Au cœur de la vie
des Dai
ZHANG
HUA
Avril est
le mois où se tient la fête la plus importante des Dai, la Fête
de l’aspersion de l’eau. Mais les Dai ont beaucoup d’autres coutumes
à faire découvrir…
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Paysage
du pays des Dai. |
Pour les touristes qui aiment
les coutumes folkloriques des ethnies minoritaires, le Xishuangbanna
(Yunnan) est un endroit à ne pas manquer. Partout, on y trouve
des vues charmantes de la zone subtropicale et des ethnies minoritaires
en costumes ethniques colorés. Ces ethnies excellent à la fois
en chant et en danse. Parmi celles-là, on trouve les Dai, Hani,
Bulang, Yi, Jinuo, etc. Aux premiers rayons du soleil matinal
et au coucher du soleil, on voit les paons majestueux chercher
allègrement leur nourriture… Ce panorama ressemble à un paradis
terrestre, loin du monde réel.
Les maisons en bambou des Dai
Il n’est pas exagéré de dire que les Dai vivent dans
un monde poétique ou comme
dans une peinture. Dans une forêt de bambous verdoyants, parmi
les arbres fruitiers de la zone tropicale, tels les bananiers
et les cactus, ou encore parmi les fleurs, se cachent les maisons
en bambou des Dai, dont la forme est aussi originale et raffinée
que celle du paon.
Les maisons en bambou sur pilotis des Dai comptent deux étages : l'inférieur, sur pilotis
pour éviter l’humidité, sert à l’élevage des volailles; l’étage
supérieur sert d’habitation. La composition des pièces de l’intérieur
de la demeure est simple : salle de séjour et chambre à coucher.
La vaste salle de séjour, au milieu de laquelle est posée une
grande natte en bambou, est le lieu où l’on reçoit les visiteurs
et celui où on discute les affaires courantes. La vie des Dai
est maintenant plus facile qu’avant. Beaucoup de familles possèdent
des meubles et des appareils électriques d’usage courant, tels
que téléviseur, réfrigérateur et machine à laver. L’intérieur
de la salle de séjour compte généralement un foyer. Sur celui-ci
se dresse un support à trépied où l’on peut déposer des ustensiles
pour faire la cuisine. Vers le fond de la salle de séjour, c'est
la chambre à coucher, dissimulée par un rideau en bambou ou une planche. Par terre, on y trouve aussi une natte
en bambou; c'est l’endroit de repos pour toute la famille. À l’extérieur
de la salle de séjour se trouvent un couloir et un balcon. Les
accessoires favoris des Dai pour aller chercher de l’eau y sont
déposés: par exemple, le tube de bambou et le seau.
Les femmes dai aiment y coudre, entre autres, les brocarts
aux motifs d’éléphants, symboles de bon augure, si appréciés des
nombreux touristes chinois et étrangers. L’ensemble de la maison
est spacieux, avec de bonnes conditions d’aération, ce qui convient
bien au climat pluvieux du Xishuangbanna.
En entrant dans la maison en bambou, on éprouve fortement
à la fois la croyance, le respect et la passion des Dai envers
leur culture. De façon bien sympathique, le maître va souvent
raconter les différentes significations de chaque partie de la
maison. Par exemple, le pilier de voûte, baptisé « pilier
de chute », est la colonne la plus sacrée de la maison; on
ne peut pas s’y appuyer à sa guise, ni y mettre des objets. Cette
colonne est le symbole qui apporte bénédictions à la maison en
bambou et permet d’éviter les désastres. Au moment de bâtir une
nouvelle maison, on place souvent des feuilles d’arbres sous le
pilier, ce qui le rend, selon leurs dires, plus solide. Il y a
encore un pilier plus gros au centre de la maison qui représente
le sexe masculin et un pilier latéral plus bas évoquant le sexe
féminin.
Autour du plafond, les Dai suspendent délibérément une
charrue, un râteau, un rouet, un métier à tisser, une hotte à
poissons, une corbeille en bambou, ainsi que leurs outils courants
de vie et de production et des instruments de musique. Ceci témoigne
de la culture du riz, du mode de vie et de la passion pour la
musique des Dai. On peut constater que chaque maître s’est donné
beaucoup de peine pour organiser la disposition intérieure de
la maison. Dans un certain sens, les maisons en bambou assurent
le soutien et la transmission des éléments historiques et culturels
des Dai.
