Bilan
et perspectives des relations sino-françaises (II)
CAI FANGBO
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Lors de sa visite d’État en France, en septembre 1994, le président
Jiang Zemin a rendu visite au personnel de l’ambassade chinoise.
À sa droite : l’ambasseur Cai Fangbo. |
Le 30 janvier
1998 (3e jour du Nouvel An chinois), l’ambassadeur
Cai Fangbo a invité le président Jacques Chirac à la célébration
de la fête du Printemps organisée à l’ambassade chinoise. Photo :
Cai Fangbo avec son épouse, Jacques Chirac et deux conseillers
de l’ambassade. |
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En 1996, lors de sa visite en France, le premier ministre Li Peng, accompagné
de l’ambassadeur Cai Fangbo, a eu une entrevue avec le président
de l’Assemblée nationale française. |
Entretien entre le ministre chinois des Affaires
étrangères Qian Qichen (au centre) et son homologue français,
tenu en janvier 1997, auquel l’auteur assistait. |
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L' ambassadeur Cai Fangbo, avec le président Mitterrand et le ministre
des Affaires étrangères Roland Dumas, après la remise de ses
lettres de créance, le 21 décembre 1990. |
M.
Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République française,
assiste à la réception donnée à l’occasion de la Fête nationale
de la Chine. |
2.
De 1989 à 1993 : tension dans les relations
sino-françaises. En 1989, à la suite
des tumultes politiques survenus à Beijing, la France et d’autres
pays occidentaux ont imposé
des sanctions contre la Chine. Le
6 juin 1989, à l’Assemblée nationale, le premier ministre Rocard
a proclamé la « suspension immédiate des relations avec la
Chine à tous les échelons ». Le lendemain, le ministre des
Affaires étrangères Roland Dumas a souligné que la décision de M.
Michel Rocard « concerne évidemment d’abord toutes les coopérations
dans le domaine militaire » et « les relations politiques entre
les deux pays». Cependant, la France n’a pas mis un terme aux projets
de coopération profitant des crédits français. En même temps, le
gouvernement français s’est montré indulgent envers les activités
des éléments du « Front démocratique » contre le gouvernement
chinois. Des fonctionnaires chinois de passage en France ont été
traités du revers de la main. Nous avons fait à maintes reprises
des démarches auprès du gouvernement français à divers niveaux à
propos de ses actes susmentionnés. Le 25 septembre, le responsable
du département de l’Europe occidentale du ministère chinois des
Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur Malo
et élevé une vive protestation au gouvernement français en lui demandant
de cesser immédiatement l’ingérence dans les affaires intérieures
de la Chine. Le 29 septembre, le ministre chinois des Affaires étrangères
Qian Qichen a fait remarquer à M. Dumas au siège de l’ONU que
« les incidents inamicaux dirigés contre la Chine, à Paris,
blessent le peuple chinois dans son sentiment et nuisent aux relations
bilatérales » . M. Dumas a affirmé que le gouvernement français
estimait importantes pour la France les relation franço-chinoises
et qu’il souhaitait les maintenir.
À ce moment-là, le contexte d’un monde
bipolaire n’avait pas encore disparu. La France a eu à normaliser
les relations sino-françaises et elle ne voulait pas perdre le marché
chinois. Par conséquent, elle a annulé peu à peu ses sanctions contre
la Chine. Le 3 mars 1990, M. Rocard a déclaré publiquement : « Il
me semble inefficace d’imposer des sanctions contre la Chine qui
est autosuffisante sur le plan économique. » Le 28 septembre, M.
Rocard a reçu l’ambassadeur Zhou Jue, qui allait quitter ses fonctions,
et a apprécié le rôle positif de la Chine dans les affaires internationales.
Il a aussi exprimé son souhait que les deux pays puissent coopérer
à long terme dans les domaines économique et technique. Le 21 décembre,
en tant que nouvel ambassadeur de Chine en France, j’ai remis mes
lettres de créance au président Mitterrand. Le contenu de l’entretien
entre le président et moi-même a bien traduit l’importance de nos
relations bilatérales. Le président m’a dit : « De nos
jours, le monde est en désordre. Nos deux pays sont deux grandes
puissances qui possèdent une longue histoire et une vieille civilisation.
