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Maison de l'ethnie bouyei. |
La majeure partie des 2,5 millions de Bouyei de Chine vivent dans
plusieurs districts autonomes bouyei-miao des préfectures
de Xingyi et d'Anshun et dans la préfecture autonome bouyei-miao
de Qiannan, dans la province du Guizhou. D'autres sont répartis
dans des districts de la préfecture autonome miao-dong de
Qiandongnan, ou encore près de Guiyang, la capitale du Guizhou.
La région des Bouyei se trouve sur le plateau Yunnan-Guizhou
qui sincline d'une altitude de 1 000 m au nord à 400
m au sud. Les monts Miaoling s'étendent à travers
le plateau, faisant partie de son paysage remarquable. Les célèbres
chutes Huangguoshu tombent en cascade de plus de 60 m près
de la grande route Yunnan-Guizhou dans le district autonome bouyei-biao
de Zhenning. Ce tonnerre d'eau peut être entendu à
plusieurs kilomètres de distance, et les brumes des chutes
contribuent à créer une vue magnifique.
Les Bouyei bénéficient dune terre fertile et
dun climat doux. La température annuelle moyenne est
de 16 °C, et lenvironnement essentiellement tropical,
recevant entre 100 et 140 cm de pluie par année, est idéal
pour lagriculture. Les récoltes locales comprennent
le riz, le blé, le maïs, le millet, le sorgho, le sarrasin,
la pomme de terre et les haricots. Les paysans produisent également
coton, ramie, tabac, canne à sucre, huile, thé et
huile de camélia. Vu que la vallée de la rivière
Rouge est tropicale et située à basse altitude, on
peut y faire deux récoltes de riz par an. La soie, le chanvre,
les pousses de bambou et les bananes complètent l'économie
locale, et du café et du cacao y ont également été
plantés récemment.
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Vêtement des femmes bouyei
au Guizhou. |
La vallée est également riche en arbres comprenant
divers types de bois de construction, tels que les pins et les sapins
de Chine. Les régions éloignées, celles de
la rivière et celles de la montagne fortement boisée
fournissent un habitat aux tigres, léopards, ours, cerfs
communs porte-musc, renards, faisans dorés et autres animaux.
Les herbes médicinales sont abondantes dans les bois, et
le secteur est également riche en ressources minérales,
telles que le charbon, le fer, le zinc, l'antimoine, le cuivre,
le pétrole, lamiante et le mercure.
La langue des Bouyei appartient à la branche zhuang-dai
du groupe zhuang-dong de la famille des langues sino-tibétaines.
Dans le passé, les Bouyei n'avaient pas de langue écrite
propre à eux; et ils employaient les caractères des
Han. Après 1949, le gouvernement a aidé à élaborer
un système d'écriture bouyei basé sur les lettres
latines.
Histoire
Les études sur la langue, les noms et la répartition
géographique des Bouyei indiquent qu'ils ont une souche commune
avec les Zhuang. Le peuple Yue dautrefois, qui était
largement réparti, était composé de groupes
ethniques tels que les Xiou et Louyue dans les provinces du Guangdong
et du Guizhou, et dans la région autonome zhuang du Guangxi.
La similitude entre les langues modernes zhuang et bouyei et lancienne
langue louyue est une forte indication de l'origine des Bouyei.
En outre, beaucoup d'us et coutumes des Yue prévalent toujours
parmi les Bouyei.
Pendant plusieurs siècles avant la dynastie des Tang (618-907
apr. J.-C.), les peuples zhuang et bouyei étaient tous les
deux désignés sous le nom de « barbares étrangers
», mais une longue séparation a, par la suite, mené
au développement de différents styles de vie et cultures.
Cest en lan 900 apr. J.-C., quils ont été
reconnus en tant que groupe ethnique distinct. Après le IIe
siècle av. J.-C., les contacts croissants entre les Bouyei
et les Han ont relancé l'ancienne productivité, et
des rapports économiques féodaux ont été
établis.
Pendant la dynastie des Tang, la cour impériale centrale
avait établi, dans la région des Bouyei, un système
administratif sous lequel les seigneurs féodaux locaux étaient
nommés gouverneurs préfectoraux, et la terre devenait
leur propriété héréditaire. Le système
a duré plus de 1 000 ans, jusqu'à ce que la cour des
Qing (1644-1911) force les fonctionnaires des ethnies minoritaires
à rendre leurs pouvoirs. Selon la règle des chefs
ethniques, la société bouyei a maintenu la présence
de son seigneur féodal jusqu'en 1911. Les seigneurs féodaux
et les fonctionnaires locaux possédaient toute la terre,
mais pas à proprement parler les paysans ou les serfs sur
leurs territoires. Les seigneurs soumettaient toujours les paysans
à une exploitation cruelle, mais il ne leur était
désormais plus permis de les tuer à volonté.
Chaque ménage rural se voyait donner un morceau de terre
pour subvenir à ses besoins, mais il lui était interdit
de l'acheter. Les paysans et les serfs étaient ainsi liés
à la terre et forcés de travailler pour les seigneurs
féodaux durant des générations.
