SEPTEMBRE 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Souvenirs de la prospérité de Nanjing

Partez à la découverte d’une ville qui a su bien préserver l’héritage inestimable d’un passé glorieux.

ZHANG HUA

 

« UNE ville qui a jadis connu la splendeur garde toujours un charme particulier. Nanjing est la seule ville du Sud à avoir été la capitale de Chine ; le mystère, l’élégance, la générosité, la cordialité et la nostalgie qui lui sont propres semblent former la note dominante de cette ville », apprécie Pan Feng, 59 ans, professeur d’histoire à la retraite d’un lycée. Chaque matin, il va faire des exercices de boxe Taiji et écouter de l’opéra de Pékin dans le pavillon de la Grande Cloche de la tour du Tambour, à une rue de chez lui. « Cette terre conserve en parfait état six anciennes capitales, dont celle des Wu de l’Est (222-280), des Jin Orientaux (317-420), des Song (420-479), des Qi (479-502), des Liang (502-557) et des Chen (557-589). Ces capitales ressemblent à une maison à six étages, endormie sous le sol sur lequel je marche tous les jours, et elles me font penser au passé de cette ville. »

Tout comme le dit maître Pan, en tant que cité impériale pendant plus de 360 ans, Nanjing possède des vestiges historiques qui méritent une visite.

Un condensé de la culture des Ming

Les habitants de Nanjing sont fiers de leur ville qui a été l’ancienne capitale des Ming (1368-1644). Ce titre lui a légué de nombreux patrimoines historiques de cette dynastie.

Tombeau Xiaoling des Ming. C’est le tombeau de Zhu Yuanzhang (1328-1398), fondateur des Ming, et de son impératrice Ma. C’est le plus grand tombeau impérial dans la région de Nanjing, et ses murs s’étirent sur 22,5 km. La plupart des édifices en bois, édifiés hors terre, ont été détruits pendant les guerres; ceux qui restent sont en brique et en pierre. En 2003, ce tombeau a été inscrit sur la liste du « Patrimoine culturel du monde ».

Remparts des Ming. Bâtis au début (1366-1386) des Ming, ces remparts s’étendent sur 33,6 km, dont 21,3 km sont bien conservés. Leur envergure les classe à la tête des murs d’enceinte des capitales antiques de Chine, et ils ont figuré sur la liste préparatoire à la déclaration du patrimoine mondial. Leurs assises étaient pour la plupart en granit ou en longues pierres calcaires, tandis que les deux parois avaient été élevées à l’aide de grandes briques. Les remparts sont extrêmement solides, puisque les interstices des briques avaient été remplis de jus de riz glutineux et de pâte de sorgho, mélangés à de la chaux ou de l’huile d’aleurite. Pour garantir la qualité, la façade latérale de chaque brique portait le lieu d’origine et le nom de l’ouvrier qui l’avait fabriquée et celui du surveillant, ainsi que la date de construction.

Tombeau de Zheng He. En 28 ans, Zheng He (1371-1433) a accompli sept expéditions vers les mers du Sud, allant de la 3e année du règne de l’empereur Yongle (1405) à la 8e année du règne de l’empereur Xuande (1433) des Ming. L’itinéraire qu’il a navigué est surnommé la « route maritime de la Soie ». De style islamique, sa tombe est en forme carrée et sur le devant, on compte quatre séries de perrons totalisant sept couches et 28 échelons, ce qui signifie que Zheng He a voyagé sept fois en 28 ans et a parcouru plus de 40 pays et territoires.

Ruines du Palais impérial des Ming. Étant le modèle du Palais impérial de Beijing, le Palais impérial des Ming se compose de la Cité interdite et de la Cité impériale. Pendant 54 ans, il a servi de palais impérial pour trois empereurs du début des Ming, soit Hongwu, Jianwen et Yongle. Il a fallu attendre la 19e année du règne de l’empereur Yongle, en 1421, pour que Zhu Di, l’empereur Chengzu, déplace la capitale à Beijing et que le Palais impérial des Ming cesse sa tâche.

Édifices légués par la République de la Chine dans les anciennes rues

Certains disent que Nanjing est une ville mystérieuse, et presque tous ces mystères se cachent sous des platanes verdoyants. Les résidences particulières et les ambassades qui abritent une foule de légendes sont situées dans des rues calmes et profondes, dont Yihe et Shanxi. Lorsqu’on entre dans la rue ou lorsqu’on voit ces édifices à vol d’oiseau, ils nous font ressentir la profondeur historique de l’endroit. En marchant dans ces rues, on a l’impression de retourner dans les premières années du siècle précédent.

