JUILLET 2004

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

La traversée du désert Hunshandake en quatre-quatre

ZHANG YAJUN

On ne sait pas si c’est l’automobile qui aiguise l’envie des gens de voyager ou si c’est le développement du tourisme qui leur permet de rêver à des mondes mystérieux. Quoi qu’il en soit, les roues leur font vivre des rêves de beaux paysages et de vestiges historiques; ces objets de rêve se transforment en une réalité bien accessible. Pour les Chinois, le tourisme et les divertissements se déploient un peu plus chaque jour. Serait-ce la raison pour laquelle les expéditions en automobile sont devenues si populaires?

AU matin du 2 octobre 2003, un convoi de dix quatre-quatre est parti de Beijing et est arrivé vers 20 h dans le district de Dolonnur (Mongolie intérieure), après être passé par Huairou, Fengning et Datan; ce cortège allait rejoindre d'autres véhicules du Club automobile d’explorateurs de Hangzhou (Zhejiang). Tout en profitant des journées de congé de la Fête nationale, l’objectif était d’explorer le désert Hushandake. 

Dolonnur, un bourg de 90 000 habitants, se trouve directement au nord de Beijing.  Même si, en ligne droite, la distance n'est que de 180 km, l'expédition a été assez difficile parce que la route se trouve en terrain montagneux accidenté. Le trajet réel parcouru a totalisé quelque 360 km. Malgré sa petite dimension, le bourg de Dolonnur est bien présent dans la mémoire des gens; la célèbre « Rencontre d’alliance de Dolonnur » y a eu lieu. En effet, pour stabiliser les régions frontalières du Nord, l’empereur Kangxi des Qing (1644-1911) y convoqua en 1691, 30e année de son règne, les princes, ducs et nobles des trois tribus de la Mongolie extérieure et des 48 clans de la Mongolie intérieure pour discuter des affaires importantes de la réunification, de l’union et du développement du pays. En même temps, à la demande des chefs mongols, il y fit construire le grandiose monastère lamaïste Huizong pour commémorer cette importante rencontre, qui a aussi été baptisée « Rencontre d’alliance de Kangxi ». Après celle-ci, cet endroit est rapidement devenu un lieu de distribution des marchandises pour le commerce avec la Mongolie, et un important centre commercial, ce qui a contribué au développement économique et culturel du plateau mongol.

Pourtant, à la fin du XXe siècle, en raison de la désertification de plus en plus grave de la steppe, la réputation de Dolonnur était davantage liée aux tempêtes de sable. Cet endroit était l’une des principales zones d'origine des tempêtes de sable qui frappaient Beijing et Tianjin. Sans le vouloir, Dolonnur est devenu un symbole attirant l’attention des gens sur le respect de l’écologie.

Pour revenir à notre voyage, dès le lendemain, après le petit déjeuner, nous sommes repartis de Dolonnur. Après avoir traversé la rivière Shangdu, le convoi s'est dirigé vers le bassin de sables en cahotant sur les difficiles chemins de la steppe. Ce secteur est une zone de transition de la steppe marécageuse vers la steppe typique; il combine les paysages des deux zones.

C’était l’automne, les feuilles des arbres étaient en train de changer de couleurs ―du vert au jaune, puis au rouge et à un mélange de vert et de rouge―, avec des nuances plus claires. Sur la steppe dorée, les fruits de toutes sortes de plantes pointaient de longues barbes blanches qui ondulaient comme des soies légères.  Les affluents des rivières Luanhe et Shandian coulaient doucement, et les oiseaux volaient en toute liberté. Au milieu de tels paysages, comment imaginer que les tempêtes de sable de Beijing puissent en provenir ? Toutefois, ces dernières années les efforts d’aménagement ont commencé à porter fruit.

