La
traversée du désert Hunshandake en quatre-quatre
ZHANG YAJUN
 
On
ne sait pas si c’est l’automobile qui aiguise l’envie des gens de
voyager ou si c’est le développement du tourisme qui leur permet
de rêver à des mondes mystérieux. Quoi qu’il en soit, les roues
leur font vivre des rêves de beaux paysages et de vestiges historiques;
ces objets de rêve se transforment en une réalité bien accessible.
Pour les Chinois, le tourisme et les divertissements se déploient
un peu plus chaque jour. Serait-ce la raison pour laquelle les expéditions
en automobile sont devenues si populaires?
 
AU matin du 2 octobre 2003, un
convoi de dix quatre-quatre est parti de Beijing et est arrivé vers
20 h dans le district de Dolonnur (Mongolie intérieure), après
être passé par Huairou, Fengning et Datan; ce cortège allait rejoindre
d'autres véhicules du Club automobile d’explorateurs de Hangzhou
(Zhejiang). Tout en profitant des journées de congé de la Fête nationale,
l’objectif était d’explorer le désert Hushandake.
Dolonnur, un bourg de 90 000 habitants, se
trouve directement au nord de Beijing. Même si, en ligne droite,
la distance n'est que de 180 km, l'expédition a été assez difficile
parce que la route se trouve en terrain montagneux accidenté. Le
trajet réel parcouru a totalisé quelque 360 km. Malgré sa petite
dimension, le bourg de Dolonnur est bien présent dans la mémoire
des gens; la célèbre « Rencontre d’alliance de Dolonnur »
y a eu lieu. En effet, pour stabiliser les régions frontalières
du Nord, l’empereur Kangxi des Qing (1644-1911) y convoqua en 1691,
30e année de son règne, les princes, ducs et nobles des
trois tribus de la Mongolie extérieure et des 48 clans de la Mongolie
intérieure pour discuter des affaires importantes de la réunification,
de l’union et du développement du pays. En même temps, à la demande
des chefs mongols, il y fit construire le grandiose monastère lamaïste
Huizong pour commémorer cette importante rencontre, qui a aussi
été baptisée « Rencontre d’alliance de Kangxi ». Après
celle-ci, cet endroit est rapidement devenu un lieu de distribution
des marchandises pour le commerce avec la Mongolie, et un important
centre commercial, ce qui a contribué au développement économique
et culturel du plateau mongol.
Pourtant, à la fin du XXe
siècle, en raison de la désertification de plus en plus grave de
la steppe, la réputation de Dolonnur était davantage liée aux tempêtes
de sable. Cet endroit était l’une des principales zones d'origine
des tempêtes de sable qui frappaient Beijing et Tianjin. Sans le
vouloir, Dolonnur est devenu un symbole attirant l’attention des
gens sur le respect de l’écologie.
Pour revenir à notre voyage, dès le
lendemain, après le petit déjeuner, nous sommes repartis de Dolonnur.
Après avoir traversé la rivière Shangdu, le convoi s'est dirigé
vers le bassin de sables en cahotant sur les difficiles chemins
de la steppe. Ce secteur est une zone de transition de la steppe
marécageuse vers la steppe typique; il combine les paysages des
deux zones.
C’était l’automne, les feuilles des arbres étaient
en train de changer de couleurs ―du vert au jaune, puis au
rouge et à un mélange de vert et de rouge―, avec des nuances
plus claires. Sur la steppe dorée, les fruits de toutes sortes de
plantes pointaient de longues barbes blanches qui ondulaient comme
des soies légères. Les affluents des rivières Luanhe et Shandian
coulaient doucement, et les oiseaux volaient en toute liberté. Au
milieu de tels paysages, comment imaginer que les tempêtes de sable
de Beijing puissent en provenir ? Toutefois, ces dernières
années les efforts d’aménagement ont commencé à porter fruit.
Après avoir traversé une petite rivière de moins
de 10 m de largeur, la vue du sable jaune nous a frappés. C’était
la zone de sables no 2 de Dolonnur; cela ressemblait
à une mer infinie. Nous avons avancé lentement et avec attention
pour que la voiture ne s'enlise pas dans ces sables de plus en plus
mous. Quand nous sommes arrivés au village de Liutangcun, à 14 h,
nous avions deux choix concernant la direction à prendre. L’une
allait vers l’est, ce qui, malgré des détours, était relativement
facile pour sortir du désert. L’autre choix était d'aller
directement vers le nord, pour Dalai Nur. Selon les gens de l’endroit,
cette dernière route était difficile à parcourir, puisqu’il y avait
partout de grandes dunes. Mais pour nous, le défi était d’autant
plus stimulant. Nous avons donc établi l’itinéraire par GPS, actionné
les quatre roues motrices, et sommes courageusement partis à l’assaut
des dunes qui se liaient les unes aux autres. Il fallait être attentifs
à ce que les véhicules se tiennent bien à distance, et qu'ils se
précipitent d’une seule haleine sur ces pentes de 400 ou 500 m
de hauteur. Dans de tels sables, beaucoup de pentes abruptes exigent
de rouler à basse vitesse, avec les quatre roues actionnées. Malgré
cela, la réussite n’était pas garantie à la première tentative.