« Quand je voyais la marque de la voiture, je pouvais savoir à qui elle appartenait », dit Hu Mingshen, rédacteur du Journal de la Radio et Télévision de Nanjing, âgé d’une vingtaine d’années et qui habite la rue Yihe depuis son enfance. En indiquant les anciennes villas de l’époque de la République de Chine (1912-1949), il ajoute : « Autrefois, elles étaient les résidences de généraux du Guomindang ; maintenant, ceux qui y habitent sont des personnages ayant une certaine position ou des gens qui ont des relations étroites avec les anciens propriétaires. » Selon ses dires, chaque maison à étages était entourée par de hauts murs, et les portes étaient souvent fermées. Lorsque les portes étaient ouvertes et qu’une voiture de luxe en sortait, leur mystère particulier faisait vagabonder l’imagination du petit Hu Mingshen, de sorte qu’il pouvait dire par cœur toutes les marques des voitures. Bien qu’il soit un homme du commun, Hu ne peut se débarrasser d’une certaine réserve que donne le sentiment de supériorité d’avoir habité cette rue depuis longtemps. En effet, dans les alentours, l’environnement d’habitation est particulièrement bon à Nanjing, surtout en été, alors que les treillis dans la cour s’alourdissent de fruits et que les murs sont couverts de rosiers. Parallèlement, de ces différents styles d’architectures émane une forte touche culturelle.

Le 18 avril 1927, le gouvernement du Guomindang prit Nanjing comme capitale. En vertu du plan du gouvernement d’alors, la construction de la zone des résidences supérieures débuta. Cette zone était centrée sur la rue Yihe, située dans le nord-ouest de la ville. À la libération de Nanjing en 1949, cet endroit comptait 9 265 maisons de style occidental avec jardin et 25 résidences officielles de style palais. Pour témoigner de la culture de la zone des résidences particulières, les rues furent nommées d’après des sites pittoresques de Chine. De plus, aucune résidence ne répète le style de l’autre ; on en trouve qui imite les styles américain, français, espagnol ou japonais. Les hauts fonctionnaires du Guomindang, dont Wang Jingwei, Chen Cheng, Chen Bulei, Yan Xishan et Zhou Fohai, ainsi qu’un envoyé spécial du président américain d’alors, y ont habité.

En plus des résidences particulières, Nanjing possédait de nombreuses zones d’ambassades, étant alors la capitale de la République de Chine.

« À l’époque, ceux qui entraient à l’ambassade de France et en sortaient étaient des dignitaires. Li Zongren, alors vice-président de la République de Chine, habitait Fuhougang, non loin d’ici. Lui et sa famille venaient souvent à l’ambassade de France, dans une vieille voiture noire, pour participer au bal. Tchiang Kaï-chek et Soong Mei Ling y sont aussi venus », révèle Mme Gao, une octogénaire qui a habité toute sa vie à Gaoyunling, une ruelle nichée derrière la rue Hunan, la plus prospère de Nanjing. Derrière elle, le soleil d’après-midi brillait sur le linteau de porte 56-1 de Gaoyunling, qui était autrefois l’une des résidences de la légation (devenue plus tard ambassade) de France en Chine, à l’époque de la République de Chine. Nanjing possède des dizaines de tels édifices d’ambassades datant de cette époque.

Document 1 : Excursion des édifices de la République de Chine

Les édifices de la République de Chine de Nanjing comptent des édifices officiels, des résidences et des villas particulières, ainsi que des édifices publics qui lui sont propres.

I. Mausolée de Sun Yat-sen et édifices du cimetière

Les édifices du mausolée de Sun Yat-sen, précurseur de la révolution chinoise, se répartissent sur un axe, la disposition traditionnelle chinoise pour un tombeau. L’édifice principal est en pierre et manifeste à la fois la magnificence et la durabilité des constructions chinoises et occidentales.

Les autres sites à visiter sont le complexe architectural du cimetière des officiers et des soldats de l’ancienne armée de la révolution nationale, le palais de Mei Ling, la terrasse de la musique, etc.

II. Rue Zhongshan E. (autobus n° 9 et n° 5)

Ancien Musée central?Ancien Comité central de supervision du Guomindang?Ancien Musée central d’exposition des documents historiques du Guomindang?Ancienne Société Lichi?Ancien Hôpital central?Ancien Hôtel central?Ancienne Banque des communications.