Après avoir traversé une petite rivière de moins de 10 m de largeur, la vue du sable jaune nous a frappés. C’était la zone de sables no 2 de Dolonnur; cela ressemblait à une mer infinie. Nous avons avancé lentement et avec attention pour que la voiture ne s'enlise pas dans ces sables de plus en plus mous. Quand nous sommes arrivés au village de Liutangcun, à 14 h, nous avions deux choix concernant la direction à prendre. L’une allait vers l’est, ce qui, malgré des détours, était relativement facile pour sortir du désert. L’autre choix était d'aller directement vers le nord, pour Dalai Nur. Selon les gens de l’endroit, cette dernière route était difficile à parcourir, puisqu’il y avait partout de grandes dunes. Mais pour nous, le défi était d’autant plus stimulant. Nous avons donc établi l’itinéraire par GPS, actionné les quatre roues motrices, et sommes courageusement partis à l’assaut des dunes qui se liaient les unes aux autres. Il fallait être attentifs à ce que les véhicules se tiennent bien à distance, et qu'ils se précipitent d’une seule haleine sur ces pentes de 400 ou 500 m de hauteur. Dans de tels sables, beaucoup de pentes abruptes exigent de rouler à basse vitesse, avec les quatre roues actionnées. Malgré cela, la réussite n’était pas garantie à la première tentative. Après avoir gravi une pente, le conducteur devait continuer ses efforts et se tenir quasiment debout pour faire dévaler le véhicule le long des pentes ; de plus, une autre pente plus haute l’attendait parfois. Je ne cessais d’attirer l’attention de tous sur l’usage raisonnable de l’embrayage; il ne fallait pas l'endommager, parce que c'est lui qui pourrait toujours nous tirer du pétrin, le cas échéant. Quoique lentement, le convoi continuait d'avancer sans relâche. Le soleil se cachait progressivement derrière les montagnes et le froid nous assaillait lentement; par mesure de sécurité, nous avons alors décidé de chercher un guide. Après avoir négocié avec le chef d’un petit village, ce dernier nous envoya deux pasteurs à moto, lesquels avaient de l'expérience dans la conduite de nuit sur ces routes.

Une demi-heure plus tard, nous sommes finalement arrivés au bourg de Dalai Nur. Nous avions alors parcouru 178 km et conduit pendant 13 h. Dans un petit restaurant, les amateurs automobiles des deux villes ―Beijing et Hangzhou― portèrent un toast à leur réussite de conduite dans le désert Hunshandake. 

Le matin du troisième jour, le convoi s’est rendu sur une haute colline; de là, nous avons pu admirer des lacs limpides et le ciel bleu. Des milliers et des milliers d’oiseaux migrateurs ―cygnes blancs, grues à couronne rouge, canards et oies sauvages― volaient autour des lacs et se préparaient à la migration vers le sud avec leurs petits.  La gelée blanche couvrait la terre; les feuilles de roseau perdaient leur couleur verte, et les pasteurs commençaient la moisson.

Cet après-midi-là, nous nous sommes dirigés vers le bourg de Jingpeng, chef-lieu du gouvernement de la bannière Hexigten. Sur les deux côtés de la route, les murs et les fortins de la tranchée frontalière des Jin (1115-1234), travaux de défense bâtis sous leur règne, apparaissaient subrepticement. Huit cents ans après leur édification, ils se dressent encore.

Le matin du quatrième jour, en passant par le bourg de Jingpeng, le convoi s’est dirigé vers le sud et nous avons aperçu la vaste steppe de Gunger. Toujours vers le sud, en passant par Huamugou et Yikesong, nous sommes arrivés à Ulan Butong, qui signifie « montagne rouge en forme de vase ». Les canards colverts et les oies sauvages nageaient dans le petit lac Jiangjun Paozi. J’ai alors pensé à la bataille d’Ulan Butong, qui a eu lieu à l’automne 1690. À l’époque, avec le soutien du tsar de Russie et cherchant à scinder la patrie, Galdan, chef de la tribu Jungar, avait conduit plus de 20 000 chevaliers à envahir la Mongolie intérieure. L’empereur Kangxi en personne y a dirigé une expédition à trois reprises. Galdan a essuyé une défaite lamentable lors de la dernière bataille. Tong Guogang, ministre et oncle de l’empereur, est mort durant cette bataille acharnée; depuis lors, le plan d’eau de plus d’un millier de mu (1 mu ═ 1/15 ha) s'est vu attribuer le surnom de « Jiangjun Paozi », ce qui signifie lac du Général.

Le convoi a continué à avancer jusqu’au domaine forestier de Saihanba, où dans les 1950, étaient cultivés 500 000 mu de forêts, (plus de 400 millions d’arbres) par les étudiants de la ville. Le soir, nous avons logé dans le bourg de Weichang. Bientôt, nous allions nous séparer, tout en rêvant à notre prochaine expédition.

Voici les sites sur la route

Dolonnur

En mongol, ce nom signifie « sept lacs ». Les paysages y sont magnifiques et l’endroit abrite des vestiges précieux, des vastes steppes, des forêts régénérées et des animaux sauvages. Les ressources comestibles et médicinales des plantes locales, dont la fougère, l’hémérocalle jaune, la racine d’astragale et la racine de buplèvre, sont aussi très riches. La température moyenne en été y est de 18,7 °C, et certains sites sont prêts à recevoir les touristes.  Ceux-ci peuvent y admirer la beauté de la grande nature et des steppes, et profiter des activités suivantes : équitation, tir à l’arc, glissade sur le sable et dérive.

