Cinq
aspects du Xishuangbanna
Sur le plan du tourisme, le Xishuangbanna est l’une des trois
régions célèbres de Chine. Notre article vous présente cinq aspects
à partir desquels vous pourrez aborder cette région.
LIU
HUANZHI et WANG NAN
Le point de départ de l’ancienne route Chama (thé
et chevaux)
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Le Xishuangbanna
est le royaume des animaux. |
Au creux de la province du Yunnan, en Chine du Sud-Ouest, le Xishuangbanna
est la seule oasis au monde qui subsiste au tropique du Cancer.
Deux jours sont nécessaires pour parcourir cette région en voiture,
dans les montagnes. De la ville de Kunming jusqu'à Jinghong, chef-lieu
de département du Xishuangbanna, il faut compter 40 minutes d’avion.
Treize ethnies minoritaires cohabitent au Xishuangbanna. Les Dai
sont les plus nombreux, le tiers de la population totale du département.
Il y a des milliers d’années, une voie reliait le haut plateau Qinghai-Tibet
et l’intérieur de la Chine. C’est un corridor qui s’est formé par
le passage continu des personnes et des chevaux, et il a été une
voie de propagation de la civilisation dans une des régions les
plus hautes et dangereuses du monde. En suivant ce chemin escarpé,
des caravanes ont apporté du thé, du sucre, du sel et d’autres articles
courants à la région tibétaine. Elles en ont ramené des chevaux,
des bœufs, des moutons et des fourrures. Cette route sino-tibétaine
était appelée la route Chama (thé et chevaux).
Au cours de l'histoire, cette route s'est divisée
en deux lignes principales. Partant du Xishuangbanna et de Simao,
deux secteurs de production de thé, la première ligne conduisait
vers le nord-ouest, jusqu’à Lhasa du Tibet, via Dali et Lijiang,
au Yunnan. Et puis elle continuait à descendre vers le sud pour
atteindre la Birmanie, le Népal et l’Inde. Quant à l’autre ligne,
elle prenait Ya’an de la province du Sichuan pour point de départ
et menait à Lhasa pour rejoindre la première ligne.
La région du Xishuangbanna est aussi belle que mystérieuse. Autrefois,
à cause de la longue distance et des déplacements difficiles, Marco
Polo, voyageur vénitien (1254-1324), et Xu Xiake, voyageur et géologue
chinois (1586-1641), ne posèrent même pas le pied sur cette terre.
Il y a 100 ans, au milieu de dures épreuves, certains missionnaires
français, allemands et américains vinrent y propager le christianisme;
ils parcoururent tout le plateau du Yunnan du Nord-Ouest.
C’est en 1893 que des missionnaires américains commencèrent
à entrer au Xishuangbanna. Ils y introduisirent le christianisme
pour ensuite le propager progressivement partout. On construisit
la première église à Jinghong en 1917; suivirent quelques bâtiments
de style occidental qui devinrent les meilleurs bâtiments de l'endroit
à cette époque.
L'ambiance frontalière, le climat tropical, la diversité des ethnies
minoritaires et de leur culture ainsi que l’écologie vierge sont
les quatre caractéristiques du tourisme du Xishuangbanna. Le splendide
fleuve Lancang, les élégantes maisons en bambou, et les femmes dai
avec leur robe aux couleurs vivantes constituent le paysage charmant
de cette petite région frontalière.
La forêt tropicale de la région du Xishuangbanna est la seule qui
existe actuellement en Chine. Cette forêt a la réputation de royaume
des animaux et des plantes; les espèces de vertébrés et de plantes
qu'on y trouve représentent respectivement le quart et le sixième
de celles de l'ensemble de la Chine. Le climat y est tempéré à
longueur d’année. En Chine du Nord, c’est l’hiver de décembre à
février, mais dans cette région, on nage dans le fleuve Lancang.
Jinghong, la ville de l’aube
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L’aéroport de
Jinghong, l'un des aéroports les plus achalandés de Chine. |
Jinghong est le chef-lieu du département, et son nom signifie « ville
de l’aube » en langue dai. D’après une légende, le Bouddha
Sakyamuni aurait fait un voyage dans le monde pour diffuser le bouddhisme.
Il aurait commencé à faire jour au moment de son arrivée à Jinghong,
après qu’il eut marché toute la nuit. D’où le surnom de Jinghong.
La ville de Jinghong est arrosée par le fleuve Lancang-Mékong,
appelé le « Danube de l’Orient ». Étant l'une des rares régions
de Chine se trouvant au-dessous du tropique du Cancer, la ville
est digne de porter le nom de « Trésor génétique de la végétation ».
Ses ressources touristiques lui permettent d’être une ville touristique
en tout temps.
