Une réunion de « parents » 
                fort attendue…
              GUO LI
              En dépit 
                des ans et de l’éloignement, les Chinois d’outre-mer restent unis 
                comme les doigts de la main et œuvrent à 
                l’avancement de leur mère-patrie.
              
                
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                  | Le Mémorial de Sun Yat-sen 
                    où s'est tenu le rassemblement. | 
                
              
              À Guangzhou, grande ville bien développée de 
                la Chine du Sud, plus de 200 Chinois d’outre-mer −Chinois 
                vivant en France ou Français d’origine chinoise, Chinois des États-Unis, 
                du Canada et de l’Australie − se sont rassemblés pour assister 
                à la « Rencontre de la parenté » et à la IIe 
                conférence de la Fédération mondiale des Associations des Chinois 
                du Vietnam, du Cambodge et du Laos.  Ces deux rassemblements ont marqué la reprise 
                des liens qui avaient été interrompus il y a quelque 20 ans.
              Au cours des années 1970 et 1980, du fait de 
                l’insécurité politique et de la guerre interminable dans ces trois 
                pays d’Indochine, plus de deux millions de Chinois ont été obligés 
                de quitter le pays où leurs ancêtres avaient vécu et d'émigrer 
                dans plus de quarante pays et régions.  
                Depuis lors, dans leur nouvelle vie, ils ont déployé des 
                efforts, bravant toutes les difficultés, éprouvant toutes les 
                peines et comptant sur leur propre force.
              On se rappellera qu’à cette époque-là, la Chine 
                était bouleversée par la « révolution culturelle », 
                donc incapable de se soucier des Chinois d'outre-mer en péril.  Toutefois, immédiatement après la fin de cette 
                période troublée, le gouvernement chinois s'est appliqué à créer 
                des entreprises agricoles, dont Pingsha, Wuming, Huashi et Naso, 
                dans la région autonome zhuang du Guangxi, pour accueillir ces 
                Chinois. Trois cent mille d’entre eux s’y rendirent.
              Aujourd’hui, ces Chinois sont débarrassés de la pauvreté et vivent dans l’aisance; un proverbe ne 
                dit-il pas : « Tant vaut l’homme, tant vaut la terre » ?
              L’exemple de Huang Song 
              Né à Kratie au Cambodge et d'ascendance chinoise, 
                monsieur Huang a d’abord pris la nationalité cambodgienne. Dans 
                les années 1950, il a poursuivi des études à l’université de Beijing, 
                puis à Moscou où il a perfectionné la cinématographie, souhaitant 
                devenir un cinéaste remarquable.  
                Malheureusement, il n’a pu finir ses études. Bien que monsieur 
                Huang ait par la suite élu domicile permanent en France et pris 
                la nationalité française, il n’oublie jamais son origine chinoise.  
                La Chine est sa mère-patrie.
              Depuis 1975, il se livre aux affaires commerciales, 
                aux échanges culturels entre la Chine, le Cambodge et la France.  
                C’est lui qui a exporté les voitures chinoises au Cambodge 
                pour répondre aux besoins immédiats de ce pays.  
                C’est encore lui qui a introduit en Chine l’industrie automobile 
                française Citroën, après 14 années 
                d’efforts inlassables.  Il 
                est maintenant engagé dans une voie qui le conduira à élargir 
                sa sphère d’action dans les pays francophones.  
                Ses mérites ont été cités maintes fois dans la presse chinoise 
                et celle des pays intéressés.
              La 
                Fédération des Associations des Chinois du Vietnam, du Cambodge 
                et du Laos
              Cette Fédération a été fondée en 1983 à Taipei, 
                chef-lieu de Taiwan, en vue de consolider le statut social de 
                ces Chinois et de réunir toutes les associations qui siègent dans 
                les cinq continents.  En 
                avril 2002, son siège a été transféré à Los Angeles (États-Unis), 
                du fait que la Fédération n’accepte pas le séparatisme des autorités 
                de Taiwan et que ses membres ne veulent pas voir la Chine être 
                déchirée, ni l’« indépendance » de Taiwan.
              Lors de l’ouverture de ce rassemblement, en 
                novembre dernier, monsieur Huang a prononcé une allocution dans 
                laquelle il a condamné sans ambages les autorités de Taiwan qui 
                tentent de séparer Taiwan de la partie continentale de Chine, 
                disant que « tout comme notre corps dont un morceau de chair 
                vive serait tranché, personne d’entre nous ne peut supporter une 
                telle douleur! »
              La question de Taiwan est un sujet dont on a 
                beaucoup parlé.  Et l’allocution 
                de monsieur Li Shaoguang, secrétaire général de la Fédération, 
                a soulignée de nouveau cette question : « La présente 
                conférence est la première à se tenir dans la partie continentale 
                de Chine depuis la fondation de la Fédération en 1983 à Taipei.  
                Il s’agit là d’un pas important qui nous acheminera vers 
                notre objectif,  illustré par ce slogan : " Amitié, 
                union, coopération, développement ". Nous tous avons 
                une idée commune, celle de persévérer dans notre position d’une 
                seule Chine et dans notre lutte contre l’" indépendance ", 
                pour la réunification de la patrie. »
              La délégation francophone
              La délégation francophone était organisée par M. Peng Yiwei, vice-président 
                de la Fédération, et elle regroupait plus de 20 associations de 
                Chinois d’outre-mer et de personnes d’origine chinoise des trois 
                pays d’Indochine, résidant en France. La plupart des membres sont 
                originaires de Guangzhou (des Cantonais), de Chaozhou, du Fujian 
                ou sont des Hakkas (Kejia). Un grand nombre travaille dans la 
                restauration, soit comme propriétaires ou comme employés, les 
                autres sont des médecins, des rédacteurs en chef, des journalistes, 
                des hommes d’affaires, des avocats…  
                toutes des professions fort enviées.
              J’ai remarqué que, entre eux, ces gens parlaient leur dialecte. La langue 
                nationale (le putonghua) 
                n’était utilisée que lorsque la conversation ne pouvait se poursuivre 
                à cause de la multiplicité des dialectes. En dépit de ces différences, 
                tous les membres semblaient unis comme les doigts de la main.
              Deux restaurateurs, M. Ou et M. Huynh, m’ont parlé, dans leur dialecte 
                de Chaozhou, de leurs expériences du passé : « Aux 
                premiers jours de l'immigration, nous avons dû travailler douze heures, 
                voire quatorze heures par jour. Ce sont des souvenirs amers… » 
                Et d’ajouter : « Nous sommes quand même très heureux 
                de pouvoir voir la Chine, notre mère-patrie ; vous savez, 
                c’était notre souhait depuis l’enfance. »
              M. Guo Huaguang, né au Vietnam, vit aux États-Unis depuis 20 ans. Actuellement, 
                il est président du conseil d’administration du journal CHINA 
                News ; il a déclaré à un journaliste cantonais : « La 
                puissance de la Chine exerce une grande influence sur les Chinois 
                d’outre-mer,  ce qui leur permet de réclamer le droit à l’égalité 
                et de gagner le respect des gens du pays. »
              Ce jour-là, M. Guo portait une cravate rouge ornée de caractères chinois. 
                Il voulait ainsi montrer sa fierté d’être au milieu de ses compatriotes 
                et leur exprimer qu’il n’avait pas oublié le chinois.
              Une anecdote sur la discrimination, racontée par M. Huang Qingtian, président 
                de l’Association des Chinois de Chaozhou résidant en France, m’a 
                bien ému. « Au début de la fondation de notre association, dit-il, 
                je suis allé inviter à dîner au siège de l’Association le chef 
                de mon arrondissement; le chef (français) a refusé. Maintenant, 
                il ne manque pas de nous exprimer ses vœux, chaque année, à la 
                fête du Printemps. Cette histoire, bien qu’elle soit brève et 
                un peu ironique, donne à penser que la Chine a tourné la page.
              
