JUILLET 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

II. Propos et confidences de Gad Weil, concepteur du pique-nique sur la Grande Muraille

 

« Rien n’est impossible. Les gens doivent oser rêver, imaginer et tenter de concrétiser le tout. » Ce genre de propos exprime bien l’état d’esprit qui anime Gad Weil. Pour travailler au projet « Des Champs-Élysées à la Grande Muraille », un pique-nique spectaculaire qu’il est en train de concrétiser, il a suspendu une immense lanterne chinoise au centre de son studio pour s’imprégner de l’atmosphère de ce pays lointain et il a acheté des vêtements de style chinois. À la question : « Pourquoi ce titre pour l’événement sur la Grande Muraille? », l’artiste de 44 ans répond : « C’est une séquence que mes partenaires et moi transportons d’un lieu légendaire du monde à un autre. C’est un peu comme une contrepartie de la grande parade de l’Année de la Chine en France que Nathalie Morlot et moi avons mise sur pied. »

Des esquisses à la réalité

Lorsque Weil montre ses esquisses pour l’événement qui se tiendra en septembre, on découvre : des peintures de célèbres architectures et des vestiges qui « habillent » la Grande Muraille sur 2 km; des drapeaux colorés et des ballons qui flottent au-dessus de ce lieu célèbre; sur la place, au pied du célèbre tronçon de Badaling, des visiteurs qui peuvent déguster des plats français; et des musiciens et des acrobates qui présentent leur numéro çà et là. Selon ses dires, ce mur de peintures qui couvrira les deux côtés de la Grande Muraille présentera quelque 20 villes françaises et chinoises jumelées, telles que Bordeaux et Wuhan, Marseille et Shanghai. La place sera un miroir des avenues parisiennes comme Georges V ou le boulevard Saint-Germain. Les visiteurs pourront y acheter des souvenirs français, dont des sceaux de coq qu’il a conçus spécialement pour l’occasion. « 2005 est l’année chinoise du Coq, alors que le coq est le symbole de la France. Les sceaux chinois sont connus partout dans le monde, depuis qu’ils sont le logo des Jeux olympiques de 2008 », dit Weil.

D’où vient l’idée?

L’idée d’un tel pique-nique sur la Grande Muraille est venue de « L’incroyable pique-nique » que Weil et Morlot avaient organisé pour marquer le 14 juillet 2000. Le grand banquet passait par 337 villes sur plus de 320 kilomètres, de Dunkerque jusqu’à la frontière de l’Espagne. Selon les dires de Weil, il avait conçu cet événement pour briser les barrières quotidiennes de classe et de statut social que l’on sent encore en France. En outre, il a organisé une sensationnelle exposition de trains pour marquer le 150e anniversaire des chemins de fer français. « Ce n’est pas difficile pour moi d’avoir ces idées, mais la manière de les concrétiser n’est pas aussi facile. Je peux avoir une idée en deux jours, mais cela peut prendre deux ans pour la réaliser. Il y a tellement de problèmes pratiques », concède-t-il. Pour lui et ses partenaires, chaque événement est une entreprise fantastique et chacune les fascine. Jusqu’à maintenant, Gad Weil s’est rendu à trois reprises à la Grande Muraille et a effectué beaucoup de recherches sur la géographie, la température et les lieux environnants. En riant, il déclare : « Si jamais je n’ai pas d’autres événements intéressants à organiser, je pourrais être un guide qualifié du tronçon de Badaling à tel point je connais chaque centimètre de la Grande Muraille à cet endroit. ». À une question sur son éducation, Weil répond : « Pour moi, c’est une chance de ne pas avoir une éducation de niveau supérieur. Cela ne signifie pas que l’éducation n’est pas une bonne chose, mais parfois, elle freine l’imagination des gens. C’est mieux lorsqu’on s’ouvre aux idées. Le cerveau ressemble à une éponge qui peut absorber beaucoup d’informations. Un livre, un film, tout peut être source d’inspiration. » Alors qu’il avait huit ans, Weil a été inspiré par le film Le cerf-volant du bout du monde. Ce film sino-français produit en 1958 raconte les aventures d’un jeune Français en Chine après qu’il ait reçu un cerf-volant du Roi Singe, et dans ses rêves, il vole sur ce cerf-volant et atterrit à la Cité interdite. Après l’école secondaire, Weil ne savait pas trop dans quel métier s’orienter. Il a donc joint les rangs d’une troupe d’artistes folkloriques, a voyagé et donné des spectacles de rue à travers la France. À 19 ans, il a travaillé comme volontaire lors d’un festival de théâtre à Nancy où il a rencontré Jack Lang qui l’aidera à faire une apparition au Festival de jazz de Nancy. Et depuis lors, Gad Weil fait sa marque là où il passe.

- Extraits d’une entrevue qu’il a donnée à Chen Jie du China Daily.