Le Lancang-Mékong, qui coule sur 4 880 km, traverse six pays,
dont la Chine, le Myanmar et le Laos. Ces dernières années, la
coopération économique régionale a attiré de plus en plus l’attention
des pays concernés. Grâce au soutien du Programme des Nations unies
pour le développement, de la Banque asiatique de développement,
ainsi que d’autres organisations internationales, cette région attire
désormais plus d’investissement.
En tant que ville importante participant à cette coopération régionale,
Jinghong ne cesse de faire valoir ses points forts. Le gouvernement
provincial du Yunnan a décidé de transformer Jinghong en une ville
moderne, internationale et touristique.
C'est en 2001 que
le fleuve Lancang-Mékong a été ouvert à la navigation commerciale
entre la Chine, le Laos, le Myanmar et la Thaïlande. Le port de
Jinghong, port de première catégorie au niveau national, joue donc
un rôle de trait d’union entre le Yunnan, voire toute la Chine du
Sud-Ouest, et d’autres pays de l'Asie-Pacifique. En descendant
le fleuve en bateau, on arrive directement au Myanmar, au Laos et
en Thaïlande. D’après les gens du milieu touristique, cette voie
fluviale en or deviendra un itinéraire touristique extrêmement attrayant
en Asie.
Grâce à sa position de lien entre Kunming, capitale du Yunnan,
et Bangkok, Jinghong possède des lignes aériennes vers des villes
chinoises, grandes et moyennes, de même que vers la Thaïlande et
le Laos. L’aéroport de Jinghong est l’un des aéroports de Chine
où le nombre de vols et de passagers est le plus élevé.
Jinghong et le nord de la Thaïlande ne sont qu’à 180 km par
la route, via le Myanmar. C’est la route la plus courte de la Chine
vers ce pays. L’ouverture totale des voies aériennes et fluviales
a permis à Jinghong de servir de pont entre la Chine et les pays
de l’Asie du Sud et de gare de transit pour le transport des
marchandises et des passagers entre la Chine et les pays de l’ASEAN.
Pour réaliser l’objectif d’édification d’une ville internationale
de commerce et de tourisme, Jinghong a investi 400 millions de yuans
dans l’urbanisation de la ville. Mais ce n’est pas du tout suffisant
si la construction ne dépend que de l’investissement du gouvernement.
Dans ce contexte, la ville de Jinghong a renforcé sa capacité de
rassembler des fonds d’un peu partout. Sur la base de la transformation
de la vieille ville, on a achevé la construction de rues commerciales
piétonnes et de la place Defu pour que cette ville offre un nouvel
aspect moderne. En 2002, le taux de reboisement dans la région
urbaine a atteint 52,41 %, et la superficie en espaces verts
atteignait presque 30 m2 par personne.
En tant que ville frontalière touristique, Jinghong s’efforce de
créer le meilleur environnement d’investissement de la province
du Yunnan et l’habitat le plus convenable possible. Pour réaliser
ce but, Jinghong a su bien saisir les occasions de la mise en valeur
de la Chine de l’Ouest et de la coopération régionale dans le territoire
arrosé par le fleuve Mékong; elle a ainsi élargi l’espace de développement
dans le domaine touristique.
L’omniprésence du bouddhisme
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Les Dai sont
des bouddhistes. |
Le Xishuangbanna baigne dans une atmosphère religieuse. Le bouddhisme
hinayana (Petit Véhicule) a été introduit dans cette région
il y a des centaines d’années; il est devenu la religion des Dai.
Tous les garçons dai doivent se faire bonzes dès qu’ils atteignent
l'âge de six ou sept ans, à défaut de quoi ils n’auront pas
de statut social. Tout en apprenant des canons bouddhiques,
enveloppés dans leur kasaya (robe orange bouddhique), les
bonzes peuvent toutefois continuer à manger comme tout le monde.
Ils pourront reprendre la vie séculière trois ans plus tard.
Né en Inde au VIe siècle av. J.-C., le bouddhisme a
vécu un schisme à cause de différences doctrinales : le bouddhisme
hinayana (Petit Véhicule) et le bouddhisme mahayana
(Grand Véhicule). Venant de l’Inde et du Sri Lanka, le bouddhisme
hinayana a été introduit en Birmanie, puis au Xishuangbanna,
du IIIe au VIe siècle. Le bouddhisme hinayana,
dont tous les Dai sont des adeptes, est différent de celui des Han,
de celui des Tibétains et aussi de celui des gens de l’Asie du Sud-Est.
Ses canons ont assimilé le contenu de la culture des Dai. D’après
ses règles relativement souples, les bonzes peuvent manger de la
viande et reprendre la vie séculière. Les femmes dai n’ont pas
besoin de se faire bonzesses pour avoir des enfants.
