JUIN 2004

 

 

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Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Les monts Huangshan, une renommée mondiale

qu’on veille à conserver

 

WU XINYI

Les pins, une des quatre merveilles de Huangshan.

Quand sites naturels et culturels s’harmonisent, l’exploitation des lieux doit aller de pair. Huangshan déploie des efforts pour y arriver.

IL y a quatre cents ans, à une époque où l’on se déplaçait à l’aide de la force des bestiaux et des pieds, Xu Xiake (1587-1641), géographe et voyageur de renom de la dynastie des Ming, parcourut seize provinces de la Chine de l’Est, du Nord, du Sud-Est et du Sud-Ouest. Après avoir exploré quantité de fleuves et de montagnes, les monts Huangshan furent ceux que Xu recommanda le plus fortement parmi les montagnes célèbres : « Aux quatre coins du pays, aucun paysage n’égale ceux de Huangshan de l’Anhui. Après avoir gravi Huangshan, rien ne sert de continuer, aucun autre mont ne suscitera davantage votre admiration! »

Ce constat n’a pas été égalé jusqu’ici : sauf à Beijing, il est difficile de trouver un autre lieu regroupant autant de sites touristiques d’une si grande valeur qu’à Huangshan. Ces monts, représentatifs des monts connus de Chine, sont aussi un symbole de la nation, tout comme les fleuves Yangtsé et Jaune et la Grande Muraille. C’est ainsi que Xu nota : « De retour des cinq monts Sacrés, on ne regarde plus les montagnes, de retour de Huangshan, on ne regarde plus les monts Sacrés ».

Un patrimoine naturel

Les enfants du village de Hongcun sont contents de rencontrer des visiteurs étrangers.

Sur ce vieux territoire béni, on compte deux sites inscrits au patrimoine mondial, deux sites célèbres à l’échelon national, cinq parcs forestiers et géologiques nationaux, deux réserves naturelles nationales, une cité historique et culturelle et une importante zone de protection historique; on y recense aussi d’innombrables vestiges − ponts, tours, pavillons, temples et portiques anciens− faisant de Huangshan un colossal musée naturel de l’Histoire.

« Les monts Huangshan sont les plus merveilleux que j’aie vus », a confié un haut fonctionnaire de l’UNESCO.

Les monts Huangshan se trouvent dans le sud de la province de l’Anhui, côtoient la zone du delta du fleuve Yangtsé, dénombrent 72 pics et figurent parmi les dix célèbres sites de Chine. En outre, ils rassemblent les points forts des autres monts : la majesté de Taishan, les falaises abruptes de Huashan, les volutes de nuages de Hengshan, les chutes d’eau de Lushan, les pierres aux formes étranges de Yandangshan et la délicatesse d’Emeishan.

La variation des paysages y est particulièrement remarquable en toute saison. À l’aube et au crépuscule, des éclaircies ou des averses – le temps change à l'improviste; les levers de soleil, les nuages crépusculaires, la lumière des bouddhas, le givre hivernal… les monts Huangshan peuvent se qualifier de paradis.

Les monts Huangshan sont connus dans le monde pour leurs « quatre merveilles » : pins et pierres aux formes étranges, mer de nuages et sources thermales.

1. Les pins aux multiples postures. Leurs formes très variées constituent une particularité. Ces pins poussent généralement sur des précipices ou des pics abrupts, et leurs racines percent les pierres, ce qui dénote une autre de leur spécificité. Pour s’adapter à l’environnement, les aiguilles de ces pins sont courtes et robustes avec un sommet plat; le tronc et les branches se tordent en courbes marquées. Leur longévité est aussi frappante. Certains de ces pins sont centenaires, voire même millénaires, comme le pin de l’accueil, le pin de l’adieu, le pin de l’union; entre autres, les branches du pin de l’accueil, qui se dresse devant le pavillon Yuping, s'offrent tels des bras tendus vers un hôte. Ce pin est maintenant le symbole de l’accueil de la nation chinoise.

2. Les pierres aux formes étranges. Avec les pics escarpés et les pins merveilleux, ces pierres dessinent des fresques magiques. C’est l’œuvre de la nature qui les a créées sous forme de personnages et d’animaux, palpitants de vie, ou d’objets d’un réalisme manifeste.