Après avoir gravi une pente, le conducteur devait continuer ses
efforts et se tenir quasiment debout pour faire dévaler le véhicule
le long des pentes ; de plus, une autre pente plus haute l’attendait
parfois. Je ne cessais d’attirer l’attention de tous sur l’usage
raisonnable de l’embrayage; il ne fallait pas l'endommager, parce
que c'est lui qui pourrait toujours nous tirer du pétrin, le cas
échéant. Quoique lentement, le convoi continuait d'avancer sans
relâche. Le soleil se cachait progressivement derrière les montagnes
et le froid nous assaillait lentement; par mesure de sécurité, nous
avons alors décidé de chercher un guide. Après avoir négocié avec
le chef d’un petit village, ce dernier nous envoya deux pasteurs
à moto, lesquels avaient de l'expérience dans la conduite de nuit
sur ces routes.
Une demi-heure plus tard, nous sommes finalement
arrivés au bourg de Dalai Nur. Nous avions alors parcouru 178 km
et conduit pendant 13 h. Dans un petit restaurant, les amateurs
automobiles des deux villes ―Beijing et Hangzhou― portèrent
un toast à leur réussite de conduite dans le désert Hunshandake.
Le matin du troisième jour, le convoi s’est rendu
sur une haute colline; de là, nous avons pu admirer des lacs limpides
et le ciel bleu. Des milliers et des milliers d’oiseaux migrateurs
―cygnes blancs, grues à couronne rouge, canards et oies sauvages―
volaient autour des lacs et se préparaient à la migration vers le
sud avec leurs petits. La gelée blanche couvrait la terre;
les feuilles de roseau perdaient leur couleur verte, et les pasteurs
commençaient la moisson.
Cet après-midi-là, nous nous sommes
dirigés vers le bourg de Jingpeng, chef-lieu du gouvernement de
la bannière Hexigten. Sur les deux côtés de la route, les murs et
les fortins de la tranchée frontalière des Jin (1115-1234), travaux
de défense bâtis sous leur règne, apparaissaient subrepticement.
Huit cents ans après leur édification, ils se dressent encore.
Le matin du quatrième jour, en passant
par le bourg de Jingpeng, le convoi s’est dirigé vers le sud et
nous avons aperçu la vaste steppe de Gunger. Toujours vers le sud,
en passant par Huamugou et Yikesong, nous sommes arrivés à Ulan
Butong, qui signifie « montagne rouge en forme de vase ».
Les canards colverts et les oies sauvages nageaient dans le petit
lac Jiangjun Paozi. J’ai alors pensé à la bataille d’Ulan Butong,
qui a eu lieu à l’automne 1690. À l’époque, avec le
soutien du tsar de Russie et cherchant à scinder la patrie, Galdan, chef de la tribu Jungar, avait conduit plus de 20 000 chevaliers à envahir la Mongolie intérieure.
L’empereur Kangxi en personne y a dirigé une expédition à trois
reprises. Galdan a essuyé une défaite lamentable lors de la dernière
bataille. Tong Guogang, ministre et oncle de l’empereur, est mort
durant cette bataille acharnée; depuis lors, le plan d’eau de plus
d’un millier de mu (1 mu ═ 1/15 ha)
s'est vu attribuer le surnom de « Jiangjun Paozi », ce
qui signifie lac du Général.
Le convoi a continué à avancer jusqu’au
domaine forestier de Saihanba, où dans les 1950, étaient cultivés
500 000 mu de forêts, (plus de 400 millions d’arbres) par
les étudiants de la ville. Le soir, nous avons logé dans le bourg
de Weichang. Bientôt, nous allions nous séparer, tout en rêvant
à notre prochaine expédition.
Voici
les sites sur la route
Dolonnur
En mongol, ce nom signifie « sept lacs ».
Les paysages y sont magnifiques et l’endroit abrite des vestiges
précieux, des vastes steppes, des forêts régénérées et des animaux
sauvages. Les ressources comestibles et médicinales des plantes
locales, dont la fougère, l’hémérocalle jaune, la racine d’astragale
et la racine de buplèvre, sont aussi très riches. La température
moyenne en été y est de 18,7 °C, et certains sites sont prêts à
recevoir les touristes. Ceux-ci peuvent y admirer la beauté
de la grande nature et des steppes, et profiter des activités suivantes :
équitation, tir à l’arc, glissade sur le sable et dérive.
