MARS 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

La Chine et l’OMC : un bilan après trois ans

LUO YUANJUN

Décembre 2001 a marqué une date charnière qui a changé le destin du pays tout entier. En effet, l’OMC a ouvert la Chine aux échanges mondiaux et la vie de ses habitants en a été transformée.

« Dans l’ensemble, la Chine s’est bien comportée durant ces trois ans depuis son entrée à l’OMC », a estimé M. Supachai Panitchpakdi, directeur général de cette organisation.

On peut manger toutes sortes de fruits importés

Faire du tourisme en voiture est désormais une mode pour les citadins.

Il y a quelques jours, M. Zhou est rentré des États-Unis. Dans les supermarchés d’ici, il a découvert de nombreuses sortes de fruits de l’étranger à bon prix. « Autrefois, il était difficile d’acheter des fruits importés, dit Zhou, mais maintenant, on peut en manger tant qu’on veut. »
Au cours des trois ans depuis l’entrée de la Chine à l’OMC, les restrictions à l’importation des produits agricoles ont été de plus en plus assouplies. Aujourd’hui, la Chine garde encore des restrictions à l’entrée des céréales, du coton, de l’huile, du sucre et de la laine. Si, après 2007, l’OMC n’amorçait pas un nouveau cycle de négociations sur les produits agricoles, la Chine n’augmenterait pas ses restrictions. En moyenne, les droits de douane des produits agricoles s’approchent déjà de ceux auxquels la Chine s’était engagée pour 2010, soit 15 %.

Posséder une voiture n’est plus un rêve

Mlle Zhu a l’intention d’acheter une voiture avec les 60 000 à 70 000 yuans qu’elle a mis de côté. Elle trouve qu’il y a beaucoup de modèles de voitures qui s’offrent à elle. Il y a trois ou quatre ans, une telle situation aurait été inimaginable.
Depuis son entrée à l’OMC, la Chine a abaissé à trois reprises les droits de douane sur les voitures importées. Le marché de l’automobile est toujours protégé par des barrières tarifaires, mais il s’ouvre de plus en plus et de façon ordonnée. Les quotas à l’importation pour les pièces détachées importantes et les voitures ont été supprimés. Les restrictions à l’ouverture de points de vente de voitures, sous le contrôle d’une société étrangère, seront supprimées. Finalement, le 1er juillet 2006, les droits de douane sur les voitures seront réduits à 25 %.
Avec l’entrée de grandes sociétés automobiles étrangères dans le marché chinois, l’industrie automobile chinoise peut fournir aux consommateurs une centaine de modèles de voitures, et le prix des voitures de milieu et de bas de gamme est assez proche du niveau international. De plus en plus de consommateurs réalisent leur rêve de posséder une voiture. Selon les statistiques, le nombre de voitures vendues a augmenté d’un million par an de 2001 à 2004.

La «churascaria» brésilienne en Chine

M. Yang aime manger la viande grillée à la brésilienne. À la fin de l’année dernière, le Brésil est devenu officiellement un pays de destination touristique pour les Chinois, ce qui l’a beaucoup réjoui, car il pourra aller manger ce plat au Brésil.
Actuellement, on compte 63 pays et unités territoriales où les Chinois peuvent effectuer des voyages de groupe. Le secteur touristique chinois a déjà réalisé en totalité les engagements qu’il avait pris avant l’entrée du pays à l’OMC. On compte en Chine cinq agences de tourisme à capitaux exclusivement étrangers et treize à capitaux mixtes chinois et étrangers. D’après ce que l’on rapporte, l’Administration nationale du voyage et du tourisme de Chine et le ministère du Commerce sont en train de discuter la manière d’abaisser le seuil d’entrée des capitaux étrangers en Chine dans ce secteur
« Les pays développés ont une riche expérience dans la production de viande et de produits laitiers de bonne qualité, affirme un fonctionnaire de l’Administration du tourisme. Après la forte réduction des droits de douane qu’effectuera la Chine en 2005, les hôtels qui importent beaucoup, surtout des articles de luxe, pourront réduire leur coût de revient et attirer davantage de touristes et d’investisseurs. » Mondialement connu, le groupe international Marriott projette, dit-on, d’ouvrir en Chine six nouveaux hôtels d’ici deux ans.

Admirer des paysages exotiques même à l’intérieur du pays

Des touristes chinois sur la place Saint-Marc à Venise.

