AVRIL 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Le monastère Samye

ZUO SHOU

Le monastère Samye est l’un des endroits de prédilection des voyageurs qui se rendent dans la région tibétaine de Shannan. On dit même que son emplacement a quelque chose de magique, car les gens y restent bien souvent plus longtemps qu’ils ne l’avaient planifié.

Le monastère Samye se trouve dans la région de Shannan, canton de Samye, sur la rive nord du fleuve Yarlung Zangbo. Tout juste au pied du mont Hapori, il est entouré par de cours d’eau et à l’ombre de grands arbres.

Étant donné que sa fondation remonte à un plus d’un millénaire, c’est le monastère célèbre ayant la plus longue histoire parmi les sites et monuments historiques du Tibet. C’est aussi l’architecture la plus splendide de la dynastie des Tubo, et l’on y trouve une riche collection de documents sur l’histoire, la religion et l’architecture, des fresques et des sculptures. On peut dire que le monastère Samye est l’un des trésors culturels des Tibétains.

Le style architectural du monastère est ce qui attire le plus. Ce monastère grandiose est constitué par un ensemble complet de grands bâtiments.

La disposition du monastère a été planifiée selon la cosmologie bouddhique. Selon certains, il aurait été conçu sur le modèle du monastère Odantapura de l’Inde antique, alors que d’autres croient que sa forme architecturale ressemble à un mandala, figure symbolique du tantrisme bouddhique. Le grand palais principal, qui se trouve au milieu, symbolise le mont Meru de Sukhavati (paradis de la Terre pure), alors qu’aux quatre coins, on trouve quatre palais qui symbolisent quatre grands continents. Près de chaque palais, il y a encore deux palais moins grands qui symbolisent huit sous-continents. Des deux côtés du palais principal, il y a encore deux petits palais représentant le Soleil et la Lune. Aux quatre coins du palais principal, on trouve quatre stûpas, respectivement rouge, vert, noir et blanc, servant à réprimer tous les démons et à protéger des désastres. Autour sont plantés bon nombre de vajra (objet liturgique symbole de la puissance destructrice de l’éclair et de l’indestructibilité du diamant) formant 108 stûpas; sous chaque vajra, il y a une relique qui symbolise la puissance de Bouddha. En plus, il y a encore d’autres édifices : le palais de l’Immortel Défenseur, les quartiers d’habitation des bonzes, la salle des canons et l’entrepôt, etc. Le mur d’enceinte ovale symbolise le mont Rim ???. et il y a une porte dans chaque direction, bien que la porte orientale soit considérée comme la porte principale.

Le palais principal est construit sur trois étages : le premier est de style tibétain, le deuxième, de style han (chinois), et le troisième, de style indien. Les fresques et les statues de chaque étage ont leur propre style. Le classique tibétain Mkas-pavi-dgav-ston a apprécié Samye en ces termes : « Ce monastère est un édifice qui dépasse l’imagination et hors pair dans le monde. » Devant la porte du palais principal, une grande cloche est accrochée au toit du palais ; selon les dires, c’est la cloche la plus ancienne du Tibet. Sous cette cloche, un paire d’éléphants en jade montent la garde. Les croyants ont l’habitude de caresser ces éléphants avant d’entrer dans le palais pour effectuer leur pèlerinage.

On dit qu’à l’achèvement du monastère, le roi tibétain Trisung Detsen (755-797) aurait ordonné à sept jeunes de familles aristocratiques de se faire raser les cheveux pour se faire bonze au monastère. Le monastère Samye est devenu le premier monastère du bouddhisme tibétain à posséder les trois éléments principaux : Bouddha, dharma et sangha (communauté de moines). Pendant la dernière période de la dynastie des Tubo, le monastère a été mis à sac. Les soulèvements des gens du peuple se produisaient alors dans différents lieux du Tibet. Un groupe de soulèvement résidait auprès du monastère. Dès lors, ce groupe devint le chef de la localité, et parallèlement, maître du monastère. À partir du XIe siècle, le monastère Samye a été réservé aux rites bouddhiques de la lignée Nyingma.

À la sortie du monastère, on peut escalader le mont Hapori, situé juste en face; au nord-est, des édifices blancs se profilent : c’est Chimphu, un ensemble d’ermitages.

Document

Pendant la dynastie des Tubo au moment du règne de Songtsen Gampo (593-650), le bouddhisme était répandu au Tibet. En vue de renforcer la centralisation des pouvoirs de la dynastie des Tubo et de miner l’influence de la religion bon, religion traditionnelle du Tibet, le dernier ?(qui ?) soutenait le groupe des nobles conservateurs, et Songtsen Gampo avait accepté le bouddhisme. Il ordonna de construire deux temples et douze palais d’immortels, mais dans ces temples, il n’y avait que des statues de Bouddha, des soutras, mais pas de bonzes ni de rites religieux. En raison de l’obstruction faite par les nobles, qui étaient des fidèles de la religion bon, et de la puissance de cette religion, le bouddhisme n’a pu se propager réellement.

Selon le Récit des rois et des grands dignitaires du Tibet, le monastère a été construit en 767 et achevé en 771 ; selon le Mkas-pavi-dgav-ston, il aurait été construit en 763 et achevé en 774. Selon les Dix documents sur l’histoire du bouddhisme au Tibet  de Wang Sen, il aurait été construit en 779. Malgré ces différences, on peut affirmer que le monastère Samye a été construit vers le milieu du VIIIe siècle.