MAI 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Deux couples à toute épreuve

LIU HUAIZHANG

Au moment où le taux de divorce enregistre des gains en Chine, ces deux histoires d’amour « à la vie, à la mort » peuvent sembler sorties d’un autre âge. Pourtant, elles ont bel et bien eu lieu en Chine. 

 

Un couple partageant joies et peines.

SHI CHENG et Wang Xiaoqin sont des paysans originaires du district de Longxi du Gansu. Ce couple laborieux travaillait non seulement aux champs, mais encore vendait des jiaozi (raviolis). Bien que ce petit commerce eut rapporté peu, le couple menait une vie semblable à celle du « bouvier et de la tisserande » de la légende chinoise : s’aimer et s’entraider. Grâce à leurs efforts, leurs conditions de vie s’amélioraient de jour en jour jusqu’au jour où, en mars 2004, Shi Cheng se sentit souffrant. Cinq jours plus tard, des symptômes traduisaient un œdéme général. Son appétit diminuait. Constatant la situation, Wang prit conscience de la gravité du problème. Elle accompagna donc son mari à l’hôpital pour voir un médecin. Les consultations et les examens médicaux révélèrent que Shi souffrait d’urémie. C’était vraiment un coup dur pour ce couple et pour toute la famille.

Un fardeau financier pour une famille à faible revenu

À l’Hôpital du peuple de la province du Gansu, Shi Cheng dut d’abord suivre une dialyse et attendre une transplantation rénale. Mais une seule semaine de traitement venait d’engloutir toutes les économies du couple. Dès lors, Shi Cheng sortit de l’hôpital et Wang commença à soigner elle-même son mari et à ramasser de l’argent pour le traitement qu’il devait suivre.

En juin suivant, l’état du malade empira. Il fut hospitalisé pour la deuxième fois. Une semaine plus tard, la facture des frais de dialyse atteignait 8 000 yuans. Dans ce contexte, Wang tenta d’emprunter de l’argent à droite et à gauche. Toutefois, ses efforts échouèrent. En désespoir de cause, Wang hypothéqua son logement pour 50 000 yuans auprès de la banque. Malgré tout, son visage respirait l’énergie.

Intervention des parents

À l’Hôpital nº 2 rattaché à l’université de Lanzhou, Wang Xiaoqin connut le docteur Yue Zhongjin qui avait sauvé la vie de nombreux patients atteints d’urémie. Désireuse de saisir cette dernière chance, Wang Xiaoqin accompagna son mari à cet hôpital. Après des examens, le docteur Yue Zhongjin révéla que l’urémie avait atteint le dernière stade et que les fonctions rénales ne représentaient que le tiers de la normale. Le docteur Yue Zhongjin recommanda donc la dialyse en souhaitant qu’elle fasse des miracles…

Trois mois plus tard, l’état de Shi Cheng empira encore. Pour le sauver, le docteur proposa alors une transplantation rénale et demanda que l’on cherche un rein parmi ses parents en ligne directe. Après analyses du groupe sanguin, ses parents, son frère et sa sœur ne répondaient pas aux exigences de cette transplantation.

Sans rien dire à personne, Wang passa un examen de groupe sanguin. Par chance, le couple avait le même. Comme Wang est fille unique, ses parents s’opposèrent au projet de leur fille et voulurent intervenir dans cette affaire. Toutefois, le caractère récalcitrant de Wang lui fit prendre la résolution de sauver le plus tôt possible son mari pour alléger sa douleur. Profondément émus, le directeur de l’hôpital et le médecin soignant décidèrent de réduire les frais de l’opération.

Le 27 novembre 2004, Wang Xiaoqin fut transportée dans la salle d’opération, et sous anesthésie générale, le docteur lui enleva son rein gauche, une opération qui dura deux heures. Immédiatement après, sous anesthésie locale, Shi Cheng s’apprêtait à recevoir le rein transplanté de sa femme. Alors que le docteur se préparait à faire l’opération, Shi Cheng regretta son imprudence. Il pensait qu’il aurait d’abord dû la consulter et qu’il ne devait pas assurer sa vie aux dépens de sa femme. Sur la table d’opération, Shi faisait preuve de résistance. Pour ne pas troubler l’opération de transplantation, le docteur décida donc de procéder à une anesthésie générale. À 14 h, le rein gauche de Wang Xiaoqin fut transplanté dans le corps de son mari. La réussite de l’opération venait de sauver la vie de Shi Cheng. Après deux semaines de convalescence, l’incision était guérie, et Shi, reconnaissant du geste de sa femme, était prêt à mordre de nouveau dans la vie.

Zhang Jian et Xiao Yan

Zhang Jian est le fils d’un paysan de la province de l’Anhui. En 2003, profitant de la morte-saison, il travaillait temporairement dans un Holiday Inn à Wuhan. C’est là qu’il rencontra par hasard la jolie Xiao Yan. Peu de temps après, l’amour des jeunes ne faisait plus de doute, et six mois plus tard, ils s’épousaient. Depuis lors, le couple menait, comme d'autres jeunes couples, une vie sans histoire.

Un jour de 2004, Xiao Yan reçut un coup de téléphone lui apprenant que son père était atteint d’un ostéome. Xiao Yan se précipita à Wuhan pour savoir ce qu’il en retournait réellement. Malheureusement, en route, elle subit un grave accident de voiture. Sous le choc, son jeune mari devint muet de stupeur. À l’arrivée de l’ambulance, on prodigua les soins d’urgence à Xiao Yan, mais deux jours plus tard, elle était encore dans le coma. Dans cette situation, Zhang Jian, éploré, jura de mourir avec sa femme. Pour la soigner, il ne prit pas un seul repas tranquille. Heureusement que la sollicitude des camarades réchauffait le cœur de ce jeune mari fidèle! Toutefois, ce dernier écrivit à la presse pour exprimer sa résolution : il voulait consacrer dix ans de travail pour gagner l’argent nécessaire aux frais de traitement afin de sauver la vie de sa femme.  

L’abnégation et la détermination de Zhang, tout comme son amour pour sa femme, ont touché le cœur de gens bien intentionnés. Grâce à leur aide financière, ce jeune mari fidèle attend toujours un miracle...