Tengchong
la ville aux multiples trésors
Xu Xiake, célèbre voyageur de la dynastie des
Ming, a su apprécier la richesse de Tengchong dans ses carnets
de voyage. Que dirait-il sil revenait aujourdhui ? Il
serait certainement ébahi par ce qui sy passe
WANG NAN et XIAO LIN
Il y a un siècle, sur le mont Gaoligong de Tengchong, langlais
George Forest sest exclamé, avec enthousiasme : «
Je naurais jamais imaginé trouver là un paradis
verdoyant!» Durant les 30 années quil y a fait
de la cueillette, Forest, surnommé le « chasseur de
végétations », a fourni une dizaine de milliers
de spécimens quil avait recueillis dans le mont Gaoligong.
Son travail a fait connaître au monde entier cette immense
banque de gènes, perdue dans ces montagnes sauvages du sud-ouest
de la Chine.
À louest de ce « paradis », les nombreux
pics du mont Gaoligong et ses falaises abruptes, en bordure du fleuve
Nujiang, forment un surprenant paysage de vallée. Après
avoir franchi ce mont, on arrive à Tengchong, une importante
ville du Sud-Ouest.
À lentrée de la ville, la statue de Xu Xiake,
célèbre voyageur des Ming, nous accueille. Des collines
de forêts touffues entourent la ville, quelques grands boulevards
la traversent, dont un qui est large de 60 mètres et qui
sétire sur six kilomètres. Il suscite particulièrement
ladmiration avec ses espaces verts bien alignés et
ses bâtiments modernes dissimulés derrière les
arbres. Un fleuve aux eaux limpides sillonne la ville.
Il y a 360 ans, Xu Xiake avait marqué sur sa carte les lieux
où il se promettait daller, et Tengchong y figurait.
Déjà à cette époque, Xu avait élu
Tengchong comme une des destinations à ne pas manquer. En
dépit de sa localisation reculée, elle manifestait
la richesse et lanimation des grandes villes de la Plaine
du Centre. Le grand voyageur, ébahi, conféra un titre
à Tengchong : « première ville de lextrême
frontière » et écrivit abondamment (30 000 caractères)
dans son carnet de voyage en faisant léloge de lendroit.
Dès 1445, Tengchong commença à se dresser
comme une ville de grande envergure, et dans lhistoire moderne,
elle était un lieu de commerce très prospère.
Avant les années 1930, dans le milieu des commerçants
de lAsie du Sud-Est, ignorer Tengchong aurait fait sourire.
Tengchong était la dernière station de la route de
la Soie desservant lAsie du Sud et de lOuest, un transit
vers la Birmanie, lInde, le Pakistan et les pays de lAsie
du Sud-Est. Selon les données de lan 1826 du Bureau
des affaires commerciales de la Grande-Bretagne, le volume dimport-export
y dépassait 1 million de livres, tandis quen 1837,
Guangzhou, le seul port ouvert de Chine, navait importé
des marchandises de lAngleterre que pour une valeur de 0,9
million de livres seulement. En outre, lopium en représentait
la majeure partie ! Cest ainsi quen 1899, les Britanniques
ouvrirent un consulat à Tengchong, et quen 1902, les
Qing mirent en place la douane Tengyue qui administrait la douane
de Kunming. Le commerce de Tengchong donna naissance à des
personnalités du domaine, sans compter Heshun, le plus grand
district dexpatriés du Sud-Ouest. Ce district est un
point brillant de la culture chinoise, car on y trouve la première
bibliothèque rurale ayant une grande collection de livres,
et Li Genyuan et Ai Siqi, deux éminentes personnalités
de la politique et de la culture en sont originaires.
Tengchong confine avec le Myanmar par une frontière de 148
kilomètres. Cest par ici que la Chine dispose de la
plus courte voie daccès terrestre aux gisements de
jadéite Keqinbangminzhina, célèbres dans le
monde entier. Sous les Song et les Yuan, Tengchong a été
un précurseur dans la transformation de la jadéite.
