Les
Gaoshan
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Un
des costumes masculins des Gaoshan. |
Des
femmes gaoshan lors d’une excursion en bateau. |
Une
jeune gaoshan en costume traditionnel. |
Le nom Gaoshan a été créé pour les ethnies minoritaires
de Taiwan, à la suite de la victoire sur le Japon en 1945. Les quelque
300 000 Gaoshan forment moins de 2 % de la population
de Taiwan, et les autres vivent dans la province du Fujian et dans
les villes de Shanghai, Beijing et Wuhan. Les Gaoshan n’ont pas
leur propre écriture, et leur langue appartient au groupe indonésien
de la famille des langues polynésiennes-malaises.
L’île de Taiwan, berceau des Gaoshan, jouit d’un
climat subtropical avec des précipitations abondantes et une terre
fertile qui donne deux récoltes de riz par année (trois dans l’extrême
sud). On y trouve également quelque 80 sortes de fruits, dont la
banane, l’ananas, la papaye, la noix de coco, l’orange, la mandarine
et le longane. La chaîne des monts Taiwan s’étend du nord au sud
de l’île dans sa partie est qui est boisée à 55 %. Soixante-dix
pour cent du camphre du monde vient de Taiwan. L’île possède également
d’abondantes ressources d’or, d’argent, de cuivre, de charbon, de
gaz naturel et de soufre. Le sel est un produit important sur la
côte sud-est.
Les Gaoshan sont surtout des paysans qui cultivent
le riz, le millet, le taro et la patate. Ceux qui vivent sur les
côtes tirent surtout leur subsistance de la pêche.
Histoire
Il existe plusieurs versions sur l’origine de
cette ethnie. Selon la théorie principale, les Gaoshan seraient
indigènes, venus de l’ouest ou du sud, selon les différentes sources.
La théorie selon laquelle ils seraient venus de l’ouest est basée
sur leur coutume de se tondre les cheveux et de tatouer leur corps,
de vénérer les serpents comme étant leurs ancêtres et sur leur langage,
tous des indices qu’ils auraient été des descendants des Baiyue
du continent. Selon une autre théorie, leur langue et leur culture
auraient des ressemblances avec celles des Malais des Philippines
et de Bornéo, de sorte que les Gaoshan seraient venus du sud. Selon
la troisième théorie et la plus plausible, l’ethnie gaoshan proviendrait
d’une branche des anciens Yue qui vivaient le long de la côte du
continent chinois à l’âge de pierre. Ils auraient par la suite été
rejoints par des immigrants des Philippines, de Bornéo et de la
Micronésie.
À l’époque des Ming et des Qing (1368-1911), grâce
à leurs liens économiques et culturels, tous ces peuples ont été
fusionnés en une nouvelle ethnie connue sous le nom de Fan,
ou Fan de l’Est, aujourd’hui appelée Gaoshan.
Selon les découvertes archéologiques, les Gaoshan
auraient toujours maintenu des liens étroits avec le continent,
car il y a 30 000 ans, Taiwan était physiquement soudé au continent
chinois. On croit que les humains se seraient déplacés vers Taiwan
au pléistocène, et les découvertes archéologiques suggèrent que
l’âge de pierre sur le continent aurait été introduit à Taiwan il
y a 3 000 à 4 000 ans.
En 230 av. J.-C., deux généraux du royaume
de Wu, Wei Wen et Zhuge Shi, ont dirigé une armée de 10 000
hommes à travers le détroit de Taiwan et en auraient rapporté plusieurs
indigènes sur le continent. À ce moment-là, les ancêtres des Gaoshan
appartenaient à plusieurs tribus matriarcales primitives. Au début
du VIIe siècle, les Gaoshan avaient déjà commencé à cultiver
et à élever des animaux, en plus de chasser et de faire la cueillette.
Durant les Song et les Yuan ((960-1368), le contrôle du gouvernement
central a été étendu aux îles Penghu et Taiwan, qui ont alors été
placées sous la compétence administrative des districts de Jinjiang
et de Tong’an de la province du Fujian. Durant les Ming (1368-1644),
la culture, la chasse et l’élevage ont continué de se développer.
Au début du XVIIe siècle, un grand nombre de Han du continent
se sont installés à Taiwan, ce qui donna un grand essor économique
à la côte ouest de l’île. Les Gaoshan et les Han ont lutté ferme
pour repousser les envahisseurs et les seigneurs féodaux locaux.
Les pirates japonais ont envahi Keelung, en 1563. En 1593, les dirigeants
japonais ont demandé aux Gaoshan de leur payer tribut, mais sans
succès. De 1602 à 1628, les invasions des pirates japonais ont sans
cesse été repoussées.
Vers la fin des Ming, les Hollandais et les Espagnols
ont effectué des incursions répétées à Taiwan, mais ils ont été
repoussés. Toutefois, en 1642, les Hollandais ont défait les Espagnols,
saisi l’île et imposé un régime tyrannique sur les habitants de
l’île. Au milieu du XVIIe siècle, un soulèvement antihollandais,
dirigé par Guo Huaiyi, a été le plus important en envergure. En
avril 1661, Zheng Chenggong a dirigé une armée de 25 000 hommes
à Taiwan et a libéré l’île des Hollandais avec l’aide des Gaoshan
et des Han qui y vivaient, ce qui a mis fin à un régime colonial
de 38 années.
