La
«carte verte » de Chine, un document convoité?
ZHANG
HUA
La Chine a commencé
à délivrer des cartes vertes, mais il ne suffit pas de l’espérer
pour la détenir…


Depuis dix ans, Louise Cadieux vit hors du Canada,
son pays d’origine, où vit encore sa mère. Bien évidemment, pour
elle, il est important de rester en contact étroit avec sa mère
et de pouvoir se rendre rapidement la voir si nécessaire. Dans
les locaux de la section française de notre revue, où elle travaille
depuis 1998, elle nous a révélé : « Actuellement, je
détiens un permis de résidence pour étrangers en Chine et un visa
de travail qui doit être renouvelé une fois par année. Bien que,
jusqu’à maintenant, cette carte ne m’ait pas causé de problèmes
pour travailler, faire du tourisme et habiter en Chine, lorsque
je veux me rendre au Canada ou voyager hors de la Chine, il faut
remplir des formalités qui exigent du temps. Ce n’est pas très
pratique. » Par conséquent, lorsque Louise a eu vent de l’implantation
du système de la « carte verte », elle a déclaré y être
intéressée.
Bien sûr, pour Louise, demander une carte verte
de Chine, c’est aussi une affaire de sentiments : « avec
une carte verte, je me sentirais plus intégrée au pays où j’habite »,
déclare-t-elle.
Aujourd’hui, il y a de plus en plus d’étrangers
qui aiment la Chine et qui veulent y travailler. D’après certains
documents, il y avait plus de 100 000 habitants dans les grandes
villes comme Beijing, Shanghai et Guangzhou en 2004.
La mise en application de la carte verte
Les Méthodes de gestion et la ratification du
droit de résidence permanente des étrangers, promulguées le
15 août dernier par le ministère de la Sécurité publique et le
ministère des Affaires étrangères, ont attiré tout de suite l’attention
des étrangers résidants en Chine.
M.
Hao Chiyong, assistant du ministre de la Sécurité publique, souligne :
« À la suite de l’approfondissement de la mondialisation économique,
de la réforme et de l’ouverture de la Chine, ainsi que de l’amélioration
de l’économie de marché socialiste, la Chine a besoin de personnels
étrangers de calibre supérieur qui viennent faire du commerce
et investir en Chine ou travailler dans le domaine des sciences
et techniques ou de la culture. Parallèlement, certaines de ces
personnes expriment le désir de résider à long terme en Chine
pour se consacrer à leur profession et profiter d’un habitat qui
leur convient.
M. Liu Jiong, inspecteur général du secteur des
médicaments de la succursale de Shanghai de la société Luode est
un Chinois ayant la nationalité américaine. Selon lui, le système
de la carte verte de Chine, qui ressemble à celui pratiqué dans
le monde, revêt une portée importante. À l’heure actuelle, la
Chine fait face à une situation où les personnes compétentes se
déplacent vers l’extérieur ; dans ce contexte, la mise en
application de la carte verte permet de préparer le terrain pour
attirer les personnels qualifiés étrangers à venir en Chine.
D’après certains documents, en 2004, le volume
total du commerce extérieur a dépassé 1 000 milliards de dollars
US, ce qui place la Chine au deuxième rang après les États-Unis
pour ce qui concerne l’introduction des capitaux étrangers. Ce
chiffre montre que la Chine est en train de devenir un moteur
de croissance de l’économie mondiale. En Chine, le taux de croissance
de la fortune est plus rapide, et les occasions de s’enrichir,
plus nombreuses que dans les autres pays. Encouragée par cette
situation actuelle, la Chine a mis en application le système de
la carte verte. La promulgation des Méthodes de gestion
et de ratification du droit de résidence permanente des étrangers est
la réponse du gouvernement chinois pour s’adapter à la situation
de la mondialisation et standardiser la résidence permanente des
étrangers en Chine.
Selon l’explication de certains spécialistes, à l’heure actuelle,
dans le monde, le système de la carte verte existe seulement dans
cinq pays, dont les États-Unis, l’Australie, le Canada, mais sous
la pression de la circulation de la main-d’œuvre à l’échelle internationale,
la Grande Bretagne et l’Allemagne, qui persistaient toujours à
ne pas être des pays d’émigration, ont aussi délivré une carte
verte aux personnels étrangers ces trois dernières années. Délivrer
une carte verte aux étrangers n’est pas seulement un besoin des
échanges internationaux d’un pays, mais aussi la capacité d’un
État à montrer sa puissance.
Ding Xueliang, professeur adjoint de l’Université
des sciences et techniques de Hongkong, a affirmé que, depuis
les 25 ans de la réforme et de l’ouverture de la Chine, sauf les
personnes qui sont sorties de la Chine pour travailler ailleurs,
il y avait 600 000 personnes qui étaient allés étudier à l’étranger,
dont 450 000 étudient et travaillent encore à l’extérieur du pays.