3. La mer de nuages. Les monts Huangshan sont le foyer des nuages et du brouillard, et les pics semblent enveloppés d’un voile blanc diaphane. L’immensité de cette « mer » étonne, surtout quand le beau temps revient après la pluie ou la neige, ou encore à l’aube et au crépuscule. Pierres, pins, pics semblent nager, être submergés et réapparaître ; les visiteurs se croient donc dans un monde de rêve et prêts à s’envoler comme des Immortels!

4. Les sources thermales. Celles des monts Huangshan abondent en microéléments favorables à l’organisme humain. L’eau pure est potable, d’une température convenable, et on peut s’y baigner.

Selon un recensement, de l’apogée des Tang à la fin des Qing, on dénombre une centaine de proses décrivant les monts Huangshan et plus de 20 000 poèmes le célébrant; en outre, la peinture Huang Shan hua se classe parmi les œuvres les plus éminentes de l’histoire de la peinture traditionnelle.

Un patrimoine culturel

La vente des gravures sur bois aux touristes.

Les monts Huangshan conservent aussi un riche héritage culturel.

La culture Hui, qui a prospéré aux alentours des monts Huangshan, est l’une des trois cultures régionales de Chine, les deux autres étant les cultures tibétaine et de Dunhuang. Elle couvre de nombreux domaines, tels la philosophie, l’économie, l’histoire, la médecine, la science et l’art. Parmi les 40 000 personnages de renom de l’antiquité qu’enregistre l’Encyclopédie des célébrités chinoises, les natifs de la ville de Huangshan en représentent plus de 800, de sorte que la ville se classe en première position des provinces chinoises de la société féodale dans ce domaine; sous les Ming et les Qing, les marchands Hui ont tenu la région sous leur emprise pendant trois cents ans. Tout en édifiant leur fortune, ils ont légué à la postérité un immense patrimoine culturel, en particulier architectural.

Le village de Xidi, surnommé « pays des pêchers », a une histoire de neuf cents ans.

À 54 kilomètres de Tunxi, le village de Xidi est le site touristique le plus représentatif des anciennes demeures de la ville de Huangshan. Il a été construit il y a 900 ans, sous les Yuan, couvre une superficie de 16 hectares et on l’a surnommé le « pays des pêchers ». On y trouve plus de 300 demeures des dynasties Ming et Qing, dont 124 très bien préservées. Le plan, la structure, la décoration, le patrimoine culturel de ces maisons sont d’une qualité extraordinaire, et elles constituent donc un des rares exemples de complexe architectural en Chine. Elles sont également exemplaires dans la culture Hui.

L’ancienne rue Tunxi se situe au centre du district de Tunxi de la ville de Huangshan. À l’ouest, le pont en pierre Zhenhai, construit sous les Ming, enjambe le fleuve Heng et se termine à l’est, sous un portique. Il a une longueur de plus de 1,2 kilomètre. La rue commerciale sur le pont témoigne de l’architecture des Ming et Qing : les boutiques s’y côtoient, les bâtiments classiques sont d’une élégance remarquable – une Qingming shanghe tu (peinture célèbre) en action.

Le village de Hongcun, qui se situe à 11 kilomètres du district Yi et à 65 kilomètres de Tunxi, remonte à huit siècles. Les villageois semblent avoir été des pionniers en bionique : ils ont conçu et construit leur village en forme de bœuf et édifié un système hydraulique artificiel, sans pareil dans le reste du pays. En haut du village, à l’ouest, on voit un bastion qui ressemble à la tête du bœuf, deux grands arbres à l’entrée représentent ses cornes, les quatre ponts sur la rivière Jiyang, ses jambes, la centaine de vieux édifices qui se répartissent çà et là évoque le boeuf couché, le canal aux eaux claires qui sinuent sur un kilomètre et débouchent sur chaque maison, ses intestins, l’étang en demi-lune et le lac au sud, son estomac et son ventre. Voilà pourquoi on considère ce village comme un miracle de l’histoire de l’architecture.