III. Rue Zhongshan N. (autobus n° 16, n° 31, n° 34 et autobus spécial n° 1)

Cet itinéraire présente de nombreux édifices des organes du gouvernement national d’alors : Ancien ministère des Affaires étrangères du gouvernement national?Ancienne Cour suprême du gouvernement national?Ancien Club international?Ancien ministère des Chemins de fer du gouvernement national?Ancien ministère des communications?Ancienne École de l’armée fluviale du Sud du Yangtsé et Ancien Quartier général des forces navales du gouvernement national.

IV. Le long de la rue Changjiang (autobus n° 29)

Palais présidentiel?Ancien Musée national des Beaux-Arts?Ancien Grand Palais national

V. Aux environs de la rue Yihe (autobus n° 3, n° 8, n° 67 et n° 303)

Aller dans la rue Jiangsu ou dans la rue Ninghai ou se promener dans les ruelles de la rue Yihe pour jouir du calme et de la beauté.

VI. Complexe architectural de la République de Chine dans les campus universitaires

Université de Nanjing (ancien complexe architectural de l’Université Jinling), Université du Sud-Est (ancien complexe architectural de l’Université centrale) et École normale de Nanjing (ancienne Université de filles de Jinling).

Sites d’intérêt :

Tour de la Cloche de l’École Huiwen
C’était le premier bâtiment de style étranger de Nanjing ; les édifices furent conçus par un architecte américain à qui l’Église américaine avait confié la charge. C’est un style américain de l’époque coloniale qui trouve son origine dans les résidences rurales et urbaines du Moyen Âge européen.

Ancienne résidence de T. V. Soong
Elle n’est pas grandiose et ressemble à une petite villa rurale avec des murs d’enceinte bas et un toit en chaume. De nombreux objets raffinés, dont le chaume et les persiennes, avaient été importés de l’étranger. Selon les registres locaux de la ville de Nanjing sur les Autorités locales de la République de Chine, l’ancienne résidence de T. V. Soong était non seulement la demeure familiale, mais aussi un lieu de rencontre secret des personnages d’échelon supérieur du Guomindang. Beaucoup de grandes décisions importantes y furent prises; notamment, après l’Incident de Xi’an, déclenché par Zhang Xueliang et Yang Hucheng le 12 décembre 1936, de grands personnages s’y sont rencontrés à plusieurs reprises.

Palais secondaire de Tchiang Kaï-chek

La source thermale des monts Tangshan est entourée d’un halo de mystère, du fait qu’elle a reçu le couple Tchiang Kaï-chek et Soong Mei Ling.

Combinant les styles chinois et occidental, la villa est solennelle et élégante. Bâtie en pierre et en tuiles plates, cette villa à deux étages présente un toit pointu. À première vue, elle a l’air d’avoir un étage seulement, puisque la moitié du rez-de-chaussée se trouve sous le sol. Contrairement à son apparence extérieure banale, les décors à l’intérieur sont recherchés. Le premier étage est réservé aux chambres à coucher. Le tapis rouge, les lampes murales délicates et les belles peintures à l’huile étrangères font ressortir l’ambiance gracieuse et élégante. La salle d’eau, luxueuse et pouvant servir à deux personnes, se trouve au rez-de-chaussée. Via une conduite artificielle, l’eau thermale des monts Tangshan pouvait y arriver directement.

Coutumes folkloriques de Nanjing

Le septuagénaire Ma Lianxi fait une démonstration de papiers découpés dans une salle du Musée du folklore, qui était autrefois la résidence de Gan Xi des Qing (1644-1911). En tant que troisième génération de la « famille du ciseau légendaire » de Nanjing, M. Ma peut créer des motifs vivants de toutes sortes, sans les dessiner préalablement sur papier.

De nombreux ouvrages de M. Ma ont servi de cadeaux offerts par le gouvernement de Nanjing aux amis étrangers. Parallèlement, il a visité des pays étrangers, dont le Canada, comme envoyé de l’art folklorique chinois. En ce qui concerne cet art, il ne s’inquiète pas de sa disparition. Bien que son fils refuse de perpétuer cet héritage des papiers découpés, se sentant plus attiré vers autre chose, son petit-fils y est sensible. D’ailleurs, Ma Lianxi dirige nombre de disciples des écoles de peintures locales. Au lieu de se préoccuper de ses descendants, il se soucie plutôt des papiers utilisés. D’après lui, les papiers utilisés traditionnellement étaient fabriqués avec des bambous qui offrent une bonne résistance pour l’écriture au pinceau; maintenant, les usines ne produisent plus ce genre de papiers. Quant aux papiers actuels, leur résistance superficielle est moins bonne que celle des papiers traditionnels, et ils ont ainsi perdu de bonnes expressions, d’où son souci.

