Novembre 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Bilan et perspectives des relations sino-françaises (II)

CAI FANGBO

Lors de sa visite d’État en France, en septembre 1994, le président Jiang Zemin a rendu visite au personnel de l’ambassade chinoise. À sa droite : l’ambasseur Cai Fangbo. Le 30 janvier 1998 (3e jour du Nouvel An chinois), l’ambassadeur Cai Fangbo a invité le président Jacques Chirac à la célébration de la fête du Printemps organisée à l’ambassade chinoise. Photo : Cai Fangbo avec son épouse, Jacques Chirac et deux conseillers de l’ambassade.
En 1996, lors de sa visite en France, le premier ministre Li Peng, accompagné de l’ambassadeur Cai Fangbo, a eu une entrevue avec le président de l’Assemblée nationale française. Entretien entre le ministre chinois des Affaires étrangères Qian Qichen (au centre) et son homologue français, tenu en janvier 1997, auquel l’auteur assistait.
L' ambassadeur Cai Fangbo, avec le président Mitterrand et le ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, après la remise de ses lettres de créance, le 21 décembre 1990. M. Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République française, assiste à la réception donnée à l’occasion de la Fête nationale de la Chine.

2.     De 1989 à 1993 : tension dans les relations sino-françaises. En 1989, à la suite des tumultes politiques survenus à Beijing, la France et d’autres pays occidentaux ont imposé des sanctions contre la Chine. Le 6 juin 1989, à l’Assemblée nationale, le premier ministre Rocard a proclamé la « suspension immédiate des relations avec la Chine à tous les échelons ». Le lendemain, le ministre des Affaires étrangères Roland Dumas a souligné que la décision de M. Michel Rocard « concerne évidemment d’abord toutes les coopérations dans le domaine militaire » et « les relations politiques entre les deux pays». Cependant, la France n’a pas mis un terme aux projets de coopération profitant des crédits français. En même temps, le gouvernement français s’est montré indulgent envers les activités des éléments  du « Front démocratique » contre le gouvernement chinois. Des fonctionnaires chinois de passage en France ont été traités du revers de la main. Nous avons fait à maintes reprises des démarches auprès du gouvernement français à divers niveaux à propos de ses actes susmentionnés. Le 25 septembre, le responsable du département de l’Europe occidentale du ministère chinois des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur Malo et élevé une vive protestation au gouvernement français en lui demandant de cesser immédiatement l’ingérence dans les affaires intérieures de la Chine. Le 29 septembre, le ministre chinois des Affaires étrangères Qian Qichen a fait remarquer à M. Dumas au siège de l’ONU que « les incidents inamicaux dirigés contre la Chine, à Paris, blessent le peuple chinois dans son sentiment et nuisent aux relations bilatérales » . M. Dumas a affirmé que le gouvernement français estimait importantes pour la France les relation franço-chinoises et qu’il souhaitait les maintenir.

À ce moment-là, le contexte d’un monde bipolaire n’avait pas encore disparu. La France a eu à normaliser les relations sino-françaises et elle ne voulait pas perdre le marché chinois. Par conséquent, elle a annulé peu à peu ses sanctions contre la Chine. Le 3 mars 1990, M. Rocard a déclaré publiquement « Il me semble inefficace d’imposer des sanctions contre la Chine qui est autosuffisante sur le plan économique. » Le 28 septembre, M. Rocard a reçu l’ambassadeur Zhou Jue, qui allait quitter ses fonctions, et a apprécié le rôle positif de la Chine dans les affaires internationales. Il a aussi exprimé son souhait que les deux pays puissent coopérer à long terme dans les domaines économique et technique. Le 21 décembre, en tant que nouvel ambassadeur de Chine en France, j’ai remis mes lettres de créance au président Mitterrand. Le contenu de l’entretien entre le président et moi-même a bien traduit l’importance de nos relations bilatérales. Le président m’a dit :  « De nos jours, le monde est en désordre. Nos deux pays sont deux grandes puissances qui possèdent une longue histoire et une vieille civilisation. La Chine joue un rôle très important dans le monde. En réalité, ce sont nos deux pays qui ont joué dans le passé un rôle d’équilibre sur le plan international. J’approuve donc ce qu’a dit M. l’ambassadeur : nos deux pays doivent renforcer la consultation et le dialogue et ont encore beaucoup de choses à faire. » Le 29 avril 1991, Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères, s’est rendu en visite en Chine ; le président Jiang Zemin et le premier ministre Li Peng l’ont reçu à tour de rôle. Nos deux ministres des Affaires étrangères ont eu des entrevues. Les deux parties se sont mises d’accord sur l’établissement de nouveaux consultats généraux. La normalisation des relations entre les deux pays était en marche.

