Faits
marquants du mois
Exposition :
Le règne de Kangxi, empereur de Chine
Château de Versailles
Jusqu’au 26 avril
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Kangxi. |
L’exposition dévolue à la
figure de l’empereur Kangxi, contemporain de Louis XIV, rend hommage
à ce souverain tolérant qui laissa l’empire chinois ouvert aux
influences bouddhistes, chrétiennes et européennes en admettant
les Jésuites à la tête des Affaires Etrangères, et en utilisant
leurs connaissances mathématiques, astronomiques et techniques.
L’exposition présente, sur plus de 1 300 m2, 200 œuvres
provenant de Chine, le reste étant constitué de collections conservées
en France.
Le gouvernement chinois a donné son accord pour le prêt d’œuvres
exceptionnelles, telles qu’un trône impérial et de très longues
peintures sur rouleau consacrées aux voyages de l’empereur Kangxi
dans le Sud. Le parcours de l’exposition s’articule en plusieurs
sections :
- La vie publique et militaire
de l’empereur à la cour :
Le trône impérial, des brûle-parfums en bronze, des sceaux, des
robes impériales et un ensemble d’armures et de costumes militaires
constituent quelques exemples des œuvres qui sont présentées dans
cette première salle.
- La vie privée de l’empereur : les collections
impériales :
Soixante objets divers consacrés à la Cité interdite évoquent
le « bureau » de travail
de l’empereur. Un choix de volumes de l’édition de la Grande Encyclopédie illustrée montre le goût de Kangxi pour le savoir.
- Les collections de l’empereur : bronzes antiques, boîtes en laque, objets de jade, porcelaines,
calligraphies de Kangxi, costumes et échantillons des soieries
complètent cette section, où est évoquée également la chasse avec
des armes de chasse, des peintures illustrant les relais de chasse
de l’empereur et un trône en bois de cerf.
- Contacts et échanges : les sciences, collections
conservées à Beijing. Les
mathématiques, l’astronomie, la médecine et les sciences en général
sont évoquées notamment par la présentation d’astrolabes, de machines
à calculer, de deux grands personnages en bronze à mettre en rapport
avec les études sur la médecine (acupuncture), et de grandes sphères
armillaires en bronze.
- Le commerce : évocation d’un « Cabinet
de porcelaine » avec la
présentation notamment des collections de porcelaine « Famille
Verte », ensemble exceptionnel
du Musée Guimet non exposé et peu vu. Dans cette salle sont évoqués
l’intérêt de la France de Louis XIV pour la Chine, le goût pour
les objets de porcelaine chinoise présent dans les collections
royales.
- Le voyage du vaisseau
« Amphitrite » (1699-1705)
Il s’agit de présenter ici le premier voyage d’un bateau français
en Chine, parti de Lorient, pour l’échange des marchandises et
des céramiques.
- État de la Chine : peintures exceptionnelles, cartes et fonds de livres anciens
illustrent les conquêtes et les nouvelles frontières de l’Empire
chinois.
Enfin, dans une salle à part sont présentés les rouleaux du voyage
de Kangxi dans le sud de la Chine en 1689 par le peintre Wang
Hui, les portraits de l’empereur, des paysages de Chine de peintres
de l’époque de Kangxi. Les rapports diplomatiques entre la France
et la Chine sont évoqués avec les présents échangés entre les
deux souverains, conservés soit en France soit en Chine.
Shanghai
1920-1950
Ile de France – Paris, Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Jusqu’au 7 mars
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Une rue de Shanghai
au début du XXe siècle. |
Pour la toute première fois,
le Musée d’histoire de Shanghai présente à l’extérieur de la Chine
un ensemble de près de deux cents photographies qui illustrent
les aspects les plus divers de la vie à Shanghai, depuis la chute
de l’empire, en 1911, jusqu’à la proclamation de la République
populaire, en 1949.
Pour la plupart inédites en France, ces photographies montrent
la plus cosmopolite des villes chinoises, cédant dans les années
vingt, à la mode des buildings et des néons qui dominent le Bund
et bordent l’avenue Nanjing, alors que le quartier chinois vit
encore dans des traditions commerciales et artisanales millénaires.
Une société vit au rythme des transactions internationales, alors
que, tout à côté, un petit monde besogneux lutte contre la misère.
Dans les années 1930, la construction d’immeubles modernes, l’évolution
des modes de transports, l’apparition des grands magasins donnent
à Shanghai cet aspect mythique que souligne, à la même époque,
le cinéma. C’est un monde presqu’entièrement disparu de nos jours
–Shanghai est, depuis dix ans un chantier de permanentes
transformations– que nous offrent ces photographies. La vie intellectuelle
et politique se devine à travers les étonnantes photographies
de groupe, dans lesquelles on sent une société à la fois tentée
par l’Occident, mais consciente des valeurs de la civilisation
chinoise.
