MARS 2004

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

Faits marquants du mois

Exposition : Le règne de Kangxi, empereur de Chine
Château de Versailles
Jusqu’au 26 avril

Kangxi.

L’exposition dévolue à la figure de l’empereur Kangxi, contemporain de Louis XIV, rend hommage à ce souverain tolérant qui laissa l’empire chinois ouvert aux influences bouddhistes, chrétiennes et européennes en admettant les Jésuites à la tête des Affaires Etrangères, et en utilisant leurs connaissances mathématiques, astronomiques et techniques.
L’exposition présente, sur plus de 1 300 m2, 200 œuvres provenant de Chine, le reste étant constitué de collections conservées en France.
Le gouvernement chinois a donné son accord pour le prêt d’œuvres exceptionnelles, telles qu’un trône impérial et de très longues peintures sur rouleau consacrées aux voyages de l’empereur Kangxi dans le Sud. Le parcours de l’exposition s’articule en plusieurs sections
 :

 
- La vie publique et militaire de l’empereur à la cour
 :
Le trône impérial, des brûle-parfums en bronze, des sceaux, des robes impériales et un ensemble d’armures et de costumes militaires constituent quelques exemples des œuvres qui sont présentées dans cette première salle.
- La vie privée de l’empereur
 : les collections impériales :
Soixante objets divers consacrés à la Cité interdite évoquent le «
 bureau » de travail de l’empereur. Un choix de volumes de l’édition de la Grande Encyclopédie illustrée montre le goût de Kangxi pour le savoir.
- Les collections de l’empereur
 : bronzes antiques, boîtes en laque, objets de jade, porcelaines, calligraphies de Kangxi, costumes et échantillons des soieries complètent cette section, où est évoquée également la chasse avec des armes de chasse, des peintures illustrant les relais de chasse de l’empereur et un trône en bois de cerf.
- Contacts et échanges
 : les sciences, collections conservées à Beijing. Les mathématiques, l’astronomie, la médecine et les sciences en général sont évoquées notamment par la présentation d’astrolabes, de machines à calculer, de deux grands personnages en bronze à mettre en rapport avec les études sur la médecine (acupuncture), et de grandes sphères armillaires en bronze.
- Le commerce
 : évocation d’un « Cabinet de porcelaine » avec la présentation notamment des collections de porcelaine « Famille Verte », ensemble exceptionnel du Musée Guimet non exposé et peu vu. Dans cette salle sont évoqués l’intérêt de la France de Louis XIV pour la Chine, le goût pour les objets de porcelaine chinoise présent dans les collections royales.
- Le voyage du vaisseau «
 Amphitrite » (1699-1705)
Il s’agit de présenter ici le premier voyage d’un bateau français en Chine, parti de Lorient, pour l’échange des marchandises et des céramiques.
- État de la Chine
 : peintures exceptionnelles, cartes et fonds de livres anciens illustrent les conquêtes et les nouvelles frontières de l’Empire chinois.
Enfin, dans une salle à part sont présentés les rouleaux du voyage de Kangxi dans le sud de la Chine en 1689 par le peintre Wang Hui, les portraits de l’empereur, des paysages de Chine de peintres de l’époque de Kangxi. Les rapports diplomatiques entre la France et la Chine sont évoqués avec les présents échangés entre les deux souverains, conservés soit en France soit en Chine.

Shanghai 1920-1950
Ile de France – Paris, Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Jusqu’au 7 mars

Une rue de Shanghai au début du XXe siècle.

Pour la toute première fois, le Musée d’histoire de Shanghai présente à l’extérieur de la Chine un ensemble de près de deux cents photographies qui illustrent les aspects les plus divers de la vie à Shanghai, depuis la chute de l’empire, en 1911, jusqu’à la proclamation de la République populaire, en 1949.
Pour la plupart inédites en France, ces photographies montrent la plus cosmopolite des villes chinoises, cédant dans les années vingt, à la mode des buildings et des néons qui dominent le Bund et bordent l’avenue Nanjing, alors que le quartier chinois vit encore dans des traditions commerciales et artisanales millénaires. Une société vit au rythme des transactions internationales, alors que, tout à côté, un petit monde besogneux lutte contre la misère.
Dans les années 1930, la construction d’immeubles modernes, l’évolution des modes de transports, l’apparition des grands magasins donnent à Shanghai cet aspect mythique que souligne, à la même époque, le cinéma. C’est un monde presqu’entièrement disparu de nos jours  –Shanghai est, depuis dix ans un chantier de permanentes transformations– que nous offrent ces photographies. La vie intellectuelle et politique se devine à travers les étonnantes photographies de groupe, dans lesquelles on sent une société à la fois tentée par l’Occident, mais consciente des valeurs de la civilisation chinoise.

