Janvier 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Perdre du poids à la chinoise

INESA PLESKACHEUSKAYA

Le phénomène de l’obésité et du surpoids a commencé à faire son apparition en Chine, mais on y trouve aussi une méthode d’amaigrissement dont le succès est éprouvé.

Il y a vingt ans, les chances de voir une personne ayant du surpoids dans les rues de la Chine étaient à peu près nulles. Le travail physique astreignant et le rationnement faisaient partie des facteurs principaux causant cette situation. Aujourd’hui, un habitant de Beijing sur cinq est obèse. Pourquoi? Les spécialistes blâment la modernisation et les changements de modes de vie qui en ont découlé.

Avec cette information en tête, j’ai visité le célèbre hôpital d’amaigrissement Aimin de Tianjin, afin de constater de moi-même ses réalisations impressionnantes et de découvrir comment on a pu y réussir des tours de force. L’hôpital a mérité une inscription au Livre Guinness des records du monde en 2000, alors qu’il a aidé Meng Qinggang de Harbin à perdre 80 kg en 100 jours −la perte de poids la plus rapide et la plus importante jamais enregistrée. En une année de traitement, Meng a perdu 160 kg.

La perte de poids et ses secrets

À mon arrivée à l’hôpital Aimin, j’ai été étonnée par la jeunesse des patients. Le docteur Su Zhuxin, mon guide vers les secrets de l’amaigrissement, m’a confirmé que, règle générale, les patients de l’hôpital ont de 12 à 25 ans, et qu’en Chine, ce sont surtout les jeunes qui souffrent d’obésité. Selon les statistiques, près du tiers des enfants de moins de 15 ans en Chine sont obèses. Les experts mentionnent la politique de planning familial, basée sur une proportion démographique de six adultes pour un enfant, comme l’une des causes de cette situation, et le changement de mode de vie comme l’autre facteur principal.

L’hôpital Aimin traite plusieurs milliers de patients chaque année. Certains, comme Yao Wen, reviennent. Yao Wen est originaire de la province du Jilin. Il a 20 ans et étudie en droit. « La première fois que je suis venu ici, j’ai perdu 100 kg en un an, dit Yao, mais je suis retourné à la maison et j’ai repris ma vie normale : manger beaucoup et bouger peu. Je reprends toujours du poids. Maintenant, je suis bien déterminé à changer, parce que ma petite amie dit qu’elle aimerait bien que je perde un peu de poids. »

Le plan d’amaigrissement de l’hôpital Aimin n’est pas bon marché : le premier mois de traitement coûte 6 000 yuans et les mois suivants : 5 000 yuans. Mais ces prix élevés n’empêchent pas les patients d’y affluer, car ses méthodes ont prouvé leur efficacité.

Voici l’horaire quotidien des patients de l’hôpital : réveil à 6 h; 20 à 30 minutes d’exercices, puis pesée. Selon le docteur Su, c’est le moment le plus excitant de la journée. Tout en faisant la queue pour se faire peser, les jeunes discutent entre eux de façon animée, comparant leurs progrès et leurs notes. Puis c’est le moment du petit déjeuner, suivi d’une session d’acupuncture.

L’acupuncture est une méthode de médecine traditionnelle chinoise (MTC) à laquelle on a recours pour le traitement de diverses maladies, dont l’insomnie et le tabagisme. Pour les scientifiques de la médecine moderne, les fonctions de base de cette méthode recèlent encore beaucoup de mystères. Les acupuncteurs chinois l’expliquent ainsi : les aiguilles, qui sont introduites dans des points déterminés des méridiens le long desquels circule l’énergie vitale, le qi, bloquent ou stimulent sa circulation. À l’hôpital Aimin, l’acupuncture appliquée à certains points de l’oreille externe émousse l’appétit du patient. Cependant, dans le cas où le patient a vraiment trop de surpoids, l’acupuncture dans le pavillon de l’oreille ne suffit pas. Afin de stimuler les organes internes, améliorer la digestion et brûler les calories plus rapidement, on applique des aiguilles à des points situés partout sur le corps.

Après le traitement d’acupuncture, le patient fait 90 minutes d’exercices physiques : aérobic et danse, course, volley-ball, basket-ball, badminton et natation. Selon le docteur Su, toute activité physique est bénéfique, mais il faut éviter les excès, car si l’on va au-delà de ses forces, cela peut nuire au cœur.