Mme Luo se rend souvent à l’étranger pour son travail. Autrefois, elle estimait que la Chine manquait de nouveaux bâtiments caractéristiques. « L’architecture ne représente pas seulement une recherche de la beauté, mais elle doit refléter aussi un style caractéristique, comme l’opéra de Sidney, par exemple », dit-elle. Aujourd’hui toutefois, Mme Luo peut admirer des styles exotiques même en Chine, puisque de plus en plus de sociétés étrangères du bâtiment y sont entrées.
D’après les chiffres fournis par le Bureau du commerce de Beijing, pour les seuls dix premiers mois de 2004, on a autorisé la fondation de treize entreprises du bâtiment appartenant à des sociétés étrangères; leurs capitaux sur contrat atteignent 20 millions $US. Selon l’engagement de la Chine pour son entrée à l’OMC, à partir de la troisième année après cette entrée, les entreprises à capitaux étrangers et celles en coopération pourront bénéficier du traitement national, et cinq ans plus tard, une société étrangère pourra y établir une entreprise à capitaux exclusivement étrangers.
Trois ans après l’entrée de la Chine à l’OMC, de plus en plus de spécialistes étrangers participent à la construction de la ville de Beijing. On peut les apercevoir sur les chantiers des travaux de la ligne de métro nº 5, du Théâtre national et du Stade national des sports.

Les frais de télécommunication sont à la baisse

Le fils de M. Yuan séjourne aux États-Unis. Il téléphone souvent à sa famille en Chine. Selon les constatations de M. Yuan : « Les États-Unis sont plus développés que la Chine, et les frais de télécommunication y sont moins élevés ». Ce qu’il dit est vrai. Toutefois, avec l’entrée progressive des capitaux étrangers, les frais de télécommunications baissent peu à peu.
Une dizaine de sociétés étrangères sont entrées sur le marché chinois depuis 2003, notamment Qualcomm des États-Unis et NTTDoCoMo du Japon.
En plus des services de messagerie et de jeux pour téléphone mobile, les capitaux étrangers convoitent aussi le marché des télécommunications de base. « En fait, les capitaux étrangers sont déjà présents dans ce marché par le biais des capitaux », estime M. Liu Nanchang, directeur adjoint du Bureau d’examen de la Commission des capitaux d’État. Maintenant que les quatre grandes sociétés de télécommunication de Chine sont cotées en Bourse, à travers l’achat d’actions, les capitaux étrangers ont déjà mis un pied en Chine.

Les stations-service de la compagnie Shell

À la station-service près de la porte de l’Université de l’agriculture de Beijing, la marque Shell se distingue de celle de Sinopec. Selon l’opinion de M. Wang, un chauffeur : « Le prix de l’essence est le même qu’ailleurs et la qualité est bonne, mais en plus, on y met un peu d’additif. »
Le 9 octobre 2004, la société française Total a signé un contrat avec Sinochem. D’après ce contrat, les deux sociétés projettent d’établir d’ici sept ans 200 stations-service à Beijing et à Tianjin. Dans le domaine des lubrifiants automobiles, quinze grands producteurs mondiaux sont déjà présents dans le marché chinois.
Selon les engagements du gouvernement chinois, la Chine doit, trois ans après son entrée à l’OMC, ouvrir son marché de la vente au détail de l’essence, et deux ans plus tard, son marché de vente en gros de ce type de produits.
Pour affronter la concurrence des stations-service des sociétés étrangères, les entreprises chinoises du pétrole et de la pétrochimie déploient de gros efforts pour améliorer leurs installations et la qualité de leur service. Les consommateurs bénéficient donc de cette gestion standardisée.

Voir les films étrangers en Chine en même temps qu’ailleurs

La projection d’un film américain en Chine.

M. Zhang travaille pour une société étrangère et s’intéresse beaucoup aux films américains. Puisque des capitaux étrangers ont été injectés dans l’industrie cinématographique chinoise, on peut voir les films étrangers en Chine en même temps que dans leurs pays d’origine. M. Zhang en est bien content.
À la mi-octobre 2004, Warner, le China Film Group et le groupe Hengdian du Zhejiang ont conjointement établi une société cinématographique à capitaux mixtes. Le 25 novembre, le China Film Group et la société internationale de télévision Sony ont aussi établi une société de production de films numériques.
D’après M. Zhu Hong, porte-parole de l’Administration générale de la radiodiffusion, du cinéma et de la télévision de Chine, en plus des 20 films importés chaque année selon le protocole des frais partagés ?, la Chine importe aussi de 30 à 50 films étrangers dont elle a acheté les droits d’auteur. Ils sont projetés dans les salles de cinéma. La chaîne de cinéma télévisé introduit, quant à elle, environ 400 films étrangers.
D’après les engagements de la Chine, depuis le 28 novembre 2004, les sociétés étrangères de médias peuvent participer à la production d’émissions télévisées d’entreprises chinoises lorsqu’elles détiennent une partie des actions. Cela dit, la part des actions détenues par les investisseurs chinois ne doit pas être inférieure à 51 %.

