Perdre
du poids à la chinoise
INESA
PLESKACHEUSKAYA

Le phénomène
de l’obésité et du surpoids a commencé à faire son apparition en
Chine, mais on y trouve aussi une méthode d’amaigrissement dont
le succès est éprouvé.
Il y a vingt ans, les chances de voir une personne
ayant du surpoids dans les rues de la Chine étaient à peu près nulles.
Le travail physique astreignant et le rationnement faisaient partie
des facteurs principaux causant cette situation. Aujourd’hui, un
habitant de Beijing sur cinq est obèse. Pourquoi? Les spécialistes
blâment la modernisation et les changements de modes de vie qui
en ont découlé.
Avec cette information en tête, j’ai visité le
célèbre hôpital d’amaigrissement Aimin de Tianjin, afin de constater
de moi-même ses réalisations impressionnantes et de découvrir comment
on a pu y réussir des tours de force. L’hôpital a mérité une inscription
au Livre Guinness des records du monde en 2000, alors qu’il
a aidé Meng Qinggang de Harbin à perdre 80 kg en 100 jours
−la perte de poids la plus rapide et la plus importante jamais
enregistrée. En une année de traitement, Meng a perdu 160 kg.
La perte de poids et ses secrets
À
mon arrivée à l’hôpital Aimin, j’ai été étonnée par la jeunesse
des patients. Le docteur Su Zhuxin, mon guide vers les secrets de
l’amaigrissement, m’a confirmé que, règle générale, les patients
de l’hôpital ont de 12 à 25 ans, et qu’en Chine, ce sont surtout
les jeunes qui souffrent d’obésité. Selon les statistiques, près
du tiers des enfants de moins de 15 ans en Chine sont obèses.
Les experts mentionnent la politique de planning familial, basée
sur une proportion démographique de six adultes pour un enfant,
comme l’une des causes de cette situation, et le changement de mode
de vie comme l’autre facteur principal.
L’hôpital Aimin traite plusieurs milliers de patients
chaque année. Certains, comme Yao Wen, reviennent. Yao Wen est originaire
de la province du Jilin. Il a 20 ans et étudie en droit. « La première fois que je suis venu ici,
j’ai perdu 100 kg en un an, dit Yao, mais je suis retourné
à la maison et j’ai repris ma vie normale : manger beaucoup
et bouger peu. Je reprends toujours du poids. Maintenant, je suis
bien déterminé à changer, parce que ma petite amie dit qu’elle aimerait
bien que je perde un peu de poids. »
Le plan d’amaigrissement de l’hôpital Aimin n’est
pas bon marché : le premier mois de traitement coûte 6 000
yuans et les mois suivants : 5 000 yuans. Mais ces prix
élevés n’empêchent pas les patients d’y affluer, car ses méthodes
ont prouvé leur efficacité.
Voici l’horaire quotidien des patients de l’hôpital :
réveil à 6 h; 20 à 30 minutes d’exercices, puis pesée. Selon
le docteur Su, c’est le moment le plus excitant de la journée. Tout
en faisant la queue pour se faire peser, les jeunes discutent entre
eux de façon animée, comparant leurs progrès et leurs notes. Puis
c’est le moment du petit déjeuner, suivi d’une session d’acupuncture.
L’acupuncture
est une méthode de médecine traditionnelle chinoise (MTC) à laquelle
on a recours pour le traitement de diverses maladies, dont l’insomnie
et le tabagisme. Pour les scientifiques de la médecine moderne,
les fonctions de base de cette méthode recèlent encore beaucoup
de mystères. Les acupuncteurs chinois l’expliquent ainsi :
les aiguilles, qui sont introduites dans des points déterminés des
méridiens le long desquels circule l’énergie vitale, le qi,
bloquent ou stimulent sa circulation. À l’hôpital Aimin, l’acupuncture
appliquée à certains points de l’oreille externe émousse l’appétit
du patient. Cependant, dans le cas où le patient a vraiment trop
de surpoids, l’acupuncture dans le pavillon de l’oreille ne suffit
pas. Afin de stimuler les organes internes, améliorer la digestion
et brûler les calories plus rapidement, on applique des aiguilles
à des points situés partout sur le corps.
Après le traitement d’acupuncture, le patient
fait 90 minutes d’exercices physiques : aérobic et danse,
course, volley-ball, basket-ball, badminton et natation. Selon le
docteur Su, toute activité physique est bénéfique, mais il faut
éviter les excès, car si l’on va au-delà de ses forces, cela peut
nuire au cœur.
