La vie sexuelle
des femmes chinoises
CHEN XINXIN

Tout ce que vous aimeriez savoir....sans avoir
à le demander. Voilà en quelque sorte ce que vous révèle cet article.
Êtes-vous satisfaite de votre vie sexuelle? Avez-vous des relations extraconjugales?
Éprouvez-vous des difficultés dans
votre vie sexuelle? Ce ne sont pas là des questions extrêmement
privées posées par un médecin, mais certaines des questions les
plus délicates parmi les trente-cinq contenues dans le questionnaire
d'une enquête effectuée au cours des mois d'août et septembre et
portant sur la vie sexuelle des femmes chinoises.
Depuis toujours, la vie sexuelle et le
niveau de satisfaction qu'on en tire retiennent l'attention de la
société. Cependant, pour bien des raisons, on a effectué très peu
d'enquêtes dans ce domaine. C'est ainsi qu'on ne connaissait pas
bien la situation de la vie sexuelle des femmes chinoises. Cette
enquête au sujet des femmes urbaines avait été organisée conjointement
par l'Association chinoise de sexologie et la Société médicale de
Chine. Elle a été effectuée par Internet sur Sina.com, l'un des
plus importants portails en Chine, et elle a duré 40 jours (du 22
août à la fin de septembre 2004). Le questionnaire a été rempli
par 31 482 femmes, mais la page Web de cette enquête a été lue par
40 000 personnes. Cette enquête avait pour objectif de connaître
la situation actuelle de la vie sexuelle des femmes chinoises dans
les villes; d'analyser leur comportement et leur psychologie dans
ce domaine; et finalement, d'attirer l'attention de la société sur
le problème féminin.
L'importance de la vie sexuelle
Le sexe a été longtemps un sujet tabou
pour les Chinois. Il y a des dizaines d'années, pour ces derniers,
la principale utilité du mariage était la procréation. Le sexe était
un sujet dont les gens, surtout les femmes, ne voulaient pas parler
ouvertement. Cette conception sur le sexe existe encore aujourd'hui
dans des régions rurales non développées de la Chine. Pourtant,
pour les jeunes femmes des villes, ces idées sur le mariage et le
sexe sont inimaginables et inadmissibles. Elles ont le courage non
seulement de parler du sexe, mais aussi d'exprimer ou de suggérer
leur désir, au lieu de garder le silence et de se soumettre à la
volonté de leur partenaire. Ce type de femmes représente 90,6 %
des personnes enquêtées. Par ailleurs, 47,3 % des femmes osent refuser
avec politesse une relation sexuelle quand elles ne la désirent
pas. Les femmes ont leur droit propre à la vie sexuelle, un droit
égal à celui de l'homme. Voilà pourquoi la qualité de la vie sexuelle
des femmes est évidemment élevée, et 87 % des personnes disent avoir
connu l'orgasme. Les résultats de cette récente enquête sont bien
différents des conclusions que certains spécialistes avaient tirées
après une enquête passée. D'après ces derniers, quatre-vingts pour
cent des femmes chinoises ne comprenaient pas le sens du mot orgasme.
Les femmes accordent une importance de
plus en plus grande à la vie sexuelle dans le mariage. Une proportion
de 93,8 % de ces dernières estime que la vie sexuelle est très importante,
alors que seulement 6 % d'entre elles trouvent que ce n'est pas
indispensable, voire même que ce n'est pas important. La qualité
de la vie sexuelle dans le mariage, qui se classait autrefois au
troisième rang, après la vie matérielle et le fait d'avoir un enfant,
occupe désormais la première place. Peu de personnes maintiennent
encore un mariage sans amour en raison de l'enfant ou d'autres raisons.
Comme autre résultat, cette enquête montre aussi que 74,1 % des
femmes ont déjà eu recours à la masturbation. Vu l'anonymat qu'offre
Internet, on a pu obtenir des chiffres réels, et le résultat des
enquêtes effectuées par d'autres méthodes ne reflétait peut-être
pas complètement la situation réelle à cause de l'influence de l'environnement.
M. Cao Zeyi, président de la Société médicale de Chine, trouve que
ces résultats sont crédibles. " Bien qu'on n'ose pas avouer
la masturbation, la proportion des femmes chinoises qui y ont recours
représente plus de 50 % du chiffre total selon les données cliniques.