Une ethnie qui aime l’eau
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Corvée
de construction d’une nouvelle maison. |
Les Dai sont baptisés l’ethnie de l’eau. À leurs yeux,
l’eau est le lait qui engendre tous les êtres et la source de
vie. Dans l’épopée de la création du monde des Dai, le dieu céleste
créa la Terre en mélangeant de l’eau et d’autres matériaux, l’eau
étant la source de tout l’univers.
Les Dai nourrissent un respect envers l’eau, dès leur
naissance. D’habitude, les villages sont construits au bord de
l’eau. Le puits d’eau courante du village est surmonté d’une pagode
divine aux couleurs variées et incrustée de nombre de petits miroirs
afin de solliciter la bénédiction des dieux. Le corps de la pagode
couvre le puits, afin d’éviter que n’y tombent la poussière et
des objets divers. Même les enfants, influencés dès l’enfance
par leurs parents, ne vont pas s’amuser près du puits. On constate
donc à quel point les Dai prennent soin de l’eau qui concerne
leur existence.
La rivière près du village est le paradis des Dai ;
sur ses rives, les gens font du lavage. Les enfants s’amusent
toute la journée dans l’eau….et les petits moines du temple du
village ne font pas exception. Le soir venu, les femmes viennent
s’y laver, et leurs jupes multicolores flottent à la surface de
l’eau. Elles prennent aussi le temps de s’amuser et semblent plus
charmantes en faisant ressortir le coucher du soleil.
La Fête de l’aspersion de l’eau, célébrée pendant
la nouvelle année du calendrier dai, au milieu d’avril du calendrier
grégorien, est l’élément qui témoigne le mieux de la relation
étroite entre les Dai et l’eau. Dans tous les coins du Yunnan,
les Dai la célèbrent. Elle est l’une des plus grandes fêtes
parmi les centaines
que comptent les ethnies minoritaires du Yunnan, l’une des plus
influentes et celle regroupant le plus de participants.
Le jour de la Fête, les Dai, hommes ou femmes, jeunes
ou vieux, en costume de cérémonie, rayonnent de joie. Les jeunes
filles se parent de leurs bijoux préférés et de fleurs. Très tôt,
tout le monde apporte des offrandes au temple du village. D’abord,
on goutte de l’eau, en se tenant devant la pagode de sable et
les offrandes, afin de bénir toute la famille. À ce moment-là,
les filles versent de l’eau pure dans le corps d’un dragon en
bois, et l’eau parfumée coule de la gueule du dragon vers tout
le corps de la statue de Bouddha, afin de nettoyer le Bouddha.
Puis, avec cette eau, les gens se lavent les yeux pour demander
la bénédiction du Bouddha. Ensuite, les vieillards aspergent de
l’eau avec leur main ou une branche d’arbre pour se nettoyer des
poussières et se bénir mutuellement. Les jeunes doivent d’abord
asperger d’eau les vieillards pour les bénir, avant de le faire
entre eux. On utilise au début les mains ou des bols, puis des
cuvettes et des seaux, et le tout se fait en chantant. Le son
assourdissant des gongs dai et des tambours, mêlé à celui de l’aspersion
d’eau et des acclamations, attire les passants et les visiteurs
à y participer.
Pendant la Fête, des activités de divertissements ethniques
sont également organisées : combat de coqs, danse du paon,
lancer de petits sacs brodés entre jeunes filles et garçons, régates
sur le fleuve Lancang, etc. La nuit, sous les lumières, les gens
chantent et dansent à cœur joie, et les visiteurs, tant chinois
qu’étrangers, ne peuvent s’empêcher de s’y joindre.
