FÉVRIER 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Une réunion de « parents » fort attendue…

GUO LI

En dépit des ans et de l’éloignement, les Chinois d’outre-mer restent unis comme les doigts de la main et œuvrent à l’avancement de leur mère-patrie.

Le Mémorial de Sun Yat-sen où s'est tenu le rassemblement.

À Guangzhou, grande ville bien développée de la Chine du Sud, plus de 200 Chinois d’outre-mer −Chinois vivant en France ou Français d’origine chinoise, Chinois des États-Unis, du Canada et de l’Australie − se sont rassemblés pour assister à la « Rencontre de la parenté » et à la IIe conférence de la Fédération mondiale des Associations des Chinois du Vietnam, du Cambodge et du Laos.  Ces deux rassemblements ont marqué la reprise des liens qui avaient été interrompus il y a quelque 20 ans.

Au cours des années 1970 et 1980, du fait de l’insécurité politique et de la guerre interminable dans ces trois pays d’Indochine, plus de deux millions de Chinois ont été obligés de quitter le pays où leurs ancêtres avaient vécu et d'émigrer dans plus de quarante pays et régions.  Depuis lors, dans leur nouvelle vie, ils ont déployé des efforts, bravant toutes les difficultés, éprouvant toutes les peines et comptant sur leur propre force.

On se rappellera qu’à cette époque-là, la Chine était bouleversée par la « révolution culturelle », donc incapable de se soucier des Chinois d'outre-mer en péril.  Toutefois, immédiatement après la fin de cette période troublée, le gouvernement chinois s'est appliqué à créer des entreprises agricoles, dont Pingsha, Wuming, Huashi et Naso, dans la région autonome zhuang du Guangxi, pour accueillir ces Chinois. Trois cent mille d’entre eux s’y rendirent.

Aujourd’hui, ces Chinois sont débarrassés de la pauvreté et vivent dans l’aisance; un proverbe ne dit-il pas : « Tant vaut l’homme, tant vaut la terre » ?

L’exemple de Huang Song

Né à Kratie au Cambodge et d'ascendance chinoise, monsieur Huang a d’abord pris la nationalité cambodgienne. Dans les années 1950, il a poursuivi des études à l’université de Beijing, puis à Moscou où il a perfectionné la cinématographie, souhaitant devenir un cinéaste remarquable.  Malheureusement, il n’a pu finir ses études. Bien que monsieur Huang ait par la suite élu domicile permanent en France et pris la nationalité française, il n’oublie jamais son origine chinoise.  La Chine est sa mère-patrie.

Depuis 1975, il se livre aux affaires commerciales, aux échanges culturels entre la Chine, le Cambodge et la France.  C’est lui qui a exporté les voitures chinoises au Cambodge pour répondre aux besoins immédiats de ce pays.  C’est encore lui qui a introduit en Chine l’industrie automobile française Citroën, après 14 années d’efforts inlassables.  Il est maintenant engagé dans une voie qui le conduira à élargir sa sphère d’action dans les pays francophones.  Ses mérites ont été cités maintes fois dans la presse chinoise et celle des pays intéressés.

La Fédération des Associations des Chinois du Vietnam, du Cambodge et du Laos

Cette Fédération a été fondée en 1983 à Taipei, chef-lieu de Taiwan, en vue de consolider le statut social de ces Chinois et de réunir toutes les associations qui siègent dans les cinq continents.  En avril 2002, son siège a été transféré à Los Angeles (États-Unis), du fait que la Fédération n’accepte pas le séparatisme des autorités de Taiwan et que ses membres ne veulent pas voir la Chine être déchirée, ni l’« indépendance » de Taiwan.

Lors de l’ouverture de ce rassemblement, en novembre dernier, monsieur Huang a prononcé une allocution dans laquelle il a condamné sans ambages les autorités de Taiwan qui tentent de séparer Taiwan de la partie continentale de Chine, disant que « tout comme notre corps dont un morceau de chair vive serait tranché, personne d’entre nous ne peut supporter une telle douleur! »

La question de Taiwan est un sujet dont on a beaucoup parlé.  Et l’allocution de monsieur Li Shaoguang, secrétaire général de la Fédération, a soulignée de nouveau cette question : « La présente conférence est la première à se tenir dans la partie continentale de Chine depuis la fondation de la Fédération en 1983 à Taipei.  Il s’agit là d’un pas important qui nous acheminera vers notre objectif,  illustré par ce slogan : " Amitié, union, coopération, développement ". Nous tous avons une idée commune, celle de persévérer dans notre position d’une seule Chine et dans notre lutte contre l’" indépendance ", pour la réunification de la patrie. »