Les ruines de la cité Shangdu des Yuan

Celle-ci se trouve dans la zone alluviale de la rive nord de la rivière Shandian (cours supérieur de la rivière Luanhe) sur la prairie Wuyi de la bannière Zhenglan en Mongolie intérieure. Bâtie en 1256, 6e année de règne de l’empereur Xianzong des Yuan (1271-1368), cette cité s’appelait à l’origine la préfecture Kaiping ; celle-ci a changé plus tard en son nom actuel de Shangdu. La cité est de forme carrée, et sa disposition est du style traditionnel de la Plaine centrale ; elle comprend la cité interdite, la cité impériale et la cité extérieure, construites symétriquement le long d’un axe central. Les murs de la cité interdite étaient en brique. Celle-ci était entourée par la cité impériale, aux murs de pierre, qui était le siège des bureaux du gouvernement. La cité extérieure, au nord-ouest de la cité impériale, était entièrement en terre et elle englobait des jardins, des temples et des ateliers. Les faubourgs de l’est, du sud et de l’ouest étaient des marchés, des résidences populaires et des greniers. La cité est tombée en ruines dans les premières années du règne de l’empereur Yongle des Ming (1368-1644), mais les murs et les fondations de l’édifice sont encore debout. Les vestiges de Shangdu sont d’une valeur importante pour la recherche sur l’histoire des Yuan.

Les vestiges de la tranchée frontalière des Jin

Cette tranchée se situe principalement à l’intérieur de la Région autonome de Mongolie intérieure, avec certaines sections en Russie et en Mongolie. La section dans la bannière Arun et la ville de Zalantun de la Mongolie intérieure sert de limites entre celle-ci et le Heilongjiang. Il y a aussi des sections à Weichang, à Fengning et à Kangbao du Hebei. Cette tranchée est un ouvrage de défense militaire construit par les Jin dans le but de se défendre contre les invasions des cavaliers mongols. Le sol creusé servait à construire les murs. Les fortins, passages et emplacements des cités liés à la tranchée sont tous localisés à l’intérieur de celle-ci. Des objets des Jin, découverts à l’intérieur et à l’extérieur des vestiges, dont les mortiers en pierre, les poteries et les porcelaines, ont fourni des témoignages permettant des recherches sur l’histoire des Jin.

Les réserves de Dalai Nur

Elles se trouvent à l’ouest de la bannière Hexigten de la ville de Chifeng (Mongolie intérieure). À 90 km du bourg de Jingpeng, siège du gouvernement populaire de la bannière, les réserves sont un passage important pour les oiseaux migrateurs du Nord de la Chine. Quelque 160 espèces y séjournent, et au printemps et en automne, des milliers de cygnes blancs et des centaines d’espèces de grues viennent s’y reproduire. Ce sont aussi les deux meilleures saisons pour l’observation des oiseaux.

Le terrain de chasse Mulan

Après la répression de la Révolte des trois feudataires par Kangxi, en 1681, ce dernier ordonna l’établissement du terrain de chasse Mulan ; son enclos était de 650 km et il était divisé en 72 unités. Chaque année, il y tenait la chasse d’automne. Pendant les 140 ans qui ont précédé les vingt années de règne de Kangxi, trois empereurs, Kangxi, Qianlong et Jiaqing, y ont organisé 105 chasses.             Beaucoup d’événements historiques sont liés à cet endroit, dont les vestiges de l’ancien champ de bataille d’Ulan Butong. Le terrain de chasse impérial est maintenant ouvert aux touristes qui peuvent apprécier les paysages de steppes et de forêts, aller à la chasse, explorer l’itinéraire de chasse impériale et visiter l’ancien champ de bataille.

Jiangjun Paozi est le plus célèbre site de Saihanban.

La Grande Muraille de Jinshanling

Elle se trouve sur les monts Jinshanling, au nord-est de Beijing et au sud de Chengde (Hebei), à 250 km de Gubeikou et de Hualougou du bourg de Bakeshiying de Luanping. À l’est se dressent les monts Wuling, et à l’ouest, les monts Wohu. Vers le sud, la muraille se lie avec Beijing et vers le nord, à Bashang. Elle était un passage stratégique d’entrée-sortie au-delà de la Grande Muraille et aussi un lieu disputé par les stratèges.

S’étirant sur plus de 20 km, ce tronçon fut construit pendant les Ming, en 1567, sous la direction des célèbres généraux Qi Jiguang et Tan Lun. Grandeur, tours de guet densement réparties et construction ingénieuse caractérisent ce tronçon. Il peut vraiment rivaliser avec celui de Badaling.

