Décembre 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

 

Bonjour, l’année de la France !

XING XIAOSHENG

 

 

Le 15 avril 1997, Xing Xiaosheng et sa fille Xiaozhou rendent visite à Balthus chez lui en Suisse. Le 16 mai 1997, Jacques Chirac, Xing Xiaosheng et Zao Wou-ki à Beijing.

Depuis mon premier séjour à Paris en 1984, qui a été suivi de plusieurs autres voyages en France, jusqu’à aujourd’hui, vingt ans sont déjà passés. L’occasion de l’Année de la France en Chine est le moment idéal pour évoquer mes liens très étroits avec l’art français.

Une des peintures de Xing Xiaosheng : Le premier village de France-Sains Cirq-Lapopie» (encre de Chine sur papier de Chine)

J’ai parcouru presque toute la France pour mieux pénétrer l’évolution de l’art en France, à partir de l’époque de la peinture préhistorique de la grotte de Lascaux jusqu’à aujourd’hui. D’autre part, je me suis lié d’amitié avec les élites de son art contemporain. Vraiment, il y a trop de choses à raconter. Comment pourrais-je faire une rétrospective en quelques mots? J’ai fini par trouver une bonne solution : réunir en un recueil les articles que j’ai publiés depuis vingt ans pour présenter les artistes français aux lecteurs chinois. Mon ami Xiao Guanhong, directeur de l’Édition Wenhui, a bien voulu le publier pour accueillir avec ce livre, l’Année de la France.

Bien que le livre soit intitulé Balthus et sa passion pour la Chine, il présente beaucoup d’autres artistes comme Pignon, Fougerons, Bettencours, Ipoustéguy, Truphémus, Mason, Szafran, Garouste, Pignon-Ernest, Gautier, etc., et bien sûr, Zao Wou-ki y compris. Cet ouvrage est très important, parce qu’il donne une idée assez claire sur les élites de l’art d’après-guerre en France, artistes que les Chinois ne connaissaient pas beaucoup.

Seigneur de guerre, une lithographie d’Édouard Pignon collectionnée par Xing Xiaosheng.

À l’inauguration de l’Année de la France, l’ambassade de France en Chine, l’Édition Wenhui et le Musée de l’Académie centrale des Beaux-Arts ont organisé une cérémonie de lancement du recueil. Par ailleurs, un des mes amis m’a conseillé d’exposer ma collection d’œuvres d’art, lesquelles sont des cadeaux de mes amis artistes français, ainsi que ma contribution pour les échanges culturels sino-français. J’avoue que cet ami avait raison, C’est ainsi que cette exposition a été inaugurée le 12 octobre dernier au Musée de l’Académie de Beijing.

Tout comme le grand public, j’ai pu enfin faire une rétrospective de mes liens avec la France depuis vingt ans ; par exemple, notons les peintures et les gravures d’Alechinski, Balthus, Dettencourt, Debré, Fougeron, Gauthier, Lam, Mitoraj, Pignon, Stahly, Truphémus, Velickovic, etc. Il faut aussi mentionner les sculptures de Féraud et de Rodin avec mes peintures, dessins, calligraphies, photos, et surtout les ouvrages écrits et traduits au sujet de l’art français, avec les portraits de Balthus, son environnement de vie et son travail, l’écho de mes diverses activités, y compris les lettres que m’ont écrites Balthus, Chirac, Matisse... Je suis très fier de tout cela et très heureux d’avoir tant d’amis français. L’art et l’amitié, je considère que ce sont les deux choses les plus précieuses de la vie !

Paysage sicilien, une huile de Luc Gauthier collectionnée par Xing Xiaosheng.

À propos de l’amitié, je ne peux m’empêcher de parler de celle que Balthus m’a offerte. Balthus, « le plus grand peintre du XXe siècle » selon Picasso, aspire à la Chine depuis son enfance. Il s’est toujours intéressé à la civilisation chinoise et, avec le temps, il a développé une passion de plus en plus forte pour « l’empire du Milieu ». Mais il attendait toujours un contact direct avec la Chine. De mon côté, chargé d’une mission d’études sur l’art occidental, j’ai pris la décision d’introduire les meilleures œuvres françaises en Chine. Après maintes recherches, j’ai fixé mon attention sur celles de Balthus, en le prenant comme le modèle idéal et irremplaçable d’une parfaite harmonie entre la tradition et le renouveau et d’un nouvel équilibre entre la forme et le contenu. Grâce à Pierre Matisse, j’ai pu rendre visite à Balthus chez lui en Suisse. Quant à lui, tout excité, il s’est exclamé : « Enfin, la Chine ! » D’après lui, notre rencontre n’est qu’une « rencontre du destin ». Je peux dire que cette amitié, qui m’a étroitement lié à Balthus, n’est pas seulement une histoire entre deux amis, mais plutôt le symbole de l’attirance mutuelle de deux brillantes civilisations et de l’admiration réciproque de deux grands peuples, la Chine et la France.

Mon travail de présenter l’art français en Chine est favorablement accueilli par mes compatriotes chinois, respecté par les artistes français et bien apprécié par monsieur Jacques Chirac, président de la République de France. Il m’a écrit dans une lettre en date du 25 août dernier : «  C’est avec plaisir que je constate que votre intérêt pour les relations culturelles franco-chinoises est toujours aussi vif. Votre contribution personnelle à l’Année de la France en Chine en est un témoignage éclatant. J’espère pouvoir continuer à compter dans l’avenir sur votre soutien amical pour rapprocher toujours davantage nos deux peuples. »

Finalement, je suis très heureux d’avoir la France dans ma vie et de pouvoir vivre dans son art et son amitié.

XING XIAOSHENG, historien d’art, critique d’art et artiste, jouit d’une grande réputation mondiale.