La Chine joue un rôle très important dans le monde. En réalité,
ce sont nos deux pays qui ont joué dans le passé un rôle d’équilibre
sur le plan international. J’approuve donc ce qu’a dit M. l’ambassadeur :
nos deux pays doivent renforcer la consultation et le dialogue et
ont encore beaucoup de choses à faire. » Le 29 avril 1991, Roland
Dumas, ministre des Affaires étrangères, s’est rendu en
visite en Chine ; le président Jiang Zemin et le premier ministre
Li Peng l’ont reçu à tour de rôle. Nos deux ministres des Affaires
étrangères ont eu des entrevues. Les deux parties se sont mises
d’accord sur l’établissement de nouveaux consultats généraux. La
normalisation des relations entre les deux pays était en marche.
Cependant, derrière ce processus de « normalisation »,
se profilaient des crises. Au cours de la réception donnée par l’ambassadeur
français à l’occasion de la visite de Roland Dumas, ce dernier
a évoqué en privé avec le ministre Qian Qichen la question de la
vente des frégates françaises à Taiwan. Après les tumultes de Beijing
en 1989, la France et Taiwan ont eu des contacts secrets pour la
vente de frégates ;
à
la fin de cette année-là, les deux parties ont conclu un accord
préliminaire. Ayant appris cette nouvelle, nous avons fait des démarches énergiques auprès du gouvernement français pendant plus d’un mois pour faire cesser ces
négociations. Le 6 janvier 1990, M. Dumas a donné à l’ambassadeur
Zhou Jue l’engagement suivant : « La dirction suprême
de l’Etat français a décidé de ne plus faire de commerce de navires
de guerre avec Taiwan. Mais pourquoi, un peu plus d’un an après,
il est revenu au même problème ? C’est sûrement le changement
brutal de la conjoncture internationale et la politique intérieure
et extérieure du gouvernement socialiste français qui en étaient
la cause. En 1991, l’Union soviétique allait se désintégrer. L’Allemagne
s’est réunifiée. La situation d’un monde bipolaire allait disparaître.
Dans ce contexte, les dirigeants français ont sous-estimé l’importance
stratégique des relations sino-françaises ; l’économie française
était alors en difficulté, les chiffres du chômage demeuraient élevés,
le gouvernement socialiste était impopulaire. D’autre part, dans
le but de nuire aux relations sino-françaises, les autorités de
Taiwan pratiquaient « la diplomatie de l’argent » vis-à-vis de la
France. Dans ce cas-là, le gouvernement français, malgré l’opposition
résolue de la Chine, a décidé de vendre à Taiwan six frégates La
Fayette, pour une valeur de 2,7 milliards de dollars. M. Dumas
a confié par la suite que la commission secrète de cette transaction
s’élevait à 500 millions de dollars, et que beaucoup d’hommes politiques
en avaient profité. Le gouvernement chinois a réagi rapidement à
cette décision erronée de la France. Le 7 juin, le ministre assistant
des Affaires étrangères, M. Jiang En-zhu, a convoqué immédiatement
l’ambassadeur de France
en Chine, M. Claude Martin, et il a exprimé son étonnement
et a demandé au gouvernement français de revenir sur sa décision.
En outre, afin d’empêcher la France d’aller
plus loin dans une voie dangereuse, il a proposé que les deux parties
entament le plus tôt possible la consultation à ce sujet.
Le même jour, sur l’instruction du gouvernement chinois, j’ai formulé
la même proposition au gouvernement français. La réponse de la France
a été la suivante : «la décision française relève de l’acte
souverain de la France, il n’y a pas lieu de le discuter. » Après
les efforts que nous avons faits auprès de la Présidence de la République
et du Quai d’Orsay, le gouvernement français a été d’accord pour
le discuter avec nous, mais il a aussi souligné que la décision
française sur la question de la vente de frégates est la décision
finale et resterait inchangée. Le 25 juin, conduite par le vice-ministre
des Affaires étrangères Tian Zengpei, la délégation chinoise est
arrivée en France, M. Tian a eu d’âpres négociations avec le secrétaire
général du ministère français des Affaires étrangères. Finalement,
ils sont parvenus à une entente minimale. La partie française a
émis un communiqué dans lequel il est dit notamment que «
le gouvernement français a décidé d’autoriser des industriels français
à négocier la vente des coques de frégates non armées avec Taiwan».
Ce communiqué a réaffirmé la politique de la France l’égard de la
Chine et sa position sur la question de Taiwan. Le 4 juillet, M.
