Katyusha offre des couteaux mongols de bonne qualité et d'autres souvenirs, mais ses prix sont plus élevés qu’ailleurs; de plus, à la différence d'autres magasins du centre, il est impossible d’y marchander.

Le meilleur panorama des prairies est celui que l'on peut observer de la banquette avant d'un véhicule qui circule le long des routes pavées.

La bannière Chen Barag, qui est à 40 km au nord-ouest de la ville de Hailar, est la destination la plus proche pour une excursion d'équitation dans la prairie Hulun Buir. Les touristes peuvent monter à cheval et galoper à leur gré, se promener nonchalamment à dos de chameau, ou encore admirer les prouesses à cheval des Mongols et d'autres tours d’adresse populaires. Les gens de l’endroit sont convaincus des propriétés curatives de l'eau de source Shenquan et incitent les visiteurs à la déguster. La tribu Jinzhanghan de Chen Barag incarne la vie comme elle était vécue sous Gengis Khan, le « patriarche » vénéré des Mongols. C'est ici que le grand guerrier a rassemblé les tribus mongoles sous son commandement vers la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle, et qu’il s’est préparé à défaire les Han, avant d'établir la dynastie des Yuan (1279-1368). Aujourd'hui, sous un ciel bleu parsemé de nuages blancs, les pasteurs mongols ou ewenki se promènent à petit trot dans cette prairie qui ondule à perte de vue. Au crépuscule, le soleil accentue la splendeur de la rivière Morigele qui coule à proximité et qui serpente dans l’immensité de la prairie. Le logement, tout comme la possibilité de goûter du thé mongol au lait de jument, ainsi qu’un alcool clair et distillé, sont offerts par la tribu Jinzhanghan et dans d'autres yourtes voisines.

Excursion dans les prairies, de Hailar à Manzhouli

La frontière sino-russe à Manzhouli

La prairie Hulun Buir est considérée comme le berceau des tribus nomades de la Chine du Nord. C’est là que la plupart des tribus chinoises du Nord, y compris les Xianbei, Nüzhen, Qidan et Mongols, ont leurs racines culturelles. La partie la plus pittoresque de cette prairie est celle qui s’étend de Hailar à Manzhouli. La meilleure vue est celle que vous pouvez avoir de la banquette avant d’un véhicule qui circule le long des routes de cette prairie. Nuages pelucheux qui changent constamment, yourtes qui apparaissent comme des champignons blancs dispersés le long de la prairie verdoyante et troupeaux de moutons, de chevaux et d’autres bestiaux qui broutent font partie du décor qui défile devant vos yeux. Les précipitations sont soudaines, brèves et souvent suivies d'un arc-en-ciel.

Fait à remarquer tout en conduisant le long de la prairie : les amas de sable, de pierres ou de terre qui semblent faire office de bornes routières. Les Mongols les nomment aobao. Il y a une légende concernant leur origine. Il y a fort longtemps, alors que les Mongols menaient une vie nomade, ils procédaient à des « sépultures célestes ». Cela signifiait placer le cadavre sur un chariot tiré par un bœuf et l'envoyer dans la prairie. L’endroit où le cadavre tombait hors du chariot était la destination finale réservée à la personne décédée. (Le cadavre était en réalité laissé en pâture aux vautours et aux loups de prairie, d’où la signification de « céleste »). Les Mongols avaient conçu une méthode pour retrouver leur chemin vers le site « céleste » en vue d’offrir leurs respects à la personne décédée. Lorsqu’ils procédaient au rite de sépulture, ils prenaient un chameau d’un an avec eux. Ils répandaient alors le sang de ce chameau à l’endroit où le corps était tombé. L'année suivante, ils prenaient un chameau de deux ans ou sa mère pour retracer l'itinéraire. Si l’un ou l’autre de ces deux chameaux arrêtait de marcher ou versait des larmes à un endroit, cela devait être le lieu de la sépulture. Les pasteurs empilaient alors quelques pierres ou répandaient du sable ou de la terre au-dessus du site en effectuant une cérémonie sacrificielle simple. Au fil du temps, des amas de sable, de pierres et de terre ont été formés. Aujourd'hui, les Mongols considèrent les aobao comme sacrés.