Le livre
qui accompagne cette exposition, permettra de découvrir une collection
de photographies qui, jusqu’ici, n’a jamais quitté la Chine et
une ville qui a toujours fasciné.
Concert
de pipa de Ling Lingyu
Ile de France, Paris, Musée National des arts asiatiques
Le 6 février
Née dans
la ville de Hangzhou, Ling Lingyu commence la musique à l’âge
de neuf ans. Elle étudie le luth pipa, la vielle erhu
et le violon ; elle donne ses premiers concerts très jeune. Enfant
prodige, elle remporte le premier prix de tous les concours où
elle se présente ; à ce titre, elle fait l’objet de nombreux reportages
dans les médias chinois. Son talent suscite même l’inspiration
de plusieurs compositeurs chinois qui écrivent des pièces spécialement
pour elle, adaptant leurs compositions à la finesse et à la sérénité
de son jeu.
Son instrument, le pipa, existe depuis plus de deux mille ans.
À l’époque Han, il était déjà apprécié dans la musique de cour
; sous les Tang, il devint instrument soliste ; sous les Ming,
il s’intégra à l’orchestre de l’Opéra de Pékin. Il s'est répandu
dans toutes les provinces chinoises.
À l'instar de son maître Liu Dehai qui interpréta des œuvres pour
pipa et orchestre sous la direction de Karajan, Ling Lingyu crée
son propre style, un harmonieux dosage de yin et de yang.
Festival
mondial du cirque de demain
Ile de France
– Paris, Cirque d’hiver Bouglione
Du 19 au 23 février
L’Association
française pour le Cirque de demain organise chaque année en France
le Festival mondial du Cirque de demain et le Festival mondial
du Cirque de l’avenir.
Le XXVe Festival consacre un hommage spécial à l’acrobatie
chinoise.
Trois numéros représentatifs de cette acrobatie millénaire sont
présentés : le premier, dans la catégorie du Cirque de l’avenir
(artistes de plus de 12 ans et de moins de 17 ans) ; le second,
représentant la tradition chinoise ; le troisième, significatif
de l’évolution actuelle des arts de la piste en Chine.
Exposition
de photographies de Marc Riboud - 1992-2002
Ile de France – Paris,
Musée Carnavalet
Jusqu’au 7 mars
C'est autour
du regard de Marc Riboud que se tiendra le volet contemporain
des expositions Shanghai d'hier et de demain au musée Carnavalet.
Après une longue somnolence, Shanghai renaît plus éclatante, plus
brillante, plus ambitieuse que jamais. Marc Riboud révèle en soixante-dix
photographies noir et blanc le gigantisme de cette ville de verre
et d'acier qui symbolise la nouvelle superpuissance de la Chine.
Au travers des photos de Marc Riboud, on voit ces étages d'acier
et de verre s'affiner en grimpant dans l'espace. Quelle énergie!
Mais n'y a-t-il pas une pointe d'arrogance? C'est cette démesure
que Marc Riboud a décidé de souligner. Avec cet œil incroyable
qui nous permet de découvrir ce que nous regardions sans voir,
il montre les beautés de la nouvelle Perle de l'Asie. Mais il la met en garde... de ne pas succomber à
la tentation de Babel :
« La
mesure fait partie de la vie. La démesure, ce n'est pas l'homme
! »
Pingyao
à Paris
Ile de France – Paris, MK2 Bibliothèque
Du 6 février au 28 mars
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Une vue de Pingyao. |
Le Festival
international de la photographie de Pingyao s'exporte à Paris
avec l'exposition Pingyao
à Paris. Accueillie au MK2 Bibliothèque (Paris 13ème), l'exposition
présente les 12 artistes lauréats du Prix Alcatel du livre de Photographie et
du Prix L'Oréal de la photographie
contemporaine chinoise, décernés lors des éditions 2002 et
2003 du Festival par des jurys internationaux.
De
Chine et d’ailleurs : concert de l’Ensemble contemporain
Ile de France – Paris, Centre
Pompidou
Le 22 février
Les solistes de l’Ensemble
contemporain ont élaboré un programme original d’œuvres de compositeurs
chinois. Une attention toute particulière a été portée à la qualité
« supranationale » des œuvres par des compositeurs dont certains, tel Liza
Lim (déjà programmée plusieurs fois par l’Ensemble), sont nés
hors de Chine et poursuivent une réflexion sur leurs origines,
au-delà du pittoresque bon marché que suscite parfois l’exotisme.
