MAI 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Us et coutumes

Le tabac à priser et ses tabatières

Historiquement, au Tibet, le tabac à priser était tabou, et on disait que ceux qui prisaient manquaient de respect au Bouddha. Malgré tout, le tabac à priser s’est largement répandu dans la région en raison de la dépendance qu’il occasionne.

Pour faire ce tabac, on brûle de l’éphédra, on le tamise et on le forme en pains, en mouillant avec de l’eau la poudre obtenue, puis on fait sécher.  

Étant donné que les Tibétains nomades ont l’habitude de se parer d’objets courants −épées, pierres à aiguiser, petites boîtes–, la tabatière remplie de tabac à priser a trouvé sa place au sein de cette panoplie.

Alors que sur le continent chinois le tabac à priser est conservé dans une bouteille ou dans un contenant en métal, au Tibet, la tabatière est fabriquée de cornes d’animaux, de cuir, de bois ou de joyaux. Autrefois, les tabatières étaient surtout fabriquées en cornes de bœuf, de yack, de bélier, de mouton et de cerf.  Les contenants en corne de bélier de race supérieure étaient populaires dans les monastères, car priser aidait à garder les moines bien éveillés pendant la prière. Ce type de tabatières était aussi employé par les lamas chargés de la discipline. Par la suite, la coutume s’est répandue dans toute la population. La grosse corne de yack impressionne par son apparence rudimentaire. Si on la décore de métal, elle inspire dignité et gloire. La corne de cerf est originale. Ces tabatières en cornes sont souvent gravées.

Le processus de fabrication des tabatières en corne est long et méticuleux, et on le respecte à la lettre. Le noir, le blanc et le gris sont les couleurs dominantes, et le motif préféré est appelé chomi. Pour les Tibétains, la tabatière en corne aide le tabac à rester odorant.

Il existe aussi des tabatières en cuir, en forme de sac, que l’on attache à la taille ou que l’on cache dans les plis de la robe. Les tabatières en bois sont habituellement fabriquées de bois de qualité supérieure. Elles sont rondes et creuses à l’intérieur, et on y dispose une fine couche de sable. Le fumeur n’a qu’à frapper légèrement la tabatière pour tamiser le tabac.

La tabatière la plus raffinée est celle fabriquée avec des joyaux ciselés : corail, émeraude, turquoise, ivoire, porcelaine, jade, agate ou cristal. Elle est généralement décorée de métal.

 

Religion

 

Les pierres mani

Au Tibet, on voit souvent des monticules de pierres gravées. Ce sont des pierres mani, c’est-à-dire portant le mantra ’om mani padme hum’. Elles sont souvent blanches, de forme carrée ou ronde. En vue d’obtenir le bonheur, on érige des monticules de ces pierres au sommet ou au col des montagnes, à un carrefour, près du site d’un transbordeur, sur le bord d’un lac, près d’un temple ou dans un cimetière. De tels monticules sont, en réalité, des dieux protecteurs. Le nombre des monticules de pierres mani a connu une progression après l’introduction du bouddhisme au Tibet. Depuis lors, on a commencé à sculpter des pierres blanches en y inscrivant des textes canoniques ou le portrait de Bouddha. Lorsqu’une personne passe près d’un monticule de pierres mani, elle va réciter des textes canoniques, faire le tour du monticule et y ajouter une pierre, dans l’espoir d'être protégée par les dieux et d’en obtenir le bonheur, de même que la grâce en cas de calamités. S’il n’y a pas de pierres à portée de la main, elle ajoutera un crâne d’animal, une corne ou de la laine, voire même de ses propres cheveux. De cette façon, les monticules de pierres mani s’élèvent de jour en jour.

Vu la demande grandissante pour ces pierres, l’art de la gravure des pierres mani s’est développé. Les artisans ont ainsi formé un style typique, faisant de la pierre mani une pierre artistique.  Sur le plan technique, il y a différentes méthodes selon les endroits, dont les bas-relief, haut-relief et ronde-bosse. Toutefois, pour l’artisan, le plus important est d’exécuter le travail avec dévotion.

 

Tourisme

 

Nagqu, la mystérieuse

Monts sacrés, lacs sacrés et le vaste no man’s land du plateau Changtang concourent à faire le charme de cette préfecture. Celle-ci est située dans le nord du Tibet, limitrophe de Xigazê (ouest), Qamdo (est), Lhasa (sud), ainsi que du Xinjiang et du Qinghai (nord). Sa superficie couvre 286 500 km2 et sa population compte 319 000 habitants.

Les paysages les plus enchanteurs sont situés dans un itinéraire qui, à partir de Nagqu, inclut Pangkog, Xainza, Nyima et Shuanghu. Les monts Nyainqêntanglha, qui culminent à 7 111 mètres, comptent plus de 31 pics de plus de 6 000 mètres.  Au pied des Nyainqêntanglha, on trouve le lac Nam Co, le deuxième plus grand lac d’eau salée de Chine, à une altitude de 4 718 mètres; il s’étend sur 70 km et sa largeur atteint 30 km à certains endroits.  Son nom signifie lac céleste, et il est l’un des quatre lacs sacrés du Tibet. Les pèlerins y affluent aux cinquième et sixième mois du calendrier tibétain. Quatre monastères sont situés dans ses environs.

Le plateau Changtang, dans le nord, offre des milliers de lacs, d’innombrables sources thermales et des glaciers.  Dans l’est, il y a des grottes karstiques aux formes bizarres, dont la grotte Meimu. Selon les gens de l’endroit, certaines s’étireraient même sur plus de 100 km! Les troupeaux d’une vingtaine d’espèces d’animaux sauvages font aussi partie des vues qui impressionnent les touristes. Dans cette région, tout semble être à l’état naturel, c’est là son charme.

Mais il faut aussi mentionner la fête de la course de chevaux Kyagqen de Changtang, C’est la plus importante du Tibet. C’est là que la prairie est la meilleure. Sa particularité, c’est que les cavaliers sont des garçons d’environ 10 ans, très intrépides. Il s’agit là d’une course sensationnelle qui plaît aux spectateurs.

La meilleure période pour visiter cette région de haute altitude, froide et venteuse, va de juin à septembre. Le niveau d’oxygène y est faible, de sorte qu’il faut bien se préparer avant de s’y rendre.