Tour
d’horizon de Lijiang
WANG TONG
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Un
petit pont enjambe un cours d’eau, vue caractéristique d’un
pays d’eau.
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Les
personnes âgées passent une vie agréable à Lijiang. Puisqu’il
y fait si bon, autant vivre, disent-elles.
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La
caravane est appelée l’ancienne route du thé et des chevaux.
C’est l'une des caractéristiques de l’ancienne ville
de Lijiang.
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Le
week-end, des femmes Naxi se réunissent à la place Sifang
pour exécuter leur danse traditionnelle. |
Concert
de musique ancienne
des
Naxi présenté par le professeur Xuan
Ke.
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Ce
Français (à g) raconte sans réticence sa vie à Lijiang. |
Depuis toujours, Lijiang fait tomber beaucoup de voyageurs sous son charme.
La raison en est simple : ses atouts sont nombreux et elle
sait bien les mettre en valeur.
Située dans le nord-ouest de la province du Yunnan, Lijiang
est une petite ville du haut plateau. Construite dans les premières
années de la dynastie des Song (960-1279), cette ville de 800
ans est appelée cité vivante à cause de sa vieille civilisation,
de l’écriture Dongba, de la musique ancienne des Naxi et de ses
habitations populaires typiques.
Les découvertes d’une promenade
Parmi les anciennes villes culturelles et historiques de Chine,
Lijiang est la seule à ne pas avoir de remparts. La raison tient
au fait que ses chefs de tribu portaient le nom de Mu et
qu’ils craignaient que la construction de remparts ne cause une
ressemblance avec le caractère signifiant encadré et celui signifiant
« embarras » . Trois petites rivières traversent
la ville du nord au sud, et l’étang Heilong constitue leur source.
Le mont Yulong, enneigé à longueur d’année, s’élance vers le ciel
Dans la ville, les ruelles sont pavées de pierres multicolores
sur lesquelles on peut encore distinguer des empreintes de sabot
de cheval.
Depuis l'ajout de la ville de Lijiang à la liste des sites du
Patrimoine mondial de l'humanité en 1997, le gouvernement municipal
alloue une somme importante à la protection de cette cité ancienne.
Un rapport d'un organisme autorisé des milieux du tourisme international
présente cette ville comme l'une des dix villes chinoises qui
plongent les touristes dans le ravissement.
Les murs des habitations populaires anciennes sont blancs, alors
que leur toit est noir, et leur structure en bois contraste avec
le ciel bleu et les nuages blancs. Les murs et plafonds à caissons
sont encore décorés de dessins de bon augure. Lijiang est la cristallisation
de la culture des Naxi. Les panneaux portant des inscriptions
et les stèles sont imprégnés de leur civilisation, tant sur le
plan de l’esthétique que de la culture. Les rivières qui y coulent
sont comme des veines qui feraient circuler vie dans la ville.
L’eau est l’âme de Lijiang, la ville en dépend. Dans ce contexte,
les ponts sont un peu comme le véhicule de cette âme. La ville
possède 365 ponts en bois ou en pierre, et cette densité se classe
au premier rang au pays.
Sifang, un incontournable pour les visiteurs
Le quartier Sifang est le berceau de l’âme de cette ancienne
ville. C’est une place rectangulaire qui a une histoire plus que
millénaire. Autrefois, ce quartier était le centre de distribution
des marchandises sur l’ancienne route des caravanes de thé et
de chevaux (Chama), une ligne importante pour faire communiquer
la Chine avec le continent eurasiatique. Cette route, longue
de 4 000 km, part de Simao du Yunnan, s’allonge au sud jusqu’au
Népal, en Inde et au Myanmar. C’est une voie qui existe depuis
longtemps et qio a permis à la Chine de faire des échanges commerciaux
avec les pays étrangers; les historiens l’appellent un des canaux
de diffusion de la civilisation dans la localisation géographique
la plus dangereuse du monde.