Une œuvre de référence complète ce programme : le Quatuor à cordes
n°2 de Ligeti.
Exposition
de deux jeunes artistes chinois : Zeng Hao et Yin Qi
Limousin – Maymac, Centre d’art
contemporain Abbaye Saint-André
Du 21 février au 16 mai
Les scènes
que peint Zeng Hao flottent dans un espace et un temps suspendu.
Sur un fond monochrome, différents éléments de la vie quotidienne,
des personnages, des meubles et autres objets courants, sont disposés
de façon aléatoire. Chacun d’entre eux est équivalent aux autres.
La composition est réduite à son minimum car plus que composer,
Zeng Hao dispose. Le peintre n’établit pas vraiment de plans repérables
et renonce à tout effet de perspective.
Les personnages n’expriment aucun sentiment, les objets ne sont
accompagnés d’aucune ombre portée. Les tableaux ne semblent que
l’hypothèse d’une présentation parmi tant d’autres possibles.
Yin Qi a, semble-t-il, une prédilection pour les animaux, le chien
en particulier. Il ne le représente jamais avec un souci de réalisme.
Le sujet, paisible, comme réfléchi dans un miroir, toujours en
gros plan, est à l’étroit dans l’espace d’un tableau privé de
profondeur. Son existence est tout entière dans sa matérialité.
Il possède sa syntaxe, ses schémas, sa spécificité propre.
Yin Qi imprime délibérément et fortement la texture de la peinture
à la surface de la toile.
La peinture n’est plus uniquement un médium. Par sa distribution
irrégulière sur la toile, en coups de brosse striés, elle donne
du relief au sujet, comme si elle entendait exister par et pour
elle-même. Quand tout sujet devient matière, que cette matière
est montrée dans son état brut, que ce qui est représentation
est transformé en principe de peinture et que ce principe devient
à son tour mode de vie, nous sommes dans le quotidien de Yin Qi
et l’on comprend que la tranquillité de cette surface peinte cache
l’effervescence de la vie.
Promenade
édifiante et curieuse au pavillon des images
Lorraine – Nancy, Musée des Beaux-Arts
Du 30 janvier au 26 avril
Les photographies chinoises
les plus remarquables aujourd’hui sont le plus souvent l'œuvre
de portraitistes expérimentés ou de photographes chargés de réaliser
des reportages ou de mettre en valeur les produits de leur entreprise.
Ainsi l'objet de la photographie ne consiste pas à décrire les
apparences de la réalité, mais d'en extraire la vérité.
L'œuvre la plus inspirée par cette attitude concerne la Grande
Muraille, telle que nous la révèle Shi Guorui. Il transforme en
sténopé la pièce supérieure d'une tour de guet et fixe au terme
de cinq heures d'exposition l'image négative de la Muraille.
Wang Dongfeng manifeste un sentiment identique de fierté et de
nostalgie lorsqu'il s'intéresse aux petites scènes rurales d'opéra.
Dans un cadrage le plus souvent serré et frontal, il s'identifie
au spectateur qui contemple la grâce de l'architecture.
Jiang Jian, qui venait de réaliser un corpus très codifié sur
les intérieurs chinois traditionnels, s’est intéressé à une série
de petites boîtes relatant les 28 scènes d'un opéra célèbre. Il
souligne le lien qui, en Chine, unit la poésie, la peinture et
le spectacle vivant.
Dans une forme plus narrative, Jin Yong Quan s'est attaché à rendre
compte des traditions de certaines ethnies minoritaires, tels
les Nuo qui ont coutume de célébrer la fête de la fin des moissons
en revêtant costumes et masques pour protéger leur famille et
leurs biens des mauvais esprits. Le témoignage le plus singulier
émane sans doute de Wang Ningde. Son reportage sur les petits
théâtres itinérants dans les campagnes souligne la remarquable
vulgarisation culturelle apportée autrefois par l'Opéra.
On retrouve ce même amour des traditions chez les jeunes artistes,
presque tous formés au sein des écoles d'art et notamment à l'école
des Beaux Arts de Beijing. Le résultat est un foisonnement d'œuvres
disparates, surprenantes, qui convoquent tout à la fois leur tradition
picturale, une analyse lucide et acide de la société chinoise
contemporaine et parfois un humour latent.
Hong Lei reprend à son compte les grandes œuvres picturales chinoises
; il inscrit les images de la vie, fleur offerte et fleur nourricière
dans l'espace traditionnellement vide du ciel, par exemple.
Pour Yang Zhen Zhong, fidèle aux traditions qui font de la famille
le socle de la société, le mariage du coq et de la poule est le
premier acte qui conduit à la naissance du fils qui seul peut
assumer la transmission de la lignée et prendre soin des mânes
des ancêtres.