Avant les années 1950, la ville était le plus important
lieu de distribution, de commerce et de transformation des jades
birmans. La transformation de la jadéite procure à
Tengchong un statut irremplaçable : sa jadéite est
connue universellement, doù son nom de ville de la
jadéite.
Si Tengchong ressemble à un immense bassin de trésors,
le commerce frontalier est sans doute une des meilleures voies dor
quil possède. Cette activité était en
effervescence dans les 1990, car 90 % de la joaillerie chinoise
y transitait, avec un volume annuel de quelques centaines de milliers
de kilogrammes et une valeur de quelques centaines de millions de
yuans. Les commerçants et les hommes daffaires de lAsie
du Sud-Est affluaient à Tengchong.
Tengchong possède la seule chute deau urbaine de Chine,
et 88 sites de sources thermales se trouvent autour du site de Rehai
(mer chaude), ce qui forme un paysage à couper le souffle.
Ses eaux thermales contiennent une trentaine doligoéléments
ayant une capacité curative étonnamment efficace.
Sur une superficie de 5 854 km2, se dressent 99 montagnes volcaniques
dune majesté surprenante.
Wang Caichun, secrétaire du comité du PCC de Tengchong,
a confié aux journalistes, quil y a cinq ans, la ville
ne couvrait que 7,12 km2, que les maisons étaient dans un
état déplorable et que les fonctions de services de
la ville nétaient pas au mieux. Depuis 1998, la municipalité
a rassemblé 1 063 millions de yuans pour réédifier
la ville. Depuis lors, les habitants de Tengchong se donnent la
main pour agrandir, verdir et embellir leur ville.
Le riche fond de culture historique est un trésor dont Tengchong
senorgueillit. « La culture est lâme dune
ville » est un principe auquel M. Wang croit fermement. Tengchong
a investi plus dune centaine de millions de yuans, pour construire
un centre de spectacles folkloriques, la place de la Culture Tengyue,
ainsi que pour restaurer les anciennes demeures des personnalités
contemporaines.
M. Wang avance : « Pour la construction urbaine de Tengchong,
on doit voir loin. Chaque fois quun important projet se met
en place, nous devons lentreprendre conformément au
principe dune planification scientifique. » En évoquant
lexpérience des dernières années, il
devient volubile : « Durant ces années, plus de 160
institutions et 3 000 familles ont dû déménager.
Au départ, les gens narrivaient pas à nous comprendre,
nacceptaient pas facilement ces changements. Par la suite,
la ville sest embellie, le tourisme a commencé à
prospérer. Quand les habitants ont vu que ces évolutions
leur profitaient, ils ont changé davis, et ils ont
soutenu les transformations.
En ce qui concerne la construction urbaine, Tengchong veille à
préserver les caractériques culturelles locales, ce
qui est lun des thèmes centraux de la transformation.
Ce domaine à lui seul reçoit un investissement de
200 millions de yuans. Dautre part, avec sagesse, Tengchong
sest fixé comme objectif dêtre une ville
touristique et commerciale.
Les six principaux projets que Tengchong va mettre en uvre
dans les années à venir lui feront franchir un pas
géant. Ainsi, conformément aux stratégies nationales
de développement en coopération avec lAsie du
Sud et lAsie du Sud-Est et de mise en valeur de lOuest
de la Chine, on ouvrira une voie internationale ayant comme point
de départ la 4e borne frontalière sino-birmane, passant
Myilkyina et desservant lInde et le Pakistan ; on construira
laéroport Tengchong Tuofeng ; on exploitera lélectricité
du fleuve Binlang ; on construira un parc écologique SPA
; on édifiera les deux piliers de léconomie,
à savoir les sites industriels et les sites économiques
privés; et on créera une ville touristique chinoise
dexcellent niveau.
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