Pendant la dynastie des Qing, la cour impériale a supprimé
le régime des chefs ethniques et a nommé des fonctionnaires
avec des tenures limitées. L'économie des seigneurs
féodaux s'est ainsi effondrée et une économie
de propriétaires fonciers a pris sa place. Puisque la plus
grande partie de la terre était possédée par
quelques riches et que l'exploitation des paysans par les propriétaires
devenait encore plus cruelle, les conflits de classes se sont intensifiés
et ont mené à beaucoup de soulèvements ruraux;
le plus grand dentre eux ayant été le soulèvement
de Nanlong en 1797. En 1932, le Parti communiste a envoyé
des travailleurs du Parti dans la région pour mobiliser les
paysans afin de lutter contre le féodalisme. Lorsque lArmée
rouge a passé dans la région lors de la Longue Marche,
de nombreux Bouyei se sont portés volontaires pour servir
de guides ou de messagers.
En 1948, les Bouyei du district dAnlong ont organisé
un groupe armé de 700 personnes pour lutter contre la conscription,
limposition et les taxes imposées sur les céréales.
La même année, la colonne Yunnan-Guangxi-Guizhou de
lArmée populaire de libération (APL) a été
formée et la région de guérilla de Luopan a
été mise en place. En 1949, les Bouyei ont fomenté
une rébellion contre le Guomindang et ses forces furent chassées
du Guizhou. Pendant ce temps, lAPL est entrée au Guizhou
et a libéré complètement la région en
1951. En 1954, la réforme agraire a été achevée.
Dans les premières années de la République
populaire, peu de Bouyei ont participé à ladministration,
mais cette tendance sest inversée par la suite. Beaucoup
d'industries ont été développées, y
compris : fer et acier, charbon, construction de machines, produits
chimiques, produits électroniques, matériaux de construction
et plastiques.
Us et coutumes
Folklore. Ce groupe ethnique possède une riche littérature
folklorique qui inclut des fables, des chansons, des proverbes de
la poésie et des contes de fées. Lors des mariages,
jeunes hommes et jeunes femmes sont invités à participer
à des chants d'une riche qualité ethnique. Dans la
région du mont Biandan du district de Zhenning, de vieilles
femmes chantent des chants implorant les bénédictions
au coin du feu. Sans jamais répéter les mots de leurs
ballades, elles chantent ainsi jour et nuit pendant une période
peuvant aller jusqu'à une semaine. Les instruments de musique
les plus populaires des Bouyei comprennent le cor suona, le yueqin,
le dongxiao, le xiao court et le xiao soeur (toutes des flûtes
verticales en bambou), et le tambour en cuivre. Leurs danses préférées
incluent la danse du Tissage et la danse du Lion.
Artisanat. Les Bouyei sont habiles en artisanat. Leur batik coloré
et à beaux motifs date daussi loin que lAntiquité.
Avec l'aide des autorités locales, un atelier de batik a
été construit dans la ville d'Anshun en 1953; la technologie
traditionnelle a alors été améliorée.
Le batik est maintenant le meilleur élément de vente
dartisanat; il est populaire tant sur les marchés intérieurs
quétrangers. En outre, leur broderie colorée
et leurs chapeaux en bambou et nattes de lit pour lété
sont non seulement durables et attrayants, mais aussi hautement
artistiques.
Habitat. Vivant pour la plupart dans des plaines ou des vallées,
les Bouyei habitent dans des villages formés de familles
de différents clans, dans des maisons à deux étages
ou des pavillons de plain-pied. Souvent, les gens habitent à
létage supérieur, et ils gardent les animaux
à létage inférieur.
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Femmes bouyei en train de broder. |
Habillement. Les jeunes hommes bouyei portent généralement
une veste courte boutonnée et un pantalon long, ainsi quun
foulard sur la tête. Les femmes portent une veste boutonnée
du côté droit (bien que quelques jeunes femmes préfèrent
une veste bordée de dentelle boutonnée au milieu),
et un pantalon long ou une jupe plissée. Elles portent également
un foulard et une variété de bijoux en argent.
Mariage. Les Bouyei sont monogames, mais les jeunes des deux sexes
se mélangent librement. Quand ils vont aux foires ou à
d'autres festivités, les jeunes célibataires, hommes
et femmes, se réunissent pour chanter. Si une femme est attirée
par un homme, elle lui lancera une balle faite de bandes de soie
qu'elle a brodées elle-même. Si l'homme est consentant,
les deux prennent alors un rendez-vous durant lequel ils se chanteront
mutuellement des chansons d'amour. Après plusieurs rendez-vous,
ils peuvent annoncer leur engagement. Sous le système féodal
dautrefois, la plupart des mariages étaient cependant
arrangés par les parents.
Religion. Dans le passé, les Bouyei croyaient aux esprits
et vénéraient les ancêtres, bien que beaucoup
de ceux qui vivaient près des avant-postes des missionnaires
aient été convertis au christianisme. En général,
ils observent les mêmes fêtes que les Han. Le 6 juin
et le 8 avril, ils célèbrent cependant leurs propres
fêtes en commémoration des chefs des soulèvements
antiques et de leurs ancêtres. Lors de la « fête
du Roi buf », le 8 avril, on fait des gâteaux
spéciaux et du riz glutineux teints dans cinq couleurs différentes
et on les offre aux ancêtres. Après la cérémonie,
la moitié de ces offrandes sont données aux bestiaux,
auxquels on accorde également un jour de repos en récompense
pour leur dur travail.
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