DÉCEMBRE 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

2. L’expérience de l’immigration diaozhuang

Les enfants des immigrés diaozhuang dans leur école. Yu Xiangjun
La nouvelle maison de Zhang Zhimin après son déménagement dans le village d’immigrés. Tao Ketu
Zhang Shuxia, une immigrée, a déjà un enfant de sept mois. Yu Xiangjun

Alors que beaucoup de citadins se laissent séduire par les paysages de la nature sauvage, Ma Zhenjiang, directeur du bureau de l’aide aux pauvres du Ningxia, préfère les vues de la ville moderne. Peut-être parce que les paysages naturels qu’il a trop vus sont souvent liés à la pauvreté des gens du lieu. Diplômé de l’Institut d’Agronomie du Ningxia en 1983, il s’occupe, depuis 1985, du travail d’immigration diaozhuang. « J’ai débuté dans ce travail à la vingtaine, et je ne fais que ça toute ma vie. C’est pas très brillant, n’est-ce pas ? », a-t-il dit. Il croit au destin et il en parle souvent avec ses amis, oubliant que sa carrière a changé le destin de beaucoup de gens.

Selon lui, l’immigration diaozhuang est un déplacement massif de la population, le mieux organisé, qui avait enregistré une rentabilité économique depuis 1949 dans l’Ouest de la Chine. Il est pratiqué actuellement dans plus de vingt provinces et régions autonomes, dans le cadre du projet d’aide aux pauvres. L’expérience du Ningxia en fournit un exemple digne de référence d’autant plus que l’exécution du projet d’immigration est un travail qui allie le cœur à la raison.

Depuis 1983, le Ningxia a créé 25 bases d’immigration diaozhuang et défriché 55 000 ha de terres, au profit de 412 000 habitants pauvres. L’immigration diaozhuang se propose de déplacer une partie des habitants des régions sèches et froides vers des régions arrosées par le fleuve Jaune, afin de changer radicalement leurs conditions de vie et de leur assurerune vie décente, exempte de pauvreté. La pression démographique s’en est trouvée soulagée et l’environnement amélioré. Ce qui fait que l’immigration diaozhuang est au fond une immigration écologique.

L’un des principes de l’immigration diaozhuang consiste à déplacer des habitants des régions pauvres en ressources naturelles vers des endroits plus riches en ressources et mieux arrosés. Maintenant, beaucoup de nouveaux immigrés achètent des terres appartenant à leurs prédécesseurs, ce qui montre que l’aide aux pauvres par l’immigration est bien accueillie par la population. Un autre principe important de l’immigration diaozhuang est le respect total de la volonté des paysans. Les immigrés ont le droit de garder leur maison et leur terre dans deux endroits. Aucune contrainte ne sera infligée à ceux qui ne veulent pas déménager.

Le travail d’immigration concerne tous les domaines de la vie sociale : production, transport, agriculture, construction hydraulique, soins médicaux, finance, etc. Les investissements doivent être bien répartis. Selon des statistiques effectuées en 2000, l’investissement moyen par personne dans l’immigration diaozhuang est de 884 yuans et celui dans la terre, 7 500 yuans par ha. C’est un placement bien inférieur à celui des pays étrangers (10 000 dollars US par personne immigrée) et à celui de la zone du réservoir des Trois Gorges du Yangtsé (30 000 yuans). Par ailleurs, En plus, quelques années après l’installation des immigrés, l’État pourra récupérer l’argent investi.

Vu les contraintes budgétaires, l’immigration diaozhuang a accusé certains points faibles. À cette époque-là, par manque d’expérience, beaucoup de facteurs ont été négligés. L’attention était portée surtout au problème de la subsistance. Il s’agissait d’assurer une moyenne de 300 kg de céréales par an et par personne, ainsi qu’un revenu moyen par personne de 300 yuans. Une famille immigrée pouvait recevoir 13,5 ares de terre cultivable par personne et 6,7 ares de terre comme fondement de la maison. Mais, aujourd’hui, il apparaît qu’on n’a pas bien considéré les problèmes des immigrés de la deuxième et troisième génération, enclins à  quitter la terre. Après le remplacement de l’immigration diaozhuang par l’immigration au service de la protection écologique, l’État a investi plus d’argent dans l’aide aux pauvres, en élaborant un projet plus complet et plus préventif avec un investissement par personne plus élevé. Maintenant, le revenu moyen par personne s’est élevé à 625 yuans par an.

La clé de la réussite du projet d’immigration réside dans une bonne gestion. Auparavant, les immigrés étaient toujours pris en charge par l’administration de leur région d’origine. Par conséquent, dans la nouvelle région d’immigration, on a constaté un taux de criminalité élevé et un taux de natalité croissant. À partir de 2000, les immigrés diaozhuang sont totalement pris en charge par l’administration de leur région d’accueil.

En 2000, l’immigration diaozhuang est terminé, et la même année, l’immigration pour la protection de l’environnement touchait à sa fin. Cependant, les tâches concernant l’administration des immigrés sont loin d’être définies. Le travail du bureau d’aide aux immigrés, axé au début sur la construction des infrastructures, opte aujourd’hui pour la formation et le développement futur des communautés d’immigrants.