Au Xishuangbanna, on voit partout des constructions bouddhiques,
et il y a un temple dans presque tous les villages dai. Le temple
est à la fois un centre d'activités religieuses et un lieu d’apprentissage
de la culture. Une pagode a été construite à côté de certains temples.
Toutes ces architectures bouddhiques sont des lieux sacrés pour
les Dai et pour leurs activités courantes.
Le sûtra bouddhique, dont on dénombre 84 000 volumes, a été
gravé par les Dai sur des feuilles de pattra (une sorte de
palmier). D’après certains documents, le phénomène de l’enregistrement
de l’histoire sur des feuilles de palmier a débuté en Inde et aurait
déjà plus d’un millénaire en Chine : depuis la dynastie des
Tang (618-907). D'abord, on cuit, sèche et aplatit ces feuilles.
Puis, on les relie en volumes. Ensuite, avec un burin spécial en
fer, on y grave les caractères et on les peint avec de l’huile végétale
mélangée à de l’encre pour éclaircir l’écriture. Les canons gravés
sur les feuilles de palmier peuvent résister aux insectes et aux
intempéries; on peut les conserver pendant des centaines, voire
des milliers d’années. On dit que cette sorte de palmier est un
symbole géographique et culturel. Dans presque toutes les régions
tropicales où prévaut le bouddhisme, on retrouve cette sorte de
palmier.
L’architecture bouddhique des Dai est caractérisée par des toitures
doubles à versants multiples. La plus grande partie du temple est
de forme carrée et est orientée vers l’est. Le temple général de
Jinghong est le centre de vénération du Bouddha pour les adeptes
du Xishuangbanna. Autrefois, ce temple ancien était le lieu saint
dont se servait le gouvernant suprême et les chefs de tribu de cette
région pour vénérer le Bouddha. Aujourd’hui, il est encore très
fréquenté par les adeptes.
Parmi les architectures bouddhiques au Xishuangbanna, le pavillon
octogonal est une construction bouddhique d’élite, dont le nom Jingzhen
signifie «corolle du lotus». Construit en 1701, ce monument historique
protégé par l’État est un lieu où les moines prient et organisent
des activités religieuses. À gauche du pavillon se dresse un grand
tilleul touffu, arbre saint du bouddhisme. On dit que le Bouddha
Sakyamuni aurait enseigné la doctrine bouddhique sous cet arbre.
La zone touristique
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Le fleuve Lancang-Mékong
coule sur 4 880 km et traverse six pays, dont la Chine,
le Myanmar et le Laos. |
La superficie du Xishuangbanna représente moins de 1 ⁄ 500
de celle de toute la Chine, mais cette région est l’une des trois
régions touristiques célèbres du pays. Au sud de la ville de Jinghong
coule la Liusha; dans les années 1980, ses rives étaient des rizières.
Mais aujourd’hui, une zone moderne se dresse dans ce champ verdoyant;
c'est la zone touristique du Xishuangbanna.
Depuis 1992, le nombre des touristes y a atteint
quatre millions. En 2002, 15 000 touristes étrangers venus
en Chine ont quitté
le pays par l’aéroport ou le port de Jinghong, ou par le
port de Mohan; ces deux derniers sont des ports de niveau national.
Ce chiffre représente le quart du nombre total de touristes étrangers
reçus par tout le Yunnan cette année-là.
En 1992, Jinghong a été inscrite à la liste des zones touristiques
de niveau national. On a décidé que la zone d’exploitation touristique
s’étendra de la partie sud de la ville jusqu’à la rive de la Liusha.
À court terme et à long terme, on projette d'utiliser à cette fin
respectivement 93,84 et 1 000 hectares de terrain. On y transformera
des plantes tropicales et on développera le tourisme.
La mise en valeur de la zone touristique a été divisée en deux
étapes, et en 1993, la première étape de la construction a été mise
en œuvre. La zone touristique a fixé son objectif : fournir
aux touristes toutes sortes de services, de même que créer des programmes
variés pour que les visiteurs découvrent le paysage tropical et
la culture typique des ethnies minoritaires.
Au total, on a déjà investi 125 millions de yuans, rien que pour
la première étape d’aménagement de la zone touristique. Dans le
contrat, on a prévu 1,529 milliard de yuans; on a déjà utilisé 1,01
milliard de yuans dans la construction d'infrastructures. Le goudronnage
des routes principales et secondaires, la construction des trottoirs,
l’installation des services d’aqueduc, la pose de la ligne principale
d’électricité et de la ligne annexe, ainsi que la pose des câbles
de télécommunication sont déjà achevés.