Nouveaux secrets de la Bourse

M. Li possède beaucoup de trucs pour boursicoter. En plus d’analyser les tableaux des indices et les rapports des sociétés cotées en Bourse, il dispose d’un nouveau moyen : examiner le comportement des dix plus grandes sociétés cotées en Bourse.
Depuis un an et demi, la Commission de régulation des titres de Chine a autorisé l’établissement de treize sociétés de gestion de fonds à capitaux chinois et étrangers. À titre d’engagement à remplir dans les trois années suivant l’entrée de la Chine à l’OMC, les fournisseurs de services des pays étrangers sont maintenant autorisés à établir en Chine des sociétés à capitaux mixtes destinées à gérer des fonds d’investissement. La proportion des actions détenues par les capitaux étrangers dans ces sociétés ne peut dépasser 33 %. Ce pourcentage s’élève actuellement à 49 % (très bizarre !) .
Depuis trois ans, le marché chinois de la Bourse s’est développé rationnellement. Le bénéfice moyen obtenu est passé de 60 fois en 2001 à 20 fois aujourd’hui. L’entrée de la Chine à l’OMC a fait changer la composition des principaux investisseurs dans le marché des titres. Nombre de sociétés de fonds à capitaux chinois et étrangers et de IIÉQ (investisseur institutionnel étranger qualifié) y ont fait leur apparition;les fonds d’assurance et de la sécurité sociale vont bientôt y être autorisés. Le marché chinois des valeurs est de plus en plus conforme aux usages internationaux.
Services bancaires de plus en plus complets
M. Zhou n’est point surpris d’entendre que la banque a commencé à percevoir des frais annuels sur les cartes bancaires. « Aujourd’hui, les services bancaires sont de plus en plus complets, et il est tout à fait acceptable que les gens paient pour profiter de ces bons services», estime M. Zhou.
La banque étrangère fait aussi partie de la vie des gens ordinaires. En quelques années, elle a introduit en Chine plus de 100 types de services financiers, soit trois fois plus que ceux fournis par une banque commerciale chinoise. Actuellement, certaines banques étrangères ont été autorisées à traiter les affaires en devises étrangères.
Selon l’échéancier des engagements pris par la Chine, pendant les cinq ans suivant son entrée à l’OMC, dans la gestion des affaires relatives à la monnaie chinoise par les banques étrangères, toutes les restrictions vis-à-vis des zones et des marchands seront levées. Les banques étrangères sont en train d’obtenir progressivement les mêmes traitements que leurs homologues chinois.

Au supermarché, les bas prix entrent en ligne de compte

B&Q, un supercentre britannique spécialisé dans la vente d’articles de bricolage et de décoration, est maintenant en Chine.

Cela fait déjà quelques années que Mme Wang a pris sa retraite. Elle est maintenant responsable des achats de la famille. Elle aime faire ses achats dans un supermarché étranger à cause de ses méthodes modernes de gestion et du prix relativement bas des marchandises. « Au supermarché où je vais, les articles sont de bonne qualité et à bons prix. Je suis tranquille d’y faire mes achats », confie Mme Wang. À Beijing, il y a actuellement 216 magasins de vente au détail qui sont gérés par des entreprises à capitaux mixtes.
Fin novembre 2003, B&Q est entré en Chine, apportant le tout nouveau concept du « supermarché des matériaux de construction ». La plupart des 50 plus grandes multinationales de la vente au détail sont déjà présentes en Chine. En plus d’avoir peu à peu changé les habitudes d’achat des Chinois, la présence de ces entreprises a transformé la composition du marché chinois dans ce secteur, de même que la façon de concevoir la gestion de leurs homologues chinois. Wal-Mart, Carrefour et Metro, les trois plus grandes multinationales de la vente au détail, ont déjà établi les échéanciers d’expansion de leurs affaires.