Cependant, derrière ce processus de « normalisation », se profilaient des crises. Au cours de la réception donnée par l’ambassadeur français à l’occasion de  la visite de Roland Dumas, ce dernier a évoqué en privé avec le ministre Qian Qichen la question de la vente des frégates françaises à Taiwan. Après les tumultes de Beijing en 1989, la France et Taiwan ont eu des contacts secrets pour la vente de frégates ; à la fin de cette année-là, les deux parties ont conclu un accord préliminaire. Ayant appris cette nouvelle, nous avons fait des démarches énergiques auprès du gouvernement français pendant plus d’un mois pour faire cesser ces négociations. Le 6 janvier 1990, M. Dumas a donné à l’ambassadeur Zhou Jue l’engagement suivant : « La dirction suprême de l’Etat français a décidé de ne plus faire de commerce de navires de guerre avec Taiwan. Mais pourquoi, un peu plus d’un an après, il est revenu au même problème ? C’est sûrement le changement brutal de la conjoncture internationale et la politique intérieure et extérieure du gouvernement socialiste français qui en étaient la cause. En 1991, l’Union soviétique allait  se désintégrer. L’Allemagne s’est réunifiée. La situation d’un monde bipolaire allait disparaître. Dans ce contexte, les dirigeants français ont sous-estimé l’importance stratégique des relations sino-françaises ; l’économie française était alors en difficulté, les chiffres du chômage demeuraient élevés, le gouvernement socialiste était impopulaire. D’autre part, dans le but de nuire aux relations sino-françaises, les autorités de Taiwan pratiquaient « la diplomatie de l’argent » vis-à-vis de la France. Dans ce cas-là, le gouvernement français, malgré l’opposition résolue de la Chine, a décidé de vendre à Taiwan six frégates La Fayette, pour une valeur de 2,7 milliards de dollars.  M. Dumas a confié par la suite que la commission secrète de cette transaction s’élevait à 500 millions de dollars, et que beaucoup d’hommes politiques en avaient profité. Le gouvernement chinois a réagi rapidement à cette décision erronée de la France. Le 7 juin, le ministre assistant des Affaires étrangères, M. Jiang En-zhu, a convoqué immédiatement l’ambassadeur de France en Chine, M. Claude Martin, et il a exprimé son étonnement et a demandé au gouvernement français de revenir sur sa décision. En outre, afin d’empêcher la France d’aller plus loin dans une voie dangereuse, il a proposé que les deux parties entament le plus tôt possible la consultation à ce sujet. Le même jour, sur l’instruction du gouvernement chinois, j’ai formulé la même proposition au gouvernement français. La réponse de la France a été la suivante : «la décision française relève de l’acte souverain de la France, il n’y a pas lieu de le discuter. » Après les efforts que nous avons faits auprès de la Présidence de la République et du Quai d’Orsay, le gouvernement français a été d’accord pour le discuter avec nous, mais il a aussi souligné que la décision française sur la question de la vente de frégates est la décision finale et resterait inchangée. Le 25 juin, conduite par le vice-ministre des Affaires étrangères Tian Zengpei, la délégation chinoise est arrivée en France, M. Tian a eu d’âpres négociations avec le secrétaire général du ministère français des Affaires étrangères. Finalement, ils sont parvenus à une entente minimale. La partie française a émis un communiqué dans lequel il est dit notamment que  « le gouvernement français a décidé d’autoriser des industriels français à négocier la vente des coques de frégates non armées  avec Taiwan». Ce communiqué a réaffirmé la politique de la France l’égard de la Chine et sa position sur la question de Taiwan. Le 4 juillet, M. Dumas a confirmé verbalement à M. Tian Zengpei que «Taiwan est une partie intégrante de la Chine ; la France ne change pas sa position, c’est-à-dire qu’elle n’entretient pas de lien officiel ou de contact officiel avec Taiwan ; la France n’a pas l’intention de changer la situation de la sécurité du détroit de Taiwan en faisant du commerce avec cette île ». La partie chinoise a aussi confirmé sa position consistant à s’opposer fermement à toute vente d’armes à Taiwan. À l’annonce officielle de la nouvelle concernant la vente de frégates à Taiwan, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France : il a exprimé son indignation et élevé une protestation au gouvernement français, et lui a demandé d’honorer ses engagements donnés à la partie chinoise. Cette vente d’armes a fait vivre une période difficile aux relations sino-françaises.

