La Chine,
l'empire du trait
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Liu Huaisu peint aux monts Huangshan. |
Les arts majeurs − calligraphie et peinture −
des indissociables dans l'esprit chinois, sont largement représentés
lors d’une exposition qui se tient à la Bibliothèque nationale
de France à Paris. Ayant en commun d'être réalisés au pinceau
et à l'encre, ces arts se définissent comme des arts du trait.
Ils allient la mobilité vivante du pinceau à l'inaltérable brillance
de l'encre, et les lettrés chinois n’ont cessé d’explorer la force
expressive de cet art qu’ils déclinent à travers des formes calligraphiques
et picturales multiples.
Le parcours de
l’exposition est divisé en vingt-quatre étapes à l’intérieur de
quatre grandes parties consacrées à l’art calligraphique, aux
esquisses et dessins, aux grands corpus littéraires et aux albums
illustrés ou peints, selon un ordre essentiellement chronologique
et thématique.
On aura l’occasion d’admirer la richesse des fonds de la Bibliothèque,
dont le noyau remonte aux envois des missionnaires de la fin du
XVIIe siècle, collection enrichie spectaculairement
au début du XXe siècle par un ensemble de manuscrits
inestimables découverts dans l’oasis de Dunhuang. Parmi ces pièces
remarquables trouvées dans une grotte scellée à la fin du Xe
siècle, des rouleaux de
soie calligraphiés au Ve siècle, les plus anciens estampages
connus et des rouleaux de textes sur papier qui permettent d’appréhender
l’art calligraphique médiéval et d’apprécier la vitalité et la
diversité de l’art du pinceau : styles régulier, cursif,
calligraphies issues d’ateliers de copistes impériaux ou de maîtres
calligraphes, graphies inventées, caractères magiques ou talismaniques
et calligraphies d’offrande à l’encre d’or. Sont évoquées les
figures d’éminents calligraphes depuis le célèbre Wang Xizhi ou
le très féru empereur Taizong de la dynastie des Tang.
Pour la première fois,
le grand public voir des esquisses et des dessins préparatoires
d’artistes antérieurs au XIe siècle, dont aucun n’a
été conservé en Chine, ainsi que d’uniques rouleaux enluminés
de la même époque.
Les grands corpus
confucéens, taoïstes et bouddhiques sont représentés dans des
manuscrits médiévaux ainsi que par d’anciennes éditions précieuses.
La littérature romanesque et théâtrale figure sous forme de belles
éditions aux gracieuses illustrations au trait.
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Les
expositions de calligraphies sont toujours populaires. |
L’art du collectionneur
est présent grâce à des catalogues anciens illustrant des pièces
de bronze, des bâtons et des pierres à encre. L’art du bibliophile
chinois est souligné à travers des albums imprimés par la technique
de l’estampage, ainsi que par divers albums précieux peints et
calligraphiés sur soie, sur jade, sur feuille d’arbre, sur fond
d’or ou finement tissées.
En fin de parcours, des volumes prestigieux de gravures ou de
peintures sur soie glorifiant le bon gouvernement, les diverses
capitales ou le cortège de l’empereur Kangxi traversant Beijing
en liesse pour son soixantième anniversaire, font découvrir un
art politique au service de la dynastie mandchoue des Qing (1644-1911).
Des peintures ou des imprimés polychromes
évoqueront l’art du paysage et le Sud de la Chine. On peut comparer
des pièces du XVIIe siècle qui témoignent des premières
tentatives de compréhension mutuelle et de synthèse entre les
arts et les architectures chinoises et européennes. L’exposition
s’achève avec la représentation picturale des parcs impériaux,
par des séries de gravures ou de peintures sur soie, délicatement
colorées, des paysages et pavillons disparus du splendide Palais
d’été.
Date : Du 3 mars au 6 juin