Dumas a confirmé verbalement à M. Tian Zengpei que «Taiwan
est une partie intégrante de la Chine ; la France ne change
pas sa position, c’est-à-dire qu’elle n’entretient pas de lien officiel
ou de contact officiel avec Taiwan ; la France n’a pas l’intention
de changer la situation de la sécurité du détroit de Taiwan en faisant
du commerce avec cette île ». La partie chinoise a aussi confirmé
sa position consistant à s’opposer fermement à toute vente d’armes
à Taiwan. À l’annonce officielle de la nouvelle concernant la vente
de frégates à Taiwan, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères
a convoqué l’ambassadeur de France : il a exprimé son indignation
et élevé une protestation au gouvernement français, et lui a demandé
d’honorer ses engagements donnés à la partie chinoise. Cette vente
d’armes a fait vivre une période difficile aux relations sino-françaises.
De nouvelles tensions sont apparues dans les relations bilatérales.
Le 31 janvier 1992, M. Dumas, qui a rencontré le ministre Qian Qichen
au Conseil de Sécurité de l’ONU, lui a annoncé que la France comptait
vendre 60 Mirage 2000-5 à Taiwan. Pour empêcher cette vente,
la Chine a fait d’abord des démarches énergiques auprès du gouvernement
français en soulignant qu’elle ne donnera son accord ni à la vente
d’armes par la France à Taiwan ni à la consultation entre les deux
parties au sujet de cette vente d’ armes. Si la partie française
persiste dans cette vente, la partie chinoise ne peut qu’y réagir
vivement. Cela pourrait porter atteinte aux relations politiques
et économiques entre les deux pays. En outre, en réponse au « déséquilibre
commercial » avancé par la France, la partie chinoise a promis d’acheter
des produits français pour une valeur de 2 milliards de dollars,
tout en offrant une liste de projets de coopération dont le montant
atteignait 15,4 milliards de dollars, pourvu que la France ne vende
pas de chasseurs à réaction à Taiwan. En dépit de tout, la France
a persisté dans cette vente. Le 18 novembre 1992, comme l’ont rapporté
des médias français, de mauvaise foi, la France n’a pas rendu public
le fait qu’elle avait déjà signé le contrat de vente. La France
n’a avoué cette vente que le 22 décembre. Cette mauvaise conduite
française a gravement nui aux relations sino-françaises. La partie
chinoise était en droit de réagir vivement : le vice-ministre
chinois des Affaires
étrangères a convoqué l’ambassadeur de France pour
élever au gouvernement français la plus vive protestation ;
le gouvernement chinois a pris les mesures suivantes : annulation
de tous les grands projets en cours de négociation, c’est-à-dire
le métro de Guangzhou, la 2e tranche des travaux de la
centrale nucléaire de Daya Bay, la commande de blé français, etc. ;
il n’y aura plus de discussions avec la France sur les grands projets
de coopération ; restriction stricte des échanges de visites
entre les personnalités de haut rang; fermeture du consulat général
français à Guangzhou. Toutes ces mesures ont frappé à coups redoublés
le gouvernement socialiste qui se trouvait politiquement embarrassé
et économiquement atteint. Manquant à sa parole, ce gouvernement
français a fait entrer les relations sino-françaises dans la pire
période.
En mars 1993, le gouvernement socialiste a été défait à l’élection
législative et le RPR-UDF a repris le pouvoir. Le nouveau gouvernement
a cherché à améliorer les relations avec la Chine. Un envoyé spécial
a été dépêché à deux reprises en Chine en juillet et en décembre
pour discuter de la normalisation des relations bilatérales. Grâce
aux nombreux entretiens, les deux gouvernements ont conclu un accord
de normalisation. Le 28 décembre 1993, le vice-ministre des Affaires
étrangères Jiang Enzhu et M. Jacques Friedman, l’envoyé
spécial du premier ministre français, ont signé le Communiqué
conjoint de la République populaire de Chine et de la République
française, dans lequel « le gouvernement français s'est engagé à ne pas autoriser à l’avenir les entreprises à
armer Taiwan. » Dans un échange delettres, nos
deux ministres des Affaires étrangères ont confirmé le contenu du
communiqué conjoint ; de plus le ministre Alain Juppé a indiqué
que « le gouvernement français s’est engagé à ne plus vendre
à l’avenir les armes de guerre à Taiwan. La publication, le 12 janvier
1994, de ce communiqué conjoint a permis aux relations sino-françaises
de reprendre le cours normal du développement.
3.
De 1994 à ce jour, la mise en place du partenariat global franco-chinois. Le communiqué conjoint du 12 janvier a beaucoup amélioré les
relations entre les deux pays : reprise des échanges de visites
entre les personnalités de haut rang ; participation des sociétés
françaises à la concurrence dans le marché chinois; reprise des
négociations économiques et commerciales sur les grands projets
de coopération. En avril 1994, la normalisation a été consacrée
par la visite en Chine du premier ministre Edouard Balladur, suivie,
en septembre de la même année, par la première visite d’État en
France du président Jiang Zemin.