Parmi eux, beaucoup ont obtenu le droit de résidence permanente
ou la carte verte du pays d’accueil. Si la Chine ne fournit pas
des conditions convenables permettant d’accepter la demande de
résidence permanente des étrangers, l’absorption des personnes
qualifiées restera moindre. En ce sens, la mise en application
du système de la carte verte est une bonne mesure.
Qui peut obtenir la carte verte ?
En vertu des Méthodes de gestion et la ratification
du droit de résidence permanente des étrangers, la personne
qui désire obtenir la carte verte de Chine doit avoir joué un
rôle important permettant d’encourager le progrès social, le développement
des sciences et techniques et de l’économie de Chine, avoir effectué
un investissement direct relativement important, apporter une
contribution importante à la Chine ou être une personne spéciale
et nécessaire pour l’État ; cette carte peut aussi être accordée
pour assurer la réunion entre époux, celle des mineurs avec leurs
parents (père et mère), le refuge des personnes âgées chez des
parents.
Mme Cadieux remplit les conditions d’une personne
ayant apporté une grande contribution à la Chine. Grâce à son
excellent travail, le gouvernement chinois lui a conféré le prix
de l’Amitié, le prix le plus élevé à être décerné aux experts
étrangers en Chine. Pour cette raison, elle a bonne confiance
d’obtenir une carte verte. Actuellement, la maison d’édition où
elle travaille procède aux démarches pour l’aider à présenter
cette demande. Selon ses dires, une fois la carte obtenue, sa
vie en sera facilitée. Bien sûr, le cas de Louise n’est pas un
cas isolé en Chine.
Laolunso est un Allemand qui habite à Beijing depuis onze ans et qui travaille
comme interprète principal pour une société transnationale. Il
aime la culture chinoise et songeait à obtenir le droit de résidence
permanente en Chine. Pour cette raison, il s’est rendu à la division
de l’administration de l’entrée-sortie des frontières pour les
étrangers du Bureau de la Sécurité publique de Beijing afin d’y
obtenir une consultation. Toutefois, le résultat l’a un peu déçu.
« D’après les informations reçues, obtenir
la carte verte est vraiment une chose difficile; je dois être
marié ou avoir été un professeur d’allemand dans une école supérieure
chinoise depuis 5 ans », dit-il. Pourtant, bien que Laolunso
ne puisse pas obtenir immédiatement une carte verte, la
stabilité économique et sociale peut favoriser le développement
de son poste, et en ce sens, il ne se sent pas trop déçu.
À ce propos, M. Cai Zikun, directeur de la
division de l’administration de l’entrée-sortie des frontières
pour les étrangers du Bureau de la Sécurité publique de Beijing, fournit
une explication : « Le seuil à franchir pour obtenir
la carte verte de Chine est élevé, ce qui ressemble à celui des
pays qui ne sont pas des pays d’émigration. Cette situation se
conforme avec la coutume internationale et la situation concrète
de la Chine ». Le professeur Xia Xueren, du département de
sociologie de l’université de Beijing, a exprimé pour sa part :
« La Chine ouvre déjà cette porte; désormais, elle pourra
fournir davantage de commodités et de possibilités de résidence
aux étrangers résidant en Chine. »
De quel œil les Chinois voient-ils la carte
verte ?
Il y a cinq ans, l’Italien Claudio et sa femme
ont ouvert une ferme de culture à Shilipu, près de l’aéroport
de la Capitale. Claudio a même invité un cuisinier italien à fonder
un restaurant sur la ferme. En outre, il a mis en place des installations
de loisirs et de gymnastique, ce qui encourage les diverses activités
d’agrotourisme comme la cueillette des fruits, la culture des
légumes, etc.
Il est un autre exemple du nombre grandissant d’étrangers
qui travaillent en Chine, et ce nombre n’ira sûrement pas en diminuant.
Le nombre des étrangers qui travaillaient à Shanghai en 2003 avait
augmenté de 28 % par rapport à 2002, et de janvier à août
de 2004, ce chiffre était passé à 38,6 % par rapport à la même
période de 2003.
Il est sûr que le système de la carte verte ouvre
une porte permettant de faciliter l’entrée de la main-d’œuvre
étrangère en Chine. Beaucoup de Chinois craignent que l’entrée
de nombreux étrangers ne vienne menacer les possibilités d’emploi
des Chinois. Est-ce vrai?