Le panda, compagnon et confident de Zhao Bandi, dont il est tout
à la fois le fils par la taille mais le père en raison de sa sagesse,
commente avec lui les maux ou les joies de la société chinoise
contemporaine. Le panda s'avère être un sage qui sait apprécier
la douceur des bras féminins et redouter les conséquences mortelles
de la nicotine.
Avec ses photographies de grandes dimensions, réalisées le plus
souvent à l'échelle un, Yang Fudong réinterprète à sa manière
l'association, fréquente en Chine, de la poésie et de la peinture,
mais dans une parodie ironique où le texte relève plutôt du slogan
publicitaire.
La maîtrise de l'histoire de l'art et la fréquentation des œuvres
classiques ont conduit nombre de jeunes artistes, Mu Chen ou Chen
Ling Yang, par exemple, à composer des livres à regarder; issu
de la tradition des rouleaux, l'ouvrage Twelve flower months se déplie et se déploie
en un voyage imaginaire qui plonge au cœur de la féminité.
Mu Chen travaille également en collaboration avec Shao Yinong.
Ils ont notamment composé ensemble The
Family Register selon le même principe.
Trésors
du Guangxi, archéologie chinoise
Poitou Charente –
Loudun, Espace Sainte-Croix
Du 15 février au 15 mars
Le Guangxi, une région autonome
de la Chine du Sud qui abrite douze ethnies minoritaires, possède
de très importantes collections archéologiques – notamment des
bronzes et des terres cuites – exposées principalement dans le
musée de Nanning, sa capitale.
Cette exposition, fruit de la coopération établie depuis 1996
entre la région du Poitou-Charentes et la région autonome zhuang
du Guangxi, présente une centaine de pièces archéologiques provenant
de cette région et vingt pièces prêtées par le Musée national
des arts asiatiques Guimet à Paris. L'ensemble est complété par
une trentaine de pièces des collections de Poitou-Charentes. Il
s'agit de porcelaines de Chine de commande, dites «de la Compagnie
des Indes», témoignages des échanges commerciaux qui furent initiés
au XVIIIe siècle entre les ports de l’Atlantique et
l’Extrême-Orient. Des animations autour de la musique et de la
calligraphie chinoise sont également proposées pendant l’exposition.
Un catalogue important rédigé par les conservateurs de Nanning,
avec la collaboration de spécialistes du Musée Guimet, est édité
à cette occasion (Editions Somogy).
Lecture
sous la yourte
Rhône Alpes – Lyon, Médiathèque de Vaise
Du 26 février au 1er mars
Lecture théâtralisée du
Livre des Merveilles de Marco Polo à l’intérieur d’une yourte mongole,
réalisée par un artisan et acheminée de Mongolie intérieure pour
cet événement. La yourte peut accueillir jusqu’à 40 spectateurs.
Exposition de Wu Zuoren, Musée Cernuschi
Jusqu’en juillet
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Wu Zuoren (au centre,
au premier plan) lors de son exposition de peintures organisée
au Palais des Beaux-Arts de Chine. |
Wu Zuoren
est né en 1908 dans la province du Jiangsu et a étudié les Beaux-Arts
à Shanghai. Sous la recommandation de Xu Beihong, l’un
des artistes chinois modernes les plus connus, Wu est allé en
Europe pour étudier l’art occidental et a obtenu son diplôme de
l’Institut royal des Beaux-Arts de Belgique. Il est revenu en
Chine en 1935 et y a enseigné. Ses œuvres ont ccmmencé à être
connues en Occident lorsqu’il y a tenu des expositions en 1947.
L’exposition présente 37 œuvres qui ont été fournies par la Fondation
internationale pour les Beaux-Arts Wu Zuoren. Les encres, complétées
durant les décennies 1970 et 1980, sont les clous de l’exposition.
La plupart présentent des paysages naturels et des caractéristiques
de la culture folkorique de la Chine de l’Ouest, fruit d’un voyage
de Wu dans cette région en 1943. Ce voyage a grandement changé
sa peinture. Après avoir visité l’exposition, certains artistes
français ont fait remarquer que celle-ci présente un heureux mélange
de styles occidental et oriental. Le style de Wu est clair, précis
et doux, ayant absorbé la puissance de la peinture à l’huile et
l’ayant fusionné avec les peintures chinoises. Les œuvres sont
naturelles, mais les formes sont précises. Il a été récompensé
pour son travail par la France (1985) et la Belgique (1988). Une
de ses œuvres a été vendue à un prix record de 425 000 $US
lors d’une vente aux enchères l’été dernier à Beijing.