Le palais populaire, salle « Chengzhi », est un exemple typique du sud de l’Anhui. Les pavillons du village s’harmonisent avec les paysages naturels et créent une fresque idyllique.

Exploitation et protection sont-elles contradictoires?

Les monts Huangshan possèdent non seulement des paysages naturels et culturels, mais ils sont également réputés pour leur environnement écologique. Ce « parc zoologique et botanique naturel » jouit d’un climat agréable, ce qui en fait un lieu idéal pour la villégiature.

Ces dernières années, on a déployé des efforts dans la préservation de la biodiversité : construction du parc de la vallée des singes sauvages dans la zone d’écotourisme de protection de ces animaux; on a aussi fixé des périodes de fermeture en alternance pour le rétablissement écologique des zones ouvertes au public, comme celles des pics des lions, des nuages rouges, des lotus, de la cité céleste, etc., preuve du souci de la ville de Huangshan d’harmoniser complètement protection et exploitation du patrimoine mondial.

En tant que seule ville d’échelon provincial possédant ces deux types de patrimoine, l’industrie touristique y est un secteur économique pilier et représente la moitié du PIB local.

Afin que tous puissent bénéficier de ce précieux patrimoine, que les touristes chinois et étrangers reçoivent des services attentifs, Huangshan est en train de forger le concept touristique des « immenses monts Huangshan » dans le but de transformer leurs atouts culturels en atouts économiques. On devrait ainsi former un système touristique tridimensionnel qui ira bien au-delà de l’ancien modèle ayant l’unique itinéraire Huangshan, Xidi, Hongcun à offrir, afin de transformer les monts Huangshan en un site touristique haut de gamme.

Concrètement parlant, cela correspond à une stratégie de fusion des « trois villes » : la ville touristique, la ville culturelle et la ville écologique; à une stratégie de combinaison entre les sites, les bourgs et les villages touristiques; ainsi qu’à une stratégie d’harmonisation entre paysages naturels et culture Hui. Sur la base des produits touristiques des deux patrimoines mondiaux, on travaillera à exploiter la culture Hui des vieux villages et la visite des paysages naturels.

En tant que zone touristique montagneuse la plus proche du delta du Yangtsé, les monts Huangshan s’activent à rejoindre la ceinture économique du delta. La municipalité a signé, il y a peu, un accord de coopération dans le domaine touristique avec quinze autres villes du delta, en vue de créer avec elles un itinéraire touristique haut de gamme reliant Shanghai, Hangzhou et Huangshan. Cette zone sera la seule zone interrégionale de la Chine. Voilà ce qu’on peut qualifier d’exploit marquant : Huangshan participera à la ceinture économique du delta et pourra ainsi se joindre à la zone économique du Zhejiang.

Selon cet accord,  chaque zone recommandera ses zones voisines aux visiteurs pour se partager le nombre des touristes; elle permettra aux agences de tourisme de se délocaliser dans une autre zone ; d’uniformiser le système de billets et de lever les contraintes de transports; d’intensifier les échanges et de renforcer la coopération pour le partage des informations et de la R & D en matière de produits touristiques. Toutes ces mesures ont pour objectif de forger l’image de marque de l’ensemble des zones. Ce dispositif veut également promouvoir l’intégration de Huangshan dans la ceinture économique du delta et profiter en même temps aux touristes.

Les difficultés d’accès ont longtemps empêché les communications de Huangshan avec le delta, et les touristes aussi s’en plaignaient. Actuellement, avec l’agrandissement de l’aéroport de Huangshan et la construction des autoroutes, ce problème va bientôt être résolu. La construction du tronçon de l’Anhui de l’autoroute Anhui-Hangzhou va être achevée cette année, ce qui va réduire la durée du trajet entre Huangshan et Hangzhou à deux heures, et celle entre Huangshan et Shanghai, à quatre heures.

À présent, Huangshan œuvre à bâtir un réseau de circulation débouchant à l’est sur Shanghai, à l’ouest sur Wuhan, au nord sur Hefei, au sud sur Nanping du Fujian, afin de franchir un grand pas sur le plan touristique.