La bonne chère typique
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Riz
servi dans un ananas creux, plat typique des Dai. |
Outre la Fête, les visiteurs peuvent aussi apprécier
la simplicité, la sympathie et la franchise des Dai. Quels que
soient le restaurant ou la maison dai, les belles dai vous accueillent,
une cuvette dans une main et une branche d’arbre trempée dans
l’eau dans l’autre. Elles aspergent d’eau le corps des visiteurs
pour leur souhaiter la bienvenue et la chance.
La table des Dai offre une abondance de mets, basés
pour la plupart sur le porc, le poulet, le poisson et le bœuf.
Odorants, croustillants, aigres, piquants et frais, tous sont
agréables au goût.
Le poisson rôti à la citronnelle est le plat le plus
typique des Dai. Si ce poisson a un goût particulier, c’est qu’on
se sert de cette plante herbacée pour en relever le goût. On attache
des feuilles de citronnelle sur le corps du poisson avant de le
faire rôtir sur un feu de charbon de bois. Le parfum du poisson
rôti croustillant ne peut qu’ouvrir encore davantage l’appétit
des visiteurs. Avec cette méthode, les Dai font rôtir des dizaines
de plats délicieux.
Le riz glutineux au bambou parfumé des Dai mérite aussi
l’appréciation. En général, il sert de collation pour les enfants
ou à recevoir les hôtes distingués. S’il a pris ce nom, c’est
qu’on met le riz glutineux dans un tube de bambou parfumé. Le
bambou parfumé est une sorte de bambou fin dont la paroi intérieure
est couverte d’une pellicule qui embaume. Pour préparer ce riz,
on coupe le bambou frais selon les nœuds, en gardant un nœud pour
servir de dessous au tube. On dépose ensuite le riz glutineux
dans le tube et on le trempe dans l’eau pendant sept ou huit heures,
avant de le boucher avec des feuilles de palmier ou de citronnelle.
On fait chauffer le tube de bambou parfumé contenant le riz glutineux
sur le foyer. Le riz est cuit lorsque la vapeur d’eau se dégage,
soit après dix minutes environ. Au moment de manger, on utilise
un bâton pour battre le tube de bambou, puis on déchire les tranches
de bambou, d’où apparaît le riz au bambou parfumé, collé de la
pellicule blanche, doux, raffiné et délicieux.
Les visiteurs qui aiment boire ne doivent pas manquer
les plats aigres que les Dai apprécient, et qui, selon eux, s’accompagnent
bien de vin. En effet, les Dai aiment ajouter des condiments aigres
ou manger des plats qui le sont naturellement.
Notes :
1. Les touristes doivent éviter absolument de regarder
furtivement la chambre à coucher du maître, même si leur curiosité les y incite. Selon les coutumes des Dai, la chambre à coucher ne tolère aucun
regard intrus.
2. Dans la salle de séjour, le pilier proche de l’extérieur
est baptisé « pilier de bon augure », et on peut s’y
appuyer, alors que celui proche de l’intérieur, appelé « pilier
de l’élévation dans le ciel », est en usage après la mort
de quelqu’un. Si quelqu’un d’une famille, homme ou femme, est
décédé, les membres de la famille appuient la dépouille sur ce
pilier pour la baigner, l’habiller et l’envelopper avant l’incinération.
Le pilier à côté du foyer est appelé le « pilier de voûte » ;
il est absolument interdit à quiconque de s’y appuyer,
ce qui serait manquer de respect à l’égard du maître.
3. Une fois dans la maison des Dai, il faut s’asseoir
à sa place, dans l’ordre des générations. D’après les Dai, le
seuil est le passage obligatoire pour les êtres humains et pour
le diable. Un banc sert de siège aux êtres humains et ne doit
pas être pris comme oreiller. Il ne faut pas traverser le foyer
ni déplacer à sa guise le trépied supportant la casserole. Au
moment de monter dans l’escalier, les pas doivent être légers
et, le soir, il ne faut pas siffler.
4. Si les touristes manquent la Fête de l’aspersion
de l’eau pendant la nouvelle année du calendrier dai, ils peuvent
toujours se reprendre. Le parc des Dai du Xishuangbanna, situé
à Ganlanba, organise diverses activités touristiques des Dai,
dont l’une est la « Fête de l’aspersion de l’eau »,
qui se tient tous les après-midis.