Depuis que le tourisme fait la renommée de Lijiang, le gouvernement
local renforce les mesures pour protéger cette ancienne ville.
La Commission de gestion de l’ancienne ville alloue une grosse
somme pour la restauration des maisons, l’aménagement des cours
d’eau, l’agrandissement des espaces verts, la mise en valeur de
la culture de Naxi et autres projets. Pour 1994 seulement, la
Commission a alloué 70 millions de yuans de capitaux dans le sauvetage
des vestiges historiques, et pendant la période de lutte contre
le SRAS, elle a investi encore une grosse somme pour enterrer
des fils et des câbles électriques et de télécommunications, ainsi
que pour réparer 12 500 m2 de chaussées et en
construire 61 400 m2 de plus
À propos de l’exploitation touristique et de la protection,
le responsable de cette commission nous a révélé : « Lijiang
est une ancienne ville vivante. Elle abrite plus de 20 000 habitants.
Si nous ne procédons pas une exploitation touristique raisonnable
pour améliorer la vie de la population et faire en sorte que les
habitants de Lijiang en profitent, le zèle des habitants à protéger
l’environnement ne pourra être stimulé convenablement. Si nous
manquons à notre tâche, l’ancienne Lijiang finira comme bien d’autres
villes : elle sera submergée par le modernisme.
Des étrangers sont séduits…
À Lijiang, tout le monde connaît Joseph F. Rock. C’est grâce
à cet austro-américain que les étrangers ont commencé à découvrir
cette ancienne ville orientale. Sur son lit de mort, il avait
déclaré : « Je voudrais être avec mes frères naxi plutôt
que d’être allongé sur ce lit.» Ces paroles témoignent de son
sentiment profond envers Lijiang.
À l’époque, Joseph Rock, envoyé spécial du ministère de l’Agriculture
des États-Unis, était entré à Lijiang avec une caravane, assis
dans un palanquin porté par quatre personnes. Les 27 années qu’il
a passées à Lijiang en ont fait une personne de l’endroit. Sans
arrêt, il a transmis aux quatre coins du monde les informations
qu’il avait colligées et les photos qu’il avait prises. Ses œuvres,
tout comme celle le Lost Horizon de James Hilton, ont attiré
l’attention du monde occidental sur ce Shangri-la.
En 2000, un homme d’affaires français travaillant
pour une multinationale du pétrole ayant un projet à Daqing de
Chine, a commencé voyager dans le pays, accompagné de son épouse,
et les deux se sont arrêtés finalement à Lijiang en raison de :
« son air frais, l’aspect original bien conservé de l’ancienne
ville et l’eau limpide et agréable, ce qui permet de se débarrasser
de toutes les angoisses.» Par conséquent, cet homme d’affaires
a décidé d’y ouvrir un bar, et son commerce prend de l’expansion.
En soirée, alors que les lampadaires commencent à s’illuminer,
l’ancienne ville semble se couvrir d’une couleur mystérieuse et
vous transporter dans un monde de rêves. S’asseoir dans un restaurant
ou un bar aux bords de l’eau pour déguster un thé et admirer à
volonté le paysage nocturne si poétique, quel bonheur !
Le tourisme de Lijiang se développe de manière continue. En
2001 et 2002, la ville a accueilli respectivement 3,32 et 3,37
millions de touristes. Le taux de croissance annuelle du nombre
des touristes chinois et étrangers et celui des revenus du secteur
ont été respectivement de 7,8 % et de 11,9 % pour ces
deux ans. En 2003, l’augmentation des revenus touristiques a
dépassé pour la première fois celle du nombre des touristes, ce
qui permet à Lijiang de se tailler une place remarquable
parmi les villes touristiques célèbres dans le monde.
La musique ancienne des Naxi et le professeur
Xuan Ke
On dit que, si on n’assiste pas à un concert
de musique ancienne des Naxi, donné par des musiciens de cette
ethnie, on ne peut être compté au nombre des visiteurs de Lijiang.
