Un éclaircissement de la "conception scientifique du développement"
à travers les "multiplication et division" du Premier
ministre
"Tout
petit problème pourra, une fois multiplié par 1,3 milliards, devenir
un gros problème ; tandis que tout agrégat volumineux pourra,
une fois divisé par 1,3 milliards, devenir un chiffre insignifiant."
Voilà l'une des impressions les plus importantes que le Premier
ministre chinois Wen Jiabao a eues depuis son arrivée au pouvoir.
C'était lors d'une interview spéciale accordée en novembre dernier
à Beijing au Washington Post que ce "chef de famille"
du gouvernement du pays le plus peuplé du monde a exposé pour
la première fois son "principe de multiplication et de division
à la fois simple et complexe". Un peu plus tard, au cours
de sa visite aux Etats-Unis, il a eu l'occasion de développer
sa logique de calcul devant des professeurs et étudiants de Harvard
University. En contraste avec l'esprit lucide du Premier ministre,
le monde entier est saisi d'admiration face au "miracle économique"
chinois et aux succès remarquables qu'a obtenu son nouveau gouvernement
durant l'année passée. Pendant les 25 dernières années, l'économie
chinoise a maintenu un taux de croissance moyen de 8% ou plus.
Malgré la perturbation de la pneumonie atypique, la croissance
du PIB national de la Chine en 2003 a toujours pu atteindre un
taux élevé de 9,1%.
Malgré les quelque 1 400 milliards de USD que représente le PIB
national de l'année passée (classé à la sixième place du monde),
le PIB par habitant de la Chine ne se situe, si on le divise par
1,3 milliards d'habitants, qu'aux alentours de 1 000 USD (soit
au-delà de la 130e place dans le monde). Selon M. Wang Tongsan,
professeur et directeur de l'Institut d'Economie quantitative
et d'Economie technique de l'Académie des Sciences sociales de
Chine, après une vingtaine d'années de croissance rapide et continuelle,
la Chine est maintenant entrée dans une période critique de son
développement et le manque de forces de réserve se fait sentir
dans nombre de domaines. L'un des exemples typiques est que la
croissance économique rapide de notre pays est basée dans une
large mesure sur une consommation excessive de ressources ou sur
leur gaspillage, on peut même dire que cette croissance s'est
faite largement aux dépens de l'environnement. En 2003, bien que
l'apport chinois aux agrégats de l'économie mondiale ne représente
que moins de 4%, sa consommation de matériaux de construction,
dont l'acier et le ciment, a cependant atteint un tiers du volume
mondial. Voilà pourquoi le professeur Wang a fait remarquer :
"D'un point de vue à long terme, une telle croissance dépasse
non seulement le seuil de tolérance de la Chine, mais aussi celui
du monde entier."
De leur part, certains sociologues ont indiqué qu'au lieu de faire
bénéficier à la population d'un plus grand nombre d'avantages
matériels, la croissance rapide de l'économie chinoise a élargi
en même temps la différence entre régions et entre couches sociales
et a accentué les préoccupations de la population sur les problèmes
de l'emploi, de l'éducation et des soins médicaux. "Toutefois,
ce qui fait actuellement la joie de tous, c'est que les dirigeants
de l'actuel gouvernement ont su garder leur lucidité au lieu de
se laisser gagner par un optimisme sans fondement et de sous-estimer
les problèmes existants", a déclaré Mme Ma Shujie, députée
à l'Assemblée populaire nationale du Heilongjiang.
Selon l'opinion publique, la "conception scientifique du
développement" avancée dernièrement par l'actuel gouvernement
a de fortes chances de devenir un sujet névralgique lors de la
session de l'Assemblée populaire nationale et de la Conférence
nationale consultative politique de cette année. On note que lors
de son intervention dans une réunion des dirigeants provinciaux
et ministériels du pays qui s'est tenue il y a une semaine, le
Premier ministre Wen Jiabao a indiqué que le développement auquel
aspire la Chine ne devrait pas se traduire uniquement par une
croissance économique, mais également par un épanouissement simultané
des divers secteurs sociaux que sont l'emploi, l'éducation, les
sciences et technologies, la protection de l'environnement, la
culture, la santé publique, la protection sociale et l'équité
sociale. Aussi, toujours d'après le professeur Wang, la croissance
économique préconisée par une telle conception doit-elle "mettre
plutôt l'accent sur la qualité que sur la quantité" et être
susceptible de se convertir en avantages matériels au bénéfice
de toute la population.
Par ailleurs, le fait que l'actuel gouvernement est particulièrement
sensible aux statistiques et qu'il ne laisse jamais inaperçue
la moindre fluctuation a fait une profonde impression sur le public.
L'ex-ambassadeur de Suisse a, par exemple, comparé le cerveau
du Premier ministre Wen à un "ordinateur où se trouvent emmagasinés
une grande quantité de données".
Comme des enquêtes menées par les services compétents ont révélé
que pendant le deuxième trimestre de l'année passée, le revenu
par habitant des régions rurales a diminué de 35 yuans du fait
que des dizaines de millions de paysans travaillant en ville ont
été bloqués chez eux à cause du SRAG, le gouvernement central
a décidé de donner cette année la priorité à la tâche de compenser
les pertes des paysans et d'élever leurs revenus. C'est la raison
pour laquelle on a vu publier en février dernier le fameux "Rapport
N° 1" de l'autorité centrale visant à faire accroître les
revenus des paysans et à promouvoir la production agricole. Ce
qui permet à certains spécialistes de prévoir qu'en 2004, les
paysans chinois pourraient au moins obtenir un bénéfice direct
de 20 milliards de yuans grâce à la nouvelle politique lancée
dans ce rapport.
(LE QUOTIDIEN DU PEUPLE)