Après l’exercice physique, c’est l’heure du déjeuner.
C’est à ce moment-là que je suis arrivée à l’hôpital. Je m’attendais
à y voir des bouillies insipides, des légumes trop cuits et pas
un morceau de viande. J’ai été particulièrement étonnée lorsqu’on
m’a servi une énorme portion de riz (en bouillie, mais pas comme
je m’y attendais), des légumes croquants, et... surprise des surprises,
du ragoût de bœuf avec des pommes de terre (très succulentes). Tous
les jeunes à la diète que j’ai pu voir ont mangé à satiété, et il
ne semblait y avoir aucune limite à la quantité qu’ils pouvaient
manger. Certains ont même demandé une deuxième portion.
Constatant ma surprise, le docteur Su m’a expliqué :
« Les patients mangent ainsi seulement une fois par jour. Au
petit déjeuner et au dîner, ils ne mangent que des fruits. On ne
recommande pas d’apporter des boissons gazeuses ou de la nourriture
dans les chambres, mais on ne l’interdit pas non plus.
Après le déjeuner, il y a une heure de sieste.
Les patients peuvent faire ce que bon leur semble − dormir,
lire ou faire de petits travaux comme la lessive. Étant donné que
les gens séjournent à l’hôpital pendant des mois, un jour ou l’autre,
ils ont des tâches à accomplir.
Après la sieste, vient encore une période d’exercices
physiques, suivie du dîner et d’exercices jusqu’à la fin de la journée.
Les patients se couchent vers 22 h ». Le docteur Su croit
qu’une personne en santé a besoin de six ou sept heures de sommeil
par jour tout au plus.
L’importance de la MTC
Une série de comprimés, mise au point par les
médecins d’Aimin selon les ordonnances de la médecine traditionnelle
chinoise, complète ce régime de vie bien réglé et bien observé.
Chaque patient a sa série de comprimés individualisés, selon les
besoins particuliers de son organisme.
Et le docteur Su d’expliquer : « Lorsque
je rencontre un patient pour la première fois, je lui pose une foule
de questions sur les maladies qu’il ou qu’elle a contractées durant
son enfance, son régime de vie quotidien, le type de nourriture
qu’il ou qu’elle aime, ses loisirs préférés, le poids de ses parents
et de ses grands-parents. Il est également important d’avoir des
informations sur le cycle menstruel des femmes, car cela influence
le processus d’amaigrissement. Je passe quelques heures à poser
ces questions, car le moindre détail peut faire toute la différence
lors du traitement. »
J’ai parlé avec un jeune homme du nom de Zhou
Jizhou, originaire de Datong, province du Shanxi. Avec ses 196 cm,
il se qualifierait facilement comme basketteur étoile, mais Zhou
n’a jamais pratiqué aucun sport, car il a toujours préféré passer
son temps à manger. C’est ainsi qu’à 19 ans, il pèse 171 kg.
C’est 10 kg de moins que lorsqu’il est arrivé à l’hôpital,
il y a deux semaines. L’objectif de Zhou est de perdre 60 kg
en trois mois. C’est sa mère qui l’a envoyé à l’hôpital et qui paie
la note.
Selon le docteur Su, l’objectif de Zhou Jizhou est atteignable,
car perdre du poids à l’hôpital n’est pas trop difficile et le processus
est bien rodé. La chose la plus difficile est de rester loin de
l’hôpital. « Beaucoup de nos patients nous quittent minces,
mais ils reprennent leurs anciennes habitudes et leur style de vie
indolent. », déclare-t-il. Mais que doivent-ils faire pour
rester minces et ne pas redevenir un patient de l’hôpital Aimin?
« Mon conseil est très simple, dit le docteur Su, juste du
gros bon sens et un peu plus. Faire davantage d’exercices et mettre
fin à ses mauvaises habitudes de manger des aliments gras. Il faut
plutôt opter pour des aliments à haute teneur en protéines et peu
caloriques. La régularité est également très importante. Le petit
déjeuner devrait toujours se prendre entre 6 h et 8 h,
le déjeuner entre midi et 13 h et le dîner entre 17 h
et 19 h. »
Les méthodes de l’hôpital Aimin se sont avérées
très efficaces. Il y a maintenant 22 hôpitaux semblables en
Chine, et on en ouvre dans d’autres régions d’Asie et d’Europe.
INESA PLESKACHEUSKAYA
est chef du bureau de Beijing de Belarus Today, le journal national
de la Biélorussie et de la chaîne National TV Ont.
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