Janvier 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Les Chinois sont-ils riches ou pas?

LUO YUANJUN

Le premier recensement national sur l’économie, effectué par le gouvernement, ne répondra peut-être pas entièrement à cette question, mais il dressera certainement un meilleur portrait de la situation économique d’ensemble.

En voyage en Chine, Bob, un Étatsunien, exprime sa difficulté à comprendre : « En arrivant à Beijing, on a l’impression que la Chine est très développée, mais si on met les pieds en Chine de l’Ouest, on a l’impression contraire. En fin de compte quelle est la véritable situation de l’économie chinoise?»

En 2004, pour la première fois, le gouvernement chinois a effectué un recensement national sur l’économie. Ce recensement éclairera peut-être les questionnements de Bob. Ce recensement a couvert tous les volets de l'économie, autres que l’agriculture. Plus précisément, il avait pour but de faire un inventaire de ce que nous possédons, de même que de bien mesurer l’envergure de l’économie nationale et d’informer sur sa structure et ses profits.

Les Chinois ne se font pas une gloire de leur richesse

Compilée par le chercheur Rupert Hoogewerf,  basé à Shanghai, une liste des cent personnes les plus riches de Chine a été rendue publique le 13 octobre 2004, à Shanghai. En tête de liste, on trouvait Huang Guangyu, 35 ans, président de la Compagnie d’électroménagers Gome, avec 10,5 milliards de RMB.  Selon Huang, il y a beaucoup de gens riches en Chine, et 10,5 milliards de yuans n'est pas la somme la plus élevée; des gens qui possèdent plus de dix milliards de yuans ne sont pas chose rare à l’intérieur du pays.

Est-il vrai qu’il y a un si grand nombre de gens riches en Chine? Il est bien possible que peu de personnes puissent répondre à cette question. La base selon laquelle Rupert Hoogewerf  évalue la richesse de quelqu'un est la suivante : la richesse = les profits d’une compagnie X par le nombre d’actions de quelqu’un X par le taux de bénéfices du marché. Cela veut dire que si une personne riche n’a pas investi, elle n’entre pas dans les normes de Rupert Hoogewerf. Dans la réalité, les avoirs privés des Chinois ne peuvent pas être évalués complètement par les seules actions individuelles.

Ces dernières années, la discussion sur la bulle foncière n’a pas cessé. Étant donné qu’un grand nombre d’investissements s’orientent vers les biens fonciers, le prix des logements n’a pas cessé lui aussi d’augmenter. Ce phénomène montre bien que les Chinois considèrent la maison comme l’un des biens les plus sûrs parmi les autres investissements, tels que les titres ou les devises étrangères.

Chez les Chinois, c'est une tradition de ne pas faire étalage des richesses.  Il y a une dizaine d'années, on pouvait encore lire des reportages dans les journaux disant que des gens cachaient leur argent dans un lieu secret; on disait aussi que cet argent avait été rongé par les vers….Aujourd’hui, les Chinois se sont rendu compte que l’argent mis à la banque reste intact; bien sûr, si l’argent est placé à la banque, plutôt que d’être investi, il risque la dévaluation.

Le cas de Shen San, enseignant d’une école secondaire, en fournit un exemple. Dans les années 1980, il avait pas mal d’argent à la banque; toutefois, comme il n’a pas investi cet argent, aujourd’hui, il fait partie des pauvres de son école.

Le 28 octobre 2004, la Banque centrale de Chine décidait de hausser le taux d’intérêt. Cette décision a eu des répercussions dans le monde. En tenant compte de l’inflation, même après avoir relevé le taux d’intérêt, la Chine se trouve encore dans une situation de taux d’intérêt négatif; en d’autres mots, le gouvernement chinois encourage toujours la population à investir, plutôt qu'à déposer son argent à la banque.

Les Chinois s’intéressent désormais de plus en plus à l’investissement. Par exemple, on investit dans les opérations boursières, l’immobilier, l’or et les collections diverses. Beaucoup de gens ont démarré leur propre commerce.

Faire un inventaire de nos avoirs

Au cours des vingt dernières années, le secteur secondaire et le secteur tertiaire se sont développés rapidement; ils représentent une proportion de plus en plus importante de l’économie nationale. En 2003, la croissance des secteurs secondaire et tertiaire a approché les 1 000 milliards de yuans; ils   représentent maintenant 85 % du PNB. Au cours du développement des secteurs secondaire et tertiaire, bon nombre de travailleurs paysans sont entrés dans les villes. Plusieurs font divers travaux. À part ces ouvriers, d’autres paysans travaillent dans les services ou exploitent un petit commerce.

L'un des objectifs du recensement est de connaître l’envergure, la structure et les profits des secteurs secondaire et tertiaire. Un autre est d’établir un système de registres des entreprises et une banque de données, en vue d’étudier et d’élaborer le Plan national de développement économique et social, de même que de jeter les bases d’une meilleure prise de décision et d’une gestion plus éclairée.

Selon la formule du recensement, tous ceux qui font partie du secteur de l’administration de l’industrie et du commerce ou qui ont un travail relativement stable entrent dans le cadre du recensement, quoi qu’ils fassent. Dans certaines régions, tous ceux qui participent aux activités économiques sont classés dans le cadre de l’enquête, même les domestiques.

À Beijing, à titre d’essai, on a publié huit fascicules de plans d’enquête, plus de 50 formulaires et 2000 normes, y compris sur l’industrie, la construction, le gros et le détail, la restauration, l’immobilier, la finance, les communications, les postes, le secteur tertiaire,etc.

Ce recensement avait  adopté le mode d’enquête d’ensemble, mais comme les lieux commerciaux privés sont nombreux, on a adopté plutôt le mode par échantillonnage.  Étant donné que, par tradition, les Chinois ne veulent pas révéler leur richesse, il est possible que certaines gens déclarent des données inexactes; pour ces cas, les départements de statistiques ont adopté des moyens spéciaux pour traiter les déclarations inexactes. Par exemple, si on demande directement son revenu à quelqu’un, il ne voudra pas le dévoiler, mais si on lui demande quels sont les frais irrationnels qu’il a payés, il répondra de bon gré, il exhibera même les reçus de paiement. De cette façon, les recenseurs peuvent vérifier la situation réelle de l’exploitation.

Li Qiang, porte-parole et vice-directeur du Bureau de recensement économique général du Conseil des affaires d’État, a déclaré : « Notre tâche consiste, par des moyens statistiques scientifiques, à extraire, à partir des fausses déclarations, la partie la plus réelle possible concernant les phénomènes économiques. Et de poursuivre : l’Administration d’État des statistiques va équilibrer l’ensemble et évaluer les données tirées de divers secteurs et de divers lieux sur un plan macroéconomique. »

Ce recensement économique signifie qu’un système de recensement économique général est en train de se former en Chine. Beaucoup de pays développés ont déjà, par législation, établi un système quinquennal de recensement général. La Chine a également décidé de le faire une fois tous les cinq ans, et la date d’achèvement  est fixée au 31 décembre de l’année de recensement.