OCTOBRE 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

V. Foshan, une ville au charme incontestable

DONG PING

QUAND vous roulez sur ses autoroutes, entrez dans ses édifices ou déambulez dans ses espaces verts ou à l’ombre de ses beaux arbres, cette ville vous donne une impression de jeunesse; mais si vous pénétrez dans ses temples, ses temples des ancêtres, ses demeures populaires, ses anciens parcs, ses emplacements de fours, ses musées et ses anciens villages, vous découvrez alors sa longue histoire et sa civilisation pénétrante. Foshan ressemble à une dame dotée à la fois des rides de l’expérience de la vie et de la vigueur de la jeunesse. Il s’en dégage un charme particulier.

L’Ancien Temple, un carrefour éternel de Foshan

L’Ancien Temple est un lieu sacré au cœur des habitants de Foshan. Datant du règne Yuanfeng (1078-1085) des Song, il se trouve dans la rue Zumiao (Ancien Temple), et possède une architecture et des arts décoratifs originaux. Dans la salle principale, les dougong, un système de consoles insérées entre le haut d’une colonne et une traverse, ainsi que les poutres sont tous mortaisés avec du bois de qualité supérieure, sans qu’un seul clou ait été utilisé. Le faîtage de la salle, d’une vingtaine de mètres de longueur, est orné de sculptures de poterie locale illustrant des personnages bien vivants. Les sculptures sur brique et celles en chaux sur les murs sont aussi ingénieuses. Toujours dans cette salle, la statue en bronze du dieu Beidi, qui pèse 2 500 kg, a été moulée en 1452, 3e année du règne Jingtai des Ming. Un brûle-parfum en fer, pesant 2 000 kg, l’a été en 1801, 6e année du règne Jiaqing des Qing. Ces pièces permettent de constater le haut niveau technologique de moulage et de fonte que Foshan avait alors atteint.

La terrasse Wanfu (dix mille bonheurs), aménagée en 1658, 15e année du règne Shunzhi des Qing, est la plus ancienne scène existant actuellement dans le Guangdong. D’une hauteur de deux mètres, d’une largeur et d’une profondeur respectives de 20 m, cette scène, splendide et éblouissante, est séparée au milieu par un grand paravent recouvert d’or. À l’occasion du 3e jour du 3e mois du calendrier lunaire, date de la naissance du dieu Beidi, des acteurs célèbres de l’opéra du Guangdong y donnent des représentations pour le remercier.

Malgré les vicissitudes du temps, les édifices et les décorations de l’Ancien Temple sont en parfait état de conservation, ce qui lui a valu le titre de « palais de l’art folklorique de l’Orient » que lui ont donné de nombreux touristes étrangers.

Berceau de l’opéra du Guangdong

Non loin de l’Ancien Temple se trouve le temple ancestral de Huang Gong, un bâtiment ancien qui abrite le Musée de l’opéra du Guangdong. Ouvert en 2003, ce musée collectionne plus de 20 000 objets anciens. Les 13 zones d’exposition, qui couvrent quelque 2 000 m2, sont divisées en trois parties : l’histoire, l’art et les personnages. Plus de 3 000 objets anciens, allant des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911) jusqu’à nos jours, y sont exposés, dont des pièces de l’opéra du Guangdong, des affiches, des décors et des costumes de théâtre, des instruments, ainsi que des objets des débuts, comme des films de l’opéra du Guangdong, des disques, des photos de scène, des calligraphies et des peintures d’acteurs célèbres. Cette collection a permis au musée de devenir le plus grand musée sur le théâtre et celui ayant la plus riche collection d’objets de l’intérieur du pays.

Aujourd’hui, dans les quartiers d’habitation, les maisons de thé et les petits théâtres de Foshan, on peut encore ressentir l’ambiance particulière du berceau de l’opéra du Guangdong. Maintenant, Foshan compte plus de 400 troupes d’amateurs se spécialisant dans l’opéra et les airs du Guangdong; ces troupes comptent quelque 5 000 membres et donnent plus de 6 000 représentations par an. En 2003, le gouvernement municipal de Foshan a organisé la Semaine de la culture de l’opéra du Guangdong. Celle-ci comprenait des présentations de nouveaux répertoires, des représentations spéciales d’acteurs et d’airs célèbres du Guangdong, de même que la sélection des dix grands chanteurs des airs du Guangdong. Les « conférences données sur l’opéra du Guangdong sur la terrasse Wanfu » et les expositions sur les documents historiques de cet opéra ont attiré des gens du milieu venus de Hongkong et de Singapour. D’ailleurs, les représentations données en anglais, en espagnol et en malais ont permis aux amateurs de l’opéra du Guangdong de jouir d’un festin culturel sans précédent. Ceci a aussi exercé une influence profonde permettant de faire déployer cet art, de découvrir et de former de nouveaux acteurs, de former une jeune génération de spectateurs et de forger la marque typique de Foshan en tant que célèbre ville culturelle.