Les ruines de la cité Shangdu des
Yuan
Celle-ci se trouve dans la zone alluviale
de la rive nord de la rivière Shandian (cours supérieur de la rivière
Luanhe) sur la prairie Wuyi de la bannière Zhenglan en Mongolie
intérieure. Bâtie en 1256, 6e année de règne de l’empereur
Xianzong des Yuan (1271-1368), cette cité s’appelait à l’origine
la préfecture Kaiping ; celle-ci a changé plus tard en son
nom actuel de Shangdu. La cité est de forme carrée, et sa disposition
est du style traditionnel de la Plaine centrale ; elle comprend
la cité interdite, la cité impériale et la cité extérieure, construites
symétriquement le long d’un axe central. Les murs de la cité interdite
étaient en brique. Celle-ci était entourée par la cité impériale,
aux murs de pierre, qui était le siège des bureaux du gouvernement.
La cité extérieure, au nord-ouest de la cité impériale, était entièrement
en terre et elle englobait des jardins, des temples et des ateliers.
Les faubourgs de l’est, du sud et de l’ouest étaient des marchés,
des résidences populaires et des greniers. La cité est tombée en
ruines dans les premières années du règne de l’empereur Yongle des
Ming (1368-1644), mais les murs et les fondations de l’édifice sont
encore debout. Les vestiges de Shangdu sont d’une valeur importante
pour la recherche sur l’histoire des Yuan.
Les vestiges de la tranchée frontalière
des Jin
Cette tranchée se situe principalement
à l’intérieur de la Région autonome de Mongolie intérieure, avec
certaines sections en Russie et en Mongolie. La section dans la
bannière Arun et la ville de Zalantun de la Mongolie intérieure
sert de limites entre celle-ci et le Heilongjiang. Il y a aussi
des sections à Weichang, à Fengning et à Kangbao du Hebei. Cette
tranchée est un ouvrage de défense militaire construit par les Jin
dans le but de se défendre contre les invasions des cavaliers mongols.
Le sol creusé servait à construire les murs. Les fortins, passages
et emplacements des cités liés à la tranchée sont tous localisés
à l’intérieur de celle-ci. Des objets des Jin, découverts à l’intérieur
et à l’extérieur des vestiges, dont les mortiers en pierre, les
poteries et les porcelaines, ont fourni des témoignages permettant
des recherches sur l’histoire des Jin.
Les réserves de Dalai Nur
Elles se trouvent à l’ouest de la
bannière Hexigten de la ville de Chifeng (Mongolie intérieure).
À 90 km du bourg de Jingpeng, siège du gouvernement populaire
de la bannière, les réserves sont un passage important pour les
oiseaux migrateurs du Nord de la Chine. Quelque 160 espèces y séjournent,
et au printemps et en automne, des milliers de cygnes blancs et
des centaines d’espèces de grues viennent s’y reproduire. Ce sont
aussi les deux meilleures saisons pour l’observation des oiseaux.
Le terrain de chasse Mulan
Après la répression de la Révolte des trois feudataires
par Kangxi, en 1681, ce dernier ordonna l’établissement du terrain
de chasse Mulan ; son enclos était de 650 km et il était divisé
en 72 unités. Chaque année, il y tenait la chasse d’automne. Pendant
les 140 ans qui ont précédé les vingt années de règne de Kangxi,
trois empereurs, Kangxi, Qianlong et Jiaqing, y ont organisé 105
chasses.
Beaucoup d’événements historiques sont liés à cet endroit, dont
les vestiges de l’ancien champ de bataille d’Ulan Butong. Le terrain
de chasse impérial est maintenant ouvert aux touristes qui peuvent
apprécier les paysages de steppes et de forêts, aller à la chasse,
explorer l’itinéraire de chasse impériale et visiter l’ancien champ
de bataille.
Jiangjun Paozi est le plus célèbre site
de Saihanban.
La Grande Muraille de Jinshanling
Elle se trouve sur les monts
Jinshanling, au nord-est de Beijing et au sud de Chengde (Hebei),
à 250 km de Gubeikou et de Hualougou du bourg de Bakeshiying de
Luanping. À l’est se dressent les monts Wuling, et à l’ouest,
les monts Wohu. Vers le sud, la muraille se lie avec Beijing et
vers le nord, à Bashang. Elle était un passage stratégique
d’entrée-sortie au-delà de la Grande Muraille et aussi un lieu disputé
par les stratèges.
S’étirant sur plus de 20 km, ce tronçon
fut construit pendant les Ming, en 1567, sous la direction des célèbres
généraux Qi Jiguang et Tan Lun. Grandeur, tours de guet densement
réparties et construction ingénieuse caractérisent ce tronçon. Il
peut vraiment rivaliser avec celui de Badaling.
