DÉCEMBRE 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Les laques (qiqi)

La laque est une substance naturelle obtenue de la résine du Toxicodendron verniciflua, un arbre originaire de la Chine. Cet arbre pousse un peu partout au pays, mais ce sont les provinces du Shaanxi, du Hubei, du Sichuan, du Guizhou et du Yunnan qui en comptent le plus. La résine de cet arbre peut être obtenue en juin et en juillet seulement et doit être recueillie à l’aube, car le soleil réduit l’humidité de l’air et empêche la sève de couler. Cette résine durcit au contact de l’air.

Il y a fort longtemps que la Chine fabrique des objets en laque. En 1955, dans la province du Jiangsu, on a déterré bon nombre d’objets en poterie recouverts d’une laque noire qui dataient du néolithique. Certains d’entre eux, une tasse et un pot, étaient intacts. Ce sont les plus anciens objets en laque découverts en Chine et ils sont maintenant conservés au Musée de Nanjing. Avant l’invention de l’encre de Chine, on utilisait la laque pour écrire. À Xinyang, province du Henan, on a trouvé une liste d’objets funéraires dont les caractères avaient été écrits à la laque sur des languettes de bambou. Cette liste remonte à l’époque des Royaumes combattants. (475–221 av. J.-C.)

Pour fabriquer un objet en laque, on prend d’abord un objet dont le corps est en cuivre ou en bois. Après l’avoir préparé et poli, on le recouvre de plusieurs couches (de 10 à 100) de laque pour atteindre une épaisseur de 5 à 18 mm. Puis, les graveurs taillent des motifs dans la laque durcie, ce qui créera des « peintures gravées » de paysages, de personnages, de fleurs et d’oiseaux. Finalement, on fait sécher et on polit.

La laque est une substance qui résiste à l’humidité, à la chaleur et à la corrosion. Son lustre et sa couleur sont très durables, ce qui ajoute beaucoup de valeur à son usage. Beijing, Fuzhou et Yangzhou sont les trois principales villes productrices d’objets en laque.

Les objets de Beijing concernent surtout des chaises, des paravents, des vases et des services à thé. Ceux de Yangzhou se distinguent non seulement par leur gravure en relief, mais également par leurs motifs délicats incrustés de pierres précieuses et de perles. Ce sont surtout des paravents, des cabinets, des tables, des chaises, des vases et des petites boîtes.

Finalement, les objets de Fuzhou sont connus comme les « laques sans corps » et constituent un trésor des arts chinois, avec le cloisonné de Beijing et la porcelaine de Jingdezhen. Pour fabriquer ces objets, on prend un corps en argile, en plâtre ou en bois. On y colle de la toile ou de la soie, couche après couche, et c’est la laque qui en est le scellant. Puis, le corps original est enlevé après que la couche extérieure en tissu a séché au soleil. Par la suite, on polit et on recouvre le tout de couches de laque. Après avoir été gravé de motifs colorés, l’objet en laque « sans corps » devient un objet ornemental extrêmement léger et au fini raffiné.