L’ancien fourneau Nanfeng, un « trésor national » au Guinness

Shiwan, un ancien bourg de Foshan, est connu dans le pays comme la base célèbre de l’industrie de la poterie du Sud. Cette poterie a évolué depuis des milliers d’années grâce à son art sculptural d’un style particulier.

Au bord de la rivière Dongping de ce bourg, l’ancien fourneau Nanfeng, un four impérial bâti sous le règne Zhengde (1506-1521) des Ming, se dresse encore de nos jours. Depuis 500 ans, le feu y brûle sans cesse.

Encore aujourd’hui, ce four applique la technologie traditionnelle de production de la poterie et de la céramique en utilisant le bois comme combustible. Ce sont des maîtres qui règlent le feu du four. Grâce à leur vaste expérience, à la demande, des poteries mises en même temps dans le four en sortent différentes les unes des autres après cuisson.

Avec cette ancienne méthode, le fourneau Nanfeng a une production limitée, mais sous l’effet du feu, la poterie, la cendre et le vernis forment une poterie à la glaçure grise et aux couleurs variées, avec une bonne épaisseur de couches et un bel éclat.

Le fourneau Nanfeng est aujourd’hui le plus ancien four impérial en parfait état de conservation en Chine, voire même dans le monde, encore en usage de nos jours. Il revêt une haute valeur historique et scientifique pour l’étude du développement de la poterie et de la céramique et possède un statut irremplaçable dans les anciens objets de poterie et de céramique de Chine. Il est ainsi un patrimoine précieux dans l’histoire de la poterie et de la céramique. En 2002, il a été inscrit au livre des records Guinness en tant que plus ancien four au bois encore en utilisation. Il est surnommé « l’objet vivant immuable ».

Les ruelles et les anciens villages, le passé de Foshan

Donghuali, une ruelle nichée au cœur de la ville animée, est comme un symbole de la ville d’antan. Elle reflète bien l’aspect des demeures populaires traditionnelles de Foshan.

Après avoir traversé une petite tour surmontant la porte et avoir marché vers la ruelle le long de rues dallées, on découvre de magnifiques maisons à pignons en forme d’oreilles de marmite, et ces maisons sont alignées en enfilade. Les pignons servent aussi à bloquer le feu. La porte principale est formée par trois portes, dont chacune a des fonctions différentes, à la fois scientifiques et pratiques.

Dans le bourg de Leping de l’arrondissement Sanshui, à plus de 100 km du nord de Donghuali, se trouve Daqitou, un village abritant des demeures populaires des Qing. Ce village ressemble aussi à un trésor caché qui a enregistré le passé champêtre de Foshan.

Les constructions du village sont denses et bien rangées le long des ruelles. La disposition en échiquier est non seulement favorable à la circulation, mais aussi sert de passage contre l’incendie. Chaque ruelle est équipée de vannes, dont l’effet équivaut à des installations antivol. Toutes les maisons ont le même style. La canalisation souterraine et le système de drainage sont aussi conçus de manière rationnelle. L’eau pluviale qui dégoutte de chaque auvent est amenée à la galerie de la petite cour et est évacuée dans des canaux secrets par des puits qui filtrent cette eau avant qu’elle soit évacuée vers l’étang. Les ruelles sont pavées de longues pierres qui sont pratiques pour balayer les canaux secrets et drainer la canalisation souterraine.

Le village de Daqitou a été déclaré lieu protégé à l’échelon du Guangdong.

Les parcs Liangyuan et Qinghui, la culture des parcs au sud des Cinq Chaînes

La province du Guangdong possède quatre célèbres parcs, dont deux se trouvent à Foshan. L’un est le parc Liangyuan à Chancheng et l’autre, le parc Qinghui à Shunde.