Le livre qui accompagne cette exposition, permettra de découvrir une collection de photographies qui, jusqu’ici, n’a jamais quitté la Chine et une ville qui a toujours fasciné.

Concert de pipa de Ling Lingyu
Ile de France, Paris, Musée National des arts asiatiques
Le 6 février

Née dans la ville de Hangzhou, Ling Lingyu commence la musique à l’âge de neuf ans. Elle étudie le luth pipa, la vielle erhu et le violon ; elle donne ses premiers concerts très jeune. Enfant prodige, elle remporte le premier prix de tous les concours où elle se présente ; à ce titre, elle fait l’objet de nombreux reportages dans les médias chinois. Son talent suscite même l’inspiration de plusieurs compositeurs chinois qui écrivent des pièces spécialement pour elle, adaptant leurs compositions à la finesse et à la sérénité de son jeu.
Son instrument, le pipa, existe depuis plus de deux mille ans. À l’époque Han, il était déjà apprécié dans la musique de cour ; sous les Tang, il devint instrument soliste ; sous les Ming, il s’intégra à l’orchestre de l’Opéra de Pékin. Il s'est répandu dans toutes les provinces chinoises.
À l'instar de son maître Liu Dehai qui interpréta des œuvres pour pipa et orchestre sous la direction de Karajan, Ling Lingyu crée son propre style, un harmonieux dosage de yin et de yang.

Festival mondial du cirque de demain

Ile de France – Paris, Cirque d’hiver Bouglione
Du 19 au 23 février

L’Association française pour le Cirque de demain organise chaque année en France le Festival mondial du Cirque de demain et le Festival mondial du Cirque de l’avenir.
Le XXVe Festival consacre un hommage spécial à l’acrobatie chinoise.
Trois numéros représentatifs de cette acrobatie millénaire sont présentés : le premier, dans la catégorie du Cirque de l’avenir (artistes de plus de 12 ans et de moins de 17 ans) ; le second, représentant la tradition chinoise ; le troisième, significatif de l’évolution actuelle des arts de la piste en Chine.

Exposition de photographies de Marc Riboud - 1992-2002
Ile de France – Paris, Musée Carnavalet
Jusqu’au 7 mars

C'est autour du regard de Marc Riboud que se tiendra le volet contemporain des expositions Shanghai d'hier et de demain au musée Carnavalet. Après une longue somnolence, Shanghai renaît plus éclatante, plus brillante, plus ambitieuse que jamais. Marc Riboud révèle en soixante-dix photographies noir et blanc le gigantisme de cette ville de verre et d'acier qui symbolise la nouvelle superpuissance de la Chine.
Au travers des photos de Marc Riboud, on voit ces étages d'acier et de verre s'affiner en grimpant dans l'espace. Quelle énergie! Mais n'y a-t-il pas une pointe d'arrogance? C'est cette démesure que Marc Riboud a décidé de souligner. Avec cet œil incroyable qui nous permet de découvrir ce que nous regardions sans voir, il montre les beautés de la nouvelle Perle de l'Asie. Mais il la met en garde... de ne pas succomber à la tentation de Babel
 : « La mesure fait partie de la vie. La démesure, ce n'est pas l'homme ! »

Pingyao à Paris
Ile de France – Paris, MK2 Bibliothèque
Du 6 février au 28 mars

Une vue de Pingyao.

Le Festival international de la photographie de Pingyao s'exporte à Paris avec l'exposition Pingyao à Paris. Accueillie au MK2 Bibliothèque (Paris 13ème), l'exposition présente les 12 artistes lauréats du Prix Alcatel du livre de Photographie et du Prix L'Oréal de la photographie contemporaine chinoise, décernés lors des éditions 2002 et 2003 du Festival par des jurys internationaux.

De Chine et d’ailleurs : concert de l’Ensemble contemporain
Ile de France – Paris, Centre Pompidou
Le 22 février

Les solistes de l’Ensemble contemporain ont élaboré un programme original d’œuvres de compositeurs chinois. Une attention toute particulière a été portée à la qualité « supranationale » des œuvres par des compositeurs dont certains, tel Liza Lim (déjà programmée plusieurs fois par l’Ensemble), sont nés hors de Chine et poursuivent une réflexion sur leurs origines, au-delà du pittoresque bon marché que suscite parfois l’exotisme.
Une œuvre de référence complète ce programme
 : le Quatuor à cordes n°2 de Ligeti.