En 1997, lors de la visite du président Chirac en
Chine, le président Jiang Zemin et le président Chirac ont signé
une déclaration conjointe, affirmant tous les deux leur décision
d'instaurer entre
les deux pays un partenariat global
orienté vers le XXIe siècle. C’est là la définition
des niveaux les plus élevés des relations sino-françaises, qui ont
donc accédé à une étape toute nouvelle. Dans l'esprit de la déclaration,
les deux pays ont renforcé les échanges dans les domaines politique,
économique, scientifique et technique, culturel, etc. Ces dernières
années, les chefs d'État et les premiers ministres des deux pays ont échangé
de nombreuses visites, et des rencontres parlementaires ont été réalisées. Notamment,
la deuxième visite en France du président Jiang Zemin en octobre
1999 et celle du président Chirac en Chine en octobre 2000 ont imprimé
une nouvelle dynamique dans les relations sino-françaises. Pour
les besoins du développement en profondeur des relations bilatérales, un «téléphone rouge» entre
les deux chefs d'État a été installé. À présent, un nouveau cycle
de visites mutuelles a commencé.
En 2003, en pleine épidémie de SRAS, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin
est venu en visite officielle en Chine à la date prévue, apportant
le témoignage du soutien du gouvernement français au peuple chinois.
En juin 2003, le président Hu Jintao a participé, sur l'invitation
du président Jacques Chirac, au sommet informel Nord-Sud à Évian.
De plus les deux dirigeants se sont rencontrés pour discuter des
affaires internationales et des relations bilatérales importantes,
et les discussions ont porté fruit. La France est pour la Chine
un marché important et une des sources d’importation de technologies
de pointe et d’équipements avancés. La Chine et la France ont signé
23 protocoles financiers et 2 accords de dons, qui portaient sur
125 projets, avec l'engagement d'un montant supérieur à 2,53 milliards
d'euros, ce qui place la France parmi les pays qui accordent à la
Chine le plus de prêts gouvernementaux. La normalisation des relations
bilatérales a fait progresser beaucoup de grands projets, dont la
commande de nombreux Airbus par la Chine, la coopération
pour la construction de la centrale nucléaire de Ling'ao, de la centrale thermique de
Baima au Sichuan, de la centrale thermique de Liaocheng, de la 2e
tranche des travaux de la centrale de Heze au Shandong, de la centrale
de Laibin dans le Guangxi et de la ligne Mingzhu du métro de Shanghai
(3e ligne), etc. D’après les statistiques des Douanes,
en 2002, le montant du commerce bilatéral a atteint 8,33 milliards
de dollars, en hausse de 6,9 % par rapport à l'année précédente.
En 2003, ce montant a atteint 13, 3 milliards de dollars, 60,9 %
de plus par rapport à l’année 2002 ; on comptait en Chine 2
032 projets d'investissements directs réalisés par la France pour
un montant contractuel de 7,19 milliards de dollars , dont
5,61 milliards
ont été réellement investis. La France est le troisième grand investisseur
parmi les pays de l'Union européenne, et le dixième grand investisseur
du monde en Chine.
Les échanges technico-scientifiques et culturels et les
partenariats en éducation
se déroulent bien.
Sur le plan technico-scientifique, les deux parties ont signé une
série d’accords de coopération et créé une commission technico-scientifique
mixte. La réunion du « Projet sino-français de recherche
avancée» se tient annuellement. À ce jour, on compte près de 700
projets de coopération couvrant essentiellement les domaines de
la technologie spatiale, de la collaboration en matière d’énergie
nucléaire, du charbon propre,
etc. Par ailleurs, les deux pays ont signé des documents pour
le renforcement de la coopération dans les domaines des nouvelle
techniques informatiques et des droits de la propriété intellectuelle.
À la fin de 2002, les deux parties ont signé 1 784 contrats d’importation
de techniques, pour une valeur de 10,5 milliards de dollars.
Dans le domaine de la culture, les échanges sont en plein essor:
en avril 2001, les deux parties ont signé des accords de principe
sur l’installation mutuelle des centres culturels ; les premiers ministres
des deux pays ont signé en septembre 2002 un accord de coopération
culturelle. Ces documents ont jeté une base légale solide aux échanges
culturels entre les deux pays. Sur l'initiative des deux chefs d'État,
des années culturelles Chine-France seront organisées de chaque
côté de 2003 à 2005. En octobre 2003, l’ouverture à Paris de l’Année
culturelle de la Chine en France a contribué à une meilleure connaissance
des uns et des autres. Dans ce cadre, les échanges bilatéraux sont
de plus en plus actifs. Résultat : des visites fréquentes de
groupes d’artistes, diverses expositions d’art et de trésors culturels.
