SEPTEMBRE 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Les ornements zoomorphiques

(wenshou)

Les toits des palais et des temples chinois ont souvent un genre spécial d’ornements appelés wenshou ou ornement zoomorphique. Certains sont placés sur l’arête principale du toit et d’autres sur la pente d’arêtes secondaires.

Appelée chiwen, la chose monstrueuse que l’on trouve à l'une ou l'autre extrémité de l’arête principale ressemble grosso modo à la queue d'un poisson. Féroce et formidable, ce chiwen semble être prêt à dévorer l’arête entière du toit. On l’appelle également tunjishou ou la bête qui dévore les arêtes. Selon la mythologie chinoise, c’est l'un des fils du roi Dragon qui règne sur les mers. On le croit capable de soulever des vagues et de les changer en pluie. Ainsi, les Chinois de l’Antiquité plaçaient un chiwen à chaque extrémité de l'arête principale pour que ses pouvoirs magiques provoquent un déluge pouvant éteindre tout incendie susceptible d’éclater. Mais craignant que le chiwen dévore l'arête du toit, ils le transperçaient avec une épée pour le fixer sur le toit.

À l'extrémité des corniches, il y a souvent une série de plus petits animaux; leur taille et leur nombre étaient fixés selon le statut du propriétaire du bâtiment dans la hiérarchie féodale.

C’est sur le toit de la salle Taihedian ou salle de l'Harmonie suprême de la Cité interdite que l’on trouve le plus grand nombre d'ornements zoomorphiques. Un dieu chevauchant un phénix mène la bande, et après lui viennent un dragon, un phénix, un lion, un cheval céleste, un hippocampe et cinq autres animaux mythologiques, tous appelés par des noms peu communs.

Qianqinggong (le palais de la Pureté céleste), que l'empereur utilisait comme logement et bureau pour vaquer à ses affaires quotidiennes, vient en second après Taihedian quant au statut. Il a une bande de neuf ornements zoomorphiques. Puis, dans l’ordre, le Kunninggong (palais de la Tranquilité féminine), qui a servi d'appartements pour l'impératrice, compte un groupe de sept ornements zoomorphiques. Ce nombre est encore réduit jusqu’à cinq pour les douze salles dans les cours latérales, lesquelles étaient utilisées pour loger les concubines impériales de différentes catégories. Certaines des salles latérales ont seulement un ornement zoomorphique sur leur toit.

On pensait également que ces petits animaux étaient capables d'éteindre les feux. Bien que cela puisse être facilement écarté et considéré comme une superstition, ces petits animaux ajoutent à la splendeur et à la magnificence des bâtiments impériaux.

Les animaux d’arête de toit les plus anciens découverts jusqu'ici en Chine l’ont été en 1960 dans la province du Hubei. Ils datent de l'an 134 av. J.-C. On peut ainsi constater que l'installation d’ornements zoomorphiques sur les arêtes de toit a été une pratique établie pendant au moins 2 100 ans.