Après l’exercice physique, c’est l’heure du déjeuner. C’est à ce moment-là que je suis arrivée à l’hôpital. Je m’attendais à y voir des bouillies insipides, des légumes trop cuits et pas un morceau de viande. J’ai été particulièrement étonnée lorsqu’on m’a servi une énorme portion de riz (en bouillie, mais pas comme je m’y attendais), des légumes croquants, et... surprise des surprises, du ragoût de bœuf avec des pommes de terre (très succulentes). Tous les jeunes à la diète que j’ai pu voir ont mangé à satiété, et il ne semblait y avoir aucune limite à la quantité qu’ils pouvaient manger. Certains ont même demandé une deuxième portion.

Constatant ma surprise, le docteur Su m’a expliqué : « Les patients mangent ainsi seulement une fois par jour. Au petit déjeuner et au dîner, ils ne mangent que des fruits. On ne recommande pas d’apporter des boissons gazeuses ou de la nourriture dans les chambres, mais on ne l’interdit pas non plus.

Après le déjeuner, il y a une heure de sieste. Les patients peuvent faire ce que bon leur semble − dormir, lire ou faire de petits travaux comme la lessive. Étant donné que les gens séjournent à l’hôpital pendant des mois, un jour ou l’autre, ils ont des tâches à accomplir.

Après la sieste, vient encore une période d’exercices physiques, suivie du dîner et d’exercices jusqu’à la fin de la journée. Les patients se couchent vers 22 h ». Le docteur Su croit qu’une personne en santé a besoin de six ou sept heures de sommeil par jour tout au plus.

L’importance de la MTC

Une série de comprimés, mise au point par les médecins d’Aimin selon les ordonnances de la médecine traditionnelle chinoise, complète ce régime de vie bien réglé et bien observé. Chaque patient a sa série de comprimés individualisés, selon les besoins particuliers de son organisme.

Et le docteur Su d’expliquer : « Lorsque je rencontre un patient pour la première fois, je lui pose une foule de questions sur les maladies qu’il ou qu’elle a contractées durant son enfance, son régime de vie quotidien, le type de nourriture qu’il ou qu’elle aime, ses loisirs préférés, le poids de ses parents et de ses grands-parents. Il est également important d’avoir des informations sur le cycle menstruel des femmes, car cela influence le processus d’amaigrissement. Je passe quelques heures à poser ces questions, car le moindre détail peut faire toute la différence lors du traitement. »

J’ai parlé avec un jeune homme du nom de Zhou Jizhou, originaire de Datong, province du Shanxi. Avec ses 196 cm, il se qualifierait facilement comme basketteur étoile, mais Zhou n’a jamais pratiqué aucun sport, car il a toujours préféré passer son temps à manger. C’est ainsi qu’à 19 ans, il pèse 171 kg. C’est 10 kg de moins que lorsqu’il est arrivé à l’hôpital, il y a deux semaines. L’objectif de Zhou est de perdre 60 kg en trois mois. C’est sa mère qui l’a envoyé à l’hôpital et qui paie la note.

Selon le docteur Su, l’objectif de Zhou Jizhou est atteignable, car perdre du poids à l’hôpital n’est pas trop difficile et le processus est bien rodé. La chose la plus difficile est de rester loin de l’hôpital. « Beaucoup de nos patients nous quittent minces, mais ils reprennent leurs anciennes habitudes et leur style de vie indolent. », déclare-t-il. Mais que doivent-ils faire pour rester minces et ne pas redevenir un patient de l’hôpital Aimin? « Mon conseil est très simple, dit le docteur Su, juste du gros bon sens et un peu plus.  Faire davantage d’exercices et mettre fin à ses mauvaises habitudes de manger des aliments gras. Il faut plutôt opter pour des aliments à haute teneur en protéines et peu caloriques. La régularité est également très importante. Le petit déjeuner devrait toujours se prendre entre 6 h et 8 h, le déjeuner entre midi et 13 h et le dîner entre 17 h et 19 h. »

Les méthodes de l’hôpital Aimin se sont avérées très efficaces. Il y a maintenant 22 hôpitaux semblables en Chine, et on en ouvre dans d’autres régions d’Asie et d’Europe.

INESA PLESKACHEUSKAYA est chef du bureau de Beijing de Belarus Today, le journal national de la Biélorussie et de la chaîne National TV Ont.