                
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                  | L'auteur devant l'ancienne 
                    résidence de Sun Yat-sen à Zhongshan. | 
                
              
              Durant les rassemblements, les membres de la délégation francophone ont 
                visité avec grand intérêt la ville de Zhongshan, à quelques dizaines 
                de kilomètres de Guangzhou, parce que cette ville est le pays 
                natal du Dr Sun Yat-sen, initiateur de la révolution 
                démocratique de Chine en 1911 et souvent considéré comme le père 
                de la révolution chinoise. Zhongshan est aujourd'hui une ville 
                industrialisée grâce aux capitaux offerts par 4 500 entreprises 
                étrangères, y compris par des Chinois d’outre-mer et d’autres 
                personnes d’origine chinoise. Grâce à son contingent de 190 000 
                personnes qualifiées, la ville s’est transformée en technopole, 
                regroupant l’industrie chimique, pharmaceutique et de l’emballage ;  elle est même un site touristique, en mesure de recevoir plus de 
                trois millions de touristes chaque année, pour une recette annuelle 
                de 5,5 milliards de yuans. C’est sans contredit une ville très 
                prometteuse dans l’économie nationale.
              À ce propos, le conseiller d’État Tang Jiaxuan a laissé entendre, dans 
                son allocution prononcée lors de l’ouverture du rassemblement, 
                que le gouvernement chinois accordera toutes les facilités et 
                de meilleurs services aux Chinois d’outre-mer et aux hommes d’affaires 
                d’origine chinoise qui désirent procéder avec la Chine à des échanges 
                et à la coopération en matière d’économie, de culture et de sciences 
                et techniques. Les Chinois d’outre-mer ont bien raison de garder 
                la mère-patrie dans leur cœur.