Février 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Les Moinba et les Lhoba

 

 

I. Moinba

Les Moinba sont répartis dans la partie méridionale de la région autonome du Tibet. La plupart de leurs quelque 7 500 membres vivent dans les districts de Mêdog, Nyingchi et Co Nag. Ils ont forgé des liens étroits avec les Tibétains grâce à des échanges politiques, économiques et culturels. Comme les Tibétains, ils croient au lamaïsme et ont des coutumes et un mode de vie semblables. Leur langage, qui comporte plusieurs dialectes, appartient à la famille des langues tibéto-birmanes, et beaucoup de Moinba parlent aussi le tibétain.

Dans la région de Moinyu,  située au pied de l'Himalaya, les précipitations sont abondantes, le courant des rivières est rapide, la terre est fertile et le paysage est magnifique. On y cultive le riz, le maïs, l'orge de montagne, le sarrasin, le blé d'hiver, le soja et le sésame. Dans les forêts de pins, on trouve des sangliers, des ours, des renards et des rhinopithèques.

Histoire

Au cours des siècles, les autorités tibétaines ont pris diverses mesures pour consolider leur domination sur la région de Moinyu. Au  milieu du XIVe siècle, celle-ci est devenue le manoir héréditaire de la faction Zhuba Geju des Tibétains. Au milieu du XVIIe siècle, le Ve dalaï-lama a unifié tout le Tibet et y a établi la lignée Gelug comme religion dominante. Il a envoyé deux de ses disciples pour y établir un bureau. Ils ont agrandi le monastère Dawang et commencé à intégrer la règle religieuse et politique dans la région.

Au milieu du XIXe siècle, le représentant de la cour des Qing au Tibet et le gouvernement local tibétain ont affecté deux officiels à Moinyu et ont donné au monastère des pouvoirs administratifs spéciaux. Chaque année, le gouvernement local tibétain imposait des impôts et administrait l'échange du sel et du riz. Les officiels locaux étaient responsables de faire appliquer les ordres, de régler les différends et d'administrer les affaires aux échelons des villages.

Durant l'administration de la faction Zhuba Geju au XIVe siècle, les Moinba se sont appauvris et vivaient sous le régime du servage.

Pendant des siècles, ils ont appliqué le mode de culture sur brûlis et la productivité est restée très basse. La chasse a fait partie de leur mode de survie et les captures étaient séparées parmi les villageois ou troquées contre des céréales et des nécessités courantes. Trois échelons de seigneurs -gouvernement, noblesse et monastère- possédaient de vastes étendues de terres, de forêts et de pâturages, ainsi que les moyens de production. Parmi les Moinba, il y avait deux catégories de serfs : les tralpa et les dudchhung. Les premiers louaient de petites parcelles de terres des seigneurs et payaient le loyer en liquide ou en espèces. Les autres, qui étaient pour la plupart des immigrants du Tibet central et des régions frontalières, accomplissaient le travail corvéable.

Aujourd'hui, il reste encore des traces de ce type de société au sein de certains villages ou clans où une partie de la terre, des pâturages et des forêts sont possession commune. Les villageois peuvent couper du bois sans frais et défricher avec l'assentiment du chef.

Us et coutumes

Habillement. Dans la région de Moinyu, les hommes et les femmes aiment porter un genre de robe avec tablier, ainsi qu'un chapeau en poil de yak. Ils portent des bottes à semelle molle, décorées de rayures rouges ou noires. Les femmes portent habituellement un tablier blanc, des boucles d'oreilles, des bagues et des bracelets. Dans le district de Mêdog, l'habillement est différent. Les hommes et les femmes portent une veste longue ou courte, et les femmes, une jupe longue rayée et beaucoup de bijoux.

Alimentation. La nourriture de base des Moinba inclut le riz, le maïs, le millet et le sarrasin. Le maïs et le millet sont moulus et on le mange en bouillie. Comme les Tibétains, les Moinba aiment aussi la tsampa (orge de montagnes rôtie), le thé au beurre et le piment.