À l’entrée du parc Liangyuan, beau et calme, on se sent le cœur léger. Ce parc privé, qui s’appelait à l’origine la chaumière Qunxing (multiples étoiles), fut construit par Liang Jiuhua et ses trois neveux, des habitants de Shunde, sous le règne Daoguang des Qing. La construction a duré 40 ans. La disposition est ingénieuse : les demeures, le temple des ancêtres et le parc forment un tout, alors que les paysages sont élégants et pleins du charme d’un pays d’eau au sud des Cinq Chaînes.

Le propriétaire d’autrefois aimait les pierres, de sorte que toutes sortes de pierres étranges y ont été agencées : en position debout ou couchée, ou offrant une forme particulière.

Quant au parc Qinghui, il donne une autre impression. Aménagé au début du règne Jiaqing des Qing, ce parc privé avait pour propriétaire Long Tinghuai, candidat reçu au dernier examen impérial du règne de l’empereur Qianlong des Qing. Par la suite, cet homme a quitté son poste et est retourné dans son pays natal. Il a fait construire ce parc pour sa mère, de sorte que le parc a été baptisé « Qinghui », ce qui signifie « payer de retour les bonnes grâces des parents ». Allant des sculptures sur bois et sur brique aux modelages sur poterie et en chaux, les décorations architecturales de ce parc sont variées, magnifiques et d’un grand raffinement. Dans la salle d’accueil décorée avec luxe, les portes et les fenêtres sont en vitraux, ce qui les rend plus splendides sous la lumière.

En comparaison avec les parcs impériaux du Nord et les parcs privés du Sud du Yangtsé, les parcs au sud des Cinq Chaînes possèdent des particularités bien marquées. Aérés, raffinés, envoûtants, ces parcs s’adaptent à toutes les circonstances, au lieu de s’en tenir à des formules toutes faites. L’aménagement est simple et élégant, alors que les décorations sont exquises et magnifiques. Combinant la touche des parcs traditionnels chinois et les styles d’architecture de l’Occident, ces parcs reflètent le charme de la culture au sud des Cinq Chaînes. Celle-ci se caractérise par son intégration des styles chinois et occidentaux.

Huang Feihong de Foshan, l’incarnation de la culture du wushu chinois

Du côté nord de l’Ancien Temple se dresse le Musée de Huang Feihong, un édifice au style du sud des Cinq Chaînes qui a été remis à neuf. Couvrant une superficie de plus de 5 000 m2, cet édifice de deux étages qui imite les demeures populaires des Qing possède deux enfilades et trois pièces. Il est dédié à Huang Feihong, héros national pour les habitants de Foshan.

Foshan est un célèbre royaume du wushu de Chine, de même que le principal berceau des arts martiaux de l’école du Sud. Au début des Ming, les arts martiaux étaient populaires à Foshan. Au début des Qing, il y avait une profusion de palais d’arts martiaux; sont alors apparues différentes écoles, une série de maîtres et d’organisations dans le domaine qui ont exercé une grande influence à l’échelon international. Les arts martiaux se sont ensuite répandus dans les quatre coins du monde, dont les boxes les plus influentes Hongquan et Yongchun, ainsi que de nombreuses catégories de boxes et d’écoles dérivées qui avaient trouvé leur origine à Foshan.

Par l’intermédiaire des descriptions de centaines de films, de romans, d’émissions de télé et de pièces de théâtre, depuis près de 70 ans, les exploits de Huang Feihong et de ses disciples comme Lin Shiying sont connus de tous et jouissent d’une haute réputation aux yeux des habitants de Foshan. « Huang Feihong de Foshan », c’est l’image d’un artiste doté des vertus traditionnelles chinoises et ayant une conduite chevaleresque au nom de la justice, qui porte secours aux nécessiteux et assiste ceux qui sont en danger.

Le Musée de Huang Feihong collectionne et expose quantité d’objets anciens, de documents historiques et de produits culturels relatifs à cet homme. Il est aussi devenu une base pour les fils et filles du peuple chinois, tant de l’intérieur que de l’extérieur du pays, ainsi que pour les disciples des arts martiaux. Ceux-ci peuvent s’y ressourcer, rendre hommage à leurs ancêtres et faire se déployer la culture des arts martiaux chinois.