SEPTEMBRE 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Tengchong – la ville aux multiples trésors

Xu Xiake, célèbre voyageur de la dynastie des Ming, a su apprécier la richesse de Tengchong dans ses carnets de voyage. Que dirait-il s’il revenait aujourd’hui ? Il serait certainement ébahi par ce qui s’y passe…

WANG NAN et XIAO LIN

Il y a un siècle, sur le mont Gaoligong de Tengchong, l’anglais George Forest s’est exclamé, avec enthousiasme : « Je n’aurais jamais imaginé trouver là un paradis verdoyant!» Durant les 30 années qu’il y a fait de la cueillette, Forest, surnommé le « chasseur de végétations », a fourni une dizaine de milliers de spécimens qu’il avait recueillis dans le mont Gaoligong. Son travail a fait connaître au monde entier cette immense banque de gènes, perdue dans ces montagnes sauvages du sud-ouest de la Chine.

À l’ouest de ce « paradis », les nombreux pics du mont Gaoligong et ses falaises abruptes, en bordure du fleuve Nujiang, forment un surprenant paysage de vallée. Après avoir franchi ce mont, on arrive à Tengchong, une importante ville du Sud-Ouest.

À l’entrée de la ville, la statue de Xu Xiake, célèbre voyageur des Ming, nous accueille. Des collines de forêts touffues entourent la ville, quelques grands boulevards la traversent, dont un qui est large de 60 mètres et qui s’étire sur six kilomètres. Il suscite particulièrement l’admiration avec ses espaces verts bien alignés et ses bâtiments modernes dissimulés derrière les arbres. Un fleuve aux eaux limpides sillonne la ville.

Il y a 360 ans, Xu Xiake avait marqué sur sa carte les lieux où il se promettait d’aller, et Tengchong y figurait.

Déjà à cette époque, Xu avait élu Tengchong comme une des destinations à ne pas manquer. En dépit de sa localisation reculée, elle manifestait la richesse et l’animation des grandes villes de la Plaine du Centre. Le grand voyageur, ébahi, conféra un titre à Tengchong : « première ville de l’extrême frontière » et écrivit abondamment (30 000 caractères) dans son carnet de voyage en faisant l’éloge de l’endroit.

Dès 1445, Tengchong commença à se dresser comme une ville de grande envergure, et dans l’histoire moderne, elle était un lieu de commerce très prospère. Avant les années 1930, dans le milieu des commerçants de l’Asie du Sud-Est, ignorer Tengchong aurait fait sourire.

Tengchong était la dernière station de la route de la Soie desservant l’Asie du Sud et de l’Ouest, un transit vers la Birmanie, l’Inde, le Pakistan et les pays de l’Asie du Sud-Est. Selon les données de l’an 1826 du Bureau des affaires commerciales de la Grande-Bretagne, le volume d’import-export y dépassait 1 million de livres, tandis qu’en 1837, Guangzhou, le seul port ouvert de Chine, n’avait importé des marchandises de l’Angleterre que pour une valeur de 0,9 million de livres seulement. En outre, l’opium en représentait la majeure partie ! C’est ainsi qu’en 1899, les Britanniques ouvrirent un consulat à Tengchong, et qu’en 1902, les Qing mirent en place la douane Tengyue qui administrait la douane de Kunming. Le commerce de Tengchong donna naissance à des personnalités du domaine, sans compter Heshun, le plus grand district d’expatriés du Sud-Ouest. Ce district est un point brillant de la culture chinoise, car on y trouve la première bibliothèque rurale ayant une grande collection de livres, et Li Genyuan et Ai Siqi, deux éminentes personnalités de la politique et de la culture en sont originaires.

Tengchong confine avec le Myanmar par une frontière de 148 kilomètres. C’est par ici que la Chine dispose de la plus courte voie d’accès terrestre aux gisements de jadéite Keqinbangminzhina, célèbres dans le monde entier. Sous les Song et les Yuan, Tengchong a été un précurseur dans la transformation de la jadéite. Avant les années 1950, la ville était le plus important lieu de distribution, de commerce et de transformation des jades birmans. La transformation de la jadéite procure à Tengchong un statut irremplaçable : sa jadéite est connue universellement, d’où son nom de ville de la jadéite.

Si Tengchong ressemble à un immense bassin de trésors, le commerce frontalier est sans doute une des meilleures voies d’or qu’il possède. Cette activité était en effervescence dans les 1990, car 90 % de la joaillerie chinoise y transitait, avec un volume annuel de quelques centaines de milliers de kilogrammes et une valeur de quelques centaines de millions de yuans. Les commerçants et les hommes d’affaires de l’Asie du Sud-Est affluaient à Tengchong.

Tengchong possède la seule chute d’eau urbaine de Chine, et 88 sites de sources thermales se trouvent autour du site de Rehai (mer chaude), ce qui forme un paysage à couper le souffle. Ses eaux thermales contiennent une trentaine d’oligoéléments ayant une capacité curative étonnamment efficace. Sur une superficie de 5 854 km2, se dressent 99 montagnes volcaniques d’une majesté surprenante.

Wang Caichun, secrétaire du comité du PCC de Tengchong, a confié aux journalistes, qu’il y a cinq ans, la ville ne couvrait que 7,12 km2, que les maisons étaient dans un état déplorable et que les fonctions de services de la ville n’étaient pas au mieux. Depuis 1998, la municipalité a rassemblé 1 063 millions de yuans pour réédifier la ville. Depuis lors, les habitants de Tengchong se donnent la main pour agrandir, verdir et embellir leur ville.

Le riche fond de culture historique est un trésor dont Tengchong s’enorgueillit. « La culture est l’âme d’une ville » est un principe auquel M. Wang croit fermement. Tengchong a investi plus d’une centaine de millions de yuans, pour construire un centre de spectacles folkloriques, la place de la Culture Tengyue, ainsi que pour restaurer les anciennes demeures des personnalités contemporaines.

M. Wang avance : « Pour la construction urbaine de Tengchong, on doit voir loin. Chaque fois qu’un important projet se met en place, nous devons l’entreprendre conformément au principe d’une planification scientifique. » En évoquant l’expérience des dernières années, il devient volubile : « Durant ces années, plus de 160 institutions et 3 000 familles ont dû déménager. Au départ, les gens n’arrivaient pas à nous comprendre, n’acceptaient pas facilement ces changements. Par la suite, la ville s’est embellie, le tourisme a commencé à prospérer. Quand les habitants ont vu que ces évolutions leur profitaient, ils ont changé d’avis, et ils ont soutenu les transformations.

En ce qui concerne la construction urbaine, Tengchong veille à préserver les caractériques culturelles locales, ce qui est l’un des thèmes centraux de la transformation. Ce domaine à lui seul reçoit un investissement de 200 millions de yuans. D’autre part, avec sagesse, Tengchong s’est fixé comme objectif d’être une ville touristique et commerciale.

Les six principaux projets que Tengchong va mettre en œuvre dans les années à venir lui feront franchir un pas géant. Ainsi, conformément aux stratégies nationales de développement en coopération avec l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est et de mise en valeur de l’Ouest de la Chine, on ouvrira une voie internationale ayant comme point de départ la 4e borne frontalière sino-birmane, passant Myilkyina et desservant l’Inde et le Pakistan ; on construira l’aéroport Tengchong Tuofeng ; on exploitera l’électricité du fleuve Binlang ; on construira un parc écologique SPA ; on édifiera les deux piliers de l’économie, à savoir les sites industriels et les sites économiques privés; et on créera une ville touristique chinoise d’excellent niveau.