C'est presque identique aux résultats de cette enquête ", a-t-il
indiqué.
Améliorer la qualité de la vie sexuelle
Selon les résultats de l'enquête, 87
% des femmes éprouvent du plaisir dans leur vie sexuelle. Le nombre
de femmes qui ressentent fréquemment des orgasmes représente 47,5
% du nombre total des femmes enquêtées, et celles qui ne l'ont jamais
connu ne représentent que 5,6 % du total; aussi, 54,1 % des personnes
enquêtées ont affirmé avoir confiance dans leur capacité sexuelle.
Dans l'ensemble des cas, la proportion des femmes ayant déjà ressenti
l'orgasme est de 82,5 %, (chiffre évidemment supérieur à d'autres
groupes? (celui obtenu dans d'autres enquêtes?). Parmi ces femmes,
49,2 % atteignent l'orgasme avec un partenaire, 9,7 % par la masturbation
et 35,6 % dans ces deux cas, chiffre qui représente 94,5 % du nombre
total de personnes ayant répondu à la question sur le sujet. L'orgasme
est le critère fondamental de la qualité de la vie sexuelle. Le
résultat de l'enquête montre une proportion tellement élevée qu'on
a peine à y croire.
En se basant sur les données d'une autre
enquête, effectuée il y a quatre ans, Pan Naimin, professeur de
l'Université du peuple, avait conclu : " Dans le domaine de
la jouissance par l'orgasme, l'homme obtient 62,5 notes sur 100
en moyenne, tandis que la femme n'en obtient que 38,6 ". D'après
le professeur Pan, parce que la femme n'éprouve pas d'orgasme, la
relation sexuelle a beaucoup moins de valeur et de signification
que pour l'homme. C'est la raison pour laquelle tant de femmes chinoises
souffrent de frigidité sur le plan sexuel. Elles fuient la vie sexuelle,
la refusent même, voire se révoltent. Pour cette même raison, dans
une telle vie passée sous la contrainte, les femmes éprouvent beaucoup
de souffrances et de colère et nourrissent même des idées de vengeance.
Cette enquête a été effectuée par le professeur Pan dans des régions
urbaines et rurales de Chine. Cette fois-ci, le résultat de l'enquête
parmi les femmes des villes devrait refléter réellement leur situation
actuelle. Sur le sujet de la qualité de la vie sexuelle des femmes,
par rapport à la moyenne dans tout le pays, le niveau de conscience
des femmes urbaines sur le sexe s'élève rapidement; elles peuvent
désormais rechercher activement une vie sexuelle heureuse.
Le sexe n'est pas l'apanage du mariage
Plus de 90 % des femmes enquêtées sont âgées de 21 à 49 ans, 80
% sont titulaires d'un diplôme universitaire et habitent dans de
grandes villes comme Beijing, Shanghai et Chongqing. Parmi les personnes
enquêtées, 55% sont des femmes mariées. Une grande partie des femmes
célibataires ont des activités sexuelles. Parmi ces dernières, celles
qui avouent avoir un partenaire sexuel représentent 75,5 % du nombre
total des célibataires. Grâce à l'élévation du statut social et
économique des femmes modernes, celles-ci ont réussi sur le plan
psychologique et dans la vie réelle à se débarrasser de la mentalité
traditionnelle sur le mariage, celui de se marier pour la vie avec
un seul homme. Ne tenant pas compte de la chasteté, ces femmes attachent
de l'importance à une vie sexuelle harmonieuse et la considèrent
comme la condition primordiale dans le mariage.
Par ailleurs, à la question " Avez-vous
des activités sexuelles extraconjugales ", 8,3 % des femmes
mariées ont avoué qu'elles en ont souvent, et 32,4 % d'entre elles
ont dit en avoir déjà eu. Ces pourcentages, surtout le second, sont
très supérieurs à ceux obtenus lors d'une enquête passée : 7 % et
13 %. Toutefois, on a remarqué qu'une chose n'a pas changé par rapport
à cette enquête précédente : encore plus de la moitié des femmes
n'ont jamais eu d'activités sexuelles extraconjugales (59,2 %).