Les assurances à capitaux étrangers se portent bien

En 2004, pour la première fois de leur histoire, les compagnies chinoises du secteur des assurances ont vu leur chiffre d’affaires diminuer, alors que la compagnie American International Assurance a vu son bénéfice augmenter. Avant les autres, la compagnie Generali China Life Insurance Co. Ltd. a mis sur le marché l’assurance-vieillesse-accident; elle a ainsi créé une « vague » dans le domaine de l’assurance des « cheveux blancs ».
La présence de l’assurance étrangère a changé la vie quotidienne des habitants; même les gens qui ne s’intéressent pas à l’assurance reconnaissent avoir senti ce changement. « Les années changent, les engagements sont permanents », « Votre bonheur, notre promesse » : ce genre de phrases est chose courante sur les carrosseries des autobus et les panneaux des abribus. La première bataille que les compagnies d’assurances étrangères ont menée, dès leur entrée en Chine, est bien celle de la publicité. Selon les informations obtenues par notre journaliste, presque toutes les grandes multinationales de l’assurance seraient déjà présentes en Chine.
Puisque la Chine a respecté les engagements qu’elle avait pris, les secteurs de l’assurance-santé et de l’assurance collective sont déjà ouverts aux compagnies étrangères. Avec la suppression des restrictions de zones et de fournisseurs pour les compagnies étrangères, celles-ci profitent d’un champ d’action de plus en plus libre. D’après les informations, il y aurait actuellement au moins deux compagnies à capitaux mixtes qui seraient en cours de formation dans le domaine de l’assurance-vie.

Un choix de journaux grandissant

La chaîne étatsunienne de restauration rapide KFC a des points de vente partout en Chine.

Photos : Xinhua

Dans le domaine de la presse écrite, les engagements de la Chine se situaient principalement au niveau des services de vente :dans la première année après son entrée à l’OMC, le marché de la vente au détail des livres, journaux et magazines devait s’ouvrir aux capitaux étrangers; et, dans les trois premières années, le marché de la vente en gros de ces produits devait s’ouvrir lui aussi
La Chine a honoré ses engagements. En 2002, son marché de la vente au détail des livres, journaux et magazines a été ouvert aux investisseurs étrangers. L’implantation de onze entreprises étrangères de la vente au détail des publications y a déjà été autorisée. En 2002, le groupe Fanwhat de Hongkong et le Centre de distribution Dadi, relevant du journal Quotidien du peuple, ont créé conjointement la Société des médias Dahua; cette société touche la vente au détail et en gros des journaux et des livres en Chine. Le 5 juillet 2004, le Groupe TOM et le Journal de l’ordinateur (nom en pinyin) ont conjointement formé une entreprise à capitaux mixtes. En avril 2004, le Groupe Jade Bird de l’université de Beijing et le Journal de la jeunesse chinoise (le nom en pinyin) ont créé conjointement la Société du développement de la presse et des médias Zhongqing.
Des experts estiment que l’entrée de Chine à l’OMC a donné un coup de pouce à l’ouverture et à l’industrialisation de ses médias. Souhaitant utiliser son entrée à l’OMC pour promouvoir son industrie culturelle, le gouvernement chinois a ouvert ses médias encore plus que ce qu’exigeaient ses engagements.
La croissance continue de l’économie chinoise depuis sa participation à l’OMC est due à la forte croissance de son commerce extérieur. Pendant ces trois ans, la Chine a réalisé une augmentation annuelle du volume total de son import-export de 200 milliards $US; l’import-export est aujourd'hui le double de ce qu’il était il y a trois ans. La place de la Chine dans le commerce international est passée du sixième rang en 2001 au troisième en 2004; elle a franchi un échelon par année.
Depuis l’entrée de la Chine à l’OMC, le montant des capitaux étrangers utilisés a augmenté régulièrement. En milliards $US, il est passé de 48,8 en 2001, à 55 en 2002, et même à 60 en 2004. Au niveau mondial, la Chine est maintenant le pays qui utilise le plus de capitaux étrangers. Parmi les 500 plus grandes sociétés mondiales, 450 ont déjà investi en Chine. De plus en plus de sociétés étrangères y établissent leur siège régional, de même que leur centre d’approvisionnement et de recherche.
Durant ces trois ans, les secteurs chinois importants se sont développés sans cesse. Le volume d’exportation des produits agricoles a augmenté, et la sphère de la coopération agricole avec l’étranger s’est élargie. La Chine a désormais établi des relations de coopération commerciale et des échanges stables et à long terme en sciences et techniques agricoles avec plus de 140 pays et organisations internationales importantes dans le domaine de l’agriculture et des finances.
Toujours pendant ces trois années, le système juridique chinois s’est perfectionné, l’environnement d’investissements s’est amélioré de jour en jour. Le gouvernement chinois a modifié et abrogé plus de 2 500 lois et règlements d’échelon national relatifs aux capitaux étrangers, au commerce extérieur, au secteur des services, aux droits d’auteur et aux investissements, etc. Les gouvernements locaux ont, eux aussi, pris des mesures adéquates en modifiant des centaines de milliers de lois et règlements à caractère local en vue de se conformer aux règlements de l’OMC. Toutes ces mesures ont aidé à changer les fonctions gouvernementales et à les rendre plus transparentes et à perfectionnement le système de l’économie de marché socialiste.