 De nouvelles tensions sont apparues dans les relations bilatérales. Le 31 janvier 1992, M. Dumas, qui a rencontré le ministre Qian Qichen au Conseil de Sécurité de l’ONU, lui a annoncé que la France comptait vendre 60 Mirage 2000-5 à Taiwan. Pour empêcher cette vente, la Chine a fait d’abord des démarches énergiques auprès du gouvernement français en soulignant qu’elle ne donnera son accord ni à la vente d’armes par la France à Taiwan ni à la consultation entre les deux parties au sujet de cette vente d’ armes. Si la partie française persiste dans cette vente, la partie chinoise ne peut qu’y réagir vivement. Cela pourrait porter atteinte aux relations politiques et économiques entre les deux pays. En outre, en réponse au « déséquilibre commercial » avancé par la France, la partie chinoise a promis d’acheter des produits français pour une valeur de 2 milliards de dollars, tout en offrant une liste de projets de coopération dont le montant atteignait 15,4 milliards de dollars, pourvu que la France ne vende pas de chasseurs à réaction à Taiwan. En dépit de tout, la France a persisté dans cette vente. Le 18 novembre 1992, comme l’ont rapporté des médias français, de mauvaise foi, la France n’a pas rendu public le fait qu’elle avait déjà signé le contrat de vente. La France n’a avoué cette vente que le 22 décembre. Cette mauvaise conduite française a gravement nui aux relations sino-françaises. La partie chinoise était en droit de réagir vivement : le vice-ministre chinois des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France pour élever au gouvernement français la plus vive protestation ; le gouvernement chinois a pris les mesures suivantes : annulation de tous les grands projets en cours de négociation, c’est-à-dire le métro de Guangzhou, la 2e tranche des travaux de la centrale nucléaire de Daya Bay, la commande de blé français, etc. ; il n’y aura plus de discussions avec la France sur les grands projets de coopération ; restriction stricte des échanges de visites entre les personnalités de haut rang; fermeture du consulat général français à Guangzhou. Toutes ces mesures ont frappé à coups redoublés le gouvernement socialiste qui se trouvait politiquement embarrassé et économiquement atteint. Manquant à sa parole, ce gouvernement français a fait entrer les relations sino-françaises dans la pire période.

En mars 1993, le gouvernement socialiste a été défait à l’élection législative et le RPR-UDF a repris le pouvoir. Le nouveau gouvernement a cherché à améliorer les relations avec la Chine. Un envoyé spécial a été dépêché à deux reprises en Chine en juillet et en décembre pour discuter de la normalisation des relations bilatérales. Grâce aux nombreux entretiens, les deux gouvernements ont conclu un accord de normalisation. Le 28 décembre 1993, le vice-ministre des Affaires étrangères Jiang Enzhu et M. Jacques Friedman, l’envoyé spécial du premier ministre français, ont signé le Communiqué conjoint de la République populaire de Chine et de la République française, dans lequel « le gouvernement français s'est engagé à ne pas autoriser à l’avenir les entreprises à armer Taiwan. » Dans un échange delettres, nos deux ministres des Affaires étrangères ont confirmé le contenu du communiqué conjoint ; de plus le ministre Alain Juppé a indiqué que « le gouvernement français s’est engagé à ne plus vendre à l’avenir les armes de guerre à Taiwan. La publication, le 12 janvier 1994, de  ce communiqué conjoint a permis aux relations sino-françaises de reprendre le cours normal du développement.

3.     De 1994 à ce jour, la mise en place du partenariat global franco-chinois. Le communiqué conjoint du 12 janvier a beaucoup amélioré les relations entre les deux pays : reprise des échanges de visites entre les personnalités de haut rang ; participation des sociétés françaises à la concurrence dans le marché chinois; reprise des négociations économiques et commerciales sur les grands projets de coopération. En avril 1994, la normalisation a été consacrée par la visite en Chine du premier ministre Edouard Balladur, suivie, en septembre de la même année, par la première visite d’État en France du président Jiang Zemin.