La zone touristique a toujours accordé la priorité à l’introduction
des capitaux et des projets de construction. À cet effet, elle
a pris une série de mesures en vue de réaliser les objectifs qui
avaient été fixés. En dix ans, la zone a signé 54 projets d’investissement
avec des sociétés de Taiwan ou d’autres villes chinoises, de sorte
qu’elle a réussi ainsi à introduire 1,6 milliard de yuans.
N’ayant pas laissé échapper les occasions offertes par la création
de la zone de libre-échange entre la Chine et les pays de l’ASEAN,
par l’exécution de la stratégie de mise en valeur de l’Ouest et
par la construction de l’autoroute Kunming-Bangkok, la zone touristique
a commencé la deuxième étape de sa construction. Durant cette période,
on a mis l’accent sur la protection de l’environnement naturel,
de même que sur les caractéristiques religieuses, culturelles et
folkloriques de cette région.
Aujourd’hui, les installations de télécommunication et de transport
sont progressivement complétées dans la zone touristique. Des hôtels
de luxe de style local, des villas de vacances et des centres de
commerce et de divertissement sont entrés en service. D'autres fonds
ont été utilisés pour l'embellissement des routes. Ainsi, après
dix ans de construction, les infrastructures publiques de la ville
de Jinghong sont de plus en plus complètes. On peut recevoir quelque
deux millions de touristes par an, et le rythme de construction
de la zone touristique d’une superficie de 1 km2
s’accélère.
Fleuve, ruisseaux, forêts tropicales, sites et monuments historiques,
de même que temples et bâtiments en bambou des Dai, constituent
le paysage typique de cette région touristique. Jusqu’à maintenant,
on a déjà investi 50 millions de yuans dans la construction des
infrastructures. En janvier 2003, on a complété les travaux de
construction du centre de recherche culturelle sur la feuille de
palmier, du jardin des plantes rarissimes et d’une zone d’habitation.
Le village des Dai et la fête du Thingyan (le
Nouvel An des Dai)
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La fête du Thingyan,
appelée le « carnaval de l’Orient ». |
Tant qu'à venir au Xishuangbanna, il faut absolument découvrir
les us et coutumes des Dai. La plupart des villages des Dai se
trouvent sur un terrain nivelé, en bordure d’une rivière ou d’un
lac, et ils sont entourés de bambous. On trouve plusieurs espèces
de bambous dans les forêts de cette région. La vie quotidienne,
la culture, l’art et les croyances religieuses des habitants locaux
sont intimement liés à cette plante. Ceux-ci détiennent une riche
expérience dans la plantation et la transformation du bambou.
Dans chaque village du Xishuangbanna, une forêt porte le nom de
« Longshan ». C’est le lieu du dernier repos des personnes
décédées. Dans la tradition locale, il y est interdit de faire
paître le troupeau, de couper du bois et d’abattre un arbre. D’habitude,
on n’y entre pas. La forêt conserve ainsi 150 espèces de plantes
rarissimes et 100 espèces de plantes médicinales. Cette forêt mérite
le titre de réserve génétique naturelle des plantes. Quatre cents
forêts « Longshan » sont « le paradis » des
plantes précieuses au Xishuangbanna.
La fête de Thingyan est la fête la plus importante des Dai. Chaque
année, du 13 au 15 avril, cette nationalité au caractère doux célèbre
cette fête en utilisant de l’eau. Lors du premier jour férié, on
organise la cérémonie d’adieu au passé. Le lendemain, on s’asperge
mutuellement d’eau. Le troisième jour, c’est le Nouvel An du calendrier
des Dai.
Selon la coutume des Dai, pendant les jours fériés, les gens aspergent
légèrement d’eau la tête et le corps d’une autre personne, en tenant
un seau à la main, ce qui symbolise l’offrande de ses souhaits de
bonheur à la personne aspergée C’est une scène joyeuse. Désormais,
avec l’abondance des touristes, cette fête est plutôt devenue une
vraie « guerre ». Ainsi, au lieu d’asperger légèrement,
on éclabousse d’eau les autres personnes, soit directement, soit
à une courte distance. D’après la tradition des Dai, « la
personne qui sera complètement trempée à ce moment-là aura une vie
heureuse ». L'atmosphère est très joyeuse pendant la fête.
Hommes, femmes, enfants et vieillards, tous participent activement
à cette activité. Les rires et les cris joyeux retentissent et
les personnes « attaquées » s’exclament. La fête du Thingyan
est surnommée « le carnaval de l’Orient ». Sous le thème de
l’eau, des gens de toutes nationalités et de toutes races fraternisent
et prennent plaisir à ce jeu d’eau sous les battements du tambour.
Ils s'expriment ainsi mutuellement leurs meilleurs vœux.
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