Exposition de deux jeunes artistes chinois : Zeng Hao et Yin Qi
Limousin – Maymac, Centre d’art contemporain  Abbaye Saint-André
Du 21 février au 16 mai

Les scènes que peint Zeng Hao flottent dans un espace et un temps suspendu. Sur un fond monochrome, différents éléments de la vie quotidienne, des personnages, des meubles et autres objets courants, sont disposés de façon aléatoire. Chacun d’entre eux est équivalent aux autres. La composition est réduite à son minimum car plus que composer, Zeng Hao dispose. Le peintre n’établit pas vraiment de plans repérables et renonce à tout effet de perspective.
Les personnages n’expriment aucun sentiment, les objets ne sont accompagnés d’aucune ombre portée. Les tableaux ne semblent que l’hypothèse d’une présentation parmi tant d’autres possibles.
Yin Qi a, semble-t-il, une prédilection pour les animaux, le chien en particulier. Il ne le représente jamais avec un souci de réalisme. Le sujet, paisible, comme réfléchi dans un miroir, toujours en gros plan, est à l’étroit dans l’espace d’un tableau privé de profondeur. Son existence est tout entière dans sa matérialité. Il possède sa syntaxe, ses schémas, sa spécificité propre.
Yin Qi imprime délibérément et fortement la texture de la peinture à la surface de la toile.
La peinture n’est plus uniquement un médium. Par sa distribution irrégulière sur la toile, en coups de brosse striés, elle donne du relief au sujet, comme si elle entendait exister par et pour elle-même. Quand tout sujet devient matière, que cette matière est montrée dans son état brut, que ce qui est représentation est transformé en principe de peinture et que ce principe devient à son tour mode de vie, nous sommes dans le quotidien de Yin Qi et l’on comprend que la tranquillité de cette surface peinte cache l’effervescence de la vie.

Promenade édifiante et curieuse au pavillon des images
Lorraine – Nancy, Musée des Beaux-Arts
Du 30 janvier au 26 avril

Les photographies chinoises les plus remarquables aujourd’hui sont le plus souvent l'œuvre de portraitistes expérimentés ou de photographes chargés de réaliser des reportages ou de mettre en valeur les produits de leur entreprise. Ainsi l'objet de la photographie ne consiste pas à décrire les apparences de la réalité, mais d'en extraire la vérité.
L'œuvre la plus inspirée par cette attitude concerne la Grande Muraille, telle que nous la révèle Shi Guorui. Il transforme en sténopé la pièce supérieure d'une tour de guet et fixe au terme de cinq heures d'exposition l'image négative de la Muraille.
Wang Dongfeng manifeste un sentiment identique de fierté et de nostalgie lorsqu'il s'intéresse aux petites scènes rurales d'opéra. Dans un cadrage le plus souvent serré et frontal, il s'identifie au spectateur qui contemple la grâce de l'architecture.
Jiang Jian, qui venait de réaliser un corpus très codifié sur les intérieurs chinois traditionnels, s’est intéressé à une série de petites boîtes relatant les 28 scènes d'un opéra célèbre. Il souligne le lien qui, en Chine, unit la poésie, la peinture et le spectacle vivant.
Dans une forme plus narrative, Jin Yong Quan s'est attaché à rendre compte des traditions de certaines ethnies minoritaires, tels les Nuo qui ont coutume de célébrer la fête de la fin des moissons en revêtant costumes et masques pour protéger leur famille et leurs biens des mauvais esprits. Le témoignage le plus singulier émane sans doute de Wang Ningde. Son reportage sur les petits théâtres itinérants dans les campagnes souligne la remarquable vulgarisation culturelle apportée autrefois par l'Opéra.
On retrouve ce même amour des traditions chez les jeunes artistes, presque tous formés au sein des écoles d'art et notamment à l'école des Beaux Arts de Beijing. Le résultat est un foisonnement d'œuvres disparates, surprenantes, qui convoquent tout à la fois leur tradition picturale, une analyse lucide et acide de la société chinoise contemporaine et parfois un humour latent.
Hong Lei reprend à son compte les grandes œuvres picturales chinoises ; il inscrit les images de la vie, fleur offerte et fleur nourricière dans l'espace traditionnellement vide du ciel, par exemple.
Pour Yang Zhen Zhong, fidèle aux traditions qui font de la famille le socle de la société, le mariage du coq et de la poule est le premier acte qui conduit à la naissance du fils qui seul peut assumer la transmission de la lignée et prendre soin des mânes des ancêtres.
Le panda, compagnon et confident de Zhao Bandi, dont il est tout à la fois le fils par la taille mais le père en raison de sa sagesse, commente avec lui les maux ou les joies de la société chinoise contemporaine. Le panda s'avère être un sage qui sait apprécier la douceur des bras féminins et redouter les conséquences mortelles de la nicotine.
Avec ses photographies de grandes dimensions, réalisées le plus souvent à l'échelle un, Yang Fudong réinterprète à sa manière l'association, fréquente en Chine, de la poésie et de la peinture, mais dans une parodie ironique où le texte relève plutôt du slogan publicitaire.
La maîtrise de l'histoire de l'art et la fréquentation des œuvres classiques ont conduit nombre de jeunes artistes, Mu Chen ou Chen Ling Yang, par exemple, à composer des livres à regarder; issu de la tradition des rouleaux, l'ouvrage Twelve flower months se déplie et se déploie en un voyage imaginaire qui plonge au cœur de la féminité.
Mu Chen travaille également en collaboration avec Shao Yinong. Ils ont notamment composé ensemble The Family Register selon le même principe.