Le directeur de la division du marché de la main-d’oeuvre
du département de l’embauche et de la formation du ministère du
Travail et de l’Assurance sociale a révélé que, à la fin
de 2003, il y avait environ 90 000 étrangers occupant légitimement
un emploi. Ceux-ci étaient dispersés principalement dans les régions
côtières du Sud-Est et dans les grandes villes, comme Shanghai,
Beijing, Dalian, les provinces du Guangdong et du Jiangsu. Les
postes de travail recherchés par les étrangers ne concernent que
l’enseignement, la gestion et les sciences et techniques de haut
niveau. La gamme des emplois couvre tous les métiers.
M. Liu Zhenrong, inspecteur général des ressources
humaines internationales du groupe Langsheng, dit : « Au
moment de l’embauche, la société considère surtout deux aspects.
L’un touche l’expérience et les compétences personnelles, l’autre
l’adéquation entre la demande et les besoins de la société. Si
ces deux aspects s’harmonisent, que ce soit des Chinois ou des
étrangers, la société peut les accepter sans discrimination. Pour
nous, le plus important, c’est d’adopter la perspective de l’entreprise. »
Selon les explications fournies par le professeur Yao Yuqun
de l’Institut du travail et du service du personnel de l’Université
du peuple de Chine, dans le monde, il y a une norme officieuse
en matière d’embauche : n’importe quel pays qui emploie une
personne étrangère peut, en général, offrir des politiques préférentielles
à l’expert ou au personnel qualifié très demandé. Mais le pays
doit garder toujours une attitude prudente à l’égard des étrangers
qui cherchent un métier dans lequel se rassemble beaucoup de main-d’oeuvre
locale. En général, on considère d’abord l’intérêt des travailleurs
locaux, car on ne peut ouvrir entièrement le marché de l’emploi
aux étrangers.
Maintenant, le gouvernement chinois commence à
prêter attention à l’embauche des étrangers et à l’influence que
ces étrangers exercent en Chine.
Mme Gao Lin révèle pour sa part : « Notre
travail est d’assurer l’emploi des Chinois et de résoudre le problème
de leur embauche. Nous encourageons l’introduction des étrangers
dans des postes de travail que les Chinois peuvent difficilement
combler, comme les techniques de pointe et la gestion, postes
dont notre pays a besoin, mais bien sûr, nous n’encourageons pas
l’embauche de travailleurs étrangers courants.
En tant que pays ouvert sur l’extérieur, le personnel
qualifié étranger venant en Chine peut apporter une expérience
utile à notre pays.»
À la suite de l’installation de filiales de sociétés
étrangères en Chine, des experts et des spécialistes des techniques
de pointe ont aussi fait leur apparition dans notre pays. Ils
nous apportent non seulement leurs expériences avancées en la
matière, mais ils font également mieux connaître la Chine dans
les pays étrangers, ce qui favorise le développement du marché
et son exploitation, influence les activités sociales, la conception
culturelle et les coutumes chinoises et approfondit la réforme
et l’ouverture du pays.
Document
Qualifications exigées pour faire une
demande d’une carte verte de Chine
Les Méthodes de la gestion et la ratification
du droit de résidence permanente des étrangers énonce :
Avoir investi directement en Chine et avoir
une situation d’investissement stable et une bonne notification
pour la contribution pendant trois ans d'affilée;
Détenir un titre supérieur tel que vice-directeur
général, professeur adjoint ou une qualification professionnelle
depuis quatre ans (avoir totalisé plus de 3 ans de séjour
en Chine) et une bonne note pour la contribution.
Avoir fait une contribution exceptionnelle
en Chine, pour ce genre de personnes, la carte est aussi
délivrée au conjoint (e) et aux enfants de moins de 18 ans ;
Obtiennent la qualification de résidence
permanente chinoise les conjoints (es) étrangers (ères)
des Chinois, les conjoints des étrangers qui sont mariés
depuis au
moins cinq ans et qui ont séjourné en Chine
depuis cinq ans (9 mois par an au moins en Chine, et y avoir
une habitation stable et une vie assurée) ;
Une personne âgée de plus de 60 ans, sans
parent direct à l’extérieur de la Chine, qui est venue en
Chine chercher refuge chez des parents directs, qui y habite
déjà depuis cinq ans révolus (9 mois par an au moins en
Chine, et y avoir une habitation stable et une vie assurée).
Processus de demande de la carte verte
de Chine
D’abord, il faut se rendre au service de
l’entrée-sortie des frontières du Bureau de la Sécurité
publique de Beijing pour demander une consultation et préparer
ensuite les documents nécessaires qui seront présentés avec
le formulaire rempli. Six mois plus tard, la décision est
rendue par le Bureau de la Sécurité publique de Beijing
qui confirme l’acceptation ou le rejet de la demande.
Adresse du Service de l’entrée-sortie des
frontières du Bureau de la Sécurité publique de Beijing
2, rue Andingmenwai, arrondissement Dongcheng,
Beijing
Tél. pour consultations : 8402-0101
Heures de service : 8h30-16h30
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