MARS 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

La micro-gravure (Weidiao)

Ge Bi, l'un des artisans de cet art.

L’art de la micro-gravure fait référence à la gravure de caractères chinois minuscules sur ivoire ou sur cheveu humain. Dans le cas de cet art original, l’artiste ne peut voir son travail, il doit se fier uniquement à ses sensations. Cet art est donc parfois appelé « gravure selon son gré ». Ces graveurs du miniature existent dans beaucoup d’endroits en Chine, et ils peuvent graver des poèmes et des peintures multicolores sur des pièces minuscules d’ivoire, de même que fabriquer des sceaux miniatures.

Zhang Yunhu est l’un de ces artistes et il vit à Shanghai. Sur un morceau d’ivoire de 3 cm2 carrés, il a reproduit l’anthologie complète des Trois Cents poèmes des Tang, ce qui totalise plus de 10 000 caractères. À l’œil nu, les mots ne ressemblent qu’à des rangées et à des rangées de petits points noirs pas plus gros que la tête d’une aiguille. En 1982, il a réalisé un autre chef-d’œuvre − le texte complet des Statuts du Parti communiste chinois, qui compte 14 000 caractères, et il l’a reproduit sur un morceau d’ivoire de 2,8 cm2. De plus, ce travail monumental a été réalisé en deux semaines seulement. Grossis cent fois, on voit que les caractères ont été formés de traits élégants, clairs et nets.

La micro-gravure sur cheveu humain est un art développé ces dernières années. Shen Weizhong, membre de l’Institut de recherche sur l’artisanat de Suzhou, en est le pionnier. Sur un cheveu de quelques millimètres de long et sans l’aide d’aucun appareil grossissant, cet artiste peut graver des poèmes ou d’autres textes en se fiant seulement à son toucher. Pour réaliser ce type d’œuvre, l’artiste a besoin d’un environnement absolument calme dans lequel il peut contrôler sa respiration et son pouls par la méditation. Il accomplit alors son travail à l’aide d’un fil coupant plus fin qu’un cheveu. Pour lire le travail accompli sur le cheveu, c’est-à-dire des caractères très clairs et nets, on a besoin de les grossir des dizaines de fois au microscope. La gravure sur cheveu a été développée sur la base de la gravure fine de caractères, laquelle a toujours été une tradition chinoise. Ses rudiments remontent aussi loin qu’il y a deux mille ans. Sur les fragments de carapaces de tortue servant d’objets divinatoires durant la période des Zhou de l’Ouest, on a découvert de fines gravures de caractères de la grosseur d’un grain de riz et ayant des traits aussi fins qu’un cheveu. Les artistes d’aujourd’hui ont donné un nouvel éclat à cet art ancien.