Le concert est présenté dans une habitation populaire de type
cour carrée, typique à Lijiang. La salle principale sert de scène,
la cour et le couloir autour de la cour sont réservés aux spectateurs.
Les Naxi sont l’une des ethnies minoritaires de Chine. Elle
compte 278 000 personnes qui habitent surtout dans la région de
Lijiang. La musique des Naxi était autrefois la musique des nobles
et marquait le statut social d’une personne de cette ethnie Il
y a un demi-siècle, cette musique a commencé à entrer dans les
couches populaires de la société. Son charme ne tient pas tant
à la douceur de sa mélodie qu’à son ancienneté.
« Kuang... », une rafale de coups de gong marque le début
du spectacle. Immédiatement, la cour devient silencieuse. Les
musiciens portant la barbiche et vêtus d’habits classiques commencent
à jouer. Leur musique ressemble à un chant religieux ou à une
source qui murmure au loin. Sous l’accompagnement d’anciens instruments
de musique : zheng (cithare à 13-16 cordes), qin
(instrument de musique à 5 cordes), erhu (violon chinois),
flûte en bambou, la musique ressemble tantôt à une chute d’eau
qui dévale des montagnes, tantôt à une marée impétueuse, ce qui
stimule l’esprit des auditeurs qui semblent être introduits dans
un monde sacré et merveilleux.
Le concert est dirigé par Xuan Ke, 74 ans, un descendant de
Tibétains et de Chinois qui maîtrise sept dialectes et parle couramment
l’anglais. Selon ses paroles : « Après le fort tremblement
de terre qu’a connu Lijiang en 1996, la ville s’est ouverte davantage
vers l’extérieur. Les gens admirent de plus en plus les vedettes
de film ou de téléfilm, et ceux qui aiment écouter la musique
ancienne des Naxi sont de moins en moins nombreux. La musique
de l’Inde s’inspire d’éléments musicaux occidentaux, ce qui la
rend facile à accepter pour les gens d’aujourd’hui. Dans le cas
de la musique ancienne des Naxi, il faut songer aussi à y apporter
des réformes. Par exemple, nous pourrions remplacer le qin
par le piano. Nous voulons que notre musique soit le premier choix
des voyageurs à Lijiang.»
Ces dernières années, les vieux musiciens sont morts les uns
après les autres, ce qui a donné beaucoup de soucis pour la conservation
de cette musique traditionnelle. Zhang Shoukang, 26 ans, est
toutefois un héritier de cette musique ancienne. Partout, chez
lui, sont accrochés des flûtes et des erhu. Pour Zhang,
un concert de musique naxi présenté dans un théâtre est une bonne
chose, mais les auditeurs doivent payer un prix d’entrée. Des
musiciens jouent donc aussi en plein air, dans le quartier Sifang,
ce qui permet de rassembler davantage d’auditeurs et de touristes,
qui peuvent danser au tour d’un feu de camp, et de créer de l’animation.
Autour de lui, bon nombre de jeunes amateurs de cette musique
se réunissent souvent pour étudier la culture Dongba et l’art
de jouer divers instruments de musique. Dongba était le nom du
sorcier dans la religion primitive des Naxi. L’écriture Dongba
est la seule écriture dans le monde marquant le passage de la
pictographie aux caractères. À Lijiang, sur les objets en terre
cuite, on peut trouver partout de beaux dessins inspirés de l’écriture
Dongba.
Pour bien conserver cette musique ancienne, les vétérans organisent
des stages à l’intention des jeunes pour les former et leur faire
connaître la quintessence de cette forme musicale. Selon le directeur
de la Commission, l’Ensemble de musique ancienne des Naxi a visité
plus de 20 pays étrangers, et leur représentation a toujours été
chaleureusement applaudie.