Document
1. Hunshandake signifie le « destrier-renard »
en langue mongole. L’origine de cette appellation est due à Gengis
Khan, célèbre conquérant dans l’histoire de l’humanité au XIIIe
siècle. Quand il passa par ces sables, lors de son expédition vers
l’ouest, il baptisa ainsi son cheval bien-aimé. Les ruines des anciens
champs de bataille et les légendes qui ont circulé partout à propos
des héros de toutes les générations suscitent encore davantage l’attrait
et le respect des hommes.
2. Situé au sud de la ligue
Xilin Gol de la région autonome de Mongolie intérieure, à l’ouest
de la bannière Hexigten, Hunshandake est
l’un des dix grands déserts de Chine. En plus des dunes en forme
de nid d’abeille et des buttes, fixes ou à demi fixes, ces sables
forment aussi un célèbre désert avec oasis de Chine, où se dispersent
une centaine de petits lacs et de fontaines de sables. Ces lieux
sont propices aux programmes touristiques particuliers comme le
cross-country en automobile et les excursions à cheval et à chameau.
Ils sont un lieu idéal surtout pour les gens des environs, comme
Beijing et Tianjin, qui aiment l’exploration dans le désert, car
une semaine suffit pour la visite.
Itinéraire recommandé
Beijing―Dolonnur―Dalai Nur―Bannière
Hexigten―Saihanba―Weichang―Luanping―Miyun―Beijing.
Le long de cette route d’environ 1 600 km, il y a une section de
150 km de désert sans chemin entre Dolonnur et Darhan, un paradis
pour ceux qui aiment conduire dans le désert.
Caractéristiques
de cet itinéraire
1.
Le long de la route, les visiteurs peuvent faire l’expérience des
us et coutumes mongols, dont ses chants, manger du mouton avec les
doigts, découvrir l’artisanat local et les coutumes typiques.
2.
Il y a beaucoup de sites et de vestiges historiques à découvrir,
par exemple les anciennes peintures rupestres dans la bannière Hexigten,
ainsi que celles de Baicha ; ces dernières sont considérées
comme les premières peintures rupestres au nord du Yangtsé.
3.
Les visiteurs peuvent voir la seule forêt de pins de Corée
du monde dans les sables. L’événement le plus recommandé est le
Nadam, un gala d’échanges commerciaux sur la steppe qui se déroule
au 13e jour du 5e mois du calendrier lunaire.
4.
La meilleure période va de mai à octobre.
Conseils
1.
L’objectif
de cet itinéraire est de traverser le désert Hunshandake. Il est recommandé de voyager au printemps
et en automne, puisque la chaleur estivale torride et le froid rigoureux
en hiver ( plus de -20 °C)
ne
conviennent pas. De plus, en hiver, il n’y a pas d’oiseaux migrateurs
à Dalai Nur.
2.
Il ne faut jamais traverser le désert en solitaire. Dans un convoi,
au moins un véhicule doit être équipé d’un cabestan. Pour chaque
véhicule, deux cordes de remorquage, un compteur de pression pneumatique
et une pompe à air sont obligatoires.
3.
Conduire dans le désert consomme beaucoup d’essence, et il faut
être sûr d’en avoir suffisamment, si on décide de traverser le désert
pendant des jours.
4.
Soyez prudent lorsque vous conduisez dans le désert où les routes
sont accidentées. Équipez le véhicule de radio, de boussole
et de GPS, au cas où vous égareriez ou resteriez en arrière.
5. Ne conduisez jamais dans les
prairies et ne portez jamais atteinte au pâturage que les pasteurs
ont clôturé avec des barbelés.
6.
Si vous désirez faire la cuisine en plein air, il vaut mieux utiliser
un baril d’essence vide qui a un bon effet pour protéger du vent.
7.
Il ne faut jamais enterrer les ordures, puisque le sable se déplace.
Apportez-les avec vous.
8.
Dalai Nur est un lac semi-salé ; il vaut donc mieux ne pas
vous amuser en conduisant au bord du lac ou laver le véhicule avec
de l’eau de ce lac, ce qui corroderait facilement la carrosserie.
9.
Si le véhicule est enlisé, demandez aux autres de le remorquer,
plutôt que de le déplacer vous-même et d’endommager l’embrayage.
10.
Si vous emmenez les enfants avec vous, il est conseillé d’apporter
beaucoup d’eau courante et des médicaments, au cas où ils souffriraient
du mal des transports. La température varie considérablement entre
le jour et la nuit ; il vaut donc mieux apporter des vêtements
chauds.
11.
Apportez aussi des tuyaux de rechange pour le réservoir d’eau de
votre véhicule et vérifiez à tout moment l’indicateur de la température
d’eau.
12.
Le véhicule doit être un quatre roues motrices avec fonctions normales.
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