Après avoir libéré Taiwan des Hollandais, Zheng
Chenggong a institué une série de mesures pour accélérer le développement
économique et culturel. Une économie féodale a commencé à se développer.
Le fils de Zheng a succédé à son père qui était mort cinq mois seulement
après avoir libéré l’île. En 1683, la cour des Qing amena l’île
sous le contrôle du gouvernement central et ce régime a duré 212 ans,
jusqu’à ce que Taiwan tombe sous le régime japonais à la suite de
la signature du traité de Shimonoseki en 1895.
Après la guerre de l’Opium de 1840, les Britanniques,
les Américains, les Japonais et les Français ont envahi Taiwan à
tour de rôle, mais tous ont affronté une vive résistance. Pour combattre
les Britanniques, les habitants de l’île ont formé une armée de
47 000 volontaires qui a réussi à repousser les envahisseurs.
Taiwan est tombée aux mains des Japonais en 1895. De 1895 à 1915,
les Taiwanais ont organisé quelque 100 soulèvements armés contre
l’occupant. L’un d’eux, le soulèvement de Wushe, a été organisé
par les Gaoshan en 1930. Après la victoire sur le Japon en 1945,
Taiwan a été rendue à la Chine, puis placée sous le régime du Guomindang
qui a fui vers l’île après la victoire des communistes sur le continent
en 1949.
Us et coutumes
Mariage. Les Gaoshan
sont monogames et ont un système familial patriarcal, bien que la
tribu Amei conserve encore des vestiges de pratiques matriarcales.
Les chefs de communes sont élus parmi les vieilles femmes, et les
familles sont dirigées par des femmes. C’est la fille aînée qui
hérite de la propriété familiale. Dans la tribu Paiwan, c’est l’aîné
ou l’aînée qui hérite. Tous les jeunes de la tribu Amei et certains
de la tribu Paiwan doivent vivre dans une salle commune pendant
une période de temps avant d’être initiés à la vie d’homme adulte
lors d’une cérémonie spéciale.
Habillement. Les vêtements des Gaoshan
sont habituellement confectionnés de chanvre et de coton. Les hommes
portent des capes, des vestes, des vestons courts et des pantalons,
des guêtres et des turbans décorés de dentelles, de coquillages
et de pierres. Dans certaines régions, les vestes sont finement
tissées avec du rotin et de l’écorce de noix de coco. Les femmes
portent des chemisiers courts avec ou sans manches, des tabliers
et des pantalons ou des jupes, ainsi que des parures, dont des bracelets
aux bras ou aux chevilles. Elles sont habiles à tisser des vêtements
et à les teindre dans des couleurs vives, et elles aiment décorer
les poignets, le col et l’ourlet de broderies magnifiques. Elles
utilisent aussi des coquillages et des os d’animaux en guise d’ornements.
Dans certains endroits, la tradition de tatouer le visage et le
corps a été conservée, tout comme celle de faire des entailles dans
les dents. Certaines vieilles Gaoshan sont toujours fières de leurs
broderies fort distinctives.
Habiletés particulières. Pour le
transport en terrains accidentés, les Gaoshan ont bâti des ponts
en bambou ou en rotin, soit en arche ou suspendus, qui enjambent
des ravins profonds. Ils sont aussi particulièrement habiles en
artisanat. Leur tressage en rotin ou en bambou –paniers, chapeaux,
ustensiles, mortiers et pilons, ainsi que canots– ont des
motifs uniques. Dans les montagnes, les tribus Cao et Bunong excellent
à tanner les peaux, alors que la tribu Taiya fabrique d’excellents
filets de pêche.
Art et culture.
Le chant et la danse font partie de la vie des Gaoshan. Aux jours
de fête, ils se réunissent pour chanter et danser. Ils possèdent
beaucoup de ballades, de contes, de légendes, d’odes aux ancêtres,
de chansons de chasse et de chants pour accompagner le travail.
Leurs instruments incluent l’orgue à bouche et la flûte. Un chant
qui accompagne le battage du riz est typique des Gaoshan. Leur art
comprend beaucoup de gravures et de peintures de figures humaines,
d’animaux, de fleurs et de motifs géométriques sur bois, que ce
soit des panneaux, des colonnes, des seuils, des linteaux, des instruments
de musique ou des ustensiles. On y dépeint aussi la chasse et d’autres
aspects de la vie; des figures à tête humaine et à corps de serpent
sont aussi un thème courant.
Religion. Les Gaoshan
sont des animistes qui croient à l’immortalité et au culte des ancêtres.
Ils tiennent des rites sacrificiels en toutes sortes d’occasions,
dont la pêche et la chasse. Les morts sont enterrés sans cercueil
dans le cimetière du village. Il existe des vestiges de totémisme
–animaux ou serpents– et certains tabous perdurent.
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