Document

1.  Hunshandake signifie le « destrier-renard » en langue mongole. L’origine de cette appellation est due à Gengis Khan, célèbre conquérant dans l’histoire de l’humanité au XIIIe siècle. Quand il passa par ces sables, lors de son expédition vers l’ouest, il baptisa ainsi son cheval bien-aimé. Les ruines des anciens champs de bataille et les légendes qui ont circulé partout à propos des héros de toutes les générations suscitent encore davantage l’attrait et le respect des hommes.

2.  Situé au sud de la ligue Xilin Gol de la région autonome de Mongolie intérieure, à l’ouest de la bannière Hexigten, Hunshandake est l’un des dix grands déserts de Chine. En plus des dunes en forme de nid d’abeille et des buttes, fixes ou à demi fixes, ces sables forment aussi un célèbre désert avec oasis de Chine, où se dispersent une centaine de petits lacs et de fontaines de sables. Ces lieux sont propices aux programmes touristiques particuliers comme le cross-country en automobile et les excursions à cheval et à chameau. Ils sont un lieu idéal surtout pour les gens des environs, comme Beijing et Tianjin, qui aiment l’exploration dans le désert, car une semaine suffit pour la visite.

Itinéraire recommandé

Beijing―Dolonnur―Dalai Nur―Bannière Hexigten―Saihanba―Weichang―Luanping―Miyun―Beijing. Le long de cette route d’environ 1 600 km, il y a une section de 150 km de désert sans chemin entre Dolonnur et Darhan, un paradis pour ceux qui aiment conduire dans le désert.

Caractéristiques de cet itinéraire

1. Le long de la route, les visiteurs peuvent faire l’expérience des us et coutumes mongols, dont ses chants, manger du mouton avec les doigts, découvrir l’artisanat local et les coutumes typiques.

2. Il y a beaucoup de sites et de vestiges historiques à découvrir, par exemple les anciennes peintures rupestres dans la bannière Hexigten, ainsi que celles de Baicha ; ces dernières sont considérées comme les premières peintures rupestres au nord du Yangtsé.

3. Les visiteurs peuvent voir la seule forêt de pins de Corée du monde dans les sables. L’événement le plus recommandé est le Nadam, un gala d’échanges commerciaux sur la steppe qui se déroule au 13e jour du 5e mois du calendrier lunaire.

4. La meilleure période va de mai à octobre.

Conseils

1. L’objectif de cet itinéraire est de traverser le désert Hunshandake. Il est recommandé de voyager au printemps et en automne, puisque la chaleur estivale torride et le froid rigoureux en hiver ( plus de -20 °C) ne conviennent pas. De plus, en hiver, il n’y a pas d’oiseaux migrateurs à Dalai Nur.

2. Il ne faut jamais traverser le désert en solitaire. Dans un convoi, au moins un véhicule doit être équipé d’un cabestan. Pour chaque véhicule, deux cordes de remorquage, un compteur de pression pneumatique et une pompe à air sont obligatoires.

3. Conduire dans le désert consomme beaucoup d’essence, et il faut être sûr d’en avoir suffisamment, si on décide de traverser le désert pendant des jours.

4. Soyez prudent lorsque vous conduisez dans le désert où les routes sont accidentées. Équipez le véhicule de radio, de boussole et de GPS, au cas où vous égareriez ou resteriez en arrière.

5. Ne conduisez jamais dans les prairies et ne portez jamais atteinte au pâturage que les pasteurs ont clôturé avec des barbelés. 

6. Si vous désirez faire la cuisine en plein air, il vaut mieux utiliser un baril d’essence vide qui a un bon effet pour protéger du vent.

7. Il ne faut jamais enterrer les ordures, puisque le sable se déplace. Apportez-les avec vous.

8. Dalai Nur est un lac semi-salé ; il vaut donc mieux ne pas vous amuser en conduisant au bord du lac ou laver le véhicule avec de l’eau de ce lac, ce qui corroderait facilement la carrosserie.

9. Si le véhicule est enlisé, demandez aux autres de le remorquer, plutôt que de le déplacer vous-même et d’endommager l’embrayage.

10. Si vous emmenez les enfants avec vous, il est conseillé d’apporter beaucoup d’eau courante et des médicaments, au cas où ils souffriraient du mal des transports. La température varie considérablement entre le jour et la nuit ; il vaut donc mieux apporter des vêtements chauds.

11. Apportez aussi des tuyaux de rechange pour le réservoir d’eau de votre véhicule et vérifiez à tout moment l’indicateur de la température d’eau.

12. Le véhicule doit être un quatre roues motrices avec fonctions normales.