Les
De'ang
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Jeune fille de'ang. |
LES De'ang comptent quelque 15 500 membres.
Bien que cette ethnie soit petite en nombre, elle est largement
répartie dans la province du Yunnan. La plupart des De'ang demeurent
dans le district de Luxi de la préfecture autonome dai-jingpo de
Dehong, ainsi que dans le district de Zhenkang de la préfecture
de Lincang, mais on en trouve d’autres dans les districts de Yingjiang,
Ruili, Longchuan, Baoshan, Lianghe et Gengma.
La langue des De'ang appartient à la famille des
langues du Sud-Est asiatique. Cette ethnie n’a pas d’écriture propre,
et beaucoup de ses membres ont appris à parler les langues des Dai,
des Jingpo ou des Han. Certains peuvent lire l’écriture dai.
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Chez
lesDe'ang, on aime bien bavarder autour d'un bon repas. |
La région habitée par les De'ang jouit d’un climat
subtropical; le sol est fertile, les forêts sont denses, les précipations
ne manquent pas et les ressources minérales abondent. Le bambou
dragon y pousse vigoureusement, et son tronc peut atteindre de 10
à 13 cm de diamètre. On utilise ce matériau pour construire des
maisons, ainsi que fabriquer des ustensiles et des outils de ferme.
Les pousses de bambou constituent un délice culinaire réputé.
Les De'ang, qui cultivent la terre depuis les
temps anciens, font pousser du riz, du maïs, du sarrasin et des
tubercules, sans compter les noix et le jute. Depuis peu, ils cultivent
aussi le thé, le coton, le café et l'hévéa. Les De'ang sont
de gros buveurs de thé, et chaque famille possède dans son potager
quelques pieds de théiers qui poussent parmi les légumes, les bananiers
et les autres arbres fruitiers.
Histoire
Le nom « De'ang » a été donné à ce groupe ethnique durant
la dynastie des Qing (1644-1911). Avant cela, les De'ang, tout comme
les Blang et les Va qui parlaient un type de langue de l’Asie du
Sud-Est, étaient appelés les Pu. À cette époque, les Pu étaient
parsemés dans le sud-ouest du Yunnan, la préfecture de Yongchang
de l’époque des Han (206 av. J.-C.–220 apr. J.-C). Leurs ancêtres
se sont installés sur les rives du fleuve Nu, bien avant l’arrivée
des Achang et des Jingpo.
Le développement de la société de'ang ne s’est pas fait de manière
uniforme. Comme ses membres ont toujours vécu de manière dispersée,
ils ont subi l’influence politique, économique et culturelle des
autres ethnies qui avaient des stades de développement différents.
L’influence des Dai a été particulièrement forte. L’unité de production
de l’ethnie de'ang était la famille, et il y existait une nette
division du travail selon l’âge et le sexe. Les outils de ferme
ont été apportés des régions habitées par les Han et les Dai. Dans
les villages de'ang de la région de Dehong, la terre était autrefois
cultivée par la collectivité, mais les gens pouvaient librement
défricher une parcelle de terre pour la cultiver. Si une parcelle
n’était pas cultivée, elle redevenait automatiquement propriété
collective. Peu à peu, la vente et le prêt de rizières et de potagers
ont engendré l’émergence de la propriété privée, de sorte que les
rizières sont tombées aux mains des riches seigneurs ou des paysans
han et dai. N’ayant pas d’animaux et accablés de dettes, les De'ang
ne pouvaient pas défricher les parcelles sur les versants des collines
et sont peu à peu devenus à la merci de ces riches paysans et seigneurs.
Ils devaient couper du bois ou tisser durant leurs heures de repos
pour joindre les deux bouts. En 1953, les De'ang eurent douze représentants
au nouveau gouvernement de la préfecture autonome dai-jingpo de
Dehong, nouvellement créée. En 1955, la terre a été distribuée aux
De'ang et peu après, ceux-ci fondèrent des coopératives agricoles.
D’autres, surtout ceux qui vivaient dans les régions montagneuses,
formèrent des coopératives d’entraide pour cultiver la terre.
Certains De'ang gardent encore des traces du système
communal dans leur façon de vivre. Une commune de clan est alors
formée par plusieurs petites familles. Règle générale, de 30 à 40
personnes partagent une grande maison communale, mais chaque famille
possède son propre four et tient ses propres comptes. Une distribution
primitive sur un pied d’égalité est pratiquée en ce qui concerne
les produits cultivés. Toutefois, certaines familles semblent posséder
davantage de vaches et travailler moins. Aujourd’hui toutefois,
la terre est sillonnée de réservoirs et de canaux et les versants
montagneux ont été transformés en lopins cultivés en terrasses.