Habitation. Leur maison à chevrons est construite en bois et en bambou et comporte un ou deux étages. Le toit est en chaume. Les premier et deuxième étages sont utilisés comme habitation et le rez-de-chaussée pour garder les animaux.

Mariage, Religion et Funérailles. Les Moinba sont monogames. Certains croient en un chamanisme primitif, d'autres au lamaïsme. Immersion dans l'eau, enterrement, funérailles célestes et crémation sont les modes de disposer des personnes défuntes.

Folklore. Au cours des siècles, les Moinba ont composé beaucoup de ballades et d'airs de toutes sortes. Parmi les chants folkloriques les plus populaires, on compte le " sama" et le " dongsanba " qui ressemblent beaucoup aux chants tibétains. Leurs danses sont simples et dynamiques.

Les Moinba observent le calendrier des tibétains et les mêmes fêtes qu'eux.

II. Les Lhoba

Les quelque 2 300 Lhoba habitent principalement dans les districts du sud-est du Tibet. Ils parlent une langue distincte qui appartient à la famille des langues tibéto-birmanes du système linguistique sino-tibétain. Peu d'entre eux savent parler le tibétain. N'ayant pas d'écriture, les Lhoba avaient l'habitude de conserver les registres en faisant des nœuds ou des entailles dans le bois.

Organisation socio-économique d'autrefois

Les Lhoba, dont la plupart sont des paysans, sont habiles à faire des objets en bambou et autres types d'artisanat. Autrefois, ils troquaient ces objets, des peaux d'animaux, du musc, des pattes d'ours et des captures contre des outils de ferme, du sel, de la laine, des vêtements, des céréales et du thé auprès des marchands tibétains. Leur pèlerinage au monastère était l'occasion idéale de faire du troc.

La chasse est une activité que les Lhoba considèrent comme essentielle. Les jeunes garçons commencent très tôt à participer à la chasse avec les adultes. Une fois adultes, ils traquent les animaux au cœur des forêts, soit seuls ou en groupes. Autrefois, ils distribuaient certaines de leurs captures parmi les villageois et en troquaient une autre partie.

Au sein de la société lhoba, il y avait autrefois deux classes : les maide et les nieba. Les premiers se voyaient comme des nobles et considéraient les nieba comme des gens inférieurs qui étaient à leur service. Les descendants des nieba ne pouvaient jamais espérer devenir des maide, même si un jour ils devenaient riches et propriétaires d'esclaves. Ils ne pouvaient que devenir des wubu, un groupe de personnes dont le statut était légèrement supérieur que les nieba. Les jeunes gens et jeunes filles de groupes différents ne pouvaient se marier. Le statut des femmes, que ce soit au sein de la famille ou de la société, était particulièrement bas, et elles n'avaient pas le droit d'hériter.

Us et coutumes

Habillement. Les coutumes et l'habillement des différents clans varient. À Lhoyu, les hommes portent des vestes en laine de mouton, sans manche, sans bouton et qui descendent au genou. Ils portent un chapeau qui ressemble à un casque, fabriqué, soit en peau d'ours ou tressé avec des lanières de bambou ou de rotin entrelacées avec de la peau d'ours. Ils marchent pieds nus, portent des boucles d'oreilles en bambou, des colliers et transportent un carquois et des flèches ou laissent pendre une épée sur le côté. Les femmes portent une blouse à manches étroites et une jupe en laine de mouton. Elles marchent également pieds nus. En plus de leurs boucles d'oreilles, de leurs colliers et de leurs bracelets en argent, les femmes portent à la taille une grande variété d'ornements tels que coquillages, pièces de monnaie, chaînes en fer et cloches. Les ornements lourds sont considérés comme un signe de richesse.

Alimentation. L'alimentation varie également selon les endroits. La nourriture de base est des boulettes de farine de millet ou de maïs, de riz ou de sarrasin. Près des communautés tibétaines, on mange également de la tsampa, des pommes de terre et des plats épicés. On boit aussi du thé au beurre. Les Lhoba aiment aussi boire de l'alcool et fumer, et ils profitent des occasions comme les récoltes pour chanter et danser. Autrefois, beaucoup de Lhoba ont souffert de goitre, en raison du manque de sel.