Janvier 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Les Dong

Village dong. « Le banquet qui barre la route », la façon des Dong d’accueillir les visiteurs. Femmes dong de Congjiang du Guizhou.

Les Dong, qui comptent 2,5 millions de personnes, habitent des villages nichés dans des collines qui parsèment une vaste étendue du territoire s’étendant aux frontières de deux provinces et d’une région autonome : le Hunan, le Guizhou et la région autonome zhuang du Guangxi.

Située à pas plus de 300 km au nord du tropique du Cancer, la région peuplée par les Dong jouit d’un climat doux et de précipitations annuelles qui atteignent quelque 1 200 mm. Les Dong cultivent d’énormes arbres qu’ils abattent et envoient dans les marchés comme bois de construction. Ils cultivent aussi les camélias, les théiers et les arbres à laque. Le sapin est l’arbre préféré des gens de cette ethnie, et ils le cultivent à grande échelle. Lorsqu’un enfant naît, les parents plantent une jeune pousse de sapin pour leur bébé. Lorsque l’enfant atteindra 18 ans et se mariera, les sapins qui auront grandi aussi seront abattus et utilisés pour construire la maison des jeunes mariés. C’est pour cette raison qu’on appelle les sapins les « arbres de 18 ans ». Avec l’introduction des méthodes scientifiques de culture, un jeune sapin peut maintenant atteindre la maturité en huit ou dix ans, mais l’expression est toujours en usage chez les Dong.

La culture est également une autre activité des Dong. Ils cultivent le riz, le blé, le millet, le maïs et la patate. Les cultures les plus rentables sont le coton, le tabac, le colza et la fève de soja.

N’ayant pas eu d’écriture avant 1949, beaucoup de Dong ont appris à lire et à écrire le chinois. En 1958, des philologues envoyés par le gouvernement central ont aidé à élaborer une langue écrite dong sur la base de l’alphabet latin.

Histoire

Au temps des dynasties des Qin et des Han (221 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), plusieurs tribus vivaient dans ce qui est aujourd’hui le Guangdong et la région autonome zhuang du Guangxi. Les Dong, descendants de l’une de ces tribus, vivaient dans une société esclavagiste. Durant les Tang (618-907), la société esclavagiste a peu à peu cédé la place à une société féodale. L’agriculture s’est développée rapidement sous les Qing (1644-1911) dans les régions des Dong situées dans le sud-est du Guizhou et le sud-ouest du Hunan. La production du riz s’est améliorée avec l’amélioration des installations d’irrigation. Des artisans ont fait leur apparition dans les villes dong. Les marchés et les affaires ont commencé à prospérer. Dans la période qui a suivi la guerre de l’Opium de 1840-1842, les Dong ont souffert davantage de la pauvreté, car ils étaient exploités par les impérialistes, les officiels des Qing, les usuriers et les seigneurs terriens. Après la fondation du Parti communiste en 1921, les Dong ont commencé à lutter pour leur émancipation. Ils ont souvent servi de guides pour l’armée rouge chinoise et ils lui ont fourni des céréales durant la Longue Marche. En 1949, des unités de guérillas organisées par les Dong, les Miao, les Han, les Zhuang et les Yao ont combattu avec l’Armée de libération pour libérer Longsheng. En 1951, on a fondé le district autonome dong, zhuang, miao et yao de Longsheng. Cette fondation a été suivie par la mise en place du district autonome dong de Sanjiang du Guangxi, du district autonome dong de Tongdao du Hunan, du département autonome miao-dong du sud-est du Guizhou et du district autonome dong de Xinhuang au Hunan. Maintenant, beaucoup de Dong assument des fonctions gouvernementales. Également, les Dong possèdent des industries de fertilisants, de ciment et des papeteries.