En 1997, lors de la visite du président Chirac en Chine, le président Jiang Zemin et le président Chirac ont signé une déclaration conjointe, affirmant tous les deux leur décision d'instaurer entre les deux pays un partenariat global orienté vers le XXIe siècle. C’est là la définition des niveaux les plus élevés des relations sino-françaises, qui ont donc accédé à une étape toute nouvelle. Dans l'esprit de la déclaration, les deux pays ont renforcé les échanges dans les domaines politique, économique, scientifique et technique, culturel, etc. Ces dernières années, les chefs d'État et les premiers ministres des deux pays ont échangé de nombreuses visites, et des rencontres parlementaires ont été réalisées. Notamment, la deuxième visite en France du président Jiang Zemin en octobre 1999 et celle du président Chirac en Chine en octobre 2000 ont imprimé une nouvelle dynamique dans les relations sino-françaises. Pour les besoins du développement en profondeur des relations bilatérales, un «téléphone rouge» entre les deux chefs d'État a été installé. À présent, un nouveau cycle de visites mutuelles a commencé.

En 2003, en pleine épidémie de SRAS, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin est venu en visite officielle en Chine à la date prévue, apportant le témoignage du soutien du gouvernement français au  peuple chinois. En juin 2003, le président Hu Jintao a participé, sur l'invitation du président Jacques Chirac, au sommet informel Nord-Sud à Évian. De plus les deux dirigeants se sont rencontrés pour discuter des affaires  internationales et des relations bilatérales importantes, et les discussions ont porté fruit. La France est pour la Chine un marché important et une des sources d’importation de technologies de pointe et d’équipements avancés. La Chine et la France ont signé 23 protocoles financiers et 2 accords de dons, qui portaient sur 125 projets, avec l'engagement d'un montant supérieur à 2,53 milliards d'euros, ce qui place la France parmi les pays qui accordent à la Chine le plus de prêts gouvernementaux. La normalisation des relations bilatérales a fait progresser beaucoup de grands projets, dont la commande de nombreux Airbus par la Chine, la coopération pour la construction de la centrale nucléaire de Ling'ao, de la centrale thermique de Baima au Sichuan, de la centrale thermique de Liaocheng, de la 2e tranche des travaux de la centrale de Heze au Shandong, de la centrale de Laibin dans le Guangxi et de la ligne Mingzhu du métro de Shanghai (3e ligne), etc. D’après les statistiques des Douanes, en 2002, le montant du commerce bilatéral a atteint 8,33 milliards de dollars, en hausse de 6,9 % par rapport à l'année précédente. En 2003, ce montant a atteint 13, 3 milliards de dollars, 60,9 % de plus par rapport à l’année 2002 ; on comptait en Chine 2 032 projets d'investissements directs réalisés par la France pour un montant contractuel de 7,19 milliards de dollars , dont 5,61 milliards ont été réellement investis. La France est le troisième grand investisseur parmi les pays de l'Union européenne, et le dixième grand investisseur du monde en Chine.

Les échanges technico-scientifiques et culturels et les partenariats en éducation se déroulent bien. Sur le plan technico-scientifique, les deux parties ont signé une série d’accords de coopération et créé une commission technico-scientifique mixte. La réunion du  « Projet sino-français de recherche avancée» se tient annuellement. À ce jour, on compte près de 700 projets de coopération couvrant essentiellement les domaines de la technologie spatiale, de la collaboration en matière d’énergie nucléaire, du charbon propre, etc. Par ailleurs, les deux pays ont signé des documents pour le renforcement de la coopération dans les domaines des nouvelle techniques informatiques et des droits de la propriété intellectuelle. À la fin de 2002, les deux parties ont signé 1 784 contrats d’importation de techniques, pour une valeur de 10,5 milliards de dollars.

Dans le domaine de la culture, les échanges sont en plein essor: en avril 2001, les deux parties ont signé des accords de principe sur l’installation mutuelle des centres culturels ; les premiers ministres des deux pays ont signé en septembre 2002 un accord de coopération culturelle. Ces documents ont jeté une base légale solide aux échanges culturels entre les deux pays. Sur l'initiative des deux chefs d'État, des années culturelles Chine-France seront organisées de chaque côté de 2003 à 2005. En octobre 2003, l’ouverture à Paris de l’Année culturelle de la Chine en France a contribué à une meilleure connaissance des uns et des autres. Dans ce cadre, les échanges bilatéraux sont de plus en plus actifs. Résultat : des visites fréquentes de groupes d’artistes, diverses expositions d’art et de trésors culturels.

