AVRIL 2004

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

La Chine, l'empire du trait

Liu Huaisu peint aux monts Huangshan.
Les arts majeurs − calligraphie et peinture − des indissociables dans l'esprit chinois, sont largement représentés lors d’une exposition qui se tient à la Bibliothèque nationale de France à Paris. Ayant en commun d'être réalisés au pinceau et à l'encre, ces arts se définissent comme des arts du trait. Ils allient la mobilité vivante du pinceau à l'inaltérable brillance de l'encre, et les lettrés chinois n’ont cessé d’explorer la force expressive de cet art qu’ils déclinent à travers des formes calligraphiques et picturales multiples.

Le parcours de l’exposition est divisé en vingt-quatre étapes à l’intérieur de quatre grandes parties consacrées à l’art calligraphique, aux esquisses et dessins, aux grands corpus littéraires et aux albums illustrés ou peints, selon un ordre essentiellement chronologique et thématique.
On aura l’occasion d’admirer la richesse des fonds de la Bibliothèque, dont le noyau remonte aux envois des missionnaires de la fin du XVIIe siècle, collection enrichie spectaculairement au début du XXe siècle par un ensemble de manuscrits inestimables découverts dans l’oasis de Dunhuang. Parmi ces pièces remarquables trouvées dans une grotte scellée à la fin du Xe siècle, des rouleaux  de soie calligraphiés au Ve siècle, les plus anciens estampages connus et des rouleaux de textes sur papier qui permettent d’appréhender l’art calligraphique médiéval et d’apprécier la vitalité et la diversité de l’art du pinceau : styles régulier, cursif, calligraphies issues d’ateliers de copistes impériaux ou de maîtres calligraphes, graphies inventées, caractères magiques ou talismaniques et calligraphies d’offrande à l’encre d’or. Sont évoquées les figures d’éminents calligraphes depuis le célèbre Wang Xizhi ou le très féru empereur Taizong de la dynastie des Tang.
 Pour la première fois, le grand public voir des esquisses et des dessins préparatoires d’artistes antérieurs au XIe siècle, dont aucun n’a été conservé en Chine, ainsi que d’uniques rouleaux enluminés de la même époque.

Les grands corpus confucéens, taoïstes et bouddhiques sont représentés dans des manuscrits médiévaux ainsi que par d’anciennes éditions précieuses. La littérature romanesque et théâtrale figure sous forme de belles éditions aux gracieuses illustrations au trait.

Les expositions de calligraphies sont toujours populaires.

L’art du collectionneur est présent grâce à des catalogues anciens illustrant des pièces de bronze, des bâtons et des pierres à encre. L’art du bibliophile chinois est souligné à travers des albums imprimés par la technique de l’estampage, ainsi que par divers albums précieux peints et calligraphiés sur soie, sur jade, sur feuille d’arbre, sur fond d’or ou finement tissées.
En fin de parcours, des volumes prestigieux de gravures ou de peintures sur soie glorifiant le bon gouvernement, les diverses capitales ou le cortège de l’empereur Kangxi traversant Beijing en liesse pour son soixantième anniversaire, font découvrir un art politique au service de la dynastie mandchoue des Qing (1644-1911).

Des peintures ou des imprimés polychromes évoqueront l’art du paysage et le Sud de la Chine. On peut comparer des pièces du XVIIe siècle qui témoignent des premières tentatives de compréhension mutuelle et de synthèse entre les arts et les architectures chinoises et européennes. L’exposition s’achève avec la représentation picturale des parcs impériaux, par des séries de gravures ou de peintures sur soie, délicatement colorées, des paysages et pavillons disparus du splendide Palais d’été.

Date : Du 3 mars au 6 juin