Us et coutumes

Habitation. Les Dong vivent dans des villages qui regroupent quelque 20 à 30 maisons bâties près des cours d’eau. Il y a également de gros villages de 700 ménages. Les maisons, bâties en bois de sapin, ont habituellement deux étages. Celles qui se dressent sur des versants abrupts ou près des cours d’eau sont habituellement bâties sur pilotis; les gens vivent aux étages supérieurs et le rez-de-chaussée est réservé aux animaux domestiques et au bois de chauffage. Autrefois, les riches paysans et les seigneurs habitaient dans de grosses maisons avec des poutres sculptées et des colonnes peintes. Dans la plupart des villages, les sentiers sont pavés de graviers, et on retrouve des étangs. La présence d’une tour du tambour est une caractéristique des villages dong. Les rencontres et les célébrations s’y tiennent devant, et les Dong s’y réunissent pour danser et célébrer le Nouvel An. La tour du tambour du village Gaozhen de la province du Guizhou est particulièrement élaborée. Elle a 13 étages et elle est décorée de motifs de dragons, de phénix, de fleurs et d’oiseaux.

L’architecture folklorique liée à la construction des ponts est également spectaculaire. On utilise le bois, les arches en pierre, des dalles de pierre et du bambou pour construire les ponts. Les ponts couverts, que les Dong ont surnommés pont « Fengyu qiao » (vent et pluie), sont renommés pour leur style architectural unique. Le pont « Fengyu » de Sanjiang a 165 mètres de long, 10 mètres de large et s’élève de 10 à 20 mètres au-dessus de l’eau. Les tuiles du toit sont gravées de motifs de fleurs, et sur les côtés, on trouve cinq constructions ressemblant à des pagodes et à des pavillons à plusieurs étages joliment décorés de sculptures. Il dispose d’un passage piétonnier avec des rampes, et des bancs sont disposés pour que les gens puissent s’asseoir et profiter du beau panorama des environs.

Alimentation. Le régime alimentaire des Dong comprend surtout du riz. Dans les régions montagneuses, on mange le riz glutineux avec des piments et des légumes marinés.

Habillement. On utilise habituellement du matériel tissé à la maison pour confectionner les costumes traditionnels, des tissus plus raffinés et de la soie pour la décoration ou pour la confection des costumes portés lors des fêtes. Le matériel tissé à la machine et teint en noir et violet ou bleu est de plus en plus populaire.

Les hommes portent habituellement une veste courte boutonnée sur le devant. Dans les régions montagneuses du Sud, ils portent des vestes sans col et des turbans. Les femmes portent la jupe ou le pantalon ornés de magnifiques broderies à l’ourlet. Les femmes enveloppent leurs jambes et leurs têtes de foulards, et elles portent les cheveux en chignon.

Folklore et fêtes. Beaucoup de légendes et de poèmes populaires, couvrant une large gamme de thèmes, ont été transmis de génération en génération. Les airs sont très enlevants, alors que les paroles sont subtiles, indirectes et profondes. Le chant et la danse sont deux aspects importants de la vie des Dong. Les adultes enseignent les chants traditionnels aux enfants, et les jeunes hommes les chantent. Les Dong célèbrent beaucoup de fêtes : fête du Printemps, fête de la Vénération du bœuf, fête de la Nouvelle Récolte, fête de la Pure Clarté et fête des Barques-dragons.

Mariage. Avant 1949, la famille patriarcale féodale était l’unité sociale de base. Les femmes occupaient le rang social le plus bas et on leur interdisait de toucher les objets sacrificiels. Les filles vivaient séparément aux étages supérieurs et on ne permettait pas aux hommes de leur rendre visite. Après le mariage, les femmes obtenaient une petite parcelle de la « terre pour les femmes » qu’elles cultivaient à titre privé. La monogamie a toujours été pratiquée. Les couples sans enfant avaient la permission d’adopter des fils, et seuls les hommes pouvaient hériter de la propriété familiale. La jeune mariée continuait de vivre avec ses parents. Elle se rendait dans la maison de son mari seulement aux jours de fête et lors d’occasions spéciales. Elle vivait en permanence avec son mari seulement après la naissance du premier enfant.

Funérailles. Les rituels funéraires des Dong sont semblables à ceux des Han, mais à Congjiang, la personne décédée est placée dans un cercueil qui est mis à l’extérieur sans être enterré. Avant 1949, les cérémonies funéraires étaient très élaborées, mais elles ont été beaucoup simplifiées depuis. Les Dong croient au culte des ancêtres et vénèrent de nombreux dieux et esprits. Ils ont beaucoup de respect pour une « sainte mère » à laquelle ils érigent des autels et des temples dans les villages.