Us et coutumes
Habitation. Comme beaucoup de personnes des régions subtropicales, les De'ang
vivent dans des maisons construites en bambou. Alors que certains
vivent dans de grandes maisons communales, d’autres possèdent une
maison familiale à deux étages. L’étage supérieur sert de quartier
d’habitation, de cuisine et d’entrepôt, le rez-de-chaussée, d’étable
pour les animaux. À l’extérieur, on trouve habituellement des petites
remises pour conserver le bois et les outils.
Habillement. Les gens portent habituellement des costumes traditionnels cloutés
d’ornements en argent. Les hommes portent le turban et les jeunes
garçons se parent de colliers en argent. La plupart des femmes portent
des robes foncées avec de gros boutons d’argent au-devant, ainsi
que des jupes avec de gros motifs de fleurs rouges et noires. Les
ceintures en rotin et les boucles d’oreilles en argent ajoutent
grâce et charme à la tenue. Aujourd’hui, les jeunes De'ang adoptent
la même coupe de cheveux que les Han, et ils portent de moins en
moins d’ornements lourds. Toutefois, la coutume du tatouage avec
des dessins de tigre, de chevreuil, d’oiseau et de fleur est largement
répandue.
Mariage. La monogamie est pratiquée. Les personnes d’un même clan ne se marient
pas entre elles. On épouse peu quelqu’un d’une autre ethnie. Les
jeunes ont la liberté de choisir leur partenaire, et la période
des fréquentations est généralement assez longue. Lorsqu’une jeune
fille entend une chanson d’amour sous sa fenêtre, elle l’ignore
ou elle y répond. Si elle aime le chanteur, elle lui lance alors
une petite couverture, lui ouvre la porte et le laisse entrer. Le
jeune homme couvre son visage avec cette petite couverture, entre
dans la maison de la jeune fille et fait sa connaissance auprès
du feu de foyer. Les parents sont heureux et ne s’ingèrent pas.
Les amoureux se rencontrent et bavardent souvent jusqu’à minuit
ou jusqu’à l’aube. Après quelques rencontres, le jeune homme offre
un collier ou une ceinture à la jeune fille pour lui exprimer son
amour. Plus la jeune fille reçoit de ceintures, plus elle est honorée.
Pour exprimer son amour, le jeune homme porte des boucles d’oreilles.
Le nombre de boucles que la jeune fille offre au jeune homme témoigne
de la profondeur de son amour. Si les fréquentations se déroulent
bien, le jeune homme offre finalement un cadeau à la famille de
la jeune fille, et il envoie des gens pour demander la fille en
mariage. Même si les parents de la jeune fille ne sont pas d’accord,
cette dernière peut décider elle-même de son sort et aller vivre
dans la maison du jeune homme. Une noce de'ang est joyeuse et particulière.
Chaque invité apporte deux paquets, l’un contenant du thé et l’autre
des cigarettes. C’est une invitation. Ils apportent des cadeaux
et des pétards aux nouveaux époux. Ceux-ci entrent d’abord dans
la cuisine et déposent de l’argent dans un récipient à riz en bois.
Ils montrent ainsi leur gratitude d’avoir été nourri de céréales.
La danse au Baril d’eau est une partie importante de la noce. Les
barils sont faits de troncs d’arbre évidés dans lesquels on a versé
de l’eau pour mouiller l’écorce et le centre afin d’en déterminer
la tonalité. Une légende entoure cette danse. Dans les temps anciens,
la belle fiancée d’un jeune De'ang avait été enlevée par un monstre
ayant la forme d’un crabe. Le jeune homme a lutté avec le crabe,
l’a vaincu et l’a mangé, puis il a fabriqué un baril avec la carapace
du crabe. Lors des noces, cette danse symbolise le véritable amour.
Funérailles. Les De'ang enterrent leurs morts dans les cimetières publics, mais
ceux qui décèdent à la suite d’une longue maladie sont incinérés.
Religion. Les De'ang sont des fidèles du bouddhisme Hinayana. La plupart des
villages possèdent un temple, et les dons des fidèles et des villageois
assurent la subsistance des moines. Autrefois, les De'ang n’élevaient
pas de porcs ou de poulets. On gardait un coq pour marquer le lever
du jour. Aujourd’hui, cette coutume a disparu et on élève des poulets.
Les gens ne travaillent pas durant les fêtes religieuses ou les
jours de sacrifice. En tant que bouddhistes, les De'ang de certaines
régions ne tuent pas de créatures vivantes, ce qui malheureusement
entraîne parfois la destruction des récoltes par des bêtes sauvages.
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