08/ 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

II. Au Tibet, la religion est dans l’air

FENG JING

 
  La fumée du brûle-parfum devant le monastère Jokhang. Cérémonie religieuse au monastère Tashilhunpo.

UNE Tibétaine septuagénaire se tient devant la porte du Jokhang à Lhasa, en compagnie d’un garçonnet de six ans. Elle dépose quelques feuilles d’un arbre appelé « weisang » dans un brûle-parfum gigantesque. Dans la fumée qui s’en dégage, elle commence à prier, les mains jointes et les yeux fermés, et l’enfant fait comme sa grand-mère.

Chaque personne baigne dans une forte ambiance religieuse lorsqu’elle arrive au Tibet. La fumée de weicang qui émane des grands comme des petits monastères ne se dissipe jamais; les bannières religieuses multicolores flottent au vent et les fidèles, vêtus de costumes aux couleurs vivantes, marchent en tournant leur moulin à prière. Ces scènes sont courantes.

Le Tibet compte 2,7 millions d’habitants, dont 92 % sont des Tibétains. La plupart d’entre eux sont des fidèles du bouddhisme tibétain. Actuellement, le Tibet possède 1 700 monastères ou sites religieux qui abritent 46 000 moines. Comme dans toute la Chine, la liberté de croyance au bouddhisme tibétain est protégée par la loi.

Pour les fidèles tibétains, le monastère est un lieu sacré. Chaque jour, dans les monastères, les pèlerins sont omniprésents. Les monastères connus comme le Jokhang à Lhasa et le Tashilhunpo à Xigazê sont ceux qui en reçoivent le plus.

D’après un moine de ce dernier monastère, ces années-ci, le nombre de pèlerins n’a cessé d’augmenter, car le niveau de vie s’est élevé et les conditions de transport sont meilleures. C’est beaucoup plus facile d’y venir, même si l’on vient en pèlerinage d’une région très éloignée.

Au Tibet, pour visiter les monastères, les touristes doivent acheter des tickets et les prix varient selon les endroits; cependant, pour les pèlerins, tous les monastères sont ouverts gratuitement.

Les principales activités des pèlerins consistent à se prosterner devant la statue du Bouddha et à demander sa protection. Par la suite, ils ajoutent de l’huile dans les lampes qui brûlent sans cesse et font un don au monastère.

Dans les rues, sur les routes ou sur les sentiers de montagne, les dévots bouddhistes sont partout. Ils marchent, moulin à prières dans la main, et le tournent constamment en marmonnant des prières. Dans les monastères et sur les routes, ils pratiquent souvent la prosternation. Ils joignent d'abord les mains, les lèvent au-dessus de la tête et les redescendent devant la poitrine tout en priant. Puis, ils se couchent à plat ventre, en posant d’abord les genoux par terre et tout le corps par la suite; enfin, ils frappent doucement la terre de leur front. Ils répètent cette action sans cesse, soit sur place soit en marchant.

Au Tibet, les bannières bouddhiques multicolores flottent partout: dans la montagne, au bord du lac, dans les monastères, sur le toit des maisons, à proximité des tentes ou sur un vieil arbre. Tous les lieux que l’on considère comme sacrés sont ornés de bannières religieuses. Dans certains villages du district de Bainang, de nombreuses personnes ont hissé à la fois un drapeau national et une bannière religieuse près de leur demeure.

Cette bannière est formée de pièces de tissus multicolores. Certaines bannières sont imprimées d’écritures sanscrites et d’images d’animaux. De petites bannières sont fixées à une corde et sont suspendues de haut en bas. Les Tibétains croient que les bannières flottant dans le vent expriment leur respect du Ciel.

Au Tibet, en général, les familles riches aménagent une salle de pratique bouddhique, tandis que les familles plus pauvres accrochent des tableaux de Bouddha. Les fidèles, surtout les personnes âgées, prient chaque jour, alors que les jeunes trouvent aussi le temps de vénérer le Bouddha. Lors des jours fériés et de grandes fêtes familiales, certaines familles tibétaines invitent aussi des moines à venir psalmodier des prières et pratiquer des rites religieux.

Bien que la plupart des Tibétains croient au bouddhisme tibétain, un petit nombre n’y croient pas. Bianba Dunzhu, la quarantaine avancée, travaille dans une unité gouvernementale de Xigazê. Les membres de sa famille sont tous croyants, mais depuis son enfance, il est athée. « Je discute encore souvent de cette question avec mon père », dit-il. Bianba n’a jamais eu l’intention de dissuader son père de laisser tomber sa croyance, car ce n’est pas une bonne chose. Autrefois, son père a voulu le persuader de pratiquer le bouddhisme, mais il a abandonné cette idée, et il lui demande seulement, selon la théorie religieuse, de faire de bonnes choses.