Bien sûr, la plus grande liberté sexuelle est plutôt un progrès
par rapport à la mentalité traditionnelle fermée. Toutefois, le
taux de croissance des problèmes familiaux et sociaux causés par
le concubinage et les relations extraconjugales inquiètent beaucoup
les spécialistes. Ces dernières années, selon des statistiques fournies
par l'Association des femmes de la ville de Guangzhou, les cas de
bigamie, de cohabitation illégitime et de relations extraconjugales
affichent une tendance à la hausse chaque année : de 246 cas en
1999, ils sont passés à 882 en 2001.
Les femmes chinoises sont-elles frigides?
Selon un article publié récemment dans Internet, 60 % des femmes
professionnelles seraient frigides. Cet article a attiré l'attention
des médias de masse. M. Pan, directeur de l'Institut de sociologie
de l'Université du peuple, émet l'avis suivant : " J'estime
qu'il y a en effet des cas de frigidité chez les professionnelles,
mais la proportion n'est pas si élevée. Beaucoup d'enquêtes importantes
rapportent des chiffres plus faibles sur ce sujet. La présente enquête
montre que la fréquence d'activités sexuelles des femmes urbaines
est normale : cinq ou six fois par mois.
À propos de la fréquence de l'activité
sexuelle, M. Pan a dit dans son rapport d'enquête : " Parmi
les femmes et les hommes de 20 à 64 ans qui sont mariés ou qui vivent
ensemble, au moment de l'enquête, le nombre de personnes n'ayant
aucune activité sexuelle par mois représentait plus du quart (28,7
%). Les années passées, les gens n'ayant pas d'activité sexuelle
ne représentaient que 6,2 %. Je trouve que ce sont des chiffres
relativement exacts sur la frigidité, mais bien sûr, cela ne concerne
pas seulement la frigidité des femmes, les hommes sont aussi en
cause ".Ces pourcentages ayant été obtenus à l'échelle nationale,
on ne peut pas conclure que le taux de frigidité des femmes professionnelles
est élevé ou bas.
Le problème de l'interaction dans
un couple
Avec l'approfondissement de la réforme et de l'ouverture, les connaissances
sexuelles des couples se sont enrichies et les relations conjugales
se sont améliorées; de plus en plus de couples ont commencé à comprendre
que l'amour et l'aide réciproque sont la base d'une vie sexuelle
harmonieuse. Dans ce cas-là, la vie sexuelle n'a plus de connotation
politique et morale, et l'un des partenaires dans le couple veut
fournir du plaisir l'autre et comprend que la jouissance peut-être
partagée quand l'un ou l'autre atteint l'orgasme.
Les principaux problèmes de certains
hommes chinois sont le manque de connaissances sexuelles. Ils ne
se préoccupent que de leur satisfaction personnelle, sans chercher
à comprendre la façon d'aimer leur partenaire. Les phénomènes de
violence sexuelle et de relations extraconjugales existent également.
Conséquence : parmi les femmes, 4,6 % n'éprouvent pas de désir sexuel,
5,7 % n'ont jamais échangé sur leurs sensations, 18,2 % estiment
que les gestes de tendresse avant l'amour sont insuffisants et 5,4
% trouvent que leur mari ne les a pas caressées tendrement. C'est
pourquoi, parmi les femmes enquêtées, 11 % ont éprouvé peu d'orgasmes
et le pourcentage est le même pour celles qui n'en ont jamais connu
C'est ainsi que certaines femmes se sont montrées insatisfaites
de la qualité de leur vie sexuelle, dont 19,7 % sont totalement
insatisfaites et 5,2 % pas du tout satisfaites; 3,9 % éprouvent
même un sentiment d'infériorité dans l'activité sexuelle. Bien que
ce pourcentage ne soit pas très élevé, la qualité de la vie sexuelle
de quelque dix millions de femmes laisse donc à désirer.
Cette enquête par Internet a permis de
bien connaître la situation actuelle de la vie sexuelle des Chinoises
des villes. On dit que la situation d'ensemble donne lieu d'être
optimiste et tend à s'améliorer. Pour les femmes, une vie sexuelle
bien remplie prend racine dans une liberté intégrale, l'égalité
des droits familiaux et sociaux de l'homme et de la femme, l'indépendance
financière et la confiance en soi.

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