08/2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

III. Moine et… guide touristique

 
 

Rénovation du toit de la salle des stupas du IXe dalaï-lama.

En 1984, Nima Ciren, alors âgé de 17 ans, a obtenu son diplôme d’une école primaire rurale du district de Lhünzhub. Pendant ses vacances d’été, il est allé en pèlerinage au monastère Jokhang. Ce voyage a changé sa vie. Au Jokhang, l’explication que lui a donnée un moine sur les soutras bouddhiques a touché sa conscience. Il a donc décidé de devenir un moine érudit à l’esprit noble.

Ses parents ont été fort satisfaits de sa décision. C’est que Nima Ciren est l’aîné de la famille et que selon la tradition des Tibétains, si une famille a quelques garçons, les parents espèrent que l’un d’entre eux se fasse moine.

Nima Ciren est moine depuis presque 20 ans. Il est le directeur adjoint du Comité d’administration du monastère Jokhang et le directeur du Bureau des affaires étrangères. En plus, il est également membre de la Fédération nationale de la jeunesse de Chine, délégué à l’Assemblée populaire nationale de la région autonome du Tibet, conseiller permanent de la division du Tibet de l’Association des bouddhistes de Chine, vice-président de la Fédération de la jeunesse du Tibet, membre de l’Association des photographes des us et coutumes traditionnelles de Chine, etc.

Mais on connaît Nima Ciren non pas surtout parce qu’il a une série de titres, mais parce qu’il sait parler couramment l’anglais, langue qu’il a apprise pour recevoir les touristes étrangers. Après l’ouverture du Tibet, dans les années 1980, de plus en plus de touristes chinois et étrangers sont venus visiter le monastère Jokhang. En 1986, ce monastère a envoyé Nima Ciren apprendre l’anglais. « En fait, il n’y a pas que moi, quatre autres moines de notre bureau savent parler l’anglais », dit-il.

En 1989 et 1990, Nima Ciren a étudié à la faculté de langue tibétaine de l’Institut supérieur du bouddhisme de Chine à Beijing, et il y a obtenu un diplôme. « C’est l’expérience d’études la plus précieuse de ma vie », déclare-t-il. À cet institut, il y a de très bons professeurs et un très bon environnement d’étude. À ce moment-là, je me suis beaucoup perfectionné en connaissances bouddhiques. »

Les moines du monastère Jokhang touchent un salaire moyen de plus de 500 yuans. Leur niveau de vie est assez faible. Mais lorsque des touristes versent un pourboire à Nima Ciren, celui-ci leur dit toujours : « Veuillez faire un don pour l’entretien du monastère, vous accomplirez ainsi une action encore plus charitable. » À l’exception des 50 yuans en frais de nourriture, Nima Ciren n’a pas d’autres dépenses. « Sauf si je vois un livre intéressant, mais cher, dans la librairie, je trouve rarement que je suis à court d’argent », dit-il en souriant.

Ce dernier aime lire, et dans son dortoir, il a beaucoup de livres. Il possède un ordinateur et cherche souvent dans Internet les documents dont il a besoin. La photographie est son violon d’Ingres. Ses photos de paysage du monastère Jokhang, de pèlerinage et de fêtes religieuses sont appréciées par les professionnels.

D’après ses dires, son horaire est régulier : chaque jour, il se lève à 6 h. Après avoir fait sa toilette et nettoyé le dortoir, il étudie pendant une demi-heure. Le jour, trois moines de son bureau et lui s’occupent de la vente des tickets et de l’accueil des touristes. De 19 h à 20 h, tous les moines du monastère étudient en commun. Puis, Nima lit toute la soirée. Il se couche à minuit. Avant de dormir, il fait un bon examen de conscience sur son comportement de la journée, se prosterne plus de dix fois, vénère la divinité et prie.

Ses occupations quotidiennes fort nombreuses exercent-elles une influence négative sur sa pratique religieuse? « Il faut voir cela à partir de deux angles : d’une part, les œuvres sur le bouddhisme sont nombreuses et il faut en effet consacrer beaucoup de temps à l’étude, mais d’autre part, on peut aussi faire des progrès si l’on a une volonté inébranlable et la ferme décision d’éliminer l’influence extérieure ».

Nima croit toujours qu’il a pris la bonne décision pour sa vie. Certaines personnes ne comprennent pas ceux qui se font moines. D’après elles, ces derniers sont décrochés de la réalité. Mais selon lui, la religion ne renie pas la réalité. « Bien faire ce qu’on doit faire, c’est élever son niveau de conscience religieuse; peut-être ne puis-je pas obtenir des résultats aussi notoires que ceux de mes prédécesseurs, mais mon travail revêt une grande signification. Il faut que je fasse connaître le Tibet et la théorie bouddhique à plus de gens. Telle est la contribution que je dois apporter à l’humanité » déclare Nima.