La ville de Manzhouli est une importante ville frontalière pour la Chine et la Russie. Chaque jour, beaucoup de Chinois et de Russes traversent la frontière par le Bureau des douanes de Manzhouli. C'est également le point de départ des groupes d’excursion de la Mongolie intérieure vers la Russie, car un visa de voyage vers ce pays ne prend qu’une journée pour y être délivré.

Il y a des Russes qui habitent à Manzhouli, et on peut le constater par les nombreuses plaques minéralogiques des voitures qui circulent dans les rues de la ville. La majorité des bâtiments, tels que les restaurants, les hôtels et les bars, sont également de style russe.

Le grand lac Hulun Nur, un trajet de 30 minutes en direction sud à partir de Manzhouli, est l’un des cinq grands lacs d'eau douce de Chine. Il abonde en gros poissons et crevettes. Le plat le plus réputé dans les restaurants de Hulun Nur est le banquet de poissons. Celui-ci se compose de poissons locaux et de crevettes qui peuvent être cuits de plus de 140 façons différentes.

Festins mongols

Le grand marché russe où l'on peut s'approvisionner.

Les Mongols sont renommés pour leur franchise et leurs festins gargantuesques de mouton, bien arrosés d’alcool mongol.

Le banquet de mouton entier est un plat recommandé pour les groupes d'excursion. C'est habituellement une caractéristique des événements principaux ou des fêtes importantes, tels que la fête du Nadam. Le mode de préparation du mouton est semblable à celui du canard laqué de Pékin, parce qu'il est d'abord farci d’assaisonnements avant d'être rôti au four. L’hôte mongol présente d'abord à tous les invités le mouton entier, qui a été déposé sur un plateau en bois et orné d’un ruban de soie rouge attaché à son cou, avant de le retourner à la cuisine pour qu’il soit dépecé. Le membre le plus important ou l’aîné du groupe se voit alors offrir la tête du mouton, en signe de respect.

Le mouton mangé avec les doigts est un autre plat traditionnel que les Mongols apprécient depuis des centaines d’années. Dans ce plat, le mouton est découpé en morceaux suffisamment petits pour être mangés avec les doigts. La poitrine du mouton est présentée aux invités en signe d'hospitalité, car, selon la tradition mongole, seuls les nobles avaient droit à la partie tendre de la viande.

La fondue de mouton est un plat d’origine mongole qui est également servi à Beijing. C'est un plat que le chef de Kubilay Khan (stratège militaire et premier empereur des Yuan) est censé avoir créé afin de sauver du temps le long de la route à la conquête du Nord.

Dans les prairies, un arc-en-ciel après la pluie est considéré comme de bon augure. Deux femmes mongoles se sont arrêtées pour profiter du panorama durant leur traversée des prairies à la façon traditionnelle. N'est-ce pas que ces enfants ont l'air heureux?

Boire est un autre passe-temps mongol, et son but original était de conserver l'énergie et la vigueur en effectuant les tâches au pâturage. L'alcool joue également un rôle important dans les rituels d’accueil. Il est courant de voir une fille mongole, vêtue du costume traditionnel, chanter en s’approchant d’un invité et lui offrir une tasse en argent remplie d’alcool, puis continuer de chanter jusqu'à ce que la personne invitée ait enfilé le contenu de trois tasses. C'est la façon traditionnelle mongole d'exprimer l'hospitalité. Si un invité ne boit pas d'alcool, il peut boire du thé au lait. On dit que la grande variété de produits laitiers en Mongolie intérieure empêcherait de s’enivrer à l'excès…

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