Sur le plan de l’éducation, la tendance des échanges est
encourageante. Le premier accord de coopération sino-française sur
l’éducation a été signé en mars 2003, suivi par la signature, en
septembre, d’un accord pour la reconnaissance réciproque de la scolarité
et des diplômes. Plus de 120 universités et 20 lycées ont établi des relations
académiques. En 2002, il y avait 3 398 étudiants chinois en France
et 1 352 étudiants français en Chine. Par ailleurs, un accord-cadre
de coopération sur l’audiovisuel a été conclu, et la coopération
bilatérale du projet de télé-enseignement est très active.
Perspectives
des relations sino-françaises
Je suis plein de confiance en l’avenir des
relations sino-françaises qui revêtent toujours un caractère stratégique
dès leur début. De nos jours, avec le progrès continu de la multipolarisation
du monde et de la mondialisation économique, le partenariat global
stratégique sino-français s’avère plus important qu’avant. Au cours
des 40 années écoulées, les relations bilatérales ont gagné en maturité.
Je suis intimement persuadé que ce partenariat ne cessera de se
consolider sur la base des points suivants :
Premièrement, les deux pays appliquent une politique étrangère
d’indépendance et d’autonomie et ne constituent pas une menace géopolitique
l’un pour l’autrte. Les deux pays sont pour l’avènement d’un monde
multipolaire et s’opposent à l'unilatéralisme, et ils ont des points
de vue identiques ou voisins sur beaucoup de questions internationales
d’importance majeure : leur
position est identique quant
à la défense du rôle de l'ONU et de l’autorité de son Conseil
de Sécurité ; ils partagent une large identité de vues sur
la crise en Irak et sa reconstruction d’après-guerre. Les deux pays
peuvent coopérer efficacement face à des défis mondiaux tels que
la lutte contre le terrorisme, la protection de l'environnement,
la lutte contre la criminalité transnationale. Le téléphone rouge
a déjà permis d’approfondir, de part et d’autre, le dialogue stratégique
entre les personnalités de haut rang.
Deuxièmement, la complémentarité économique
est très forte. La Chine, le plus grand pays en développement, a
un vaste marché et un climat politique stable. La France, pays développé,
possède des capitaux, des technologies d’avant-garde et des expériences
de gestion que nous voudrions acquérir dans de nombreux domaines.
Récemment, le commerce entre nos deux pays a augmenté rapidement.
Les expériences de
coopération entre les grandes entreprises s’accumulent. Néanmoins, vu
l'importance de la Chine et de la France dans le commerce international,
le potentiel de la coopération sino-française est loin d'être entièrement
mis en valeur, surtout pour les PME. Je suis convaincu que les relations
commerciales se développeront encore davantage en étroite collaboration.
Troisièmement, la Chine et la France, dotées
chacune d'une longue histoire et d’une brillante culture, apportent
une contribution remarquable au progrès de la civilisation humaine.
Les deux pays sont pour la diversité culturelle, et ils ont l’un
pour l’autre de l’admiration réciproque à l’égard de leurs réalisations
culturelles et artistiques. Ce dont nous nous réjouissons, c’est
que la connaissance approfondie qu’ont les dirigeants de chaque
pays sur la culture de l’autre non seulement jette une base solide
pour le développement continu des échanges culturels, mais aussi
crée une ambiance cordiale, propice au développement des relations
du partenariat global entre les deux pays.
Bien sûr, à cause de la différence sur le
plan du système social, de l’idéologie et du niveau de développement,
les deux pays ont, des points de vue et des positions différents,
et même divergents, sur certaines questions. Or, si les deux parties
traitent stratégiquement et prudemment les questions qui surgissent
dans la coopération, surtout le sensible problème de Taiwan, tout
en recherchant la convergence des intérêts communs, notre partenariat
global stratégique pourra se développer avec vigueur. Cela
favorisera non seulement les intérêts fondamentaux de nos deux pays,
mais également le maintien de la paix, de la stabilité et du développement
dans le monde.
Cai
Fangbo,
ancien ambassadeur de Chine en France et vice-président de la Commission
des Affaires étrangères de l'Assemblée populaire nationale de la
9e législature de Chine.
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