Bonjour,
l’année de la France !
XING
XIAOSHENG
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Le
15 avril 1997, Xing Xiaosheng et sa fille Xiaozhou rendent
visite à Balthus chez lui en Suisse. |
Le
16 mai 1997, Jacques Chirac, Xing Xiaosheng et Zao Wou-ki
à Beijing. |
Depuis mon premier séjour à Paris en 1984, qui
a été suivi de plusieurs autres voyages en France, jusqu’à aujourd’hui,
vingt ans sont déjà passés. L’occasion de l’Année de la France
en Chine est le moment idéal pour évoquer mes liens très étroits
avec l’art français.
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Une des peintures
de Xing Xiaosheng : Le premier village de France-Sains
Cirq-Lapopie» (encre de Chine sur papier de Chine) |
J’ai parcouru presque toute la France pour mieux
pénétrer l’évolution de l’art en France, à partir de l’époque
de la peinture préhistorique de la grotte de Lascaux jusqu’à aujourd’hui.
D’autre part, je me suis lié d’amitié avec les élites de son art
contemporain. Vraiment, il y a trop de choses à raconter. Comment
pourrais-je faire une rétrospective en quelques mots? J’ai fini
par trouver une bonne solution : réunir en un recueil les
articles que j’ai publiés depuis vingt ans pour présenter les
artistes français aux lecteurs chinois. Mon ami Xiao Guanhong,
directeur de l’Édition Wenhui, a bien voulu le publier pour accueillir
avec ce livre, l’Année de la France.
Bien que le livre soit intitulé Balthus et sa
passion pour la Chine, il présente beaucoup d’autres artistes
comme Pignon, Fougerons, Bettencours, Ipoustéguy, Truphémus, Mason,
Szafran, Garouste, Pignon-Ernest, Gautier, etc., et bien sûr,
Zao Wou-ki y compris. Cet ouvrage est très important, parce qu’il
donne une idée assez claire sur les élites de l’art d’après-guerre
en France, artistes que les Chinois ne connaissaient pas beaucoup.
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Seigneur
de guerre, une lithographie d’Édouard Pignon collectionnée
par Xing Xiaosheng. |
À l’inauguration de l’Année de la France, l’ambassade
de France en Chine, l’Édition Wenhui et le Musée de l’Académie
centrale des Beaux-Arts ont organisé une cérémonie de lancement
du recueil. Par ailleurs, un des mes amis m’a conseillé d’exposer
ma collection d’œuvres d’art, lesquelles sont des cadeaux de mes
amis artistes français, ainsi que ma contribution pour les échanges
culturels sino-français. J’avoue que cet ami avait raison, C’est
ainsi que cette exposition a été inaugurée le 12 octobre dernier
au Musée de l’Académie de Beijing.
Tout comme le grand public, j’ai pu enfin faire
une rétrospective de mes liens avec la France depuis vingt ans ;
par exemple, notons les peintures et les gravures d’Alechinski,
Balthus, Dettencourt, Debré, Fougeron, Gauthier, Lam, Mitoraj,
Pignon, Stahly, Truphémus, Velickovic, etc. Il faut aussi mentionner
les sculptures de Féraud et de Rodin avec mes peintures,
dessins, calligraphies, photos, et surtout les ouvrages écrits
et traduits au sujet de l’art français, avec les portraits de
Balthus, son environnement de vie et son travail, l’écho de mes
diverses activités, y compris les lettres que m’ont écrites Balthus,
Chirac, Matisse... Je suis très fier de tout cela et très heureux
d’avoir tant d’amis français. L’art et l’amitié, je considère
que ce sont les deux choses les plus précieuses de la vie !
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Paysage
sicilien,
une huile de Luc Gauthier collectionnée par Xing Xiaosheng.
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À propos de l’amitié, je ne peux m’empêcher de
parler de celle que Balthus m’a offerte. Balthus, « le plus
grand peintre du XXe siècle » selon Picasso, aspire
à la Chine depuis son enfance. Il s’est toujours intéressé à la
civilisation chinoise et, avec le temps, il a développé une passion
de plus en plus forte pour « l’empire du Milieu ». Mais
il attendait toujours un contact direct avec la Chine. De mon
côté, chargé d’une mission d’études sur l’art occidental, j’ai
pris la décision d’introduire les meilleures œuvres françaises
en Chine. Après maintes recherches, j’ai fixé mon attention sur
celles de Balthus, en le prenant comme le modèle idéal et irremplaçable
d’une parfaite harmonie entre la tradition et le renouveau et
d’un nouvel équilibre entre la forme et le contenu. Grâce à Pierre
Matisse, j’ai pu rendre visite à Balthus chez lui en Suisse. Quant
à lui, tout excité, il s’est exclamé : « Enfin, la Chine ! »
D’après lui, notre rencontre n’est qu’une « rencontre du
destin ». Je peux dire que cette amitié, qui m’a étroitement
lié à Balthus, n’est pas seulement une histoire entre deux amis,
mais plutôt le symbole de l’attirance mutuelle de deux brillantes
civilisations et de l’admiration réciproque de deux grands peuples,
la Chine et la France.
Mon travail de présenter l’art français en Chine
est favorablement accueilli par mes compatriotes chinois, respecté
par les artistes français et bien apprécié par monsieur Jacques
Chirac, président de la République de France. Il m’a écrit dans
une lettre en date du 25 août dernier : « C’est avec
plaisir que je constate que votre intérêt pour les relations culturelles
franco-chinoises est toujours aussi vif. Votre contribution personnelle
à l’Année de la France en Chine en est un témoignage éclatant.
J’espère pouvoir continuer à compter dans l’avenir sur votre soutien
amical pour rapprocher toujours davantage nos deux peuples. »
Finalement, je suis très heureux d’avoir la France
dans ma vie et de pouvoir vivre dans son art et son amitié.
XING XIAOSHENG, historien
d’art, critique d’art et artiste, jouit d’une grande réputation
mondiale.