Les papiers découpés de Chine manifestent les caractéristiques culturelles du pays : vigueur du Nord et grâce du Sud. Tout comme la culture de Nanjing, les papiers découpés de M. Ma témoignent de la coexistence des deux cultures : « fleurs à l’intérieur d’autres fleurs, thème dans un autre thème, finesse dans traits grossiers et habileté dans maladresse ». Sur le plan de la technique et du traitement, ces derniers sont simples et vigoureux, souples et résistants, en plus d’avoir des lignes naturelles et du rythme, ce qui constitue également le style des papiers découpés de M. Ma. Quant à ce dernier, il trouve que les mots « joyeux, rebondis et pleins » conviennent mieux à l’imaginaire, en d’autres mots, ces images artistiques sont pleines et vivantes.

Document II. Itinéraire sur le folklore de Nanjing

1. Paysages de la rivière Qinhuai

Ce qui illustre le mieux le folklore de Nanjing, c’est naturellement les paysages de la rivière Qinhuai qui coule dans le sud de la ville.

La rivière Qinhuai est le berceau de l’ancienne civilisation de Nanjing. En 1372, pendant la fête des Lanternes, Zhu Yuanzhang, empereur Taizu des Ming, ordonna d’allumer 10 000 lanternes flottantes sur l’eau de la rivière Qinhuai, ce qui était, selon la légende, un événement spectaculaire. La prospérité de la rivière Qinhuai a été un condensé de la ville de Nanjing sous les Ming. Même aujourd’hui, les environs du temple de Confucius, au bord de la rivière, regorgent des produits de la foire des lanternes qui se tient pendant la fête des Lanternes. C’est donc le meilleur moment d’y aller.

Centrés sur le temple de Confucius et prenant la rivière Qinhuai comme axe, les paysages de la rivière Qinhuai forment un itinéraire qui comprend le parc Zhanyuan, l’ancien complexe architectural du temple de Confucius, le parc Bainiaozhou, les châteaux de la porte Zhonghua, ainsi que les bateaux, la rue des foires fluviales, les maisons et les coutumes de l’embarcadère Taoye au pont Zhenhuai. Cet itinéraire est intéressant et charmant.

Les collations à la Qinhuai, que l’on déguste près du temple de Confucius, sont connus comme les « huit particularités de Qinhuai ». Ce sont les œufs cuits au thé et aux épices, le thé Yuhua (fleurs de pluie), les galettes croustillantes à l’huile de canard, la soupe au bœuf, les petites boulettes de riz glutineux farcies de fleurs d’osmanthe, etc.

2. Institut de recherche sur les brocarts Yunjin de Nanjing

Les brocarts Yunjin (Yun signifie nuages et jin, brocart) de Nanjing sont réputés pour leurs couleurs splendides et magnifiques. Ils ont pris ce nom à cause de leur beauté ressemblant aux nuages crépusculaires. Ils ont été offerts en tributs à la famille impériale sous les Yuan (1271-1368), les Ming (1368-1644) et les Qing (1644-1911).

Ce qui constitue leur particularité, c’est que, sur le tissu, des motifs sont tissés avec des fils d’or, de sorte que les brocarts ont l’air plus somptueux et élégants. Mais le plus précieux, c’est que cette technique est entièrement réalisée à la main et ne peut être réalisée avec les métiers à tisser électriques.

Pour permettre à davantage de gens de connaître cet art ancien, actuellement, les brocarts Yunjin de Nanjing sont en voie d’être déclarés « Patrimoine culturel oral et intangible du monde ». Parallèlement, les brocarts Yunjin sont aussi fabriqués comme objets d’art d’usage courant, tels que tapis, coussins, sacs à main, cravates, etc. ; leurs prix vont de dizaines à des milliers de yuans.

Adr. : 240, rue Chating E., Nanjing

Horaire : 8 h 30?17 h 30

Transport : autobus n° 4, n° 7 et n° 37, arrêt Chanan.