MAI 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

La rocaille Taihu

Dans les parcs et les jardins chinois, on voit souvent des rocailles aux formes bizarres. Certaines ont à peine un mètre de haut, alors que d’autres s’élèvent jusqu’à cinq ou six mètres. Certaines se dressent près des sentiers, d’autres au milieu des étangs. Règle générale, elles côtoient des fleurs et des plantes exotiques, ce qui rend le paysage encore plus attirant. La plupart du temps, ces rocailles sont faites de roches Taihu qui proviennent du lac Taihu, province du Jiangsu.

La région de ce lac est riche en roches calcaires et reçoit des précipitations abondantes. Au cours des âges, l’érosion a usé les pierres et les a transformées en véritables œuvres d’art ayant des caractéristiques qui leur sont propres. Leur forme est élancée et élégante, leurs veines sont très marquées, les trous parsèment leur surface agrémentée de courbes et de lignes, et leur substance est poreuse, de sorte que l’eau y circule facilement et permet une bonne distribution de l’humidité. Pour ces raisons, ces roches sont les favorites des peintres et des paysagistes chinois.

Les roches de Taihu ne sont pas uniquement l’œuvre de la nature. Depuis la dynastie des Song (960-1279), les maçons vivant en bordure du lac Taihu travaillent à  transporter les roches des montagnes. À partir des formes naturelles et de la taille de ces pierres, et selon les besoins de l’aménagement paysager, les maçons cisèlent les roches et améliorent leur forme. Puis, ils les placent dans le lac pour qu’elles soient lavées et sculptées par les mouvements de l’eau. Ainsi, laissées aux caprices de la nature, ces roches deviennent polies et douces en quelques années.

Le jardin Yuyuan de Shanghai offre un bon exemple de ce type de roches sous l’appellation Yulinglong. Dans beaucoup de jardins, ces roches ont été utilisées pour aménager des collines miniatures. Les plus connues sont la colline Duixiu, dans le jardin impérial du Palais impérial, et la colline Shizilin (forêt de lions) de Suzhou, car elle ressemble à de nombreux lions adoptant des postures différentes. La colline artificielle du palais d’Été, à l’est du pavillon Xijialou, est également construite de roches Taihu et imite celle de Suzhou.

Autrefois, pour faire tenir les roches ensemble et les disposer en rocailles ou en collines, on employait un matériel composé de chaux et de riz glutineux. Aujourd’hui, le travail est facilité par l’emploi du ciment. Les grosses rocailles et les collines de roches artificielles abritent souvent des grottes qui serpentent de gauche à droite et de haut en bas, parfois éclairées par des ouvertures, parfois complètement sombres, ce qui offre aux promeneurs une visite remplie de surprises. Règle générale, on plante des arbres et des plantes sur les versants des collines, et au sommet, on trouve un pavillon où les visiteurs peuvent admirer le panorama.