La délégation francophone

La délégation francophone était organisée par M. Peng Yiwei, vice-président de la Fédération, et elle regroupait plus de 20 associations de Chinois d’outre-mer et de personnes d’origine chinoise des trois pays d’Indochine, résidant en France. La plupart des membres sont originaires de Guangzhou (des Cantonais), de Chaozhou, du Fujian ou sont des Hakkas (Kejia). Un grand nombre travaille dans la restauration, soit comme propriétaires ou comme employés, les autres sont des médecins, des rédacteurs en chef, des journalistes, des hommes d’affaires, des avocats…  toutes des professions fort enviées.

J’ai remarqué que, entre eux, ces gens parlaient leur dialecte. La langue nationale (le putonghua) n’était utilisée que lorsque la conversation ne pouvait se poursuivre à cause de la multiplicité des dialectes. En dépit de ces différences, tous les membres semblaient unis comme les doigts de la main.

Deux restaurateurs, M. Ou et M. Huynh, m’ont parlé, dans leur dialecte de Chaozhou, de leurs expériences du passé : « Aux premiers jours de l'immigration, nous avons dû travailler douze heures, voire quatorze heures par jour. Ce sont des souvenirs amers… » Et d’ajouter : « Nous sommes quand même très heureux de pouvoir voir la Chine, notre mère-patrie ; vous savez, c’était notre souhait depuis l’enfance. »

M. Guo Huaguang, né au Vietnam, vit aux États-Unis depuis 20 ans. Actuellement, il est président du conseil d’administration du journal CHINA News ; il a déclaré à un journaliste cantonais : « La puissance de la Chine exerce une grande influence sur les Chinois d’outre-mer,  ce qui leur permet de réclamer le droit à l’égalité et de gagner le respect des gens du pays. »

Ce jour-là, M. Guo portait une cravate rouge ornée de caractères chinois. Il voulait ainsi montrer sa fierté d’être au milieu de ses compatriotes et leur exprimer qu’il n’avait pas oublié le chinois.

Une anecdote sur la discrimination, racontée par M. Huang Qingtian, président de l’Association des Chinois de Chaozhou résidant en France, m’a bien ému. « Au début de la fondation de notre association, dit-il, je suis allé inviter à dîner au siège de l’Association le chef de mon arrondissement; le chef (français) a refusé. Maintenant, il ne manque pas de nous exprimer ses vœux, chaque année, à la fête du Printemps. Cette histoire, bien qu’elle soit brève et un peu ironique, donne à penser que la Chine a tourné la page.

L'auteur devant l'ancienne résidence de Sun Yat-sen à Zhongshan.

Durant les rassemblements, les membres de la délégation francophone ont visité avec grand intérêt la ville de Zhongshan, à quelques dizaines de kilomètres de Guangzhou, parce que cette ville est le pays natal du Dr Sun Yat-sen, initiateur de la révolution démocratique de Chine en 1911 et souvent considéré comme le père de la révolution chinoise. Zhongshan est aujourd'hui une ville industrialisée grâce aux capitaux offerts par 4 500 entreprises étrangères, y compris par des Chinois d’outre-mer et d’autres personnes d’origine chinoise. Grâce à son contingent de 190 000 personnes qualifiées, la ville s’est transformée en technopole, regroupant l’industrie chimique, pharmaceutique et de l’emballage ;  elle est même un site touristique, en mesure de recevoir plus de trois millions de touristes chaque année, pour une recette annuelle de 5,5 milliards de yuans. C’est sans contredit une ville très prometteuse dans l’économie nationale.

À ce propos, le conseiller d’État Tang Jiaxuan a laissé entendre, dans son allocution prononcée lors de l’ouverture du rassemblement, que le gouvernement chinois accordera toutes les facilités et de meilleurs services aux Chinois d’outre-mer et aux hommes d’affaires d’origine chinoise qui désirent procéder avec la Chine à des échanges et à la coopération en matière d’économie, de culture et de sciences et techniques. Les Chinois d’outre-mer ont bien raison de garder la mère-patrie dans leur cœur.