Sur le plan de l’éducation, la tendance des échanges est encourageante. Le premier accord de coopération sino-française sur l’éducation a été signé en mars 2003, suivi par la signature, en septembre, d’un accord pour la reconnaissance réciproque de la scolarité et des diplômes. Plus de 120 universités et 20 lycées ont établi des relations académiques. En 2002, il y avait 3 398 étudiants chinois en France et 1 352 étudiants français en Chine. Par ailleurs, un accord-cadre de coopération sur l’audiovisuel a été conclu, et la coopération bilatérale du projet de télé-enseignement est très active.   

  Perspectives des relations sino-françaises

Je suis plein de confiance en l’avenir des relations sino-françaises qui revêtent toujours un caractère stratégique dès leur début. De nos jours, avec le progrès continu de la multipolarisation du monde et de la mondialisation économique, le partenariat global stratégique sino-français s’avère plus important qu’avant. Au cours des 40 années écoulées, les relations bilatérales ont gagné en maturité. Je suis intimement persuadé que ce partenariat ne cessera de se consolider sur la base des points suivants :

Premièrement, les deux pays appliquent une politique étrangère  d’indépendance et d’autonomie et ne constituent pas une menace géopolitique l’un pour l’autrte. Les deux pays sont pour l’avènement d’un monde multipolaire et s’opposent à l'unilatéralisme, et ils ont des points de vue identiques ou voisins sur beaucoup de questions internationales d’importance majeure : leur position est identique quant à la défense du rôle de l'ONU et de l’autorité de son Conseil de Sécurité ; ils partagent une large identité de vues sur la crise en Irak et sa reconstruction d’après-guerre. Les deux pays peuvent coopérer efficacement face à des défis mondiaux tels que la lutte contre le terrorisme, la protection de l'environnement, la lutte contre la criminalité transnationale. Le téléphone rouge a déjà permis d’approfondir, de part et d’autre, le dialogue stratégique entre les personnalités de haut rang.

Deuxièmement, la complémentarité économique est très forte. La Chine, le plus grand pays en développement, a un vaste marché et un climat politique stable. La France, pays développé, possède des capitaux, des technologies d’avant-garde et des expériences de gestion que nous voudrions acquérir dans de nombreux domaines. Récemment, le commerce entre nos deux pays a augmenté rapidement. Les expériences de coopération  entre les grandes entreprises s’accumulent. Néanmoins, vu l'importance de la Chine et de la France dans le commerce international, le potentiel de la coopération sino-française est loin d'être entièrement mis en valeur, surtout pour les PME. Je suis convaincu que les relations commerciales se développeront encore davantage en étroite collaboration.

Troisièmement, la Chine et la France, dotées chacune d'une longue histoire et d’une brillante culture, apportent une contribution remarquable au progrès de la civilisation humaine. Les deux pays sont pour la diversité culturelle, et ils ont l’un pour l’autre de l’admiration réciproque à l’égard de leurs réalisations culturelles et artistiques. Ce dont nous nous réjouissons, c’est que la connaissance approfondie qu’ont les dirigeants de chaque pays sur la culture de l’autre non seulement jette une base solide pour le développement continu des échanges culturels, mais aussi crée une ambiance cordiale, propice au développement des relations du partenariat global entre les deux pays.

Bien sûr, à cause de la différence sur le plan du système social, de l’idéologie et du niveau de développement, les deux pays ont, des points de vue et des positions différents, et même divergents, sur certaines questions. Or, si les deux parties traitent stratégiquement et prudemment les questions qui surgissent dans la coopération, surtout le sensible problème de Taiwan, tout en recherchant la convergence des intérêts communs, notre partenariat global stratégique pourra se développer avec vigueur. Cela favorisera non seulement les intérêts fondamentaux de nos deux pays, mais également le maintien de la paix, de la stabilité et du développement dans le monde.

Cai Fangbo, ancien ambassadeur de Chine en France et vice-président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée populaire nationale de la 9e législature de Chine.