Les
Chinois sont-ils riches ou pas?
LUO
YUANJUN
Le
premier recensement national sur l’économie, effectué par le gouvernement,
ne répondra peut-être pas entièrement à cette question, mais il
dressera certainement un meilleur portrait de la situation économique
d’ensemble.
 
En voyage en Chine, Bob,
un Étatsunien, exprime sa difficulté à comprendre : « En
arrivant à Beijing, on a l’impression que la Chine est très développée,
mais si on met les pieds en Chine de l’Ouest, on a l’impression
contraire. En fin de compte quelle est la véritable situation
de l’économie chinoise?»
En
2004, pour la première fois, le gouvernement chinois a effectué
un recensement national sur l’économie. Ce recensement éclairera
peut-être les questionnements de Bob. Ce recensement a couvert tous
les volets de l'économie, autres que l’agriculture. Plus précisément,
il avait pour but de faire un inventaire de ce que nous possédons,
de même que de bien mesurer l’envergure de l’économie nationale
et d’informer sur sa structure et ses profits.
Les Chinois ne se font
pas une gloire de leur richesse
Compilée par le chercheur Rupert Hoogewerf,
basé à Shanghai, une liste des cent personnes les plus riches de
Chine a été rendue publique le 13 octobre 2004, à Shanghai. En tête
de liste, on trouvait Huang Guangyu, 35 ans, président de la Compagnie
d’électroménagers Gome, avec 10,5 milliards de RMB. Selon Huang,
il y a beaucoup de gens riches en Chine, et 10,5 milliards de yuans
n'est pas la somme la plus élevée; des gens qui possèdent plus de
dix milliards de yuans ne sont pas chose rare à l’intérieur du pays.
Est-il vrai qu’il y a un si grand nombre
de gens riches en Chine? Il est bien possible que peu de personnes
puissent répondre à cette question. La base selon laquelle Rupert
Hoogewerf évalue la richesse de quelqu'un est la suivante :
la richesse = les profits d’une compagnie X par le nombre d’actions
de quelqu’un X par le taux de bénéfices du marché. Cela veut dire
que si une personne riche n’a pas investi, elle n’entre pas dans
les normes de Rupert Hoogewerf. Dans la réalité, les avoirs privés
des Chinois ne peuvent pas être évalués complètement par les seules
actions individuelles.
Ces dernières années, la
discussion sur la bulle foncière n’a pas cessé. Étant donné qu’un
grand nombre d’investissements s’orientent vers les biens fonciers,
le prix des logements n’a pas cessé lui aussi d’augmenter. Ce phénomène
montre bien que les Chinois considèrent la maison comme l’un des
biens les plus sûrs parmi les autres investissements, tels que les
titres ou les devises étrangères.
Chez les Chinois, c'est une tradition
de ne pas faire étalage des richesses. Il y a une dizaine d'années,
on pouvait encore lire des reportages dans les journaux disant que
des gens cachaient leur argent dans un lieu secret; on disait aussi
que cet argent avait été rongé par les vers….Aujourd’hui, les Chinois
se sont rendu compte que l’argent mis à la banque reste intact;
bien sûr, si l’argent est placé à la banque, plutôt que d’être investi,
il risque la dévaluation.
Le cas de Shen San, enseignant
d’une école secondaire, en fournit un exemple. Dans les années 1980,
il avait pas mal d’argent à la banque; toutefois, comme il n’a pas
investi cet argent, aujourd’hui, il fait partie des pauvres de son
école.
Le 28 octobre 2004, la Banque
centrale de Chine décidait de hausser le taux d’intérêt. Cette décision
a eu des répercussions dans le monde. En tenant compte de l’inflation, même après
avoir relevé le taux d’intérêt, la Chine se trouve encore dans une
situation de taux d’intérêt négatif; en d’autres mots, le gouvernement
chinois encourage toujours la population à investir, plutôt qu'à
déposer son argent à la banque.
Les Chinois s’intéressent
désormais de plus en plus à l’investissement. Par exemple, on investit
dans les opérations boursières, l’immobilier, l’or et les collections
diverses. Beaucoup de gens ont démarré leur propre commerce.
Faire un inventaire de
nos avoirs
Au cours des vingt dernières années, le
secteur secondaire et le secteur tertiaire se sont développés rapidement;
ils représentent une proportion de plus en plus importante de l’économie
nationale. En 2003, la croissance des secteurs secondaire et tertiaire
a approché les 1 000 milliards de yuans; ils représentent
maintenant 85 % du PNB.
Au cours du développement des secteurs secondaire
et tertiaire, bon nombre de travailleurs paysans sont entrés dans
les villes. Plusieurs font divers travaux. À part ces ouvriers,
d’autres paysans travaillent dans les services ou exploitent un
petit commerce.
L'un des objectifs du recensement
est de connaître l’envergure, la structure et les profits des secteurs
secondaire et tertiaire. Un autre est d’établir un système de registres
des entreprises et une banque de données, en vue d’étudier et d’élaborer
le Plan national de développement économique et social, de même
que de jeter les bases d’une meilleure prise de décision et d’une
gestion plus éclairée.
Selon la formule du recensement,
tous ceux qui font partie du secteur de l’administration de l’industrie
et du commerce ou qui ont un travail relativement stable entrent
dans le cadre du recensement, quoi qu’ils fassent. Dans certaines
régions, tous ceux qui participent aux activités économiques sont
classés dans le cadre de l’enquête, même les domestiques.
À Beijing, à titre d’essai,
on a publié huit fascicules de plans d’enquête, plus de 50 formulaires
et 2000 normes, y compris sur l’industrie, la construction,
le gros et le détail,
la restauration, l’immobilier, la finance, les communications, les
postes, le secteur tertiaire,etc.
Ce recensement avait
adopté le mode d’enquête d’ensemble, mais comme les lieux commerciaux
privés sont nombreux, on a
adopté plutôt le mode par échantillonnage.
Étant donné que, par tradition, les Chinois ne veulent pas révéler
leur richesse, il est possible que certaines gens déclarent des
données inexactes; pour ces cas, les départements de statistiques
ont adopté des moyens spéciaux pour traiter les déclarations inexactes.
Par exemple, si on demande directement son revenu à quelqu’un, il
ne voudra pas le dévoiler, mais si on lui demande quels sont les
frais irrationnels qu’il
a payés, il répondra de bon gré, il exhibera même les reçus de paiement.
De cette façon, les recenseurs peuvent vérifier la situation réelle
de l’exploitation.
Li Qiang, porte-parole et
vice-directeur du Bureau de recensement économique général du Conseil
des affaires d’État, a déclaré : « Notre tâche consiste,
par des moyens statistiques scientifiques, à extraire, à partir
des fausses déclarations, la partie la plus réelle possible concernant
les phénomènes économiques. Et de poursuivre : l’Administration
d’État des statistiques va équilibrer l’ensemble et évaluer les
données tirées de divers secteurs et de divers lieux sur un plan
macroéconomique. »
Ce recensement économique signifie qu’un
système de recensement économique général est en train de se former
en Chine. Beaucoup de pays développés ont déjà, par législation,
établi un système quinquennal de recensement général. La Chine a
également décidé de le faire une fois tous les cinq ans, et la date
d’achèvement
est fixée au 31 décembre de l’année de recensement.
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