Trésors du Guangxi, archéologie chinoise
Poitou Charente – Loudun, Espace Sainte-Croix
Du 15 février au 15 mars

Le Guangxi, une région autonome de la Chine du Sud qui abrite douze ethnies minoritaires, possède de très importantes collections archéologiques – notamment des bronzes et des terres cuites – exposées principalement dans le musée de Nanning, sa capitale.
Cette exposition, fruit de la coopération établie depuis 1996 entre la région du Poitou-Charentes et la région autonome zhuang du Guangxi, présente une centaine de pièces archéologiques provenant de cette région et vingt pièces prêtées par le Musée national des arts asiatiques Guimet à Paris. L'ensemble est complété par une trentaine de pièces des collections de Poitou-Charentes. Il s'agit de porcelaines de Chine de commande, dites «de la Compagnie des Indes», témoignages des échanges commerciaux qui furent initiés au XVIIIe siècle entre les ports de l’Atlantique et l’Extrême-Orient. Des animations autour de la musique et de la calligraphie chinoise sont également proposées pendant l’exposition.
Un catalogue important rédigé par les conservateurs de Nanning, avec la collaboration de spécialistes du Musée Guimet, est édité à cette occasion (Editions Somogy).

Lecture sous la yourte
Rhône Alpes – Lyon, Médiathèque de Vaise
Du 26 février au 1er mars

Lecture théâtralisée du Livre des Merveilles  de Marco Polo à l’intérieur d’une yourte mongole, réalisée par un artisan et acheminée de Mongolie intérieure pour cet événement. La yourte peut accueillir jusqu’à 40 spectateurs.

Exposition de Wu Zuoren, Musée Cernuschi

Jusqu’en juillet

Wu Zuoren (au centre, au premier plan) lors de son exposition de peintures organisée au Palais des Beaux-Arts de Chine.

Wu Zuoren est né en 1908 dans la province du Jiangsu et a étudié les Beaux-Arts à Shanghai.  Sous la recommandation de Xu Beihong, l’un des artistes chinois modernes les plus connus, Wu est allé en Europe pour étudier l’art occidental et a obtenu son diplôme de l’Institut royal des Beaux-Arts de Belgique. Il est revenu en Chine en 1935 et y a enseigné. Ses œuvres ont ccmmencé à être connues en Occident lorsqu’il y a tenu des expositions en 1947. L’exposition présente 37 œuvres qui ont été fournies par la Fondation internationale pour les Beaux-Arts Wu Zuoren. Les encres, complétées durant les décennies 1970 et 1980, sont les clous de l’exposition. La plupart présentent des paysages naturels et des caractéristiques de la culture folkorique de la Chine de l’Ouest, fruit d’un voyage de Wu dans cette région en 1943. Ce voyage a grandement changé sa peinture. Après avoir visité l’exposition, certains artistes français ont fait remarquer que celle-ci présente un heureux mélange de styles occidental et oriental. Le style de Wu est clair, précis et doux, ayant absorbé la puissance de la peinture à l’huile et l’ayant fusionné avec les peintures chinoises. Les œuvres sont naturelles, mais les formes sont précises. Il a été récompensé pour son travail par la France (1985) et la Belgique (1988). Une de ses œuvres a été vendue à un prix record de 425 000 $US lors d’une vente aux enchères l’été dernier à Beijing.